v e r , quoique deffcchée : ce platane vu d’un peu loin
a l’apparence d’un chêne.
z. Le platane d'occident ou de Virginie. Cet arbre
eft très - commun dans la Louifiane, dans la plupart
des colonies angloifes, & dans la partie méridionale
du Canada, où il parvient à une hauteur & à une
groffeur prodigieuie, mais on le trouve fur-tout dans
les lieux bas 6c fur le bord des rivières. C ’eft la plus
belle cfpece de platane, 6c l’arbre le plus apparent
que l’on puiflè employer pour l’ornement d’un grand
jardin; il fait naturellement une tige droite6cbien
proportionnée ; fes branches qui fe dreffent 6c qui fe
foutiennent en ligne diagonale , forment une belle
tête. Son écorce liffe, unie 6c d’un verd jaunâtre efl
d’un joli afpeû.Ses feuilles font fermes, unies 6c lui-
fantes, plus larges que longues, d’une forme auflî
finguliere qu’agréable, 6c de la plus belle verdure :
leur largeur va fouvent à unpié, & quelquefois juf-
qu’à un pié 6c demi; mais elles ont communément
huit à neuf pouces de largeur. L’accroiffement de cet
arbre eft des plus prompts ; il n’y a guere que le peuplier
de la Caroline qui faffe des progrès plus rapides.
On voit actuellement ,1 7 6 1 , dans les jardins deM.de
Buffon, que l’on a déjà cités, une grande allée de cette
efpece de platane, plantée depuis 12 ans, dont la plupart
des arbres ont trente-huit à quarante piés de haut,
îùr environ deux piés 6c demi de circonférence. Cependant
ces jardins font au-deflùs d’un monticule,
dans un terrein fe c , léger ,& d’une profondeur alfez
médiocre ; ces arbres y rapportent tous les ans des
graines qui font fécondes ; il y avoit déjà en 1728
des platanes de cette force à Chell'ea en Angleterre.
Ce platane eft très-propre à former des avenues,
des allées, des quinconces, des faites de verdure,
&c. il fait un beau couvert, donne beaucoup d’ombre
6c de fraîcheur. Il ne fouffre aucun infeCte \ il
n’occafionne point de faleté, fon feuillage par fa verdure
tendre, vive 6c brillante eft du plus grand agrément
pendant tout l’été 6c la plus grande partie de
l ’automne.
3. Le platane du levant à feuille d'érable. C’eft une va-
' riété qui reffemble plus au platane d’Occident qu’à
celui du levant, mais elle n’a pas la beauté du premier.
Comme les graines de platane lèvent très-difficilement
6c qu’on a vu que bien des tentatives que
l ’on a faites pour le multiplier de cette façon ne reuf-
fiffoient pas, on a cru pendant long-tems que c’étoit
la faute des graines, que celles recueillies en France
‘ n’étoient point fécondes, & que celles qu’on tiroit
des pays étrangers étoient furannées ou défeéhieu-
fes ; mais depuis dix ans que je fais femer des graines
de différens pays, elles n’ont jamais manqué de lev
e r , 6c elles ont produit une grande quantité de variétés
qui font toutes bâtardes & dégénérées pour les
feuilles, l’écorce, l’accroiflement, 6cle port des arbres.
Les plants qui font venus de graines recueillies
fur le vrai platane du levant, ont l’écorce grife,
le bois plus gros, 6c l’accroiflèment plus, prompt:
leurs feuilles font plus grandes, moins profondément
découpées, 6c quelquefois divifées en fept
parties au lieu de cinq ; 6c tout cela avec prefqite
autant de variations par nuances infenfibles , qu’il
' eft venu de plants. Les graines au contraire prifés
fur le platane d’Occident ont donné des plants dont
' l ’écorce fur les jeunes branches eft rouffe, grife, ou
rougeâtre, 6 c. Leur bois eft plus menu, les entre-
noeuds plus ferrés., les boutons tantôt très-obtus, 6c
d’autres fois très-aigus, 6c leur accroiflèment eft
plus lent. Leurs feuilles font plus petites, de différentes
nuances de v erd , tantôt mates, tantôt luilan-
tes, très-fouvent plus découpées 6c quelquefois bien
moins échancrées, 6c divifées feulement en trois
parties ; enfin la graine de ce platane d’ocident produit
tant de nuances de variétés qu’il n’eft pas poffi-
ble de les détailler, 6c ce qu’il y a encore de particulier
, c’eft que chaque année en amene d’un nouveau
goût. Malgré cela on reconnoit toujours dans
ces feuilles la forme capitale qui caraftérifè le platane
, mais les modifications font fans nombre , tant
la nature a de reffources pour varier fes productions
; que feroit - ce encore fi l’on femoit ces graines
dans des terreins 6c fous des climats différens !
