
des ou fangles de cuir L , qui avec le fecours du moulinet,
ƒ#. 22 , font retirer le mandrin ou boulon G H
de l’intérieur du tuyau, refferré alors par le refrôi-
diffement du plomb ; & pour mieux lui en procurer
la facilité, on a foin de le grailler, & de tenir fon extrémité
H un tant-foit-peu plus petite que celle G.
M , fig. iG. 17. & z i , font des viroles de cuivre dont
le côté N , plus mince , entre de toute fon épaiffeur
dans le moule A , tel qu’on le voit dans lafig. iG , &
le bout du tuyau B vient fe terminer droit fur l’une
de ces viroles , & obliquement fur l’autre, afin que
ïorfque l’on vient à verl'er du nouveau plomb par le
je t C , il puifl'e fe joindre avec le précédent, & faire
corps avec lu i, en le faifant fondre. La première ne
fert que pour commencer un tuyau, & fe place à l’extrémité
du moule en P.
Nous venons devoir que le boulon G H fe retiroit
du moule par le fecours d’un moulinet, fig. 22. G eft
donc le boulon ci-deffus expliqué ; L , la bande ou
fanole de fort cuir qui le tient accroché en K. Les
tuyaux moulés fe font toujours fur une forte table A ,
fig. 22 , pofée fur de forts tréteaux B , folidement af-
•femblés. Cette table fert non-feulement à loutenir le
moule pous faire les tuyaux, mais encore à foutenir
le moulinet qui fert à retirer le boulon G ; ce moulinet
elt compofé d’un rouleau C de fer bien arrondi,
portant par chacune de fes extrémités un touVillon
rond qui roule dans des coufîinets D de cuivre, arrêté
avec des vis à demeiire fur la table ; au bout
d’un de ces tourillons eft un moulinet E à quatre branches
, percé d’un trou quarré au milieu, & retenu
par une clavette , par lefquelles branches on. fait agir
avec force le rouleau C, autour duquel tournera fan-
cle de cuir L qui tire le mandrin G hors du moule,
pour que le mOule A ne vienne pas avec le mandrin G.
Lorfqu’on le retire avec le moulinet, on a foin de
pratiquer fur la table des hauffes ou calles retenues
à demeure, contre lefqu elles le moule vient s’arrêter
par les charnières des colliers.
De la maniéré de faire Us tuyaux moulés. Le moule
préparé de la maniéré qu’il vient d’être expliqué, on
le poie de niveau & bien droit fur une table ou planche
(fig. 22. ) appuyée bien folidement fur plusieurs
tréteaux ; enfuite deux hommes verfent, ainfi qu’on
le voit dans la PI. II. alternativement &: fans interruption
dans le jet C , fig. iG , du plomb liquide qu’ils
prennent tour-à-tour dans la grande chaudière du
fourneau, & cela jufqu’à ce que le jet foit plein,
parce que le plomb en refroidilfant fe retire de maniéré
à laiffer toujours au milieu un petit trou qu’on
appelle foujfiure, qui, s’il n’étoit pas plein, perceroit
le tuyau dans cet endroit. Le moule étant plein , on
laiffe refroidir le tout fuffifamment , pour que le
plomb ne puiffe fe rompre en le remuant ; enfuite .
en appuyant fur les branches du moulinet fig. a 2, on
retire le boulon du moule fig. iG ; on défait les clavettes
E , &c par les branches F des colliers, on ouvre
le moule en deux parties , comme on le voit fig.
t j , & relie au milieu le tuyau B , portant la maffe
du plomb qui étoitdans le jet £7, par où on l’accroche
pour le retirer du moule. Cette opération finie , on
n’a encore que deux piés & demi à trois piés de
tuyau ; & pour en prolonger la longueur, on en
laiffe environ fix pouces de long de celui qui eft fait
dans le moule , en plaçant fon extrémité oblique au-
deffous du jet C , afin que Ïorfque l’on vient à verfer
du nouveau plomb fur l’ancien, il puiffe en le faifant
fondre fe joindre à lu i, & ne faire qu’un corps. Ceci
fa it , on remet le boulon dans fa place, dont un bout
entre dans les fix pouces de tuyaux déjà faits; on referme
le moule , & on recommence l’opération
comme auparavant, jufqu’à ce qu’enfin on foit arrivé
à lalongueur d’environ 12 p iés, qui eft la plus grande
longueur que l’on donne ordinairement aux tuyaux.
