
 
        
         
		fffljjW 
 i l l 
 |llil|l|ll{î 
 340  P E R 
 qu’à  l’autorité  divine  fuppôfe  toujours le - difcerne-  
 nient  de  la  droite  raifon,  afin  de  ne  point  prendre  
 pour elle  ce  qui n’ en  a que l’apparence,  8c  déviter  
 <le rendre  à  l’erreur  un  hommage  qui  n’eft  dû qu’à  
 la  vérité  éternelle. 
 JuJIin martyr (Saint) étoit de.Naploufe  en Palef-  
 tine.  Il fit honneur au Chriflianifme par fa fcience 8c  
 par la pureté de fes moeurs ,   8c  confirma fa doûrine  
 par  fa  confiance  dans  la  foi dont  il  hit martyr  l’an  
 167.11 nous relie de lui deux apologies pour les Chrétiens  
 , un dialogue avec le juifTryphon, deux écrits  
 adreffés aux Gentils, &  un traité de l’unité de D ieu ,  
 &c.  Les  meilleures  éditions  font  celles  de  Robert  
 Etienne en  1551  &  15 71, en grec; celle  de Comme-  
 lin  en  1593 ,  én grec 8c en latin ;  celle de Morel en  
 1656, greque &  latine  ;  8c  enfin celle  de dom  Prudent  
 Maran, bénédi&in, eh 1742 ,  ïnfol. 
 Il paroît que S. Juftin a eu le premier fur le célibat  
 Sc la continence des idées  telles  qu’elles  lui  ont  fait  
 regarder le mariage comme ayant par lui-même quelque  
 chofe  d’impur ;  du-moins  fes  expreflions  à  ce  
 fujet  donnèrent lieu  depuis à Tatien Ion  difciple  de  
 trairer nettement  le mariage  de débauche 8c  de  fornication  
 réelle. 
 Irénée (Saint) ,  célébré évêque :de L yon, né  dans  
 la  Grece  vers  l’an  120 de Jefus-Chrift,  fi.it difciple  
 de Papias  8c  de S. Polycàrpe.  Il  devint le  cher  des  
 églifes des Gaules, 8c les gouverna avec zele jufqu’à  
 l’an 202, qu’il finit les jours fous l’empire deSevere.  
 Il avoit  écrit en  grec  plufieurs/>uvrages ;  il ne refie  
 qu’une verfion  latine  allez  barbare  des  cinq  livres  
 qu’il compofa  contre  les hérétiques ;  quelques  frag-  
 mens grecs rapportés par divers auteurs ,  8c une lettre  
 du pape Viétor fur le jour de  la célébration  de  la  
 Pâque qu’on trouve  dans Eufebe  ; les meilleures éditions  
 de fes oeuvres.font  celles.d’Erafine en  1526, de  
 Grabe  en  1702, 8c du  P. Mafluet  en 1710 ,  mais  il y  
 faut joindre  les curieufes difl'ertations que Dodwel a  
 compoféesfur les écrits de S. Irénée pour en faciliter  
 l’intelligence,  D/Ij'ertatioms  in Innceum,  imprimées  
 à Oxford en  1689  ,  /«-80.  Ces  difl'ertations  ne  font  
 pourtant que  les prolégomènes  d’im ouvrage étendu  
 que ce favant projettoit de publier  fur  la nature des  
 héréfies qui fe formèrent  dans  l’Eglife primitive. 
 Photius prétend que  ce pere  a corrompu ,  par des  
 raifonnemens  étranges 8c  peu  folides ,   la  fimplicité  
 &  l’exafte vérité des  dogmes  de l’Eglife.  Nos  critiques  
 defiî eroient qu’il eût traité  les  vérités de  la religion  
 av^c toute la gravité qui leur convient, 8c qu’il  
 eût communément  appuyé  les  dogmes  de notre  foi  
 fur des fondemens  plus  folides que ceux  dont  il fait  
 ■ ufage.  Ses livres contre  les héréfies ne font  pas toujours  
 remplis  de  raifonnemens vrais  8c  conciuans. ■  
 S. Irénée embrafla l’opinion des Millénaires  : il avoit  
 fur  le  tems  de  la  mort de Jefus-Chrift un  fentiment  
 tout particulier, prétendant que notre Seigneur étoit  
 âpé de plus de 40 ans quand il commença de prêcher  
 l ’Evangile.  Il  a  pofé  une maxime  qui a été  adoptée  
 par plufieurs autres peres / c ’eft que toutes les fois que  
 l ’Ecriture fainte rapporte quelque aétion des patriarches  
 ou des prophètes fans la  blâmer,  quelquemau-  
 vaife. qu’elle nous  paroifle  d’ailleurs,  il  ne  faut pas  
 la condamner,  mais y  chercher un  type.  Enfin il a  
 jetté les femcnces  d’une opinion dangereufe ,  foute-  
 nue  dans la fuite  ouvertement par S. Auguftin, c’eft  
 que tout appartient aux fideles & aux juftes. 
