en eft jaune. Ceux qui ont été blonds ne font pas d’une
fi bonne qualité que ceux qui ont été roux ; ceux-ci
font très-forts 6c beaucoup meilleurs. Le corps en eft
continu. La pointe en refte toujours fine, 6c boucle
naturellement. Ces cheveux n’ont point de prix.
Toutes ces couleurs forment une longue fuite de
nuances changeantes & perceptibles d’une année à
une autre, à les examiner de l’inftant où ils tirent à la
blancheur.
Il y a cette différence des perfonnes blondes aux
autres, que plus elles avancent en âge, plus leurs
cheveux bruniffent, 6c par conféquent valent moins;
& qu’aux autres au contraire, plus ils blanchiffent en
avançant en âge, plus leurs cheveux augmentent en
couleur 6c en force. Il faut pourtant obferver que
cette augmentation ne fe fait communément que juf-
qu’à l’âge de 60 ans, âge au-delà duquel les cheveux
ne prennent plus la même nourriture, 6c deviennent
plus fecs 6c plus filafteux.
L’on obferve en général que les cheveux des perfonnes
qui ne fe livrent à aucun excès fe confervent
long-tems, 6c que ceux au contraire des hommes livrés
à la débauche des femmes, ou des femmes livrées
à l’ufage des hommes, ont moins de feve-, fechent,
6c perdent de leur qualité.
Dans les pays où la biere 6c le cidre font la boifïon
commune, les cheveux font meilleurs que par-tout
ailleurs. Les Flamands ont les cheveux excellens , la
biere les nourrit 6c les graiflè. Ces peuples font pref-
que tous ou blonds, ou d’un châtain clair. On les distingue
facilement pour peu que l’on ait d?expérience.
Ils s’éclaircifferit au bouillifl'age, au lieu que les cheveux
blonds des autres pays y bruniffent.
Les Perruquiers préfèrent communément les cheveux
de femmes aux cheveux d’hommes, quoique
pourtant il s’en trouve de ces derniers d’une bonne
qualité.
Les cheveux des femmes de la campagne fe confervent
plus long-tems que les cheveux des femmes qui
habitent les villes. Les payfannes les ont toujours renfermés
fous leur bonnet, ne les poudrent jamais , 6c
ne les expofent rarement à l’air qui les defféche-
roit. Si les hommes en ufoient de la même maniéré ,
on employeroit avec le même avantage leur chevelure.
Il faut en excepter ceux d’entr’eux qui font
adonnés au vin ou aux femmes. Ceux des femmes qui
fe friient 6c fe poudrent habituellement font mauvais.
Ces obfervations ne font point fi générales qu’il
n’y ait des exceptions. Il y a de bons cheveux chez
l’un 6c l’autrqfexe, quoique plus rarement parmi les
hommes.
Après avoir parlé de la matière, nous allons paffer
aux outils.
Il faut d’abord des cardes. Il y en a de plufieurs
fortes : i°. des cardes ou peignes de fer à plufieurs
rangs de dents. Elles ont ordinairement un pié de
long. Certaines en ont moins, mais les plus, courtes
font d’un demi-pié. On les fait avec du fil de fer tiré
exprès ; il eft plus ou moins gros, mais communément
du diamètre des aiguilles à tricoter depuis les
plus groffes jufqu’aux plus fines. Aux plus groffes que
l’on appelle fer an, les dents font d’acier. La hauteur
en eft de 2 pouces 7 ou environ, la longueur de 8 à 9 pouces ou environ, 6c la largeur de 8 à 9 rangs de
dents fur 18 à 20 de longueur ; d’où l’on voit com-
. bien il en peut entrer dans un feran. Souventle feran
eft tout de fer. La plaque ou le dedans eft rivé. Le
fer déborde à-peu-près d’un pouce de chaque côté.
Il y a au milieu un trou à placer une vis ou un clou.
Il faut, pour la sure,té de l’ouvrier, que la table fur
laquelle il pofe fa carde ou fon feran, ait un rebord
tout-autour d’un demi-doigt de haut. Poyeç les Pl.
