Dicéarque f\it de ce nombre ; il étoit Mefiénien,
Cicéron en faifoit grand cas. Ce philofophé di-
foit : ; • -
i. L’ame n’ eft rien: c’eft un mot vuidede fens. La
force par laquelle nous agiffons, nous Tentons, nous
penfons, ell diffufe dans toute la matière dont elle eft
àufli inféparable que l’étendue, & oii elle s’exerce
diverfement, félon que l’etre un & limple eft diver-
fement configuré. t 1
a. L ’efpece humaine eft de toute éternité.
3. Toutes les divinations font fauffes, fi l’on en excepte
celles qui fe préfentent à l’ame, lorfque libre
de diftraftiort, elle eft fuffifamment attentive à ce qui
fe paffe en elle.
4. Qu’iî vaut mieux ignorer l’avenir que le cônnoitre.
Il étoit verfé profondément dans la politique. On
lifoit tous les ans une fois, dans l’affemblée des épho-<
res , le livre qu’il avoit écrit de la république de Lacédémone;
Des princes l’employerent à mefurer la hauteur &
la diftance des montagnes, & à perfeâionner la Géographie.
Eudeme , né à Rhodes , étudia fous Ariftote. Il
ajouta quelque chofe à la logique de fon maître , fur
les argumentations hypotétiques & fur les modes. Il
avoit écrit l’hiftoire de la Géométrie & de l’Aftro-
nomie.
Héraclide de Pont écouta Platon, embraffa le py-
tagorifme , paffa fous Speufipe , & finit par devenir
ariftotélicien. Il réunit le mérite d’orateur à celui de
philofophé.
Phanias de Lesbos étudia la nature , & s’occupa
auffi de l’hiftoire de laPhilofophie.
Démétrius de Phalere fut un des difciples deThéo-
phrafte les plus célébrés. Il obtint de Caffandre, rôi
de Macédoine, dans la 115 olympiade, l’adminiftra-
tion des affaires d’Athènes, fonction dans laquelle il
montra beaucoup de fageffe. Il rétablit le gouvernement
populaire, il embellit la ville ; il augmenta fes
revenus ; & les Athéniens animés d’une, reconnoif-
fance qui fe montroit tous les jours, lui eleverent juf-
qu’à 350 ftatues , ce qui n’étoit arrivé à përfonne
avant lui. Mais il n’étoit guere polîible de s’illuftrer
& de vivre tranquille chez un peuple inconftant : la
haine & l’envie le perfécuterent. On fe fouleva contre
l’oligarchie. On le condamna à mort. Il étoit
alors abfent. Dans l’impoffibilité de fe faifir de fa per-
fonne, on fe jetta fur fes ftatues, qui furent toutes
renverféçs en moins de tems qu’on n’en avoit élevé
une. Le philofophé fe réfugia chez Ptolomée Soter,
qui l’accueillit & l’ employa à réformer la légiflation.
On dit qu’il perdit les yeux pendant fpn féjour à Alexandrie
; mais que s’étant adreffé à Siparis, ce dieu
lui rendit la vue, & que Démétrius reconnut ce bienfait
dans des hymnes que les Athéniens chantèrent
dans la fuite. Il confeilla à Ptolomée de fe nommer
pour fucceffeurs les enfans d’Euridice , & d’exclure
le fils de Bérénice. Le prince n’écouta point le philo-
fophe , & s’affocia Ptolomée connu fous le nom de
Philadelphe. Celui-ci après la mort de fon pere, rélégua
Démétrius dans le fond d’une province, oii il vécut
pauvre, & mourut de la piquure d’un afpic. On
voit par la lifte des ouvrages qu’il avoit compofés ,
qu’il étoit poète, orateur, philofophé, hiftorien , &
qu’il n’y avoit prefque aucune branche de la connoif-
fance humaine qui lui fut étrangère. Il aima la vertu,
& fut digne d’un meilleur fort.
Nous ne favons prefque rien d’Hyeronimus de
Rhodes.
De la philofophie péripatéticienne à Rome , pendant
le tems de la république & fous les empereurs. Voyez Ü article
A r i s t o t é l i s m e , & l’article P h i l o s o p h i e d e s
R o m a in s .
Delà philofophie d.'Ariftote ehestes Arabes. Voyez
les articles A rabes & ARISTOTÉLISME.
De la philofophie d'Ariftote ehe£ les Sarrasins, v ô y ez
Varticle SARRASINS 6’ ARISTOTÉLISME.