 Athénagore  ,  philofophe  chrétien  d’Athènes,  fe  
 diflingua dans le ij.  fiecle  par  fon  zele pour la  foi  8c  
 par fa fcience. On a de lui une apologie pour les Chrétiens  
 ,  adreffée à Marc-Aurele Antonin  8c  à Lucius-  
 Aurele Commode  l’an  179 ,  fi nous en  croyons  Ba-  
 ronius,ou  l’an  168,  fi nous  en  croyons  Dodwel.  
 Son autre  ouvrage  eft fur  la  réfurreêlion des morts.  
 Ces deux écrits le trouvent dans la bibliothèque des 
 P E R 
 pires, &  à la  fin des éditions de S. Juftin.  Les OEuvres  
 d’Athénagore  ont  été imprimés  à  Oxford en  1682  
 par  les  foins  de  l’évêque Fell,  en grec 8c en  latin  
 avec des notes :  on les réimprima à Leipfick en  1684  
 8c  1686.  Il faut y  joindre  la  diflertation du P. Nour-  
 r y , qui  eft la troifieme du fécond tome de ïon Appa-  
 ratus ad bibl. veter. patrum. 
 Athénagoras  n’eft pas bien purgé de toute hétéro-*  
 doxie, félon l’opinion de plufieurs critiques.  Ils trou*  
 vent qu’il eft rempli d’idées platoniciennes;  Il abandonne  
 la  providence  particulière  de  toutes  chofes  
 aux anges que Dieu  a  établis fur chacune,  8c lailfe à  
 l ’Etre  iuprème- une providence  générale ;  cette  opinion  
 vient en eftet des principes de la philofophie de  
 Platon.  Il admet aufli deux fortes de mauvais  anges  :  
 l’une  comprend ceux que Dieu créa, 8c qui s’acquittèrent  
 mal  de  la commilfion  qu’ils avoient reçue  de  
 gouverner  la matière ;  l’autre  renferme  ceux  qu’ils  
 engendrerent par le commerce qu’ils eurent avec les  
 femmes.  Athénagore n’a pas bien appliqué le paflàge  
 de l’Evangile qui blâme ceux qui répudient une femme  
 pour  en époufer une autre ; car il s’en fert à  condamner  
 les  fécondés noces, qu’il traite  fans  détour  
 d’honnête  adultéré. Je  ne dirai rien des faufles  idées  
 qu’on lui  reproche  au  fujet  de  la Trinité  ;  on peut  
 lire  fur  cet  article  les origininnæ  de M. Huet,  l.  II.  
 c. iij. Quant au ftyle de ce philofophe chrétien, il eft  
 pur 8c bien  attique,  mais  un  peu  trop chargé d’hy-  
 perbates 8c de parenthèfes. 
 On  a quelque  raifon  d’être  fiirpris  que  ce pere de  
 l'Eglfe  ait  été inconnu-à Eufebe ,  à S. Jérôme,  8c à  
 prelque tous les autres  écrivains eccléfiaftiquès ; car  
 on  ne  le  trouve  cité  que  dans  un  ouvrage  d’Epi-  
 phanes. 
 M. Huet parle  amplement  d’un  roman qui a  paru  
 fous  le  nom d’Athénagoras  , 8c qu’il conjeéhire  être  
 de Philander  ;  ce roman  dont on ne  connoît  qu’une  
 tradufrion  françoife  eft  intitulé  :  « Du  vrai 8c par-  
 » fait amour  ;  écrit en grec par Athénagoras  ,  philo-  
 » fophe athénien,  contenant les amours honnêtes de  
 » Théogone 8c de Charide, de Phérécidès 8c de Mé-  
 » langénie.  Paris  1599 8c  1612, i/z-12 ». 