Il faut obferver que tout ce qui dépend du moule
foit bien ajufté , car autrement fi le moule n’eft pas
bien arrondi, le tuyau devient mal fait ; fi le mandrin
ou boulon n’eft pas aufli bien arrondi, ou fe
trouve placé plus d’un côté que de l’autre, le tuyau
eft aufli plus épais d’un côté que de l’autre, & prend
une mauvaife forme. Ainfi toutes ces obfervations
font abfoiument néceffaires pour bien opérer.
Il faut encore remarquer avant de couler le plomb,'
de le bien purifier dans la chaudière , & que Ïorfque
l’on vient à le couler , il foit affez chaud pour faire
fondre l’ancien, afin que par-là il puiffe fe lier plus
intimement avec lui. Il ne faut pas qu’il foit trop
chaud, car en général le plomb trop échauffé fe brûle,
ce qui forme une infinité de pores très-ouverts , par
où l’eau fe perd quelquefois, fur-tout lorfqu’elle fe
trouve forcée par des refervoirs fort élevés : & c ’eft
là le plus fouvent le défaut qui occafionne les réparations
continuelles des tuyaux de conduite. /
La fécondé efpece de plomb moulé e ft , comme
nous l’avons dit, celle que l’on emploie pour toutes
fortes d’ornemens d’architeélure & de fculpture ,
dont les moules fe font en terre exprès pour chaque
piece , & ne peuvent fervir qu’une fois. Cette partie
ne regarde en aucune maniéré les Plombiers , mais
plutôt les Fondeurs en cuivre,dont la plus grande difficulté
confifte dans la façon des moules, & devient
par conféquent étrangère à notre objet.
Du plomb félon fes façons. Plomb en table eft celui
qui a été fondu & coulé fur une table appellée moule,
couverte d’un fable très-uni.
Plomb laminé eft celui qui a été preffé également
entre deux cylindres, qui par cette compremon uniforme
acquiert une épaiffeur parfaitement égale ,
qualité que n’a pas le premier, dontl’épaiffeur eft toujours
fort inégale.
Plomb coulé fur la toile eft un plomb en table très-
mince , très-rare, fort difficile à faire, & dont on fe
fert aufli très-rarement.
Plomb en culot eft du vieux plomb qui a fe r v i, &
que l’on jette à la fonte.
Plomb alquifoux eft l’écume du premier , que les
Potiers de terre emploient dans leurs ouvrages.
Plomb de mine ou mine de plomb, eft une pierre que
l’on taille , &: dont on fait des crayons pour le def-
fein.
Plomb d’horloges font des poids ou contrepoids qui
fervent à les faire mouvoir ou à en régler le mouvement.
Plomb fe dit des balles de moufquet & autres charges
d’armes à feu.
Plomb de vitre eft du plomb fondu en petits lingots
dans une lingotiere ( c ) , & enfuite tiré par verges à
deux rainures dans un petit moulin appellé tire-plomb,
à l’ufage des compartimens de panneaux de vitre.
Plomb de chef-d'oeuvre êft le plus étroit & le plus
proche à l’ufage des pièces d’expérience & les chefs-
d’oeuvres. Voyt{ le Diclionn. de Daviler.
Plomb fe dit encore d’une efpece de chaudière
plate & quarrée faite de plomb, dont on fait ufage
dans les falines de Normandie.
Plombs font encore des morceaux de plomb ronds
pefant près d’une livre, que l’on place dans les manches
des robes des femmes pour leur faire prendre le
pli qu’on juge à-propos.
Plombs de toilette étoient autrefois des efpeces de
petits cônes en forme de pain de fucre, de plomb ,
d’argent ou d’autre métal, qu’on appelloit ainfi , &
dont les femmes fe fervoient pour fe coëffer, en les
attachant par le fommet à un ruban qui tenoit à leur
(c) On appelle lingotiere dans un morceau de fer ouu dnee ccauvivitrée à longueur > pratiquée > pour,y couler les métaux.
bonnet,
b o n n e tp o u r le rendre ferme tandis qu’elles, ajuf-
toient le relie de la coëfïùre.