De la philofophie d'A rifiote dans ÜEglife, voyez lis
articles J e s u s - C h r i s t & P e r e s d e l ’E g l ï s 'e y&
A r i s t o t é l i s m e .
De la philofophie d'Ariftote parmi les ScholaftiqUts,
voyez les articles P h i l o s o p h i e s c h o l a s t i q u e &
A r i s t o t é l i s m e . •
Des refiaurateurs de la philofophie d’Ariftote, voyez
Varticle ARISTOTÉLISME & P article PHILOSOPHIE.
Desphilofophes récens Arifiotelico-fcholafiiques^ voy.
l'article ARISTOTÉLISME, oit ce fujet efl traité très-au
long. Nous reftitueronsfeulement ici quelques noms moins
importans qu'on a omis, & qui peut-être ne valent guere
la peine d'être tirés de l'oubli.
Après Bannez, on trouve dans l’hiftoxre de la Philofophie
, Francifcus Sylveftrius. Sylveftrius naquit à
Ferrarè ; il fut élu chef de fon ordre ; il enfeigna à
Bologne ; il écrivit trois livres de commentaires- fut
l’ame d’Ariftote. Matthæus Aquarius les a publiés
avec des additions & des queftions philofophiques.
Sylveftrius mourut en 1518.
Michel Zanard de Bergame, homme qui favoit lever
des doutes & les réloudre ; il a écrit de tripUci
univerfo, de Phyficâ & Metaphyficâ, & commentaria
cum dubiis & quefiionibus in octo libros Arifiotelis.
Joannes, à S. Thoma, de l’ordre auffi des Dominicains
; il s’entendit bien en Diale étique, en Métaphy-
fique & en Phyfique, en prenant ces mots félon l’acception
qu’ils avôient de fon tems, ce qui réduit lé
mérité de fes ouvrages à peu de chofe, fans rien ôter
à fon talent. Prefque tous ces hommes qui auroient
porté la Connoiffance humaine jufqu’oii elle pouvoit
aller, occupés à des argumentations futiles, furent
des viétimes de l’efprit dominant de leur fiecle.
Chryfoftoine Javelle. Il naquit en Italie en 1488 »
il regarda les opinions & la philofophie de Platon
comme plus analogues à la Religion, & celle d’Ariftote
comme préférable pour la recherche des vérités
naturelles. Il écrivit donc de la philofophie morale
félon Ariftote d’abord , énfuite félon Platon, & en
dernier lieu félon Jefus-Chrift. Il dit dans une de fes
préfaces, Arifiotelisdifeiplina nosquidem doctos atfub-
tiliffime de moralibus fficut de naturalibus differentes ejjî-
cere potefi ; at moralis Platonica ex vi dicendi atque patenta
adhortadone, veluti propheüa quoedam , & quafi
fuperum vox inter homines tonans, nos procul dubio fa -
pientiores, prob adores, vitteque feliciores reddet. Il y a dé
la fineffe dans fon premier traité, de la fublimité dans
le fécond, de la fimplicité dans le troifieme.
Parmi les difciples qu’Ariftote a eu chez les Fran-
eifeains, il ne faut pas oublier Jean Ponzius, Maftrius,
Bonaventure Mellut, Jean1 Lallemandet, Martin Meu-
riffe , Claude Fraffenius, &c.
Dans lé catalogue des ariftotélieiens de l’ordre de
Citeaux, il faut inférer après Ange Manriquez, Bar-
tholomée Gomez, Marcile Vafquez, Pierre de Oviedo
, &c.
Il faut placer à la tête des fcholaftiquesde lafociété
de Jefus,Pierre Hurtado de Mendofa avant Vafquez,
& après celui-ci, Paul Vallius & Balthazar Tellez;
& après Suarès François Tollet & Antoine Rubius.
A ces hommes on peut ajouter François Alphonfe,.
François Gonfalez, Thomas Compton, François Rallier
, Antonius Pölus, Honoré Fabri : celui-ci foup-
çonné dans fafociété de favorifer le Cartéfianifme,,
y foufïrit de la perfécution-.
Des philofophes qui ont fuivi la véritable philofophie
d'Ariftote , voyez l'article ARISTOTÉLISME.
