
d’eau courante, fur lefquels on jette des arbres
en travers, ou des cailloux, pour que les abeilles,
puiflenr y aller boire, & fe baigner fans fe noyer.
On croiroit qu’on ne peut élever des abeilles que
dans les royaumes ou dans les provinces du midi ;
mais il y a dans les pays du nord même, des
polirions locales qui y font favorables , parce
qu elles fe trouvent à l’abri du froid ; on ne doit
pas s’attendre à y faire des récoltes de miel & de
cire suffi confidérables que fous un ciel chaud
ou tempéré , à moins que dans les environs,
perdant le teins que dure la faifon chaude, il
n’y ait une grande abondance de Heurs. Avec des
foins , fous des climats froids , on parvient à
tirer du profit des abeilles; on écarte avec raifon
les ruchers des fours à chaux , à plâtre, à brique ,
& de ceux qu’on defiine au grillage & à la fonte
ces minerais, dont les vapeurs font mortelles pour
des abeilles.
Pour former un rucher propre- à loger un
certain nombre de ruches, on confiruit un mur,
lur lequel on établit un avant-toit, foutenu au-
devant par des poteaux de chêne-, on remplit
1 intervalle de chaque poteau au mur, avec une
maçonnerie ouune cloifon, qu’on perce de fenêtres,
afin de pouvoir rafraîchir le rucher en été. Gn
produiroit cet effet encore mieux , fi , dans le
mur,il y avoir quelques fenêtres qu’on ouvriroit
pendant les grandes chaleurs -, toute la partie de
devant eft à découvert, & à l’expolîtion qu’on a
choifie j des planches rangées par étage font def-
tinées à affeoir les niches; l’avant-toit doit avancer
affez, pour garantir de la pluie les ruches & les
abeilles , qui y arrivent ; ce feroir une précaution
utile que d’y placer une goutière. Il convient
d’entretenir une grande-propreté dans le rucher,
& de veiller à ce que des animaux ou desinfecles
n y établiffent pas leur dèmeure. À cet effet,. entre
le mur & les planches fur lefqueîles pofent les
ruches, on ménage un efpaçe par où l’on puiffe
paffer aifément. On conçoit, que ce hnngard peut
être fait avec des matériaux peu difpendieux, &
d une manière fimple & auffi commode -, en le
couvrant de chaume, il en fera plus frais en été
& plus chaud en hiver. Il eft inutile d’expofer
tous les avanrages d’un rucher confiruit convenablement
-, ils font faciles à faifir: on lui donne
des dmi en fions proportionnées au nombre des ;
ruches qu’on pofsècie ; les planches y fi elles ne
peuvent être ‘d’une feule pièce,, doivent être bien
jointes, afin qu’il ne s’y conferve pas d'humidité..
Des Ruches-
Lorfque les abeilles font abandonnées à elles-
mêmes, elles fe logent dans des creux d’arbres,
ou dans des trous de mur, ou dans la terre-,
eiies y font des gâteaux qu’elles rem pli fient de
miel, qui leur fert- de nourriture. Les hommes
avant voulu s'approprier le travail de ces infeélès, j
ou les a renfoimés dans des ruches de diveifes
fofmèà*, les plus fimples étoient pratiquées datfs
des murs. Quand on les faifoit avec foin, on
perçoit au-devant de petits trous, comme ceux
d’un crible , pour le paffage des abeilles -, derrière
la ruche, il y avoit un volet, qu’on ouvroit pour
nettoyer & recueillir le miel & la cire.
On affine qu’en Efpagne, où le buis devient
gros comme le chêne, on frie.des morceaux de
ce bois, de deux pieds en deux pieds, qu’on les
çreufe, & qu’on y fait entrer des abeilles, qui s’y
plaifent, & s’y portent bien.
Le defir d’obferver le travail des abeilles, a fait
imaginer les ruches de verre j la curiofité n’en a
pas été beaucoup plus fatisfaite; car l’humidité
dont fe couvre le verre & l’opacité des gâteaux,
forment un obftacle impénétrable, qui empêche
d’appercevoir la plus grande partie de l’ouvrage.
