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Parce moyen elles remplirent mieux leurs fondions,'
fe ferment 6c s’ouvrent plusTacilement. 30. D e e p
cartilage s’élève cette paliffacle de poils durs.6c roi-
des, d'un grand iifage pour garantir l’oeil contre les
injures du dehors, pour détourner les petits corpulentes,
pour empêcher la lumière trop vive , &c. 6c
en même tems pour laiffer au-travers de leurs 'interfaces
un paflàge luffifant aux rayons qui partent des
objets pour venir jufqu’aux yeux.
Ajoutons qu’afin d’empêcher que l’air de dehors
ne deffeche la première furface de la prunelle qui y
eft expofée, & qu’il ne s’y faite une .efpece d’épiderme
comme à tout le relie du corps, il y a une
humeur que l’oeil a toujours en relèrve dans des glan-‘
des cachées fous les paupières-, 6c. qu’il envoyé par
des conduit^ particuliers vers leurs bords, afin que
pafl'ant 6c repayant fouvent fur le globe de l’oe il,
comme elles font, il foit toujours hume&é par cette
humeur qui y eft répandue ; elle produit fur l’oeil le
même effet que le vernis fur les tableaux, donnant
à leurs couleurs plus d’éclat & de vivacité.
Cette aêlion des paupières fert endbre à nettoyer
&c à effuyer l’oeil, en emportant la pouffiere, 6c les
autres petits corps qui peuvent s’ attacher à .cet organe,
6c l’incommoder. Cet ufage a paru de telle
importance à la nature, que les brutes n’ayant pas le
moyen de fe frotter les yeu x comme l’homme, qui a
des mains, elle leur a donné une t r o ïû em e paupière,
qu’elle a mis en-dedans fous les deux autres ; en forte,
que cette paupière fe gliffant au-travers, va de droit
à oauche, 6c de gauche à droite, pendant,que les
deux autres fe hauffent 6c fe baiffent pour pouvoir
effuyer l’oeil entout fens. C ’eftà cettepaupiere que
font attachées les glandes , qui fourniffent l’humeur
huileufe qui eft répandue fur la cornée pour la nettoyer.
Le linge eft le feul entre toutes les bêtes , qui de
même que l’homme n’a point cette troifieme paupière;
parce qu’ayant des mains comme lui ; il s’en
peut fervir pour le frotter les yqux, 6c en faire fortir
ce qui les incommode.
Les organes qui font remuer cette paupière des
animaux, ont une méchanique bien induftrieufe ; elle
conlifte dans une corde qui paffe dans une poulie, 6c
qui étend fur l’oeil une membrane, comme on tire
un rideau devant une fenêtre ; mais il faut beaucoup
plus d’artifice pour cette a&ion, qu’il n’y en a dans
celle de la poulie ; {5arce que pour étendre cette membrane,
il eft nécefl'aire que le mufcle qui la tire faffe
un fort long chemin, ce qui eft difficile à un mufcle,
qui ne peut être guere long, à caufe du peu d’efpace
qu’il a pour fe loger.
Les poiffons n’ont point ordinairement cette troi-
fieme paupière : le poiffon appellé morgan, qui eft
une eipece de galeus, l’a fituée autrement que les
autres animaux ; car elle eft tirée en-bas par fes fibres
propres, 6c relevée en-haut par un mufcle.
Cette paupière fe trouve auffi dans les poiffons, qui
comme le veau marin fortent quelquefois de l’eau
pour venir fur terre ; peut-être c’eft parce que l’oe i l .
des poiffons qui font toujours dans l’eau, n’a pas be-
foin de paupière qui le conferve 6c le garantiffe de la
pouffiere qui vole en l’air, à laquelle l’oeil du veau
marin qui demeure long-tems fur terre, eft expofé.
On n’eft pas maître du mouvement des paupières,
c’eft ma derniere remarque ; auffi eft-ce avec raifon
qu’autrefois à Rome, on prit pour un prodige la fermeté
d’un gladiateur qui retenoit le mouvement de
fes paupières, & s ’empechoit de filler les yeux quand
il vouloit, lorfqu’onlui portoit des coups au vifage;
car quoique le mouvement des paupières foit libre, il
devient à la longue néceffaire, 6c très-fouvent involontaire.
