
2 20
»
"Il •
f
P E A
qu’il paroît, les malades font hors d’affaire ; la peau
feroit-elle l’organe le plus afleété dans ees maladies?
Les vélicatoires qui en reveillent le ton font bien efficaces.
Dans les phthifies, les fîevres lentes-hetti-
ques , la peau eft pour l’ordinaire fur la fin leche 8c
raboteufe , la tranfpiration fe fait mal ; les lueurs
abondantes qui épuifent le malade ne rendent pas la
peau plus fouple & plus hu-meftée ; ce n’eft qu’en ré-
tabliflànt la tranfpiration qu’on guérit furement ces
malades ; 8c il n’eft pas aifé d’y réuffir , fur-tout
avec les laitages 8c autres remedes lents 8c affadif-
fans de cette efpece, qui diminuent encore la tranfpiration
; on s’apperçoit du fuccès des remedes qu’on
donne quand la peau s’humeôe , s’adoucit, 8c devient
fouple 8c huileufe. C’eft toujours par - là que
commence leur guerifon ; remarque qu’il eft important
d’approfondir 8c de mettre en exécution.
4°. La couleur de la peau varie très-fouvent ; cet
effet eft plus fréquent 8c plus fenfible au vifage oii la
peau, eft plus fine; le changement de couleur y eft
excité par la moindre émotion,par la plus légère paf-
fion fubite ; le vifage, lorfqu’il n’eft pas encore inf-
truit à feindre , eft le miroir de l’ame, 8c le dépofî-
taire indiferet de fes fecrets ; mais il perd à bonne
heure cette prérogative ; 8c lors même qu’il la con-
ferve, on a trouvé le moyen de voiler Ion changement
de couleur par le mafque de rouge 8c de blanc
dont on le recouvre. Voye^ V isa g e , Passion. Les
maladies font aufli changer la couleur : dans les phrê-
néfies, les fîevres ardentes, le vifage eft rouge, animé
; Ta peau du refte du corps prend aufli une couleur
plus rouge ; dans les défaillances, pendant le
froid des fîevres intermittentes, dans des maladies de
langueur,la peaudetout le corps pâlit,mais moins que
celle du vifage. Il y a des maladies dont le principal
fymptome fe tire de la décoloration de la peau;
elles font comprifes fous le nom prétendu générique
d’iclere ou jauniffe ; voye{ ces mots. La peau y prend
diverfes teintes de jaune, de verd, de brun & de
noirâtre; les jeunes fillespreffées par des defirs, effets
du "befoi'n naturel, qu’elles ne doivent ou ne
peuvent fatisîàire -, font finettes à une maladie qui
tire fon nom 8c fon caraétere de la décoloration de
la peau ; on l’appelle pales - couleurs ,febris alba ama-
toria. Voye{ PaLES-COULEURS.
5°. Enfin l’éruption de taches, d’exanthèmes, de
puftules, changent 8c altèrent en même tems la cou-
• leur, l’égalité 8c la foupleffe de la peau, il en réfulte
■ différentes maladies qu’on peut voir aux articles particuliers
8c fur lefquelles on peut confulter l’article
précédent; nous obferverons feulement que dans les
• maladies aiguës, lorfque l’éruption paroiffant, diminue
la violence des fymptome^, on doit les regarder
comme un bon ligne ; fi au contraire les acci-
dens ne font point calmés, elle augmente le danger ;
la nature 8c la couleur des exanthèmes peut encore
concourir à le rendre plus preffant ; par exemple, fi
elles font en grand nombre, d’un mauvais caraftere,
livides,noirâtres,&c. f^oye^Fie v r e s éruptives.(to)
• • Peau , (Critiq.facrée.) pellis ; ce mot fignifîe d’ordinaire
dans le vieux Teftament,lapeau qui couvre la
chair, &les os de tout animal ; il fe prend aufli pour
le corps entier, pour la perfonne , Habac. x l . z€.
8c au figuré pour des tentes, parce qu’elles fe faifoient
de peaux de bêtes. Pelles terra, Madian turbabuntur ;
Habac. üj. 7 , l’ effroi fe mettra dans les tentes des Médian
ites. ( D . J. )
PEAU, terme de marchands & artifans ; ce mot’en
général fe dit particulièrement de cette dépouille de
•l’animal qui eft différemment apprêtée ou préparée
par les Pelletiers, Tanneurs, Mégifliers, Chamoifeurs,
Peaufliers, Corroyeurs , Parcheminiers , Maroquiniers
, Gantiers, &c.
