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des chevaux communs, on laide paître indifféremment enfemble les
mâles & les femelles : on n’a point d’époque fixe pour les faire
faillir; mais, pour les races nobles, on aura foin de ne les faire accour-
pler qu’à l’équinoxe du printems; afin que les cavales aient plus de
relfource pour élever leur poulain ; attendu qu’il naîtra dans un tems
qui correlpondra à celui où elles l’auront conçu, c’eft-à-dire» quand les
campagnes feront riantes St couvertes d’herbages.
Mulets, Lorfqu’on veut élever des mules, il faut choifir avec précaution
le mâle & la femelle qui doivent concourir à former cette
efpèce. Une mule peut être engendrée par une cavale & par un âne;
ou par une âneffe 8t un cheval ; on croit même qu’un âne fauvage St
une cavale peuvent produire enfemble. Les mules ou les mulets qui
proviennent du premier accouplement, font fupérieurs à tous les
autres.
L ’âne qui doit fervir d’étalon, aura le corps très-ample, le col fort;
les côtes robuftes St larges, la poitrine étendue St bien fournie de
mufcles, les cuifles nerveufes, les jambes épailfes 8e le poil noir St
moucheté. La couleur de fouris n’eft point eftimée m dans un âne ni
dans un mulet. Lorfqu’un âne a des poils aux paupières &: aux oreilles,
qui font d’une couleur différente de celle des autres poils de fon corps,
il arrive fouyent qu’il donne une raçe d’une couleur qui diffère de la
fienne,
La cavale qu’on defline à produire un mulet, ne doit être livrée à
l’étalon que dans les dix premières années de fon âge : c’eft le tems
où elle fe maintient dans une belle forme. I l faut encore qu’elle ait
les membres gros, St quelle foit vigoureufo; afin quelle puiffe s’afo
focier au genre étranger qu’on doit, pour ainfi dire, enter avec elle, &
produire un individu dont l’efpèçe ne s’accorde pas avec fon organi-
îâtion intérieure,
L ’auteur s’occupe, dans ctt article comme dans le précédent, des
maladies qui peuvent furvenir à ces efpèces d’animaux, & des remèdes
qui font en ufage pour les guérir. Il termine ce feptième livre en
enfeignant la manière d’élever les brebis, les chèvres, les truies St les
chiens, qui font les gardiens des troupeaux. Tous ces divers fujets ont
été traités avec affez d’étendue dans l’analyfe de l’ouvrage de Varron :
de mêine que ceux qui font la matière du huitième St du neuvième
livre; favoù, l’éducation des volailles & du gibier, l’entretien deshêtes
fauves qu’on élève dans les parcs, St les foins qu’exigent les abeilles;
nous avons cru qu’il n’étoit point néceffaire de les rappeller ici, & nous
nous fournies déterminés à les fupprimer, avec d’autant plus de raifon,
que nous avons remarqué que les préceptes de Çolumelle fur ces
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objets'étoient, à quelque chofe près; les mêmes que ceux de Varron &■
de Virgile.
Culture des jardins. L’auteur des géorgiques ayant laiflé à là
poftérité le foin de chanter les jardins, Çolumelle fe chargea de
cette belle entreprife à l’inftigation de fon ami Silyinus. Il trace
d’abord l’emplacement du jardin, il enfeigne enfuira quelle culture il
faut donner aux fcmences ; quels font les tems propres à les mettre en
terre ; quels foins elles exigent quand elles y font ; quelle- eft la faifon
où les fleurs commencent à paraître; St. quel eft le tems propre à k
récolte des fruits.
Emplacement du jardin. Si l’on veut avqir un jardin de bon
rapport, il faut choifir un champ gras, qui renferme dans fon foin
des mortes de terre bien pulvérifées &: des gazons qu’on peur facilement
ameublir. Un terrain fera encore propre à cette deftinarion,
lorfqu’il fera naturellement tapiffé d’une grande quantité d’herbes,
St ramolli par l’humiditc : car on rejette les lieux focs, de même que
ceux qui font couverts d’eaux marécageufes.
Tems de bêcher, la terre. Vers la fin de l’automne, lorfque la
terre aura été humeélée par les pluies frequentes qui viennent dans
cette faifon, il faudra la retourner avec le fer d’une bêche emmanchée
de robre; mais fi elle avoit été endurcie par la continuité d’un tems
ferein; & que, rebelle aux efforts du jardinier, elle reftâg en mottes,
alors il faudrait y faire couler des ruiffeaux propres à la défaltérer & à
la rendre ductile.
Tems de < fumer. Lorfqùe l’hirondelle aura ramené le retour du
printems, on doit raffafier la terre qui vient d’éprouver un long jeûne,
en verfant dans fon fein le fumier des bêtes de fomme. Le jardinier
retournera d’abord la terre qu’il avoit précédemment ameublie ; maïs
dont la fuperficie s’eft condenfée depuis par les pluies, & endurcie,
par les gelées ; il broiera enfuira l’herbe vivace du gazon avec les mottes
de terre, & les réduira abfolument en poudre.
Semences des fleurs. Aufll-totque la terre diftribuée en planches
aura dépofé,toutes fes impuretés, & qu’elle demandera à recevoir les
femences qui lui conviennent, garniflez-la dés différentes efpèces de
fleurs, qui font tout autant daftres. terreftres : telles que la giroflée
blanche, le fouci d’un jaune éclatant, les narciffes, le muffle de veau,
les lys, les jacinthes, les violettes St les rofes : femez le cerfeuil qui
rampe à .terre, la chicorée, la petite laitue, l’ail, l’oignon, le chervi.
On doit mettre en terre dans le même-tenjs les plantes que l’on peut
confire à peu de frais, le câprier, l’aulnée, la ferule, la menthe,fanet
& la moutarde. On sème aufli alors les choux de toute efpèce. L ’en-
femencemçnt de ces diverfes efpèces de graines doit être foutenu par
Agriculture, Tome I, A a