 Clemeht  d.'Alexandrie ( Saint),  après avoir étudié  
 dans la Grece ,  en  Italie  8c  en Orient,  renonça aux  
 erreurs du Paganifme, 8c fut prêtre 8c catéchifte d’Alexandrie  
 en  190.  Il mourut vers  l’an  220  :  il nous  
 relie  de  lui  plufiéurs  ouvrages en grec, qui  ont été  
 traduits en latin :  ils  font remplis de beaucoup d’érudition. 
   Les principaux font  les ftromates,  l’exhortation  
 aux gentils, 8c le pédagogue.  On a perdu un dfe  
 fes ouvrages divifé en huit livres, 8c intitulé, les hy-  
 poiypofes ;  Hervet a traduit le premier  ces traités  de  
 grec  en latin. Heinfius en a donné une édition à Leyde  
 en 1 6 1 6 ,8c enfuite en  1629, in-fol. C’eft la meilleure  
 de toutes.  L’édition  de  Paris en  1641  eft moins  cor-  
 retle 8c moins belle. 
 Tous les  critiques  ne  font  pas également remplis  
 d’admiration  pour S. Clément d’Alexandrie.  M. Dupin  
 étoit d?avis  de  retrancher  tous  les  endroits  du  
 pédagogue  ,  où  il eft parlé de péchés contraires à  la  
 chaftete.  -M.  Buddeus  obferve,  d’après  lui, que  ce  
 pere a tranfporté  dans le Chriflianifme plufieurs  choies  
 des  dogmes 8c des expreflions  de  la philofophie  
 floïcienne.  Il repréfenteIon gnoftique  (o u l’homme  
 chrétien) comme un homme entièrement  exempt de  
 pallions.  On defireroit de l’ordre dans les livres  des  
 ftromates  ,  ainfi que dans  l’ouvrage  du  pédagogue :  
 le ftyle  en eft aufli trop négligé  ,  8c manque  d’une  
 gravité convenable. S. Clément  fait profeflion de n’y  
 point garder de méthode ;  cependant en matière  de  
 morale,  la  liaifon  des  penfées 8c  l’ordre  des  fujets  
 qu’on traite ne  font pas des  chofes indifférentes. 
 On trouve encore que les raifonnemens de ce pere  
 de l’Eglife font  d’ordinaire vagues,   obfcurs  , fondés 
 P E R 
 ou fur  de  ptireS  fubtilités  ,  ou fur de  vaines  allégories  
 ,  ou  fur  de  faufîes  explications  de  paffages  de  
 l’Ecritiif e.  On lui reproche d’avoir cherché  à étaler  
 une érudition mal-placée ; d’avoir jetté fur le  papier  
 fans  d’afîez mûres  réflexions tout  ce qui  lui  venoit  
 dans l’efprit  ;  enfin  d’avoir  débité  quelquefois des  
 maximes ou vifiblement fauffes ou fort outrées.  Il eft  
 vrai  qu’en  condamnant  féverement  les  moeurs  de  
 fon fiecle,  il diftingue rarement l’ufage  légitime des  
 chofes  indifférentes  de leur  nature  d’avec  l ’abus  le  
 plus criminel  ;  mais il  feroit aifé  de  défendre  l’opinion  
 qu’il avoit  fur le falut  des Païens , regardant la  
 Philofophie  comme  le moyen  que Dieu  leur  avoit  
 donné pour y  parvenir. 
 Tertullien  ( Quintus  Septimius  Floreus Tertullia-  
 hus ) , prêtre de Carthage  8c l’un  des  hommes célébrés  
 que l’Afrique ait produits ;  étoit fils  d’un cente-  
 nier dans la milice.  Il le fit chrétien, 8c fe maria après  
 fon baptême: il prit enfuite laprêtrife, 8calla à Rome;  
 Il fe lepara de  l’Eglife catholique  au commencement  
 du iij. fiecle, 8c fe fit montanifte, fe  laiffant  féduire  
 par des révélations ridicules. Il parvint à une extrême  
 vieilleffe,  8c mourut  fous  le  régné d’Antonin Cara-  
 calla  vers  l’an  216.  Les  meilleures  éditions  de  fes  
 oeuvres font celles de Rigault 8c de Venife  en 1746,  
 in-folio. 