Parmi ceux-ci, le premier qui fe préfente eft Nicolas
Leonic Thomée. Il naquit en 1457 ; il étudia la
langue grecque & les Lettres fous le célébré Déiftétrias
Chalccndyias ; & il s’appliqua férieufement à
expofer la doétrine d’Ariftote telle qu’elle nous eft
préfentée dans les ouvrages de ce philofophé. 11 ouvrit
la voie à des hommes plus célébrés, Pomponace
& à fes difciples. Foye{ à l'article A r i s t o t é l i s m e ,
l'abrégé de la doctrine de Pomponace.
Celui-ci eut pour difciples Hercules Gonzaga, qui
fut depuis cardinal ; Théophile Folengius, de l’ordre
de faint Benoît, & auteur de l’ouvrage burlefque que
nous avons fous le titre de Merlin Cocaye ; Paul Jove,
Helidée, Gafpard Contarin, autre cardinal, Simon
Porta, Jean Genefius de Sepulveda, Jules Cæfar Sca-
liger, Lazare Bonami, Jules-Cæfar V anini, & Ru-
phus, l’adverfaire le plus redoutable de fon maître.
Poye{ l'article ARISTOTÉLISME.
Infcrivez après Ruphus, parmi les vrais Ariftotéli-
ciens , Marc-Antoine Majoragius, Daniel Bârbarus,
Jean Genefius de Sepulveda , Petrus Viûorius ; &
après les Strozze , Jacques Mazonius , Hubert Gifa-
nius, Jules Pacius ; & a la fuite de Cæfar Cremonin,
François Vicomefcat, Louis Septale,plus connu parmi
les Anatomiftes qu’entre les Philofophes; Antoine
Montecatinus , François Burana, Jean Paul Pernu-
mia, Jeari Cottufius , Jafon de Nores, FortuniusLi-
ce t, Antoine Scaynus, Antoine Roccus, Félix Afco-
rombonus, François Robertel, Marc-Antoine Muret,
Jean-Baptifte Monflor , François Vallois, Nunnefius
Balfurcus, &c.
Il ne faut pas oublier parmi les proteftans ariftoté-
liciens, Simon Simonius, qui parut fur la feene après
Joaçhin Camerarius & Melanchton; Jacob Schegius,
Philippe Scherbius, &c.
Erneft Sonerus précéda Michel Piccart, & Conrad
Horneius lui fucccéda & à Corneille Martius.
Chriftianus Dreierus, Melchior Zeidlerus , & Jacques
Thomafius, finiffent cette fécondé période de
l’Ariftotélifme.
Noiis expoferons dans un article particulier la philofophie
de Thomafius. Voye^ THOMASIUS,philofophie
de.
Il nous refteroit à terminer cet article par quelques
confidérations fur l’origine, les progrès & la réforme
du Péripatédcifme , fur les caufes de fa durée, ftir le
ralentiffement qu’elle a apporté au progrès de la vraie
fcience, fur l’opiniâtreté de fes fe&ateurs, fur lesar-
giunens qu’elle a fournis aux athées, fur la corruption
des moeurs qui s’en eft fuivie , fur les moyens
qu’on pouvoit employer contre la fe& e , & qu’on
négligea ; fur l’attachement mal entendu que les Proteftans
affeûerent pour cette maniéré de philofopher,
fur les tentatives inutiles qu’on fit pour l’améliorer,
& fur quelques autres points non moins importans ;
mais nous renvoyons toute cette matière à quelque
traité de l’hiftoire de la Philofophie en général & en
particulier, oîi elle trouvera fa véritable place. Voye^
l’article PHILOSOPHIE EN GÉNÉRAL, ( hiftoirc de la )
PERIPETIE , f. f. ( Belles-Lettres. ) dans le poème
dramatique , c’eft ce qu’on appelle ordinairement le
dénouement; c’eft la derniere partie de la piece, oii
le noeud fe débrouille, & l’a&ion fe termine. Voye^
T r a g é d i e .
Ce mot vient du grec mpi<«mm?, choft qui tombe
dans un état différent, & qui eft formé de wtp/, autour
, & de tti'otu , cado, je tombe.
La péripétie eft proprement le changement de condition,
foit heureufe, foit malheureufè, qui arrive
au principal perfonnage d’un drame, & qui réfulte
de quelque reconnoifîance ou autre incident, qui
donne un nouveau tour à l’aftion.
Ainfi la péripétie eft la même chofe que la cataftro-
phe, à-moins qu’on ne dife que .celle-ci dépend de
l’autre, comme un effet dépend de fa caufe ou de fon
occafion. Voye^ C a t a s t r o p h e .