Parmi toutes ces variétés, il y en a trois qui m’ont
paru mériter d’être multipliées par préférence.
Le platane du levant à feuille découpée en fept parties.
Sa feuille eft plus grande que celle du vrai platane
, la forme en eft agréable par la fineffe des dentelures
, 6c la verdure en eft bellel
Le platane d'occident à feuille en patte d'oie. Cet
arbre, fans avoir la beauté de l’efpece d’où il dérive,
a une apparence finguliere qui le diftingue d’une façon
marquée de toutes les autres variétés. Outre les
différences de l’écorce qui eft g rife, un peu rude, 6c
de la verdure de fon feuillage qui eft légère 6c mate,
6c de l’accroiffement qui eft moins prompt, fa feuille
dont les deux côtés fe recourbent en - dedans, ne
laide voir que les trois pointes de l’extrémité, ce qui
a quelque apparence de la forme d’une patte d’oie.
Le platane d'occident a feuille peu découpée: C’eft la
plus belle de toutes les variétés qui me font venues
de femence jufqu’à préfent; il eft vrai que fa feuille
eft plus petite 6c fon accroiflèment plus lent que
dans le platane d’occident ordinaire qui l’a produit ;
mais cette variété ne lui cede rien pour l’agrément :
fon écorce eft rougeâtre fur les jeunes branches; les
boutons font obtus ; fa feuille eft arrondie par le bas,
les échancrures font moins profondes, 6c les dentelures
ou finuofités de la bordure font très-peu fenfi-
bles. C’eft la feuille la moins échancrée de tous les
platanes, 6c dont la verdure eft la plus gaie, la plus
v iv e , la plus brillante 6c la plus belle. Comme les
noeuds font plus ferrés fur les branches, ce qui donne
plus de rameaux,6c par conféquentplus de feuillage
; cet arbre réunit à la beauté du platane tout
l’agrément du tilleul, attendu qu’on en peut tirer le
même fervice, ce platane étant encore plus propre
que les autres efpeçes, à former des quinconces, dé
hautes paliffades, des portiques, des falles de verdure
, 6c toutes les autres difpofitions qui peuvent
contribuer à l’embelliffement des jardins. Article de
M. D 'A u BENTON ,fubdélégué.
PLATANI ou P LATANO, ( Géog. mod. ) riviere
de Sicile, dans le val de Mazzara. Elle a fa fource
dans une montagne près de Caftro -N o v o , 6c va fe
perdre dans la mer, fur la côte méridionalè de l’île.
Cette riviere eft le Camicus ou Halycus des anciens.
P L A T A N IS T E , f. m. ( Antiq. grecq. ) le Plata-
nifle, dit la Guilletiere, eft fur le rivage de Vifilipo-
tamos, au fud-eft du Dromos, & la nature produit
encore quelques platanes, à la place de ceux de l’antiquité.
Il n’y a guere de terrein dans la Grece plus
célébré que celui-là ; c’eft dans les prairies du Pla-
tanon, félon le poète Théocrite, qu’on cueillit autrefois
les fleurs qui fervirent à faire la guirlande ,
dont la helle Hélene fut couronnée le jour de fes
noces. C ’étoit auflî l’endroit où les jeunes Spartiates
faifoient leurs exercices 6c leurs combats ; cet endroit
formoit une plaine, ainfi nommée de la quantité
de platanes'qu’on-y cultivoit. Elle étoit toute
entourée de l’Euripe, 6c l’on y paffoit fur deux ponts z
à l’entrée de l’un, il y avoit une ftatue d’Hercule;
6c à l’entrée de l’autre, on trouvoit celle de Lycurgue.
Voye^Paufanias.
PLATANISTUS ou PLA TAN ISTON , ( Géos,
anc.) i°. fleuve de l’Arcadie. Il baignoit la ville de
Lycôfura, félon Paufanias, liv. VIII. chap. xxx ix .
2°. Promontoire de l’Elide, félon Pline, liv.IV. ch. v.