Plomb eft un morceau de plomb que l’on fufpend
au bout d’une ficelle pour prendre des à-plombs, des
niveaux & autres chofes femblables, à l’ufage des ouvriers
dans les bâtimens.
Aplomb, ligne droite qui eft fufpendue perpendiculairement
, 6c dont l’extrémité inférieure tend au
centre de la terre.
Plomb ou niveau à réglé, eft Ïorfque le plomb pendant
au bout d’un fil tendu arrêté au fommet d’une
réglé, bat d’un bout à l’autre fur fon échancrure.
Plomb ou niveau à talut, eft celui qui étant arrêté
au-fommet d’un triangle, bat fur la bafe.
Ces deux dernières efpeces font employées par
les Maçons, & prefque tous les ouvriers du batiment.
Plomb à chas eft celui qui paffe par le trou d’un
petit ais.
Plomb, qu niveau de Paveurs, eft celui dont fe fervent
les paveurs , & qui ell fufpendu au bout d une
réglé qui le leve à angle droit furie milieu d’une autre
de cuivre ou de bois.
P lomb, ou niveau des Mathématiciens, eft celui qui
fe trouve placé dans prefque tous les étuis dits étuis
de mathématique ; ce n’eft autre chofe qu’une équerre
à deux branches de long, d’une defquelles eft fufpendu
un petit plomb par une foie.
Plomb de fonde, eft en terme de marine, un plomb
fait en cône attaché au bout d’une corde appellée ligne
, avec lequel on fonde dans la m er, foit pour en
mefurer la profondeur, foit pour diftinguer la qualité
du fond.
Plomb, eft aufli le nom que l’on donne à une ma- ,
ladie dont font quelquefois attaqués ceux qui travaillent
aux vuidanges des foffes d’aifance. Lorfque
l’on n’y eft pas fait, elle eft fuffocante, & reffemble
par fes fymp&mes à l ’apoplexie ; on rifque beaucoup
d’en mourir, fi on n’eft promptement fecouru en prenant
l’air & en vomiffant.
Plomb blanc, en terme de philofophie hermétique
, c’eft le plomb liquide : le plomb fondu, dit-on»,
eft la matière des fages ; lorfqu’il eft parvenu au noir
très-noir, c’eft le plomb des philofophes ; c’eft l’ouvrage
de la pierre des fages , ou le mercure hermétique.
Quelques-uns d’eux appellent leur plomb la matière
qui fe cuit dans l’oeuf, lorfqu’elle eft devenue
comme de la poix fondue : c’eft-là l’explication la
plus véritable de leur fens caché.
P lomb s de Rome, ou bulles fous plomb, étoient
autrefois des efpeces de fceaux d’o r, d’argent, de
cire 911 de plomb , appofés fur des papiers de confé-
quence : il y en avoit de deux fortes, l’une que l’on
nommoit plomb de la chambre, étoit ordonné par le
pape ; on lui apportait les bulles auxquelles il don-
noit fabenediétion ; l’autre appellée plomb de la chancellerie
, étoit ordonnée par quelques prélats qui y
préfidoient. Le plomb de Rome étoit très-cher : les
officiers du plomb étoient le président, les colleéleurs,
les maîtres, & le receveur caiflier.
Des foudures. La plomberie ne confifte pas feulement
dans l’art d’employer le plomb des différentes
maniérés que nous l’avons v u , mais encore dans
celui d’y faire-les foudures néceffaires fur divers plans
inclines ou de niveau, pour le joindre avec d’autres
métaux, & meme pour joindre les métaux homogènes
ou heterogenes enfemble, ainfi que dans celui
de compofer une foudure analogue à chacun d’eux.
