aromatique, d’un goût amer : chacune de {es ileuts
eft un tuyau évafe par le haut 6c prolonge en une lèvre
découpée en cinq parties;; lalevre fupéricure eft
fi courte qu’on ne la voit point, 6c fa place eft occupée
par quelques étamines. Après que les fleurs font
pufl'ees , il leur lucccd.e des femences menues , pref-
que rondes, renfermées dans une capfule qui a fervi
de calice à la fleur.
Cette plante croît dans les pays chauds fur les mon-
tagneSjles collines &: autres lieux élevés, fées &
pierreux , comme en Languedoc, en Provence , en
Dauphiné. On la cultive dans les jardins oû elle fleurit
en été, ordinairement en Juillet 6c Août. Clufms
dit qu’en Eipagne , aux royaumes de Grenade 6c de
Valence , elle fleurit dès le mois de Mars.
Le polium à fleur blanche, poliurn montannip, album
, /. R. H. 20 (Si. ne différé du précèdent qu’en ce
que les feuilles font plus petites 6c moins cotonneu-
ies, 6c en ce que les fleurs font blanches de même que
fes têtes.
. Le polium rélifte à la putréfaêhon ; il eft amer, 6c
approche beaucoup de la nature de la germandrée ;
il eft apéritif , fudorifique, emménagogue. Il entre
dans plufieurs confections , dans les opiates 6c dans la
thériaque; on emploie particulièrement fes fommités
fleuries, qu’on appelle coma polii, feu comarn polia-
tam ; mais on ne connoît point le polium des anciens.
Il y a une efpece ,depolium rare dans les boutiques,
& plus odorant que les autres , c’eft le polium de
Cre te, nommé polium maritimum, ereciurn, monfpelia-
curn , par C. B. P. 221. R a i, Hiß. I. J24. Tourne-
fo r t , I. R. H. 2 oC, ..,
Cette efpece a environ un pié de haut ; elle eft
fort branchue , 6c pouffe des tiges quarrées & velues,
des noeuds dcfqueües fortent deux petites feuilles
blanches, cotonneufes, d’environ demi-pouce de
long 6c d’environ trois lignes de large, moufles &
découpées vers leurs extrémités. Les fleurs naiflent
aux fommets des tiges dans des épis ronds, cotonneux
, épais ; elles font petites 6c de couleur blanche
, en gueule , fans cafque , 6c portées fur un calice
blanc, v elu , à cinq fegmens. Les fleurs 6c les
feuilles ont une odeur aromatique, fort agréable. Elle
croit en Italie 6c dans les provinces méridionales de
France , 6c fleurit au mois de Juillet. (D . J.)
P o l iu m d e m o n t a g n e , (Mat. méd.) les fommités
fleuries de cette plante entrent dans les fameux antidotes
des anciens , tels que le mithridate 6c la thériaque.
Elles entrent aufli dans l’hiere de coloquinte.
Elle eft encore un des ingrédiens dé l’eau générale de
la pharmacopée de Paris , 6c de plufieurs compofi-
tions officinales analogues, mais inufitéesparmi nous.
On ne l’emploie point communément dans les pref-
criptions magiftrales. Ses fommités fleuries 6c fes
feuilles infiifées à la maniéré du thé, font recommandées
cependant par des botaniftes comme diurétiques
, emménagogues, défobftruantes 6c alexiphar-
maques. (b')
POLIUS , ( Mythol. ) Troxioç, nom fous lequel
les Thébains honoroient Apollon ; il fignifie le blanc
& le beau, parce Épie ce dieu étoit toujours repré-
fenté avec la fleur de la jeuneffe. On lui facrifioit un
taureau ; mais un jou r, à la fête du dieu , comme
ceux qui étoient chargés d’amener la viCtime n’arri-
voient point, 6c que le tems preffoit, un chariot attelé
de deux boeufs étant venu à paffer par ha-
fard, dans le befoin oii on étoit, on prit un de ces
boeufs pour l’immoler ; 6c depuis ilpaffa en coutume
de facrifier un boeuf qui eût été fous le joug.
POLLARD, f. m. (Comm.) nom d’une fauffe mon-
noie d’Angleterre, qui eut cours dans le xiij. fiecle.
Le roi Edouard la décria en 1301. On préfiime qu’elle
portoit le nom de celui qui l’avoit fabriquée.
POLLENTIA , f. f. ( Gram. Mythol. ) déeffe de la
puifl’ance chez les. Romains.