Lq
Le pere Hardouin remarque fur cet endroit de Pline,
que tous les manuferits portent Platanodes, 6c il ac-
eufe Hermolaiis d’avoir corrompu les exemplaires de
Pline, en fubftituant Platanijlus pour le vrai nom, qui
eft Platanodes. Le fentiment du P. Hardouin eft confirmé
par le témoignage deStrabon,//V. V III.p.348.
quoique pourtant on life dans ce dernier Platanodes,
6c non Platenodes; 30. lieu de la Silicie, fur le bord
de la mer félon Strabon, l.X IV.pag. 6Vfo. (D . J. )
P LA T -BO R D , f. m. ( Marine.) c ’eft l’extrémité
du bordage qui régné par en haut fur la liffe du vibord
autour du pont, 6c qui termine les alonges de
revers, ou bien plufieurs pièces de bois endentées
tout le long des côtes d’un vaiffeau, pour empêcher
que l’eau n’entre dans les membres.
Les plats-bords font les bouts des alonges de revers
, contre les liffes, 6c font affemblés à joints perdus
pour tenir plus ferme ; on y fait des trous pour
des chevillots, où l’on amare des manoeuvres.
Le plat-bord d’un vaiffeau de cent trente-quatre
piés de long de l’étrave à l’étambord, doit avoir huit
pouces de large & quatre pouces 6c demi d’épais.
Plat-bord, c’e ft-à -d ire vibord, c’eft ainfi que les
gens des équipages, 6c la plupart des autres après
eux, ont confondu le plat-bord 6c le vibord, 6c ont
donné au vibord le nom de plat-bord, qui eft devenu
même plus commun en ce fens que celui de vibord.
Il eft pourtant bon de les diftinguer, parce que cela
caufe beaucoup de confufton :v l’élévation des plat-
bords doit être telle que les moufquetaires pitiflènt
tirer commodément par-deffus. Voye^ V i b o r d .
Le plat-bord à l’eau, c’eft une maniéré de parler qui
fignifie que le vaiffeau étoit fi fort couché fur le côté,
que le plat-bord touchait à l’eau. Notre vaiffeau por-
toit fi rudement les voiles, pour parer un cap fur lequel
nous étions affalés, qu’il avoit le plat-bord à l’eau.
Plat-bord fignifie auflî un retranchement, ou bâ-
tardeau de planches, que l’on fait fur le haut du côté
d’un vaiffeau, pour empêcher que l’eau n’entre fur
le pont 6c dans le vaiffeau , lorfqu’on le met fur le
côté pour le carener.
P LA TE , a d j. f . voye^ P l a t .
P l a t e , (Géog. mod. y petite île de France en Bretagne
, fur la côte de l’évêché de Tréguier, 6c une
des îles appellées par les anciens Siadce. (D . ƒ.)
P l a t e , voyeç B o r d e l i è r e .
PLATEAU, f. m. (Gramm.) vaiffeau de bois à I’u-
fage de l’économie domeftique 6c ruftique.
P l a t e a u , (Art milité) ell un morceau de bois qui
fert quelquefois dans l’artillerie.aux mortiers. Voye^
M o r t i e r & T a m p o n .
P l a t e a u , eft auflî le haut d’une montagne oii l’on
trouve une efpece de petite plaine, ou un efpace de
terrein à-peu-près horifontal , oit'l’on peut établir
un corps de troupes 6c de l’artillerie, (q )
P l a t e a u , terme de Balancier, c’ eft le fond de
bois des greffes balances, propres à pefer de lourds
fardeaux : chaque balance a deux plateaux ; on met
le poids fur l’un, & la marchandife qu’on doit pefer
liir l’autre.
P l a t e a u , terme de'Boulanger, c’eft une maniéré
de petit plat de bois qui n’eft pas fi creux que les plateaux
ordinaires de inétal ou de fayance, 6c qui fert
aux boulangers pour mettre le pain mollet. (D . J.)
P l a t e a u , en terme de Cardier, c’eft une planche
quarrée, environnée d’une bordure haute d’un demi
pouce, au milieu de laquelle tient un fuppôt de bois
q u i, fur-tout quand le fécond doublet y eft placé ,
partage la planche en deux parties égales. Dans l’une,
à droite, font les pointes pliées au premier dou-’
blet, & arrangées par petits tas. Dans l’autre, elles
tombent confufément au fortir du fécond doublet,
dans lequel on les a pliées. Voyc{ D o u b l e t & P l i e r .