Les maroquins fe font avec des peaux de boucs 8c
de chevres, ou d’un autre animal à-peu-près fembla-
ble , que l’on nonjme menon. Le parchemin fe fabrique
d’ordinaire avec des peaux de béliers, de moutons
, de brebis, 8c quelquefois de chevres. Le v élin
, qui eft aufli une efpece de parchemin, fe fait dé
la peau d’un veau mort-né , ou d’un veau de lait. Le
vrai chamois fe fabrique de la peau d’un animal de
même nom, que l’on appelle aufli ifard, 8c il fe contrefait
avec des peaux de bouc, de chevre 8c de mouton.
Les bafanes font des peaux de béliers , moutons
ou brebis, paffées en tan ou en redon, 8c quelquefois
en mégie.
Les fourrures ou pelleteries fe font de peaux de
martres, d’hermines, de caftors, de tigres, de loutres
, de vautours, de cygnes, de petits gris, de fouines
, d’ours, de putois, de lapins, de lievres de renards
, de chats, de chiens, d’agneaux, &c. dont on
conferve le poil, en les préparant d’une maniéré particulière.
Les peaux be boucs 8c de chevres en p o il, qu’on a
coufues 8c difpofées d’une maniéré propre à pouvoir
contenir des liqueurs , fe nomment Amplement boucs,
8c quelquefois outres. Quand elles n’ont été employées
qu’à tranfporter des huiles , on peut encore
les paffer en chamois, aulieu de les laiffer fécher 8C
fe perdre. Savary. (D . /.)
Peau , ( Jardinage.) la peau des fruits eft la fuper-
ficie qui enveloppe leur chair ; c’eft leur épiderme.
Peau de chagrin, ( Comm. du Levant. ) à Conftan-
tinople la peau de chagrin eft faite de la partie de der-
rierre de la peau de cheval, mule ou ane du pays y
on la prépare 8c on la tanne ; 8c lorfqu’elle eft devenue
fouple & maniable , on l’étend fur un chaflis, 8c
l’on l’expofe au foleil ; après cela, l’on répand fur
cette peau de la graine de moutarde qu’on a foin de
repaffer plufieurs fois avec la main, 8c cette graine,
aidée de la chaleur du foleil , éleve le grain qui fe
durcit enfuite. Ces peaux font grifes ordinairement,
mais on les teint de la couleur qu’on veut. La partie
de derrière de l’animal eft plus propre que toutes les
autres pour être mifes en chagrin. Diction, du commerce.
{D . J .)
Peau humaine pajfée , (Arts mod.') on peut pafler
la peau humaine comme celles des quadrupèdes. Cette
préparation confifte dans une leflive compofée de
a livres ou plus de fel commun, de 4 onces de vitriol
commun, & de 8 onces d’alun ; on fait fondre le tout
dans trois pintes d’eau prefque bouillante. On y
plonge la peau après l’avoir dépouillée de la graiffe.
On l’agite pendant une demi-heure , 8c on la laifle
repofer pendant vingt-quatre heures dans la même
eau. Enfuite on renouvelle cette eau, & on n’en retire
la peau que deux jours après avoir éprouvé
qu’elle blanchit lorfqu’on fouffle defliis. Enfin on la
fait fécher à l’air fans l’expofer au foleil. M. Sue,
chirurgien de Paris , a donné au cabinet du roi une
paire de pantoufles faites avec de la peau humaine,
préparée félon ce procédé, qui n’a point détruit les
poils de cette peau, ce cjui prouve bien que les poils
font implantés profondément dans une capfule bul-
beufe , revêtue en-dedans d’une membrane qui enveloppe
la bulbe.
La peau humaine pajfée, félon le procédé dont on
vient de parler, refte d’une confiftence ferme , affez
liffe fur la face extérieure , quoique les filions qui
environnent les mamellons en forme de lofanges irréguliers
, y paroiffent plus profondément gravés que
dans le naturel ; la furface intérieure eft inégale, 8c,
pour ainfi dire, laineufe , parce qu’il y refte prefque
néceflairement des feuillets de la membrane adipeufe.
y -
Peaux d’Efpagnc, ou Peaux de fenteur, (Parfum.')
ce font des peaux bien paffées, puis parfumées de différentes
odeurs dont on faifoit autrefois des gants,
P E A
des corps de jupes y des pourpoints, des poches, &é.