2°. Il y a des cardes à tirer à plat, c’eft-à-dire, à
peigner les cheveux droits, ou tels qu’ils ont été levés
de deftiis la tête. Les dents de ces cardes font attachées
à une planche qui peut avoir 10 ou 12 pouces
6c qui eft toute couverte de fer-blanc. Elles n’y font
point fi ferrées qu’aux autres cardes. Dans chaque
rangée il n’y en a guere qu’une trentaine en long fur
fix en large. La hauteur de ces dents eft. communément
d’un bon pouce 7. H faut quatre de ces cardes
pour les placer 2 à 2 les unes fur les autres. V. les PL
30. On a des cardes à dégager. Elles font de la même
longueur que les cardes à tirer àplat.La différence
qu’il y a de celles-ci aux autres , c’eft qu’elles font
partagées en deux par le milieu de l’efpace d’un ou
de deux doigts, & ont à un bout les dents auffi longues
, auffi grofles , 6c auffi écartées que les précédentes
; mais d’un côté ces dents n’ont que 9 lignes
de haut, font plus fines 6c plus ferrées que de l’autre,
ce qui les fait à-peu-près refl'embler à peigne à accommoder
, où les dents font d’un côté plus éloignées, &:
de l’autre plus rapprochées. Voyelles PL
40. Il y a des cardes fines pour tirer les cheveux
frifés. Elles font à-peu-près comme le côté fin des
cardes à deux fins. Elles ne s’attachent que par un
bout, parce que l’on s’en fert en long 6c en large félon
la longueur du paquet. Poye^ les Pl.
50. Des cardes faites au cifeau 6c à l’équerre, un
des côtés en eft plus large, plus haut, 6c moins ferré.
L’autre a les dents plus fines 6c plus ferrées. Elles fervent
à tirer 6c à dégager par le moyen de l’équerre.
L’ouvrier en place devant lui une en long, & une autre
en large. Poye£ les Pl.
6°. Des cardes l'emblables aux cardes à matelats ,
avec des manches 6c des dents crochues. Elles ne
fervent qu’à tirer des cheveux frifés. Poye^ les PL
Les Perruquiers ont des moules ou bilboquets
qu’ils emploient à frifer les cheveux. Ces moules font
de buis ou de quelque autre bois , de la longueur de
3 pouces. Il y en a de différentes groffeurs. Les plus
petits n’ont que le diamètre des tuyaux de pipe ; les
féconds , celui des plumes à écrire ; les troifiemes ,
celui à-peu-près du petit doigt ; les quatrièmes , celui
du petit doigt ; les cinquièmes , celui du doigt annulaire;
les fixiemes, celui du doigt du milieu ; les fep-
tiemes font un peu plus gros ; les huitièmes ont la
groffeur du pouce ; les neuvièmes fontau-deflùs de la
groffeur du pouce. Les moules de buis font les meilleurs.
Les autres bois s’imbibent de plus d’eau, 6c font
plus difficiles à féchêr. Autrefois on fe fervoit de'
moules de terre. Nous en avons quitté l’ufage ; parce
qu’en les mettant fur l’étuve, la terre s’echauffoit
trop 6c rendoit les cheveux tro'p cuits. On en faifoit
auffi avec des cordes ou des ficelles pliées en plufieurs
doubles y de la longueur de 3 pouces, 6c des différentes
groffeurs dont nous avons parlé. On les cou-
vroit d’une toile que l’on coufoit, 6c que l’on ferroit
bien. Poye^ les Pl.
Il y a encore des moules brifés pour la frifure
que l’on appelle frifure fur rien. Ces moules brifés font
faits à-peu-près comme les étuis à mettre des épingles
ou des aiguilles. Poye^ les P l.
Il faut un étau. Cet outil n’a rien de particulier ; il
eft feulement fort petit. Depuis que l’on fait des perruques
courtes , les étaux ne font plus placés comme
ils l’étoient. On les renverfe en-dedans ; par ce
moyen on frife plus aifément, 6c auffi court que l’on
veut. Pcye{ les Pl.
Il faut des têtes à monter les perruques. Elles font
diftinguées les unes des autres par un numéro. Les
plus petites font de trois, de trois 6c demi. Elles
fervent pour les perruques des petits enfans. On peut
auffi s’en fervir pour les hommes qui ont la tête fort
petite. Viennent enfuite celles du quatrième, du cinquième
6c du fixieme numéro. Ces dernieres font
d’un ufage plus fréquent, parce que c’eft la grof-
fçur des têtes ordinaires. Il y en a qui vont jufqu’au
feptié'mé 61 hüitïèmê. hümêrô * biais elles hé fervent
que dans dès cas extraordinaires-. Une tête à monter
2 la ferme d’une tête réelle» Vüye{ les PL .