On n’eft pas maître de tenir les paupières
élevées Jorfque le fommeil eft preffant, ou que les
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yeux font fatigués ; ce n ’eft pas cependant une chofe
particulière aux yeux; la nature a fait les organes
des piés 6c des mains fournis à notre volonté, quoique
notre volonté n’en difpofe pas toujours. Qu’un
homme tienne dans fa main quelque chofe de précieux
, 6c qu’il veut conferver au péril de fa vie ; s’i l ,
vient alors à broncher inopinément, étant abordé
par un voleur, il lâchera ce qu’il tient pour mettre
les mains au-devant de lui. La volonté n’eft point la
maîtrefi'e d’un mouvement automatique qui va dire-
élement à notre confervation. Le Chevalier d e J a u -
COURT.
PAUPIERES , maladie des (Médecine,') les paupières
font fujettes à plufieurs maladies dont nous parcourrons
les principales, 6c nous renvoyons les autres
fous leurs articles particuliers.
Les enfans viennent quelquefois au monde avec
les paupières d’un oeil, ou des deux yeux, unies enfem-,
ble en tout ou en partie. Il eft vrai que c’eft un jeu
rare de la nature, 6c beaucoup plus commun par accident
ou -maladie, que par vice de conformation.
Mais quelle qu’en foit la caufe, on ne lauroit croire
combien il eft effentiel de charger de l’opération un
chirurgien qui ait de l’expérience , de l’adreffe, 6c la
main lure pour ne point endommager l’oeil. Nous parlerons
de cette concrétion des paupières kla. fin de cet
article.
Les paupières font fort fujettes à des tubercules 6c
excroiffances de différentes grandeurs 6c figures. Si
l’excroiffance eft petite, rouge , dure,immobile,6c
fituée au-deffus des cils, on l’appelle orgeoles, à caufe
qu’elle a la figure d’un grain d’orge. Quelquefois cette
petite tumeur ell fituée en-dehors près de la peau, 6c
quelquefois au-dedans de la paupière. Voyez O r g e o -
l e t .
Si le tubercule eft mobile, on l’appelle chala^e ;
s’il eft en forme de veffie remplie a’une humeur
aqueufe , on le nomme hydatide. S’il eft fait comme
un grain de grêle, on le nomme grêle, en grec xiquaaç.
C’eft une petite tumeur blanche, raboteufe, plus dure
6c plus cadléufe que Porgeolet, naiffant à la partie extérieure
6c intérieure des paupières , 6c renfermant
une humeur qui reffemble en confiftance à du tuf,
ou à du gravier ; on traite ce mal de même que l’or-
geolet.
Quelques-uns de ces tubercules tiennent de la nature
de l’atherome , du ftéatome , & du méliceris ;
mais la plupart font de l’efpece enkiftée, les uns tenant
à la peau par une racine fort mince, 6c les autres
ayant une bafe fort large. Ces tubercules ne font pas
à craindre quand ils ne caufent aucune douleur ; cependant
ils demandent une attention particulière lorfi
qu’il s’agit de les enlever par une incifion ,à caufe de
l ’extrême délicateffe de la paupière. Les tubercules qui
pendent à une racine peuvent être extirpés par le
moyen de la ligature, ou en les coupant fur le champ
avec des cifeaux.
Les verrues qui viennent aux paupières ne different
des tumeurs dont on vient de parler, qu’en ce qu’elles
défigurent la partie, & offentent fouvent la vue. Ces
verrues ont une farine groffe ou petite ; on les extirpe
par le moyen de la ligature ou du biftouri, de même,
que les autres verrues ; mais quand elles deviennent
noirâtres ou livides, on ne doit pas y toucher, parce
qu’on a tout lieu d’appréhender la gangrené.
Les paupières s’enflent ou fe relâchent fouvent au
point de défigurer la partie, 6c de nuire à la vue.
Cette maladie procédé toujours ou de la paralyfie du
mufcle releveur de la paupière, ou du relâchement
de la peau qui eft au-deffus. Il vient quelquefois aux
paupières une tumeur oedémateufe ou aqueufe qui empêche
l’oeil entièrement de s’ouvrir ; il faut exactement
diftinguer ce cas du précédent, puifqu’on y remédie
aifément par des cathartiques,-des diurétiques^
:7 il 1
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& des fudorifiques, 6c en appliquant fur la partie une
compreffe trempée dans de l’efpnt-de-vm camphré,
ou dans de l’eau de chaux. Lors au contraire qu’elle
eft eaufée par un relâchement de la peau, il convient-
d’employer des remedes corroboratifs, comme un
emplâtre d’huile noire de tartre , mêlée avec de la
cire ou du baume de Pérou, de l’eau.de la* reine de
Hongrie, de l’efprit de vers-de-terre, 6c autres chofes
femblables. Suppofé que ces remedes ne réuffiffent
point, le mieux qu’on puifl'e faire eft de retrancher
une portion fuffifante de la peau relâchée, pour la ra-
courcir 6c la faire rentrer dans fon état naturel ; mais
cette opération délicate a rarement du fuccès.