Ces fortes de peaux parfumées qui s’envoient prefque
toutes d’Efpagne , & qui ont eu fi fort la vogue
en France, ne foht plus d’ufage ; elles faifoient une
portion du négoce des marchands Merciers , Parfumeurs
8c Gantiers.
Peaux Jraîches , terme de MégiJJîer, nom qu’ils
donnent quelquefois aux maroquins façon de Barbarie
qui fe fabriquent à Rouen.
Peau verte, ( Corroyerie. ) on nomme peaux vertes
les peaux qui n’ont point encore reçu de préparation
, étant telles qu’elles ont été levées de deffus le
corps des animaux.
PEAUSSERIE , f. f. marchandife de peaux 8c de
cuirs , comme marroquins, chamois, bafanes buf
fies, vaches de Ruflie, veaux, moutons, 8c autres
fortes d’animaux , paffees 8c toutes préparées à être
employées à divers autres ouvrages.
Le commerce de la peaufferie eft fort confidérable
en France, 8c fur-tout à Paris oii il y a des marchands
qui ne vendent rien autre chofe que dé la peaufferie.
Ce négoce fait partie de la mercerie.
Peausserie , fignifié aufli l’occupation 8c le négoce
des artifans, qu’on appelle P eau fie r s, avec cette différence
que ceux-ci préparent 8c vendent les peaux ;
8c que les Merciers les achètent toutes préparées
pour les revendre aux particuliers.
PEAUSSIER, f. m. en Anatomie , eft un mufcle
mince 8c membraneux, fitué fous la peau qui environne
le col.
11 eft afîëz large dans fon origine, 8c fort de la partie
fupérieure du mufcle deltoïde 8c du grand p é ro rai
au-dçffous de la clavicule. Il eft uni iortement au
panniciile charnu , dont on ne peut le féparer que
difficilement ; c’eft pourquoi on les confondoit autrefois
, 8c il s’infere obliquement de chaque côté à
la mâchoire inferieure 8c à la commiffure des deux
levres en paffant fous le triangulaire ; au moyen de
quoi il recouvre prefque tout le maffeter , & il tire
en en-bas 8c de côté toutes ces parties.
Peaussier ^marchand qui vend ou qui prépare
attachés uniquement au commerce de la peaufferie :
la qualité de peauffier ne leur convient qu’impropre-
ment, puifqu’ils font du corps des Merciers, qu’ils
fe gouvernent par les ftatuts des Merciers, & qu’ils
n’ont de commun avec les Peauffier s que le trafic de
peaux, qu’ils foht en vertu de F article xij. de leurs
ftatuts qui leur permet ce négoce. Voye^ Merc
iers.
Les autres- PeauJJiers qui feuls méritent ce nom
font des artifans chez qui les peaux paflènt en forin
t des mains des Chamoifeurs 8c des Mégifliers,
qui les mettent en couleur, tant de chair que de fleur,
8c qui enfuite en font plufieurs fortes d’ouvrages
qu’ils vendent en gros 8c en détail. -,
Ce font des artifans qui lèvent de deffus les peaux
de moutons , cette efpece de cuir léger ou pellicule
, appellée cuir de poule ou canepin, dont les
Gantiers font des gants, & les Evantailliftes des
evantails. Voye^ Canepin.
Ces artifans ont été érigés en corps de jurande, 8c
obtenu du roi Jean leurs premiers ftatuts en 13 5 7 ,
qui leur donnent la qualité de maîtres Peauffiers, Teinturiers
en cuir «S* Calçonniers de la ville , fauxbourgs ,
banlieue, prévôté & vicomté de Paris.
Ces ftatuts contiennent treote-fept articles, dont
duc règlent les marchandifes qu’ils peuvent fabriquer
oc vendre feuls ou concurremment avec d’autres ; 8c
les vingt-fept autres regardent la difeipline des maîtres
entr eux, 8c ce qui concerne les jurés, les maîtres
, les apprentis, les vifites 8c le lottiffage.
