20 4 P A y
gue cuite de la liqueur qu’elle fournit l’equife pour
réduire cette liqueur en confidence de firop-;- que
ces opérations, dis-je, font non-leulement inutiles,
mais même nuifiblgs , en ce qu’elles dénaturent la
compofition propre de l’extrait. Il foutient que fon
firop, préparé par une décoflion d’un quart-d’heure
des têtes de pavot, & par la cuite fimpeufe qui demande
la moindre évaporation qu’il efi poflible, efi
beaucoup plus narcotique que celui qui efi: préparé,
félon la ‘pratique directement contraire qui efi la
plus fuivie. Mais quand même cette prétention ne
l'eroit pas confirmée pat l’expérience, il efi toujours
incontefiabie qu’une petite quantité d’eau 6c une
très- courte application de ce menfirue étant fufli-
fante pour extraire du pavot fa partie médieamen-
feufe, il efi plus commode, plus conforme aux réglés
de l’a r t , efîentiellement mieux d’opérer cette
extraction avec ces circonftances , que d’appliquer
une quantité fitperflue de menfirue, 6c de l’appliquer
troplong-tems. Pour ce qui regarde la quantité d’eau
à diffiper par la cuite du firop, il efi clair que la proportion
efi d’autànt plus parfaite, tout étant d?ailleurs
éga l, c’eft-à-dire la quantité de matière difloute dans
la liqueur étant la même, que cette quantité de l’eau
à diffiper efi moindre.
Le firop de pavot efi un des remedes le plus communément
employé, toutes les fois que les narcotiques
légers font indiqués. Voye{ Narco tiq ue. Sa
aofe ordinaire efi depuis deux grosjufqu’à fix.
Le firop de pavot blanc efi aufli connu dans les
boutiques fous le nom de firop de méconium, 6c fous
éelui de firop de diacode.
La décodiion d’une grolfe tête de pavot ou de deux
petites fe donne affez communément, au lieu d’une
dofe commune de firop.
Les femences du pavot blanc font émulfives, 6c
contiennent par conféquent de l’huile par expref-
fion. Le fuc emulfif 6c l’huile nue de ces iemences ne
participent en rien de la qualité aflbupiflante du pavot.
Cette diftin&ion de vertu efi très-anciennement
connue : elle efi notée dans Diofcoride ; Matthiole
en fait mention. M. Tournefort rapporte qu’on fait
à Gènes des petites dra'gées avec des femences de
pavot, dont les dames mangent une grande quantité,
fans en éprouver aucune impreffion aflbupiflante.
Geoflroi rapporte tous ces témoignages , auxquels il
ajoute fon propre fentiment. Il efi fort fingulier que
toutes ces autorités & l’expérience n’ayent pas.détruit
le préjugé qui régné encore ; 6c que dans pref-
que tous les livres de Médecine, même les plus modernes
, on trouve les femences de pavot exprefle-
ment demandées dans les émulfions qu’on prétend
rendre plus tempérantes , plus calmantes. Il efi plus
fingulier encore que Geoffroi lui-même conclud de
fon aflertion contre la vertu calmante des femences
de pavot, que fes femences font propres aux émul-
fion deftinees àappaifer le bouillonnement des humeurs
, &c. Nous en concluons au contraire que ces
femences n’y pourraient être propres que par les
qualités très-communes de la matière émulfive ; 6c
que, comme d’ailleurs Ces femences font, par leur
petiteffe, d’un emploi moins commode que lesgrof-
les femences émulfives , telles que les amandes douces,
&c. il ne faut jamais préparer des émulfions avec
les premières, quequand on manque abfolument des
dernieres. Les têtes de pavot entrent dans les tro-
chifques, béchiques noirs, 6c dans l’huile de mandragore
; les femences dans le firop de tortue, 6c la
poudre dïatra'gacanti frigidi ; les feuilles dans le bau- \
me tranquille; le firop dans les pillules de flyrax, le
looch blanc , les tablettes béchiques , &c.
Le pavot noir efi fort peu employé en Médecine. Il
ÿ a pourtant des apothicaires qui prennent indifféremment
les têtes de pavot noir , comme celles depa■
p a y
vot blanc , pour la préparation du firop de diacode,
6c des médecins qui ont obfervé que la vertu narcotique
de ces deux efpeces de pavot étoit à-peu-près
la même.