. Ce qu’on nomme mutilation de la paupière, en grec
«oXoCw/xa, eft une maladie de l’oe il, dans laquelle le
bord de la paupière eft fendu, ou conlbmmé en partie ;
enforte que les angles de part 6c d’autre de cette fente,
même les bords, fe retirent 6c fe renverfent. C’eft
une efpece d’éraillement de la paupière produit par
une plaie , un ulcéré , ou autre maladie. Quelque petite
que foit cette fente ou cette mutilation de la paupière,
le mal eft incurable ; la paupière a. trop peu d’é-
paiffeur pour pouvoir être retaillée, 6c foutenir une
ou deux aiguilles, autant de tems qu’il en faudroit
pour procurer l’union.
Le trachome des Grecs, qu’ôn appelle en françois
dartre des paupières, eft une ulcération des paupières,
accompagnée de rougeur, de prurit, d’âpreté, d’inégalités
, de ficofités, de fentes, 6c de duretés dans la
partie interne de l’une 6c de l’autre paupière ; on en
fait trois efpeces, ou plutôt trois degrés différens.
Le premier eft quand en renverfant les paupières,
on voit qu’elles font en-dedans rouges, inégales,
âpres, 6c que le malade lé plaint d’une démangeaifon
cuifante ; on appelle cette efpece dajîtes. Le fécond
eft quand ces lymptomes font plus violens, 6c qu’il
fe forme aux paupières de petits tubercules, à peu-
près comme des pépins de figue ; alors le mal prend
le nom deficojîs ,ficoJ'apalpebra, Letroifieme eft quand
la maladie eft fi invétérée, que la partie interne des
4 paupières eft ulcérée avec des fentes 6c des duretés
câlleufes : les Grecs nomment cette efpece de dartre
calieufe des paupières , thilojis, 6c les latins callofitas
palpebm; pour la cure, voyez T rachome,
Le dérangement des cils des paupières qui fe tournent
quelquefois en-dedans, 6c irritent les yeux par
de vives douleurs accompagnées d’inflammations
eft un mal qui fe nomme trichiafe. /'oj-é^Trichiase.
Le renverfement 6c retirement des paupières, qui
ne couvrent pas fuffifamment l’oe il, fe nomme eclro-
pium 6c lagophthalmie. Voyez-en les articles, 6c joignez
leur la dilteVtation favanîe de Keeckius fuiTec-
tropium, car elle mérite d’être confultée.
Quand les paupières font collées l’une à l’autre, ou
contre l’oeil même, quelle qu’en foit la caufe, cette
maladie s’appelle concrétion des paupières, &c par les
Grecs, «t^KtAoCAs'papoj^mot compofé de àymj^oç, jointure,
6c de Cxitpapov, paupière. Celfeainfi que Paul Egi-
nete en ont parlé. On diftingue bien ailément cette
concrétion d’un accident paflager qui arrrive aux
yeux par l’intervention de quelque matière gluti-
neufe,fans qu’il y ait une véritable coalition, comme
on le voit quelquefois dans la petite vérole 6c dans
l’ophthalmie.
Quelquefois les paupières font tellement collées
Mine contre l’autre, qu’on ne lauroit du tout ouvrir
l’oeil. Tantôt cet accident n’arrive qu’à un oe il, d’autres
fois àtous les deux. Il arrive auflx quelquefois que
la paupière s’unit avec la conjonêlive, 6c cela plus ou
moins fo r t , à proportion du nombre de fibres entre
lelquels fe fait la coalition. Ces fortes de maux viennent
aux yeux quand cette partie ou la paupière qui
la couvre , ont été mal traitées- par la petite vérole ,
ou à la fuite d’une violente inflammation, ou d’une
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bruiurê, fur-tout fi elfe a été faite avec dé la poudre
4 canon y e n .en un mot de toute autre ex-ulcération
de quelque nature qu’elle foit. Il n’eft pas fansexem-
pie de voir des enrans naître avec cette défeéluofité
6c des hommes fains d’ailleurs la contra&er à l’occa*
fion d’excfoiffances charnues à l’une ou l’autre angle
de l’oeil; Heifter dans fa chirurgie a vû l’un & l’autre
arriver.