D’ailleurs ces ruches, quelque bien fermées qu’elles
foienr, font fufeeptibles de froid, & nuifent aux
mouches, qui rarement s’y portent bien -, pour y
parer, il faut donc les tenir pendant l’hiver dans^
un lieu où il y ait affez de feu pour qu’il n’y
gèle pas. . '
On s’eft fervi de ruches de terre cuite, auxquelles
on-a trouvé l’inconvénient d’être humides ,
& de s’échauffer trop -, ce qu’on pouvoit empêcher
en les enduifant extérieurement de bouze de
vaches, ou en les couvrant de paille.
On fait dans beaucoup de' pays des ruches
d!ofier ; on croit qu’elles donnent naiffanee à de
petits vers ou fauffes-teignes, qui gâtent le miel y
on les- appelle ruches de l’ancien fyftème ; ceux
qui s’en fervent, éprouvent de grandes difficultés
pour foigner les. abeilles,. & retirer au printems r
fans endommager le couvain, le miel furabondant
ou altéré ; ce qui les a fait abandonnera de plufieurs
cultivateurs^
Beaucoup de provinces nemploient que desruches
de paille treffée ; c’eft la paille de feigle
qu’on préfère , parce qu’elle eft la plus longue.^
L’auteur de la république des abeilles regarde
avec raifon ces. dernières comme, les plus utiles,
lès. plus convenables , & même les plus propres j.
car dés ruches de paille bien faites,. copfervènt
en hiver une température douce -, elles s’échauffent
peu en été j les abeilles s’y plaifent ; elles font
lèches-, & lé vent n’y entre pas', elles coûtent!
peu j on “trouve par-tout de. quoi les faire y elles-
peuvenr durer quatre ou cinq ans£ fi on les garantit
de la pluie par un chaperon. On doit en avoir de;
différente capacité 5: il faut que. les plus grandes
n’aient que deux pieds de diamètre, fur deux &
demi de hauteur; on réferve celles-ci pour les-
effakns forts qui viennent au mois- de mai, <&
qui ont le tems de les remplir. Les effaiins du-
mois de juillet fe décourageroient, fi on ne les-,
plaçoirpas dans de petites-ruches. En général, les
ruches, de moyenne grandeur font les meilleures p
on y mer des haüffes formées de même matière,,
iorfqiié'Iés abeilles ont rempli de leurs gâteaux.
îbtïte la place*, la forme de ces ruches eft conique
ordinairement *, on confeille de les faire plutôt
en dôme, afin de donner plus d’efpace y il vau-
droit mieux quelles fuffent cylindriques, à caufe
de la taille des gâteaux , qui feroit plus facile.
La manière de faire ces fortes de ruches, d’après
l’auteur de la république des abeilles, eft très—
fimple : elle confifte à former avec de la paille
des cordons par le moyen de brins de coudrier
fendus & flexibles , qu’on tourne autour ; • ces
cordons fe réunifient les uns aux autres par les
extrémités .des brins de coudrier ; on commence la
ruche par le haut -, on y laiffe-ùn trou rond pour
y mettre la poignée, qui eft un morceau de bois
qu’on affermit en dedans par deux bâtons en croix ;
en finiffant la ruche, on lâiffe au dernier cordon
une difiance de deux pouces, fans lier la paille
avec du coudrier, parce qu’on coupe cet endroit,
pour faire l’entrée des mouches. La paille & le
bois qu’on emploie doivenr être fans odeur,-,'les
hauffes qu’on defiine à augmenter la grandeur des
ruches par le bas , fe font de même , en leur
donnant un diamètre convenable à la bafe qui
doit pofer deffus-, elles ont ordinairement dix à
douze pouces de hauteur.
Des hommes infiruits, particulièrement dans
l’art d’élever les abeilles, le font*occupés à inventer
des ruches, auxquelles ils ont eflâyé de
donner tous les avantagés qu’ils ont pu. Il convient
de les faire connoitre ici. On trouve dans
le corps des obfervations d’agriculture de la fo-
çiété de Bretagne, la deferiprion d’une ruche,
dite ruche ecojjaife ; c’eft la précédente, perfectionnée
par M. le comte de. la Bourdonnaye.