Depuis qüet l’on porté.des permquès à boùrfe , & ;
bue l’on fait des montures a:Oreilles -9 on a inventé |
des têtes à tempes, afin que les perruques, ferraffent
mieux fur le front, fur les tempes 6c fur l’oreille : le I
bord du front en eft très-mineé. Depuis le deflùs de
l’oreille jufqu’au fommet, le bois groffit imperceptiblement
toujours en montant; d’ouil arrive que le
devant du rebord étant plus ferré, prend mieux,
ferre davantage, 8c remplit même les tempes les plus
creufes. Poye^ les PL
11 y a encore des têtes, creufes» Elles font moins
lourdes, 6c fatigueiit moins la frifure qui fe fait fur
les genoux; mais elles, donnent plus de peine à celui
qui monte. Comme elles font extrêmement légères ,
pour peu que le point arrête,, il faut retenir la tête en
pouffant l’aiguille. Voye^ les Pl.
Enfin, il y a des têtes brifées ,qui s’ouvrent en deux
depuis lé menton jufqu’aü derrière de la tête. Elles
fervent à monter de petites 6c de groffes perruques. .
Pour ces dernieres , t on met dans l’entre-deitx des
planches faites pour .cet ufage, plus ou moins épaiffes,
fuivant l’ampleur que l’on veut donner à l’ouvrage-,
Voye£ les P l.
Il faut un métier. Il eft compofé d’une barre de bois
qui peut avoir 2 piés ou 2 piés & 4- de long fur 4 pouces
de large 6c 2 de Jiaut, très-plate en-deffous , 6c
d’un bois un peu lourd pour qu’elle foit plus à plomb
fur les genoux. Elle doit être percée aux deux bouts :
on met dans ces deux trous un bâton rond de la longueur
de 15 à 16 pouces fur 4 ou 4 pouces & 7 de
diamètre. Les deux trous doivent avoir à-peu-près
un pouce d’ouverture, 6c la groffeur des bâtons doit
être proportionnée parle bas à cette ouverture pour
qu’ils puiffent y entrer. Nous dirons ailleurs à quoi
fervent ces métiers. On peut pratiquer des trous fur
les tables, 6c y placer les bâtons» Cela eft plus fo-
lide. Voyel les PL
Le perruquier a befoin d’une marmite ou chaudière.
C e vaiffeau doit être fait en poire, plus large
par le bas que par le haut. Cette forme empêche les
cheveux de remonter lorfqu’ils font fur les moules.
Sa grandeur ordinaire eft d’Un feaii 6c demi, 6c il p eut
contenir 2 livres ou 2 livrés & demie de cheveux
frifés fur des moules qui ne foient ni trop gros ni trop
petits. Poyei les PL
Il lui faut auffi une étuve. Il y en a de rondes 6c de
quarrées.. Ceux qui ont du terrein peuvent les faire
en maçonnerie comme les fourneaux. Celles que l’on
commande aux Menuifiers font quarrées 6c de bois
de chêne. C’eft une efpece de coffre de 3 piés à
4 piés de haut, fur 2 à 2 piés 6c \. On place ordinairement
en-dedans une croix de fer. Si l’étuve a 4
piés, il faut que la croix foit pofée à la hauteur de
.3 piés ou environ, 6c couverte d’une grille de gros
ni de fer, dont les trous foient un peu écartés» Sous
la grille, l’on met 11 ne poêle proportionnée à la grandeur
de.l’étuve, pleine de charbons bien couverts,
& difpofés de maniéré qu’en fe confirmant ils 11e formentpoint
de cavité. Poyei les P l.
Les étuves rondes fe trouvent chez les Boiffeliers.
Elles font du même bois que les féaux. Au défaut des
unes 6c des autres, on peut fe fervir d’un tonneau bien
fec.
Les cheveux s’étagent â différens degrés , depuis t
jufqu’à 24 tout au plus. Pour les mefurer, on 1e fert
d’une réglé d’environ 2 piés., divifée par pouces 6c
par lignes. Le premier degré peut avoir 2 pouces
6c 7. Depuis le premier degré jufqu’au feptieme degré,
on peut augmenter chaque étage d’un demi
pouce ; depuis le feptieme degré jufqu’au douzième,
de 8 lignes ; depuis le douzième degré jufqu’au fei-
Tome XII»
zieniè, depuis 8 jufq'u’a i l ligftêS\ dü feiziémè âü
dix-huitleme 7 les étagés brit i 2 lignés de plus. ; dea
puis le dix-huitieme jufqù’àü vingtième ; 14 lignes ;
depuis le vingtième jufqu’au vingt-quatriemë , i8 lignes;
enfin, pour le vingt-quatrieme étage, il faut
que les cheveux aient 3 quarts d’auné de long ^ 6c c’eft
la derniere longueur qu’on puiffe donner aux perruques.