 On remarque dans fés écrits un génie auftere, une  
 imagination  allumée,  un  ftyle  énergique 8c  impétueux  
 ,  mais  dur 8c obfcur.  Ses plus grands  admirateurs  
 conviennent  que  les  raifonnemens  de Tertullien  
 n’ont pas  toute  là  juftefïe 8c la  folidité que  de-  
 manderoient les matières  importantes  qu’il  difeute.  
 Le P. Ceillier &  M. Dupin  avouent que Tertullien a  
 débité, étant encore dans le fein de l’Eglife ,  des  réglés  
 de morale  excefîivement  outrées, 8c qu’il a fait  
 paraître dès fes premiers ouvrages beaucoup de penchant  
 aux fentimens les plus rigides.  En effet,  qu’on  
 life  les écrits de ce pere de l’Eglife avant qu’il donnât  
 dans  le montanifme  ,  tout  y   refpire  ce tour d’efprit  
 auftere , qui ne fait pas garder un jufte milieu dans fes  
 jugemens  ;  cette  imagination africaine  qui grofîit les  
 objets, cette impétuôfité qui ne laiffe pas le tems dè  
 les confidérer  avec attention. 
 Dans le traité de l’idolâtrie qu’il écrivit avant d’être  
 montanifte , il condamne  tout métier,  toute profef-  
 fion  qui  regardoit  les  chofes  dont  les  païens  pou-  
 voient faire  quelque  abus par  des  aéles  d’idolâtrie ,  
 quand même  on n’auroit pas  d’autres  moyens pour  
 fiibfifter.  Il  déclame  contre toutes fortes de couronnes  
 , 8c principalement contre celles  de ialirier, comme  
 ayant du rapport à l ’idolâtrie.  Il blâme la recherche  
 ôc l’exercice des emplois publics ; il enfeigne qu’il  
 eft  abfolument  défendu aux Chrétiens de juger de  la  
 vie  8c de l’honneur des hommes  ;  ce q u i, dit M. Nicole  
 ,  eft manifeftement  contre  la  doûrine 8c  contre  
 la  pratique  de  l’Eglife.  Il  fe  déclaré  vivement  
 contre les  fécondés noces ,  fur-tout  dans  fes  livres  
 de la monogamie.  Enfin il regarde comme incompatible  
 la  qualité d’empereur 8c celle de chrétien. 
 Origene ,  l’un  des plus  favans écrivains  eecléfiaf-  
 t.ques  de  la  primitive  Eglife  au  iij. fiecle,  naquit  à  
 Alexandrie l’an 185  de Jefus-Chrift ; il eut pour maître  
 S. Clement d’Alexandrie, 8c lui  fuccéda  dans  la  
 place de catéchifte.  Il  mourut  à T y r l ’an  254  à  69  
 ans. Ses ouvrages  font  fort  connus  :  les  principaux  
 qui nous relient font,  i°  un traité  contre Celfe, dont  
 Spencer a donne une bonne  édition  en  grec  8c  en  
 latin, avec des notes.; 20 des homélies avec des com-  
 mentaires  fur  l’Ecriture-fainte  ;  30  la  philocalie ;  
 40  des  fragmens  de  fes  héxaples ,  recueillis  par  le  
 P. Montfaucon  ,  en deux volumes in-folio ;  50  le livre  
 des  principes,  dont  nous  n’avons  plus  qu’une  
 •yerfion  latine.  La  plus ample  édition  de  toutes  les 
 P E R   341 
 délivrés  d’Origene  eft  celle  du P.  cle la Rue *  béné-  
 difrin,  en grec 8c en latin. 
 Son  traité  de  la priere  qui n’avoit jamais été imprimé., 
   le fut en grec 8c en latin à Oxford l’an  1686,  
 Sa réponfe au philofophe Celfus, qui eft un des meilleurs  
 livres de ce  célébré  écrivain  ,  a  été  publié  en  
 françois en 1700 * c’eft M.Bouhereau qui eft l’auteur  
 de cette verfion; 
 Mv  Dupin  a difeuté  fort au-long  tout  ce  qui  regarde  
 la vie  8c les ouvrages  de  ce pere de iEglife.  Il  
 n’eft pas le feul, il finit lui joindre  i°  M. de la Motthe^  
 le-Vayer,vie  deTertulien8c d’Origene, Paris  1675*  
 in-8°  ; 20 l’hiftoire des mouveinens arrivés dans  PE-  
 glife au fujet  d’Origene 8c de fa dofrrine. Le P. Dou-  
 cin jéfuite eft l’auteur de  ce  dernier  ouvrage  imprimé  
 à  Paris en  1700 ;  il contient aufli un abrégé de  là  
 vie d’Origene. 