Deux pièces faites de rouleaux dé paille, chacune
de douze pouces intérieurement, &-de onze pouces
de hauteur, la compofent. Ces pièces ont un fond,
qu’on place en haut-, celui de la pièce inférieure,
qui fert.d’appui à la piècé fupérieure, eft percé
d’un trou de quinze à dix-huit lignes de diamètre,
pour établir une communication entre lés deux
parties. Quand les abeilles ont rempli celle du
haut, elles defeendent dans celle du bas ; on
enlève la première , pour prendre le miel & la
cire-, & après l’avoir vidée, on la replace fous la
pièce reflée. Par - là , le couvain & les abeilles
peuvent être confervés-., & on a la facilité de
s affurer fi ces infecles ont de quoi vivre pendant
l’hiver , & lorfqiie les étés & les automnes font
pluvieux.
La première^ fois qu’on effaya en Bretagne la
ruche' écoffaife., on en plaça une pièce fous une
ruche ordinaire , en bouchant à celle-ci le trou
par lequel les abeilles paffent l’ancienne ruche
étant pleine, elles entrèrent dans la pièce écoffaife,
fous laquelle on pofa une pièce de même conf-
f ru dion, l’ancienne ayant été enlevée. Cet effai
rëuffit à fouhait, non-feulement chez M. de la
|>ourdonnaye lui-même, mais chez M. de Monluç
& chez JVL de la Chaiotais. M. Duhamel rapporte
( mémoires de l’académie des feiences * année
Jy5 4 9 ) f£ue le curé de Tilley-le-Pelieux en
Beauce, et plaça un fort panier lur le fond d’un
>5 cuvier rehverfé, auquel il avoit fait un trou ;
>5 les mouches remplirent tellement le cuvier de
» gâteaux épais, dont les alvéoles profonds reflèm-
95 bloient à des tuyaux de plume , que le fleur
a Desbois, qui l’acheta du curé, retira de ce
yy cuvier cinq à fix livres de cire, & quatre cens
j? livres de miel. >9 Cet exemple prouve les avan--
tages de la ruche écoffaife.
On conçoit facilement qu’au lieu de n’être
que de deux pièces, elle peut être compofée de
trois, ou de quatre au befoin , & félon la volonté
du-propriétaire des abeilles-- Pour en faire ufa^e
une première fois, il faut, comme en Bretagne
placer d’abord une pièce fous une ancienne ruche
& enlever celle-ci quand elle* fera pleine, en
replaçant une fécondé pièce fur le rablier.
Celles de M. Palteau font compofées de trois
ou,quatre boîtes quarrées, pofées les unes fur les
autres, & couvertes d’un furtout pce furtout, qui
a un toit pour l’écoulement des eaux , fe place fur
une table particulière foutenuè par trois piquets
enfoncés dans la terre; les piquets ont deux pieds
& deux ou trois pouces hors de terre; la table
a fix lignes d’épaiffeur ; les piquets & la table
font de chêne; mais les boîtes qui-forment 1«
coips de la ruche, & qu’on augmente félon le
befoin , doivent, fuivant M. Palteau, être faites
de pin ou de fapin, parce que ces bois réfineux
écartent beaucoup d’infecles. Cette efpèce de
ruche offre, i.° dans la partie inférieure un
plateau de bois, percé par le milieu, auquel
on ajoute un tiroir, pour donner à manger aux
abeilles, & qu’on garnit d’un grillage de crin
ou d’une plaque de fer - blanc trouée, pour
rafraîchir les abeilles, en leur donnant de l’air,,
ou pour les réchauffer avec de la cendre chaude.-
2.0 Un cadran de fer-blanc mobile , divifé en
quatre parties, dont chacune ferme exactement
l’entrée de la ruche par où paffent les abeilles
moyennant un bouton , on préfente devant l’entré©
la partie du cadran qu on veut ; l’une entièrement
ouverte, eft en ufage dans le tems où la récolte
étant abondante, les abeilles ont befoin de pou-'
voir entrer & fortir plufieur? à-la-fois; une autre,
qui a fur le bord trois ou quatre petites arcades,,
eft deftinée pour les faifons ou le pillage eft à-
craindre ; elle ne permet l’entrée & la fortie
qu’à un petit nombre d abeilles à-la-fois ; la
troisième, percée de petits trous, fert pour donner
de l’air aux abeilles ; fi on a befoin de les renfermer
entièrement , on préfente la- dernière partie du?
cadran qui eft pleine.
Les ruches de M. Palteau me paroiflent réunir
beaucoup d’avantages, que la defcriptionffeulefait’
fuffifamment connoître. Mais on leur a reproché-
d’êue coùteufesdifficiles à-€enftr.uirey hors de 1#