De la foudure en général. Lorfque l’on a des métaux
à fouder enfemble , on eft obligé pour cela d’employer
le meme métal, ou au-moins un autre qui approche
le plus qu’il eft poflxble de fa nature, pour
que ce nouveau métal puiffe bien lier les autres enfemble,
il faut qu’étant éçhaviffé il puiffe fondre ayant
Tome XII\
eux, & en coulant s’étendre & s’agraffer à leurs fur-
faces ; faire un corps folide lorfqu’il eft figé. Ainfi
un métal de même nature que celui que l’on veut
f4 o u * r , ne fondoit pas plutôt, -ce qui ne pourrait
reuflir. On eft donc alors obligé d’en allier un autre
avec lui plus facile à*fôndre, & qui lefàffe couler
' -plus promptement ; c’eft ce que l’on fait dans les foudures
de chaque métal, ainfi que dans ïa plomberie,
pour fouder le plo.mb. <
De la foudure en particulier. Le métal qui approche
le plus de la nature du plomb , eft comme nous
1 avons v u , l’etain que les marchands vendent depuis
vingt-huit fols jufqu’à trente-deux fols la livre ,
félon fa qualité; c’eft celui que les anciens appelloient
autrefois plomb blanc, pour le diftinguer de celui
qu ils appelloient plomb noir, & que nous appelions
maintenant plomb ; mais ce métal feul étant fondu ;
devient prefque aufli liquide que de l’eau, coule trop
facilement, & ne peut par conféquent demeurer en
place lors de fon emploi, quoique cependant avec
un peu d’art on en puiffe venir à bout. D ’ailleurs ,
étant froid, il feroit fi dur, qu’il feroit caffer le plomb
dans 1 endroit ou l’un & l’autre fe joignent ; ce qui
arrive encore quelquefois malgré les précautions
que 1 on a prifes lorfqu’on veut l’employer ; il eft
tres-facile de corriger ce défaut en l’alliant avec du
piomb. C et alliage eft encore un art félon les lieux:
ou on remploie ; car comme les foudures fe font
egalement fùr des plans horifontaux, verticaux, ou
obliques, la foudure qui eft trop facile à couler pour
les uns, eft très-bonne pour les autres ; & la dofe de
I un & del autre eft une connoiffancenéceffaire pouu
remedier à ces fortes d’inconvéniens.
Autrefois cette dofe etoit de mêler enfemble au-*’
tant, ut plomb que d’étain ; mais le tems ayant renchéri
l’un & l’autre en proportion, les ouvriers plus
. avides maintenant du gain, ne mettent plus guère
qu un tiers d etain fur deux tiers de plomb , & fort
fouvent un quart de l’un, & les trois quarts de l’autre
; ce qui fait une foudure beaucoup plus difficile
à fondre & à employer, qui cependant devient convenable
en certains cas, comme nous le verrons par
la fuite. ’
Des differentes foudures , & delà maniéré de lesfaireZ
II y a plufieurs maniérés de faire les foudures; les
unes fe font fur des plans horifontaux, & ce font les
plus faciles ; les autres fur des plans verticaux, & ce
font les plus difficiles ; d’autres fur des plans qui par-,
ticipent des deux efpeces, c’efl-à-dire, fur des plans
inclines plus ou moins, félon les places qu’il n’eft pas
toujours en fon pouvoir de choifir. Celles-ci ne font -
difficiles qu’autant que l’obliquité du plan approche
de la perpendiculaire ; c’eft dans ce dernier cas, que
l’on emploie laifoudure la plus dure à fondre, comme
coulant plus difficilement, & demeurant plus facilement
en place.
Les foudures fe divifent en deux efpeces ; les unes
appellées à côte, fervent pour joindre 'es tables de
plomb enfemble parleurs extrémités, foit pour doubler
l’intérieur des réfervoirs, la fuperficie des ter-
raffes, plate-formes, &c. foit pour des tuyaux que
l’on appelle alors tuyaux foudés, dont nous verrons
l’explication ci-après ; les autres appellées à noeuds >
fervent non-feulement à joindre des tuyaux les uns
au bout dés autres pour des conduites d’eau, mais
encorë des corps de pompe, portes, clapets, calo-
tes, ou brides de cuivre au bout de ces mêmes tuyaux,1
dont on fait aufli des enfourchemens de pompes, 6c
autres chofes femblables.
Des foudures à côtes. Lors donc que l’on a deux
tables, A , fig. 2 G. à. fouder enfemble par leurs extrémités
, on commence par gratter le plomb avec un
grattoir ,ƒ#. 3 3 , 3 G, 01137; & de la largeur que
doit êtrç la foudure convenablement à l’épaiffeur du
GGggg