Pollentia , ( Géog. anc. ) i°. Ville d’Italie dans
le Picenum. Tite-Live lui donne le nom de colonie
romaine. z°. Pollentia, ville de la Ligurie. Ptolomée,
liv. III. ch.j. qui,écrit polentia, place cette ville dans
les terres. SckyiColumelle, liv. V il. ch. ij. on faifoit
cas anciennement des laines noires & brunes de Pollentia
: ce qui a fait.dire à Martial, liv. IV. E p .iô j*
Non tantum Pullo lugentesvellere lanas.
Et à Silius Italicus , liv. VIII. y. icjc).
Fufcique ferax Polentia villi.
• Cette ville cpnferve fon ancien nom. On l’appelle
préfentement Polenta. Elle eft au confluent du Ta-
naro 6c de la Stura. 30. Pollentia eft aufli une ville
qui étoit la plus grande des îles Baléares. Les anciens
lui donnent le titre de colonie romaine. On l’appelle
aujourd’hui Pùgliença. ( D . J . )
PQLLINA, ( Géog. mod. ) riviere de Sicile au val
Demona ; elle a fa fource dans les montagnes de Ma-
donia , 6c fon embouchure fur la côte feptentrio-
nale , entre le cap de Cefalu 6c celui de Mariazo. La
P ollina eft le Monalus des anciens.
POLL1NCTEURS, f. m.pl. (Hifi. anc.) hommes
dontlemétier étoit de laver 6c d’embaumer les morts.
Les Grecs les appelloient nécrocofmes. C ’étoient des
gens aux gages des libitinaires.
POLLUCTUM, f. m. (Hifi. anc. ) facrifice à Jupiter
Dapales , ou à Hercule, ou quelqu’autre dieu ;
il étoit fuivi d’un repas. Polluclum vient de pollucere,
offrir. Decimampanent Herculi pollucere , c’étoit donner
la dixme à Hercule. Le repas qui fuivoit le facrifice
étoit fomptueux. D ’où l’on a fait les expreflions
obfecrare pollucibiliter , pour vivre ou fervir fplendi-
dement ; pollucibilis cceha , pour un repas fplendide.
POLLUSTINI, (Géog. anc.) peuples d’Italie, que
Pline l. III. c. v. met dans la première région ; c’étoient
les habitans de Polufca.
POLLUTION, f. f. POLLUER, v. a£t. ( Morale. )
effiifion defemencehors l’ufage du mariage. Les théologiens
moraliftes en diftinguent de deux fortes : l’une
volontaire , 6c l’autre involontaire.
\jà.pollution volontaire eft celle qu’on fe procure
parmolieffe ; les cafuiftes la nomment mollities, im-
munditia. Tous conviennent que c’eft un péché contre
nature; Les rabbins la mettent au rang des homicides
; 6c faint Paul dit que ceux qui tombent dans ce
crime n’entreront point dans le royaume de Dieu.
I. Cor. vj. iqi éyp
La pollution involontaire eft celle qui arrive pendant
le fommeil, en conféquence de quelque fonge
qui a troublé l’imagination. On l’appelle autrement il-
lufion ; 6c elle ne rend pas coupable la perfonne à qui
elle arrive, à-moins qu’elle n’y ait donné oeçafion en
s’arrêtant avec complaifance à quelque penfée impure.
Po l l u t io n n o c t u r n e , Ç Médecinepratiq.) maladie
dont le fymptorne caraCteriftique, 6c celui d’01'1
elle tire fon nom , eft une éjaculation involontaire,
plus ou moins fréquente, de la femence, qui fe fait
pour l’ordinaire pendant la nuit à l’occafion des fonges
voluptueux. Les Grecs l’ont appellée en conféquence
onipcoypoç OU ovupoyovoç, mot compofé à'ovupoç ,
fonge , & yovoc, femence , qui fignifie littéralement
fonge vénérien ; c’eft fous ce nom que CoeliuS Aure-
lianus , un des plus anciens auteurs qui ait parlé de
cette maladie, en donne une defeription affezimparfaite.