L’huile par expreflion connue dans plufieurs pro*
vinces du royaume fous le nom £ huile d'oeillet ou
d'oeillette , 6c employée par le peuple dans ces. pays
fans le moindre inconvénient aux mêmes ufages auxquels
on emploie plus généralement l’huile d’olive ;
cette huile , dis-je , efi retirée des femences de pavot
noir. Cette obfervation prouve abfolument pour
l’huile de pavot n oir, 6c concourt à prouver par analogie
pour l’huile de pavot blanc que ces fubflances
ne font point narcotiques.
Les feuilles de pavot noir entrent dans l’onguent
populeum 6c dans le baume tranquille : elle ne font,
d’aucun ufage, non plus que celles de pavot blanc
dans les prelcriptions magiftrales.
Le pavot rouge ou coquelicot ne fournit à la Médecine
que les pétales de fes fleurs.
Ces pétales font de l’ordre des fubflances végétales
qu’il faut deffecher le plus promptement, c’efi-à-
dire par le fecours d.e la plus grande chaleur qu’il
loit permis d’employer. Voyei D e s s ic c a t io n . Si
on laiffe languir leur defléchement, elles fe noirciffent
très-promptement, 6c prennent un goût 6c une odeur
de îïïoili.
Les fleurs de coquelicot font regardées comme
très-adouciflàntes, très -peiflorales , comme légèrement
diaphoniques1 6c comme un peu calmantes.
On emploie affez communément leur déco&ion légère
, ou leur infufion théiforme à titre de tifans dans
la toux opiniâtre Ôc feche , dans les fluxions de poitrine
, les pleuréfies , 6c même dans la petite-vérole.
On retire une eau diftillée des fleurs de coquelicot
, qui doit être rangée dans la claffe de celles qui
font parfaitement inutiles. Voye^ Eau distillée.
On en prépare une conferve 6c un firop dont la
vertu efi analogue à celle de la décoâion, mais qui
ne permettant pas par leurs formes d’être données
enauffi grande quantité, lui font abfolument inférieurs,.
Les fleurs de coquelicot entrent dans la déco&ion
pe(florale de la pharmacopée de Paris, (fi)
Pa v o t co r n u , glaucium, ( Botan. ) genre de
plante à fleur en rofe, compofée de quatre pétales
difpofés en rond. Le piftil fort du calice $*qui efi de
deux feuilles, 6c devient dans la fuite une filique
longue & ronde, qui n’a qu’une feule capfule tra-
verlée par des valvules adhérentes à une cloifon qui
occupe le milieu de la filique dans toute fa longueur.
Cette filique renferme des femences le plus fouvent
arrondies : il y "a quelques efpeces de ce genre dont
le fruit qui n’a qu’une feule capfule , s’ouvre en quatre
parties. Tournefort, Infi. reiherb. Foye^ Plante.
Cette efpece qu’on appelle en particulier pavot
jaune cornu , efi le glaucium fiore luteo , I. R. H. 254.
Boerhaave , jud. ait. 2 oS. papaver corniculatum lu-
teum, KipccriTAi , Diofcoridis & Theophrafii Jylvefire,
keratitis Pimii, C. B. P. /y/, en anglois, the yellow
corned poppy. Galien dit que cette plante efi déter-
five ; mais qu’il ne faut l’employer que pour manger
les chairs baveufes des ulcérés.
Sa racine efi grofl’e comme le doigt, longue, jaunâtre
en-dedans, 6c donnant un fuc jaune. Elle
pouffe des feuilles amples, charnues, graffes, épaif-
îes, velues, découpées profondément, dentelées en
leurs bords, 6c comme crépées, de couleur de verd
de mer, fe couchant à terre, 6c attachées par de
groffes queues.
Sa tige ne s’élève que la fécondé année ; elle efi
fort dure, nouee, glabre, divifée en plufieurs rameaux
, pouffant de fes noeuds de petites feuilles légèrement
découpées.
