
fleur i f , elle efl mûre à la fin d’aofit. Si l'été eft
ft c , il eft favorable à cette plante, qui craint l’humidité
; il ne faut pas qu’elle foit à l’ombre. Elle
efl fujette à la rouille & au charbon. Les oifeaux
font les ennemis qu’on doit le plus craindre pour
l’alpifle. On la bat au fléau, comme le froment ;
la graine fe conferve dix ans, pourvu quelle ne
foit pas à l’hutnidité. .
Elle efl , dit-on , apéritive & falutaire dans les
embarras des reins & de veflie.
En France, on la defline particulièrement pour
les ferins ; on n’en donne prefque pas aux autres
oifeaux, parce quelle eft rare. Les amateurs de
ferins en sèment quelques planches dans leurs
jardins. Aux environs de Saint-Malo, le payfan
qui en veut vendre, en cultive ordinairement plusieurs
planches. Rarement on lui confacre un journal
de terre,. qui eft de quatre-vingt cordes -, c’eft-à-
dire, vingt cordes de long, fur quatre cordes de
large ; la corde a vingt-quatre pieds.
La graine d’alpifte, à Saint-Malo, fe vend,
années communes, de quinze à dix-huit fols le pot.
J e fuis alluré que les perdrix & les faifans aiment
beaucoup la graine d’alpifte. J e confeille aux
amateurs de la chaffe d’en cultiver dans leurs
terres, pour la confervation des autres grains
précieux. ( M. tabhé T essiem. f f l j
ALQUIER, “ mefure de grains à Lifbonne.
j î Cette mefure eft très-petite, en forte qu’il ne
»faut pas moins de deux cents quarante Alquiers
j , pour faire dix-neuf fetiers de Paris ; 'Soixante
si alquiers font le muid de Lifbonne; cent deux
j j à cent trois alquiers , le tonneau de Nantes, de
JJ la Rochelle & d’Auray, & çent quatorze à
j j cent quinze, le tonneau dé Bordéaux&de Vannes.
Jj Ricarf, dans fon traité du négoce d’AmJlerdam ,
«d it qu’il ne faut que Cinquante-quatre alquiers
j j pour le muid de Lifbonne.
jj La mefure de Porto, en Portugal, s’appelle
j j auffi alquier ; mais elle eft de vingt pour cent
jj'plus grande que celle de Lifbonne. On fe fert
sjaufTi dalquiers dans d’autres états du Roi de
j j Portugal, particulièrement aux Ifles Açores, &
j j dans rifle Saint-Michel. Dans ces deux endroits,
jjfuivant le même Ricart, le muid eft de foixante
j j alquiers , & il en faut deux cents quarante pour
jj le laft d’Amfterdam.
j j On fe fert, en Portugal, de cette mefure
JJ pour mefurer les huiles. L’alquier contient fix
JJ cavadas. Il faut deux alquiers‘pour faire l’almude
j j ou rimooAe.Ane.Encÿ. jj (M .l’abbé T i s s ie z .)
A L S T O N E . A ï s t o n I A .
Nouveau genre de plante qui a beaucoup de
rapport avec ceux du thé & du camelli. Il a été
découvert ,, dans l’Amérique méridionale „p a r
M. Mutis, qui en a fait hommage à la mémoire
de Charles Alflon, ancien profeficur en l’univerfité
d’Edimbourg. Il n’y a encore qu’une efpèce de
ce genre qui foit connue.
Alstone Théoide.
A z s t o n i a Theaformis. Lin. fil. fuppl. ^
& 264.
C’eft un arbriffeau qui* par fon port, fes
feuilles, la fituation de les fleurs & leurs .calices,
reffemble au thé : fon feuillage eft d’un beau
verd luifant, & fe conferve toute l’année -, fes fleurs
font blanches & fort apparentes.-
Ses feuilles defféchées ont la même faveur que
celles du thé ; on préfume quelles en ont les propriétés.