P E A m
A l’égard des marchandifes & des ouvrages pro-'
près aux Peaufliers, il n’appartient qu’à eux de met.
tre en teinture 6c couleur fur fleur ou fur chair i
froid ou à chaud, ou par Ample broffure, toutes for.
tes de.peaux.de quelque, paffage qu’elle ayent été
apprêtées ; ce qui comprend les cuirs blancs paffés
: en mégie., les cuirs tannés, lés cuirs pàfles en huile
ou en rgalle ; toute forte de^eaux ,'comme veaux,
1 mourons , chamois , agneaux , chevreaux • cerfs
biches, chevreuils-, dams , porcs, chiens, &c. à In
teferve néanmoins des gros cuirs& des vaches tannées.
.Ce font eux aufli qui lèvent le canepin fur foutes
fortes de peaux, comme de moutons, agneaux
chevreaux, &c.
Sur les conteftations qui fe font élevées entre les
PeauJJiers d’une part , & les Bourfiers & les Corroyeurs
d’autre, il eft intervenu plufieurs arrêts qui
ont réglé les limites de Chacun de ces métiers.
Ceux rendus entre 1 es PeauJJiers 8c les Gorroyeurs
dans les années 1657 , 1669 8c 1695 > maintiennent
les Corroyeurs dans la pofleffion de corroyer 8c
baudroyer feuls en fuif, graiffe & l’huile, toute forte
de cuirs 8c de les mettre en couleur ; & les maîtfes
PeauJJiers teinturiers dans le droit de vendre toutes
fortes de cuirs, tant mis en teinture que ceux qui
feront par eux apprêtés 8c mis ën couleur en for-
tant de chez les Tanneurs 8c Mégifliers , ou cru’ils
auront achetés aux halles, défendent aux Gorroyeurs
de pafler aucunes peaux en alun ; 8c aux
PeauJJiers de vendre aucunes peaux telles qu’ils les
achètent des Tanneurs 8c Mégifliers , ni de corroyer
ou baudroyer aucuns cuirs en fuif, graiffe &
l’huile. &
Les conteftations entre les Peauffiers 8c les Bour-
fiers furent réglées par deux arrêts rendus en 1664
8c 1667 j qui firent défenfes aux PeauJJiers de faire
ni débiter caleçons, camifoles de chamois 8c autres
ouvrages mentionnés dans Farticle vj. de leurs ftatuts,
avec permiffion feulement de les laver 8c repaf-
fer quand ils ont fervi.
La communauté des PeauJJiers eft régie par deux
grands jurés , deux maîtres de confrairie, deux petits
jurés , 8c le doyen des maîtres ; lés fix premiers
s’élifent à la pluralité des v o ix , le dernier eft de
droit, c’eft le plus ancien des maîtres qui ont paffé
par les charges. Tous les ans on élit un grand juré,
un maître de confrérie 8c un petit juré.
Suivant les ftatuts des PeauJJiers, chaque maître
ne peut obliger qu’un apprenti à-la-fois , dont l’ap-
prentiffage eft de cinq ans , 8c deux ans de fervice
chez les maîtres après l’apprentiffage fini.
Tout afpirant à la maitrife eft obligé de faire le
chef-d’oeuvre ou l’expérience, s’il n’eft fils de maître.
Les veuves reftant^ en veuvage jouiffent de tous
les privilèges des maîtres, à l’exception de celui de
faire des apprentis : elles peuvent cependant achever
celui que leur mari aura commencé.
L’apprenti qui quitte fon maître avant fes cinq
ans expirés, eft déchu de tout droit à la maîtrife , 8c
ne peut pas même répéter l’argent qu’il auroit avancé
à fon maître en paffant fon brevet.
Enfin pour la fureté & confervation des titres ;
papiers, &c. de la communauté, on les enferme dans
un coffre à’ trois ferrures , dont le doyen , l’ancien
juré 8c l’ancien maître de confrérie ont chacun une
clé.
Comme tout l’art des PeauJJiers fe réduit à teindre
les peaux de fleur & de chair , &même à teindre la
meme peau d’une couleur de fleur 8c d’une autre de
chair , 8c que ces ouvriers font difficulté de découvrir
ce qu’ils appellent lefecret de leur métier : il n’eft
pas poffible de rapporter ici la maniéré dont iis s’y
prennent pour teindre les peaux.
Lçs PeauJJiers reçoivent les peaux toutes façonnées