Il ne faut pas confondre avec l’affeCtion dont il s’agit
ici une elpecé de pollution qui n’eft du tout point
maladive, & qui Sert plutôt à entretenir la fanté par
l’excrétion nécefîaire d’une humeur fuperflue. C’efi:
•celle qui eft familière aux perfonnes de l’un & l‘autre
fexe qui vivent dans une continence trop rigoureufe :
la nature q ui, au grand avantage de l’humanité, ne
perd jamais fes droits, les trompe par des menfonges
heureux dans des reves agréables, pourvoit à leur
befoin, 6c leur fait goûter les plaifirs dont ils ont la
cruauté ou la vertu de fe priver, 6c qui les dédommagent
fouvent avec ufure de la réalité ; ces perfonnes
, après avoir éprouvé pendant la nuit une de ces
pollutions innocentes & falutaires , loin d’en être af-
foiblies, n’en font que mieux portantes, plus alertes
& plus difpos.
Iln’en.eft pas ainfi de ceux qui ont des pollutions
nocturnes , excitées moins par le befoin que par une
difpofition vicieufe des parties de la génération ou du
cerveau , & qui méritent àfijufte titre le hom affreux
de maladie: ces éjaculations plus ou moins réitérées
que le befoin n’a point préparées, que l’appétit oules>
defirs n’ontpoint affaifonnées,n’occafionnentfouvent
aucun plaifir même momentané ; elles caufent au
contraire dans plufieurs des douleurs cuifantes il
leur femble que îa femence brûle & dévore toutes les
parties qu’elle traverfe. Mais les fuites font bien plus
fimeftes : après ces éjaculations qui interrompent fon
fommeil, le malade eft plongé dans une efpece d’a-
néantiffement, fes yeux s’obfcurciffent , une langueur
extrême s’empare de tous fes fens, il lui femble
n’exifter qu’à-demi ; cette terrible idée qui lui retrace
fans celle fa foibleffe & fon néant, qui fouvent
entraîne avec elle l’image d’une mort prochaine, qui
la lui repréfente le bras levé, la faux déployée prete
à moiffonner fes jours, le plonge dans une trifteffe
accablante , & jette peu-à-peu les fondemens d’une
affreufe mélancolie ; le fommeil vient-il de nouveau ^
fermer fa paupière, le dérober à lui-même, mettre
fin à fes cruelles réflexions, ce n’ eft que pour lui en
procurer une nouvelle matière ; à-peine eft-il endormi
, que les fonges les plus voluptueux préfentent à
fon imagination échauffée des objets lafeifs, la machine
fuit fa pente naturelle , des foibles defirs naif-
fent aufîi-tôt, mais plus promptement encore les parties
qui doivent les fatisfaire obéiffent à ces impref-
fions, & plus encore à la difpofition maladive dont elles
font attaquées ; le nouveau feu qui s’allume ne
tarde pas à procurer l’évacuation qui en eft le fceau
& la fin ; le malade fe réveille par le plaifir ou par la
douleur, &c retombe avec plus de force dans l’anéan-
tiffemenc horrible qu’il avoir déjà éprouvé. Dans quelques
uns , un nouveau fommeil prépare encore de
nouvelles éjaculations & de nouveaux tourmens encore
plus terribles. Après avoir paffé de pareilles
nuits, quelle doit être la fituation des malades pendant
le jour? on les voit pâles, mornes, abattus,
ayant de la peine à fe foutenir, les yeux enfoncés
fans force & fans éclat, leur vûe s’affoiblit, une maigreur
épouvantable les défigure, leur appétit fe perd,
les digeftionsfont dérangées, prefquetoutes les fonctions
s altèrent, la mémoire n’a plus fa vivacité,
ce n’eft pas le plus grand mal; il feroit même à fou-
haiter qu’ils en fuffent dépourvus au point d’oublier
tout-a-fai.t les fautes qui les ont ordinairement plongés
dans cet effroyable état ; bien-tôt des douleurs vagues
fe répandent dans différentes parties du corps ,
un feu intérieur les dévore , des ardeurs d’urine s’y
joignent, la fievre lente furvient, & enfin la phthi-
fie dorfale, fuite funeftedes excès dans l’évacuation
de la femence. Foyeç Manustupration. Je ne mets
pas au nombre de leurs maux la mort à laquelle ils
échappent rarement, parce qu’elle eft plutôt un re-
mede le feul fouvent qui leur refte , & qui fe rend
toujours trop tard à leurs defirs. Le portrait que je
viens de tracer eft fans doute.affreux, mais il eft fait