Cet arbriffeau n’eft point encore parvenu en
Europe, où fa culture eft inconnue. ( M. Tn o v i n . )
A L T É R É , agriculture, une terre eft altérée,
fi on l’a épuifé en lui faifant rapporter des grains,
fans interruption, comme lorfqu’un fermier enfe-
mence fes champs dans tes années de jachères ou
de repos x parce qu’il eft fur le po'int d’être remplacé,
dans fa ferme, par un autre. On dit auffi
du fumier altéré , quand il eft trop defféché *, des
raijins altérés, quand la vigne n’en donne pas
d’auffi gros qu’on l’efpéroit*, du bois altéré, lorfqu’il
a dépéri, foit par le gibier, foit par toute autre
caufe. Ce mot eft pris, dans fa véritable lignification,
lorfqu’on dit, pendant une grande fécherefle,
les terres font altérées y les bleds font altérés , c’eft-
à-dire , ont befoin de pluie. ( M. Vabbé T e s s ie r . )
ALTERE , jardinage, ce mot a.différentes
acceptions, fuivant qu’il eft pris au propre ou au
figuré.
Ainfi , 1’on dit que les branches d’un arbre font
altérées, lorfqu’il leur eft arrivé quelque accident,
foit par les rigueurs de l’hiver, foit par toute autre
caufe j que des fruits font altérés lorsqu’ils ne font
point parvenus à leur grofleur ordinaire, ou qu’ils
ont perdu de leur qualité.
Mais on emploie plus communément ce mot
pour défigner la fécherefle & la foif des végétaux.
Cette terre eft altérée, c’eft-à-dire, eft sèche & a
befoin d’eau. Ces végétaux font altérés, c’efLà-dire,
manquent de l’humidité néceffaire à leur végétation.
On reconnoît que des plantes, & en général que
des végétaux font altérés, lorfque leurs feuilles
deviennent flafques , & qu’au lieu de fe foutenir
fur leurs pédicules, elles retombent fur leurs tiges.
Il faut tâcher de prévenir, autant qu’il eft
pofïïble , cet état de langueur, qui eft une vraie
maladie pour les végétaux. Cette maladie même eft
d’autant plus dangereufe qù’ils ont fouffert plus
long-tems de la foif. Lorfque lieeft parvenue à un
certain point, elle occafionne des obftruôrions dans
les vaiffeaux qui portent les fluides néceffaires à
la végétation des plantes, & tous les arrofemens
qu’on leur donne ne peuvent enfuite les rétablir
dans leur état naturel •, elles périffent plus ou moins
promptement. Le parti le plus fûr alors eft de
couper les fannes des plantes, elles repoufiènt
quelquefois de nouvelles branches de leurs
racines.
Les arrofemens fur une terre trop altérée ne
produifent que peu d’effet ; l’eau coule fur la fur-
face fans la pénétrer, ou s’infinue dans lesgerfures,
& defeend à une trop grande profondeur pour
quelle puiffe profiter aux racines des plantes;
dans ces circonftances, il convient de bafliner
légèrement la terre à plufieurs reprifes avec l’ar-
rofoir à pomme, & particulièrement le foir. La
couche végétale s’imbibe alors beaucoup plus aifé-
tnent, & conferve plus long-tems l’humidité.
Les tems de fécherefle & les froids altèrent les
fruits & leur font perdre de leur grofleur & de
leur qualité ; la quantité même dont un arbre eft
chargé produit auffi le même effet. Dans les jardins
, on eft fouvent à portée de remédier à ces in—
convéniens en arrofant à propos, en couvrant les
plantes pendant l’hiver, & fur-tout vers la fin, &
en éclairciflant les fruits à leur naiffance fur les
arbres qui en font trop chargés.
A l’égard de l’altération caufée au jeune bois
par des^ grêles, des froids tardifs, &c. il n’y a
guère d’autre remède que de fupprimer les branches
altérées. Cependant, fi ces plaies ne font pas
trop nombreufes, on peut quelquefois parvenir à
les guérir en les couvrant de terre franche mêlée
avec de la fiente de vache; mais cette opération
minutieufe ne peut guère être employée que pour
des végétaux rares & précieux. [M. T no v i n .)
ALTERNANTE. A z t e r n a n t h e r a , nouveau
genre de plante établi par Forskaoel, &
qui fait partie de la-famille des Am aranthes. Il
n eft encore compofé que d’une efpèce.
Al tern a n t e triandique.
A z t e r n a n t u e r a triandra. La M. Diéfc.