; Le même auteur ajoute qu’il a vu lespaupieres col-*
lées à la cornée, ce qui eft difficile à concevoir ; en
tout cas c’ eft un fait rare, 6c dans lequel il ne peut
guere arriver qu’on en guériflê fans perdre la vue
en général la guérifon de la coalition des paupières eft
très-incertaine. Un des cas où il eft plus difficile de
décollèr la paupière de deflùs l’oe il, c’eft lorfque le
mal eft caufe par une brûlure. Ce qu’on peut tenter’
de mieux alors, eft de faire force injeélions, d’introduire
dans les yeux des médicamens humeclans 6c
émolliens , propres à les tenir toujours humides 6c
mobiles, & à empêcher les parties enflammées de fe
coller l’une contre l’autre.
Quand la coalition des paupières eft une fuite de là
petite verole, il eft difficile de la détacher fans que
l’oeil en fouffre par des cicatrices irrémédiables ; mais
quand à l’occafion delà petite vérole, ou d’une inflam-.
ma tioïi aux yeux, il arrive, ce qui n’eft pas rare, que
les paupières s’attachent l’une à l’autre pendant le fommeil
, par l’intervention de quelques humeurs affian-
tes, qui empêchent le malade d’ouvrir les y e u x , alors
le remede eft Ample. On fe gardera bien de lui ouvrir
les y eux de force, mais on délayera ces humeurs avec
facilité par des injonélions d’eau tiede, 6c en baffinant
la partie avec du lait chaud, au moyen de quoi les;
paupières ne manqueront pas de s’ouvrir.
Mais dans toutes les occafiuns où pour remédier à
la concrétion des paupières il eft befoin de l’opération ,
on ne fauroit trop, comme je l’ai dit, en charger une
main habile , fure & expérimentée. Il faut auffi que
le même chirurgien après avoir opéré, tâche d’empêcher
par des précautions convenables , que les paupières
ne s attachent de nouveau. Un des bons moyens
pour y parvenir, eft de mettre entre deux, un petit
linge très-fin, ou une feuille d’or enduite d’huile d’amandes
douces; on les y laifle quelques jours jufqu’à
ce qu’on n’ait plus à craindre de nouvelle coalition.
Cependant comme il arrive fouvent que laperfonne
incommodée ne peut rien fouffrir entre la paupière 6c
fon oe il, il faut alors fe contenter de lui inftiiler dans
l’oeil, u a collyre d’eau de plantain, de tuthie 6c de lucre
de faturne, 6c réitérer fouvent cette inftillation ;
en même tems le malade aura foin de frotter doucement
, 6c remuer lui-même fes paupières, en les écar-
tant de-tems-en-tems avec les doigts.
Je finis par une remarque fur la concrétion des paupières;
c’eft qu’il n’en faut point faire l’opération fur
les enfans , par l’impoffibilité qu’il y a de lès engager
à tenir les yeux ouverts. Il faut donc attendre d’eux
un âge railonnable, d’autant plus que cette maladie
n’eft pas du nombre de celles qui fe rendent plus fâ-
cheulès par le cours de quelques années. Je renvoie
toujours le ledléur fur les maladies de l’oeil à Maître-
Jan ; 6c c’eft en particulier fur les maladies des paut
pieres qu’on fe plaît à voir fa candeur 6c fon amour
pour la vérité. ( Le Chevalier d e J AU COU R r. )
PAUPOIRE, 1. m. ( Verrerie.) plaque de fonte comme
le marbre, de huit à neuf lignes'd’épaiffeur. Elle
eft placée à terre ; 6c c’ èft là-deffus que le maître
fouffie 6c forme la paraifon avant de la mettre dans le
moule.
PAUSAIRE,ftm. (Hifl.ancê) officier de l’ancienne
Rome , qui régloit les paufes que l’on âevoit faire
dans les pomnes ou les procédions folemnelles. Voyez
P a u s e .
Dans ces fortes de cérémonies il y ayoit des fta*
i l