. Ses fleurs nâiflènt au fommèt, larges, grandes
comme celles du pavot cultivé , compofées chacune
de quatre pétalesdifpofées en rofe, de couleur jaune
doré; . -, - ' ; f > ■■ ^
Lorfque cette fîetir efi paflee, il paroît un fruit
eh filique, long comme le petit doigt, grêle, rude
au toucher, contenant des femences arrondies 6c
noires.
Toute la plante efi empreinte d’un fuc jaune 6c
teinte en jaune ; elle efi en même tems de mauvaife
odeur, d’un goût amer, & croît aux lieux maritimes
fablonneux. ^
J’ai eu mes.raifons pour décrire Cette plante, qui
pourroit devenir fatale à ceux qui ne laconnoîtroient
pas, 6c qui du-moins l’a déjà été en Angleterre. On
en cite un exemple dans les TranJ. philoj. n°. 242 ,
& le récit en efi affez fingulier pour mériter d’être
extrait. ‘
Dans une riiaifon de laboureurs de la province de
Cornouailles, on mit par erreur de la racine de cètte
plante, au lieu de celle du panicaut de mer, dont les
pauvres gens du pays font communément des efpeces
de fouaffes, ou de gâteaux. Dès que le maître de
la maifon eut mangé de eelyi-ci tout chaud, il fut
faifi d’un violent délire, dans lequel tous les objets
lui pàroiffoient jaunes ; en forte qu’il prenoit les
iiftenfiles de fa maifon pour être autant d’uftenfiles
d’on Son valet 6c fa fervante qui mangèrent après
lui du même gâteau, éprouvèrent auin les mêmes
fymptomes ; faifis d’un délire d’ivreffe qui leur ôta
laraifon, ils fe déshabillèrent, entrèrent tout nuds
dans une chambre où beaucoup de monde fe trou-
voit, 6c fe mirent à danfer dans cet attirail de la Ample
nature.
Un enfant au berceau à qui l’on ayoit donné un
petit morceau,du gâteau de pavot cornu, en éprouva
de légères convuluons avec afloupiffement ; mais il
fe rétablit au bout de peu de jours. La nature guérit
auffi les autres malades par un grand cours de ventre
qui fuccéda promptement, 6c accompagné de
violentes tranchées. Leur folie étoit telle dans le
commencement de ce bénéfice naturel, qu’ils s’ima-
ginoient que leur garderobe étoit de l’or le plus pur.
Il femble que ce délire fingiilier provenoit fur-tout
de l’idée qu’ils avoient dans le cerveau de cette plante
, dont les racines lesavoient empoifonnés. J’ai déjà
dit en la décrivant, que fes fleurs font grandes, en
ro fe , d’un beau jaune, que tout le fuc de ce pavot efi
jaune , 6c qu’il teint en jaune. ( D . J. )
PAUPIERE, f. f. ( Anatomie. ) les paupières font
une efpece de voiles ou rideaux placés tranfverfale-
ment au-deffus 6c au-deffous de la convexité antérieure
du globe de l’oeil.' Il y a deux paupières à chaque
oe il, une fupérieure 6c une inférieure. La paupière
fupérieure efi la plus grande 6c la plus mobile
dans l’homme. La paupière inférieure efi la plus petite
, 6c la moins mobile des deux. Les deux paupie-
tes de chaque oeil s’uniffent fur les deux côtés du globe.
On donne aux endroits de leur union le nom
d'angles, 6c on appelle angle interne , ou grand angle,
celui qui efi du côté du nez ; 6c angle externe, ou
petit angle, celui qui efi du côté des tempes.
Les paupières font compofées de parties communes
6c de parties propres; les parties communes font
la peau, l’épiderme, la membrane cellulaire ou adi-
peufe. Les parties propres font les mufcles, les tardes
, les cils, les points ou trous ciliaires , les points
Ou trous lacrymaux, la caroncule lacrymale, la membrane
conjonftive , la glande lacrymale, 6c enfin les
ligamens particuliers qui foutiennent les tarfes. De
toutes ces parties des paupières, les tarfes 6c leurs ligamens
en font comme la bafé. Foye{ T arses , ligamens
ciliaires, &c.