Voilà tous les outils. Voyons à-préfent la maniéré
d’employer les cheveux;
Si l’onfe propofe un ouvrage en cheveux grifaiîlej
il faut avoirfoin de féparer les veines de gris fale qui
pourroient fè trouver dans les coupes dont on veut
faire la tire ; car il eft affez Ordinaire que dans uné
coupe il y ait trois ou quatre nuancés différentes!
On les examinera par la pointe , 6c l’on ôtera ceux
qui font jaunes , ou d’une autre couleur-.
On fait cette opération fur toutes les coupes depuis
la plus longue jufqu’à la plus courte; on prend
une meche de chacune ; l’on en forme un paquet à-
peu-près de la groffeur d’un pouce; 6c lorfque les
paquets font faits , on les noue avec du fil de penné
( ce fil eft ce qui refte attaché aux enfuples , lorf-
qu’une piece de toile eft finie) ; on les étête, c’eft-à-
dire que l’on ôte la bourre qui fe trouve à la tête des
cheveux : pour cet effet, l’ouvrier tient le paquetdii
côté de là pointe par le milieu, & il en laiffe hors dé
fa main environ la longueur de trois doigts ; il les
peigne avec un peigne fort, 6c dont les dents foient
un peu larges , jufqu’à ce que la bourre-bu le duvet
foit entièrement tombé ; ce qui arrive lorfque le peigne
paffe aifément à travers. Il a foin d’égalifer les
cheveux le plus qu’il lui eft poffible.
Pendant ce travail il doit avoir le feran attaché
bien ferme fur la table.
Lorfque les paquets font étêtés , il faut dégraiffer
les cheveux. Cela fe fait ordinairement avec du
gruau. On en met un ou deux litrons liir un tablier
de cuir que l’on a fur les genoux ; on dénoue le paquet
; on le tient à-peu-près par le milieu ; ori l’étale
du côté de la tête , 6c l’on répand une poignée dé
gruau entre les cheveux que l’on frotte entre les
mains, comme une blanchiffeufe frotte du linge fin»
Après qu’oii a opéré fur la tête des cheveux, on lé
retourne, 6c en fait autant du côté de la pointe»
Après quoi on fépare le gruau le plus qu’il eft poffible
en mêlant les cheveux & en les paffant plufieurs
fois dans le. feran. Pour les bien mêler on tient le
paquet par le milieu: Comme dans les paquets il fe
trouve des cheveux courts 6c des cheveux longs , on
prend de la tête le moins qu’on peut, afin que les
cheveux courts qui fe trouvent parmi les longs né
puiffent pas fortir du paquet. On jette la tête des
cheveux dans le feran ; on ferre le refte du paquet
librement de la main gauche, 6c avec le premier
doigt de la main droite on les tourne en-dedans , 6c
on les peigne avec le feran ; ce qui fert beaucoup à
faire fortir le gruau. Après ce travail l’on renoue le’s
paquets que l ’on ferre b ien,& le dégraiffage eft fini.
Cela fait, il faut tirer les paquets par la tête les
uns après les autres. Pour cet effet on a deux petites
cardes à côté du feran. On étend les paquets en long
fur une de ces cardes,& l’on met la pareille fur les paquets
; o u , au défaut d’une fécondé carde , l’on fe
fert d’une vergette fur laquelle on pofe un poids fiuf-
fifant,pour qu’en tirant les cheveux ils viennent doucement
; il faut obferver de les tirer bien droit, 6c
de mêler les cours 6c les .longs le mieux que l’on peut»
Quand tous les paquets du triage feront tous bien
tirés, il faut avoir deux cardes à tirer à plat. L ’on
prend une de ces cardes, l’on y place un gros fil double
, plié en doubles écartés de deux doigts, le long
des rangées des dents de la carde, en obfervant que
ce fil pafl’e plus du côté de l’anneau cjue de l’autré
eôté. L’on prend enfuite les paquets feparément les