Voyei les Pl.
Tome XII,
^PLATEAU, terme de Chaffe, ce font les fumées des
bêtes fauves , qui font plates 6c rendes.
P l a t e a u , (EcrivainA c’eft un vaiffeau de bois ou
de fayance, ou de porcelaine, rempli de poudre propre
à mettre fur le papier.
P l a t e a u , terme de Jardinier, les Jardiniers nomment
ainfi les coffes des pois qui ne font défleuries
que depuis peu de jours. Ces coffes font tendres 6c
longuettes, les pois n’étant qu’à peine formés dedans:
on dit alors les pois ne font encore qu’en plateau.
PLATEAU , en terme de Metteur en oeuvre, eft une
efpece de plat de fer-blanc, échancré comme un baf-
fin à barbe, dont le milieu un peu concave, eft percé
de plufieurs trous femblables à un tamis. Au-def-
fous du plateau eft une petite boëte de métal pour
recevoir la limaille. A oyeç Pl. du Metteur en oeuvre.
Cet outil peut s’appeller auflî cueilloir ou cueille-
peaii, parce qu’il fert à recueillir dans la peau les limailles
6c morceaux d’or ou d’argent qui y font tombés
en travaillant.
P l a t e a u a r o u l e r l e s é t o f f e s d e s o i e . Le
plateau eft une planche très-mince, arrondie fur les
bords. Il eft de la longueur proportionnée à la largeur
des étoffes, 6c de fix pouces environ de lar<*e.
Ptanches à conferver les étoffes de foie. Les planches
ou ais propres à conferver les étoffes, font des pian-
chers de bois proportionnées en longueur 6c largeur
aux étoffes que l’on veut mettre entre-deux : elles
font d’un pouce d’épaiffeur environ. A chaque planche
il y a deux litteaux, d’un pouce de largeur & d’épaiffeur;
ils débordent la planche de chaque côté de
deux pouces d’épaiffeur. Ces bouts qui débordent
fervent à y attacher des ficelles, avec lefquelles on
ferre les étoffes que l’on met entre les deux plateaux.
P LA TE -BAN D E , f. f. (Archit.'y moulure quar-
re e , plus haute que faillante. Dans l’ordre dorique ,
la plate-bande eft la face qui paffe immédiatement
fous les triglyphes, 6c qui eft à cet ordre ce que la
cymaife eft aux autres. Ce terme eft dérivé des deux
mots plat 6c bande, comme fi l’on difoit une bande qui
eft plate.
Plate-bande arrafée, c’eft une plate-bande dont les
carreaux font à têtes égales en hauteur, 6c ne font pas
liaifon avec les afîifes de deffus.
Plate-bande bombée & réglée, c’eft la fermeture ou
linteau d’une porte, ou d’une croifée qui eft bombée
dans l’embrafure ou dans le tableau, 6c droite par fon
profil.
Plate-bande circulaire, plate-bande d’un temple ou
d’un porche, de figure ronde. Telle eft la plate-bande
de l’entablement ionique de FéglifedeS. André fur le
mont Quirinal à Rome, qui fubfifte avec beaucoup
de portée par l’artifice de fon appareil.
Plate-bande de baie, c’eft la fermeture quarrée qui
fert de linteau à une porte ou à une fenêtre, 6c qui
eft faite d’une pieCe, ou de plufieurs claveaux dont
le nombre doit être impair, afin qu’il y en ait un au
milieu qui ferve de cle. Elle eft ordinairement tra-
verfée par des barres de fer , quand elles ont une
grande portée ; mais il vaut mieux les foulager par
des arcs de décharge bâtis au-deffus.
Plate-bande de compartiment, c’eft une face entre
deux moulures qui bordent des panneaux , en maniéré
de cadres de plufieurs figures, dans les comparti-
mens des lambris 6c des plafonds. Les guillochis font
formés de plates-bandes, fimples.
Plate-bande de fer , barre de fer encaftrée fous les
claveaux d’une plate-bande de pierre, dont elle foulage
la portée.
Plate-bande de parquet, c’eft un affemblage long
6c étroit, avec compartiment en lofange, qui fert de
bordure au parquet d’une piece d’appartement.
Plate-bande de pavé, nom général qu’on donne à
toute dale de pierre, outrançhe de marbre, qui dans
A A a a a