 On  ne  peut  le  lire j  dit  Ba yle,  fans déplorer le  
 fort bifarre de l’efprit humain.  Les moeurs d’Origené  
 étoient d’une pureté admirable ; fon zele pour l’Evangile  
 étoit très-ardent  ;  affamé  du -martyr,  il foutint  
 avec  une  confiance  incroyable  les  tourmens  dont  
 les perfecuteurs de la foi fe fervirent contre lui ; tourmens  
 d’autant  plus  infupportables  qu’on  les  faifoit'  
 durer long-tems,  en évitant avec foin qu’il n’expirât  
 dans la torture. Son efprit fut grand ,• beau, fublime ;  
 fon  favoir 8c  fa leélure  très-vafte ,  8c néanmoins  il  
 tomba  dans  un prodigieux nombre  d’héréfies ,  dont  
 il  n’y  en a aucune qui  ne  foit monftrueufe ;  ce font  
 les termes du P.Doucin; 8c apparemment il n’y  tomba  
 qu’à  caufe  qu’il avoit tâche de  fauver de l’infulte  
 des païens les vérités du Chriflianifme, 8c de les rendre  
 même  croyables aux philofophes ,  ce  qu’il  délirait  
 avec une ardeur extrême, ne doutant pas qu’avec  
 eux il ne convertît l’univers.  Tant de vertus, tant de  
 beaux talens  , un motif fi plein de  zele , n’ont  pu  le  
 garantir des erreurs dans les matières  de la foi ! 
 On ne s’imagine pas ordinairement qire les erreurs  
 de ce rare génie ay ent quelque liaifon, elles femblent  
 être la production d’un efprit vague 8c irrégulier ; cependant  
 il paroît, après un peu  d’examen , qu’elles  
 coulent d’une même  fource, 8c que ce font des faufi-  
 fêtés de  fyftèmes  qui  forment  une  chaîne de confé-  
 quences. C ’eft dans fes trois livres des principes  qu’il  
 a  développé  8c  établi  fes  héréfies,  tellement  liées  
 qu’on les voit toutes  naître  d’un même principe. 
 L’Origénifme  charnel ne dura  guère,  8c fut plus  
 aifé  à détruire  que  l’Origénifme  lpirituel  qui  etoit  
 une maniéré  de Quiétifme.  Le  charnel  fut  abhorré  
 de tout le monde, ceux-même qui en étoient infeftés  
 n’oferent  produire  aux  yeux  des hommes une doc-*  
 trine  de  cette  efpece  ;  mais  l’Origénifme  fpirituel  
 dont les fefrateurs,  félon S. Epiphane ,  étoient irréprochables  
 du côté de  la pureté ,  ne put être  éteinte  
 qu’après  plus de deux fiecles,  8c ce n’a pas été pour  
 toujours. 
 Cyprien (Saint) , natif de Carthage,  y  enfeigna la  
 rhétorique avant que d’être chrétien. Après fa conver-  
 fion, arrivée en 246 , il prit  le  nom de Cécile,  8c fut  
 déclaré  évêque  de  Carthage  en  248.  Il  eut  la  tête  
 tranchée dans la perfécution de Valérien en 258. Les  
 meilleures  éditions  de  fes oeuvres  font celles  de Pa*  
 melius  en  1568  ,  de Rigault en  1648  ,  d’Oxford eft  
 1 6 8 2 ,8c  finalement  celle  de M.  Baluze  ,  avec une  
 préface de dom Prudent Maran bénédiélin.  M. Lam*  
 bert Ponce a publié les oeuvres de S. Cyprien en françois  
 , 8c dom Gervais ancien abbé de la Trappe a écrit  
 fa vife. 
 La fécondé  naiflance  dit  nouvel  homme dans ce  
 pere de l'Eglife hâta fes progrès dans la piété, f ans le  
 mettre  à  l’abri  des  erreurs  humaines.  Il  fe trompa  
 dans  fon  opinion  de  la  défenfe  de  foi-même  en  la  
 Condamnant même  pour fauver fa vie contre les  attaques  
 d’un  injufte aggrefleur.  Il outra les  idées  de