La peripetie eft quelquefois fondée fur imreffouvenir
ou une reconnoiffance, comme dans l’OEdipe
ro i, où un député envoyé de Corinthe , pour offrir
la couronne a OEdipe , lui apprend qu’il n’eft point
.fils de Polybe & de Mérope ; par-là OEdipe commence
à découvrir cpie Laïus qu’il avoit tué étoit
fon pere, & qu’il a epoufé Jocafte fa propre mere ;
ce qui le jette dans le dernier defefpoir. Ariftote appelle
cette forte de dénouement une double péripétie»
Vcye^ R e c o n n o i s s a n c e .
Les qualités que doit avoir la péripétie, font d’être
probables & néceffaires ; pour cela elle doit être une
fuite naturelle, ou au-moins l’effet des aûions précédentes,
& encore mieux naître du fujet même de la
piece, & par conféquent ne point venir d’une caufe
étrangère, & pour ainfi parler, collatérale.
Quelquefois la péripétie fe fait fans reconnoiffance,
comme dans l’Antigone de Sophocle, ou le changement
dans la fortune de Créon, eft produit par fa
feule opiniâtreté. La péripétie peut auffi venir d’un
fimple changement de volonté. Cette derniere forte
de dénouement, quoiqu’elle demande moins d’art.,
comme l’obferve Dryden,peut cependant être telle,
qu’il en réfulte de grandes beautés; tel eft le dénouement
du Cinna de Corneille, où Augufte fignale
fa clémence, malgré toutes les raifons qu’il a de punir
& de fe vanger.
Ariftote appelle ces deux péripéties, péripéties Jim-
pies ; les ehangemens qu’elles produifent confiftant
feulement dans le paffage du trouble & de l’aûion,
à la tranquillité & au repos. Voye^ F a b l e & A c t
i o n .
Corneille avoue que 1 ’agnidon9 c’eft-à-dire, cè
que nous nommons reconnoiffance, eft un grand ornement
dans les tragédies ; une grande reffource
pour la péripétie, & c’ eft auffi le fentiment d’Ariftote ;
mais il ajoute qu’elle a fes inconvéniens. Les Italiens
l’affe&ent dans la plupart de leurs poèmes, & perdent
quelquefois par l’attachement qu’ils y ont, beaucoup
d’occafions de fentimens pathétiques qui auroient
des beautés plus confiderables. P. Corn, z ,
difc.fur la tragédie.
Nous pourrions dire la même chofe de prefque
tous nos dramatiques modernes depuis Corneille &
Racine. Il eft étonnant fur-tout que dans les pièces
de ce dernier, les péripéties ne foient jamais l’effet
d’une reconnoiffance ; en font-elles moins belles &
moins intéreffantes ?
PERIPHERIE, f. f. ( en Géométrie. ) eft la circonférence
ou la ligne qui termine un cercle, une ellip-
fe, une parabole, ou une autre figure curviligne.
y<yyei CIRCONFÉRENCE , CERCLE , &c.
Ce mot eft formé de mpi, autour, & de <pîpa, je
porte.
La périphérie de chaque cercle êft fuppofée divifée
en 360 degrés, qui fe fubdivifent encore chacun en
60 minutes, les minutes en 60 fécondés chacune,
&c. Voye{ D e g r é , M in u t e , &c.
Les Géomètres démontrent que l’aire ou furface
du cercle eft égale à celle d’un triangle, dont labafe
eft égale à la périphérie, & la hauteur au rayon.
Voye^ T r i a n g l e .
Il fuit de-là que les cercles font en raifon compo-
fée de leurs périphéries & de leurs rayons. Or, entant
que figures femblables, ils font auffi en raifon
doublée de leurs rayons : donc les périphéries des cercles
font entre elles comme leurs rayons ; & par conféquent
auffi comme leurs diamètres. Charniers. ( A )
PÉRIPHRASE, f. f. ( Rhétorique.) c’eft-à-dire circonlocution
, détour de mots, figure dont Quintilien
a fi bien traité, liv. VIII. c. vj. Quod uni aut paucio-
ribus dici potefi, explicatur , periphrafim vacant, cir-
cuitum loquendi, qui non numquam necefjitatem ha-
bet, quoties dicta deformia operit. . . Intérim ornatum
petit y folum qui eft apud Poètas frequendffimus & apud