C’eft une plante rempante dont les fleurs font
raffemblées en petites têtes, & viennent dans lies
aiffelles des feuilles ; eUes font d’un blanc rouf-
fâtre peu agréable. Cette plante croît en Arabie
& en Egypte, dans les environs de Rofette. Elle
n’a point encore été cultivée en Europe.
( M. Th o v i n . |
A L T E R N E R .
Ce mot lignifie faire des chofes différentes,
tour-à-tour, ou les unes après les autres. On
le trouve depuis quelque tems dans les livres
d agriculture , où il eft employé feulement pour
exprimer Iâ converfion des prairies en terres labourables
, & celles des terres labourables en prairies.
: | Je diftingue en agriculture plufieurs manières
a alterner. La première eft celle par laquelle ,
dans le même champ, on cultive des grains de
diverfe nature, de façon que les uns fuccèdent
aux autres & reviennent à leur tour, foit fans
interruption , foit après une ou quelques années
de repos. J e n’examinerai point ici fi la fuppreffion
des jachères eft par-tout praticable & avantageufe ;
S61 objet fera difeuté & approfondi en fon lieu.
Mais je me contenterai d’expofer comment on
alterne dans différens pays & terreins.
11 y a en France des cantons, où tous les ans
des terres font enfemencées. J ’en connois même
qui produifent deux récoltes dans la même année*
On conçoit qu’elles doivent avoir du fond, ou
qu’on n’y épargne pas les engrais. Ces cantons
font privilégiés & peu nombreux, les fermages y
font fort chers & les impôts confidérâbles. Les
pays de culture commune ont auffi quelques
champs qui ne fe repofent qu’après un certain
tems, ou qui ne fe repofent jamais.- Ce font des
terreins où il y avoit du bois, qu’on à arraché,
ou des terreins fitués auprès des habitations ap-
pellés courtils , ' ouches , & C ., leur proximité eft
favorable pour lé tranfport des engrais : fans
frais on y conduit & on y jette toutes les
ordures de la mai fon, & ce qu’on ramaffe dans
les cours & dans les rues. Les grains y viennent
fi forts qu’on eft fouvent obligé de les effaner,
afin qu’ils ne verfent pas. Parmi ces champs, les
uns rapportent du froment plufieurs années de
fuite; les autres produifent fans cèffe différentes
fortes de plantes. Dans un canton de la vallée
d’Anjou , après qu’on a récolté dans un champ
toutes, les raves d’hiver, on y sème du chanvre
au mois de mai, & en automne du froment ;
quelquefois deux années de fuite du froment,
puis une efpèce de latyrus, ou gefle, appellée
Jarrojfe , que les beftiaux mangent en vert , &
fans perdre de tems du blé de Turquie, qu’on
nomme Italie dans le pays.
Dans la châtellenie de Lille en Frandres, la
première année c’eft dé l’avoine, J a féconde du
lin , la troifième du froment, la quatrième de
l’hivernage, c’eft-à-dire, un jpêlange de vefee &
de feigle, qu’on sème avant l’hiver, la cinquième
du colfàt, & la fixième du froment, avec lequel
on sème, ou de la tranaine, qui eft le trefle *
ou du fainfoin , ou de la luzerne ; ces dernières
plantes ne refient enterre que l’année fuivante,
& font remplacées par l’avoine. Ce cercle fe répète
& varie quelquefois, puifqu’on combine de
diverfes manières les grains que je viens de défigner,
& qu’on cultive en outre dans ces .riches
terreins, les fèves, l’oliette,' les choux & les
navets. Plufieurs autres parties de la Flandres,
& , à ce qu’on aflùre, une grande partie du
Brabant, de la Normandie, de l’Angleterre, du
Tirol, du Piémont, de la Lombardie, de la
Tofcane, ne laiffent point repofer leurs terres.
Les cultivateurs des environs de la Châtre en
Berry , sèment deux fois de fuite du froment dans
la même terre. Communément la première année
ils retirent foixante-dix boifîeaux, mefufe de
Paris, d’un arpent de 100 perches, la perche étant
de 24 pieds. La fécondé récolte'leur en donne 40.
En réunifiant ces deux produits,celui de chaque
année eft de 55 boiffeaux, qui font quatre fetiers.
& trois quarts de fetier. L ’orge de mars, appellé