d’après nature ; il n’y a malheureufement que trop
d’occafions d’en appercevoir la conformité. J’ai ob-
Torne X I I , I
fervé tous ces fymptomes dans un homme d’un tempérament
v if , trcs-fenfible, dont la vie n’a voit été
qu’un tiffu de débauches , qui, après lui avoir attiré
plulieurs fois des maladies vénériennes, l’avoient enfin
jetté dans cette cruelle maladie : il m’affuroit que
loin de goûter du plaifir dans la confommation d un
afle pour l’ordinaire fl voluptueux, il n’en reffentoit
que-dés-douleurs fl aiguës qu’il en poufloit lés hauts
cris ; il éprouvoit pendant l’éjaculation , aux envi*
rons desproftates dedans le refte du canal de l’ure*
thre, une fenfation fetnblable à celle qu’auroit pft
faire un fer ardent placé dans ces endroits. Confléaux
foins deM. de Lamure , célébré profefleur de Montpellier
y il en fut traité avec tant de prudence qu’il
recouvra enfin une parfaite fanté. J’ai vû ûn autre malade
de cette efpece, & je n’en rappelle qu’avec hor*
reur le fouvenir,dont la fin fut plus déplorable .-cloué
•depuis plufieurs mois fur ûhiitde douleur oïl il étoit
retenu par une extrême foibleffe , il y étoit en proie
au plus cruel martyreq-ïl éprouvoit même pendant
le jour&étant bien éveille des atteintes de cêftema»
ladie auxquelles il lui étoit impoflïble de réfifter ; mal-
gre tous fes efforts , fa verge entroit dans une violente
ereflion , des mouvemens convulfifs appropriés agi-
toient tout fon corps,-fes yeux étoient hagards, fa
mine égarée j des cris plàmtiâ fortoient de fabou*
che, & enfin il ejaculoit avec les plus vives douleurs
quelques gouttes de femence ; alors il tomboit dans
un affaiffement qui paroiffoit mortel, dont il ne for-
toit que pour renouveller l’horrible feene qu’il venoit
de jouer ; il fe paffoit vers les derniers jours de fa vie
peu d’heures qu’il n’eût ainfi quelque pollution : ort
peut juger à quel point de foibleffe &c de maigreur
&c. il étoit réduit ; mais il eft impoflïble defe iepré-
fenter toute 1 horreur du défefpoir qui l’agita dans
fes derniers momens.
o *?n garde ordinairement une continence outrée
& l exces dans les plaifirs vénériens , comme caufes
de la pollution nocturne ; fur quoi nous remarquerons
que la continence ne produit que la pollution naturelle
, qui n’a lieu qu’autant que la quantité dë la femence
eft trop confidérable, 6c qu’elle irrite par-là
les veficüles leminales 6c les parties correfpondan-
tes : mais la pollution nocturne vraiment maladive eft
toujours l’effet des débauches immodérées & de
corps ôc d’efprit, lorfque non-content de fe livrer
fans exces aux plaifirs veneriens, on fe repaît continuellement
l’imagination d’images lafcives , volup-*
tueufes, par des converfations laies , des leftures libertines
& deshonnêtes alors les fonges qui ne font
fouvent qu’une repréfentation des objets qui ont le
plus occupé l’efprit pendant le jour , roulent fur les
mêmes matières; les parties de la génération, qu’un
exercice frequent 6c une imagination échauffée tiennent
dans une tenfion continuelle, font bèaücoup
plus fufceptibles des impreflions lafcives, elles obéil-
fent avec facilité au moindre aiguillon , 6c les mouvemens
deftinés à l’éjaculation de la femence, devenus
prefque habituels , s’exécutent fans effort. Ces
mêmes caufes continuant d’agir avec plus de force
à mefure qu’elles agiffent plus fouvent, enracinent
le mal 6c le portent au point où nous l’avons vû fi
terrible; la chaleur du lit contribue beaucoup à l’augmenter
, fur-tout de ces lits de duvet préparés pour
la molleffe , où tout le corps eft comme enfevéli ; la
fituation du corps couché fur le dos , favorife aufli
les pollutions, fans doute à caufe de la chaleur plus
confidérable des reins, il arrive fouvent que la tenfion
des parties génitales eft augmentée beaucoup
au-deflus de l’état naturel ; alors le chatouillement voluptueux
, oceafionné par l’éjaculation delà femence,
dégénéré en douleur qui eft d’autant plus aiguë que
cette tenfion eft plus forte, & que la femence eft plus
aéliye, plus chaude,plus irritante, tant la douleur
A A A a a a ij