Les bords de chaque paupière en leur entier, font
P A U l o j
formés par ië te d -S u tarfe, & la rehcêntre de la
membrane interne amm la-peau de Pépiderme. Ce
bord a une pente largeur plate, depuis deux ou trois
lignes de dtftance de Pangie interne B H B M 1
mlquà-1 angle externe, vers lequel la largêtir va en
diminuant. Cette largeur : qui n’eft que Vépaiffeur
applatié des paupiWis , eft taillée obliquement de
forte que quafcd ies-Smix paupières fe touchent- lé A
remçnt, elles forment avèc- la' furfaee du Hobe de
.roeil, un canal triangulaire. '
Le bord applati de c h a q u e c f t garni d’une
rangée de poils qu’on appelle c ik ( ceux d e làpau->
pure fuperieure font courbés en haut, & plus longs
que ceux de la paupieri inférieure qui font courbés
en bas,'. Les rangées ïotit'-du cOlc de la peau ; elles ne
font pas fimplés, mais plms'Ou-moins inégalement
doubles & triples. Les poils font proportionnément
plus longs vers le milieu des paupières', eue vers les
extrémités, & il ne s’en trouve point ordinairement
à la diihince marquée de l’angle interne.
Le long du meme bord des paupières, vers la itietn3
brane interne” ü du côté del’oeil,p:arOîtùne rangée
dé petits trous, êju'Sn peut appeliérWM& oit pdmH
ciliaires. ‘ ■ ■
On compte ordinairement deux mufcles aux i »
/ ^ ^ ; )» .J ^ r e « » -p i t t iÉ u B ^ f '* 'la poupée*
rietire, nomme miij'cie relcynu (je eette pàitpiere *
un commun aûx deux panpurcs) appelle mufdc urêU
cuiaire des paupières-, lequel on nàdiviù' différeiiji
ment, r o y e j O shu i i a ir k , S- Releveur.
La paupière fuperieure dans l’homme a .beaucoup
plus de mouvement que la paupière inférieure. Les
petits clignotemens flmpfes qui arrivent de moment
enmôment, datis les uns plus, danslesautres moins,
le font à la paupière fuperieure alternativement par
lé reléveur propre , Se par la portion palpébrale
péri'eufe du mufçle orbieulaire. Ils fe font aufft aker-
nativement & en meme tems à la paupière inférieure
du mufcle orbieulaire, mais tres-peu à caufe du petit
nombre des -fibres palpébrales inférieures.
Ces mouvemens légers, fur-tout celui de la pau■-
piere fiiperieure, ne lônt pas fi faciles à expliquer,
conformément à la vraie firudure. Les mouvemens
qui font tout-à-fait froncer les paupières, 6c qu’on
fait ordinairement pour tenir un oeil bien fermé,
pendant qu’on regarde fixément avec l’autre, peuvent
être affez clairement expliqués par la fimple
contraflion de toutes les portions du mufcle orbicu-
laire. Ges derniers mouvemens font auffi abailîer
les fourcils, de forte qu’on peut les mouvoir en trois
différentes maniérés ; fa voir en haut par les mufcles
frontaux, en bas par les mufcles orbiculaires 6c
en devant par les mufcles fourcilliers.
La peau des paupières efi plus longue chez les
Orientaux que chez les autres peuples ; & cette peau
efi comme on fait d’une fubftance femblable à celle
du prépuce ; mais quel rapport y a-t-il entre l’ac-
croiffement de ces deux parties fi éloignées.
Les paupières, dit Cicéron, qui font les ouvertures
des y eu x , ont une furface douce 6c polie, pour
ne les point bleffer ; foit que la peur de quelque accident
oblige à les fermer; foit qu’on veuille les ouvrir.
Les paupières font faites pour s’y prêter, 6c l’un
6c l’autre de ces mouvemens ne leur coûte qu’un in-
ffant. Elles font, pour ainfi dire, fortifiées d’une pa-
liffade de poils, qui leur fert à repouffer ce qui viendrait
attaquer les yeux quand ils font ouverts, & à
les clore dans le tems du fommeil paifible.
Pour mettre dans un plus grand jour l’ufage de ce
beau voile, je remarquerai trois chofes. i° . Que les
paupières confiftent en une peau mince & flexible ,
mais forte, par où elles font plus propres à nettoyer
6c à défendre en même tems la cornée. z ° . Leurs
bords font fortifiés par un cartilage mol 6c flexible ;