
labours des terres argilleufes doit être proportionné
à leur compacité. Il y en à qu’il faut
labourer jufqu’à cinq fois-, ce n’eft ni après une
grande & longue fécherefle, ni après des pluies
abondantes qu'on doit fe livrer à cette culture.
Dans l’un & l’autre cas , on éprouveroit de
grandes difficultés, & on donneroit de mauvaifes
façon s.
2.0 Fofie's découlement. En diminuant la inafle
d’eau que retiennent les terres argilleufes, on les
difpofe à être façonnées plus aifément, & on
empêche les grains d être noyés. Des foffés ,
des rigoles, des raies profondes qui fe communiquent
, & des filions bombés & en pente,
voilà ce qu’il importe de faire.
3‘.° EJpeces d’engrais. Tous les engrais n’étant
pas de même nature, on doit choifir, pour les
terres argilleufes , ceux qui leur conviennent.
Ce font particulièrement le fumier de cheval,
d’âne, de mulet, celui des bêtes à laine, les
excrémens de l'homme, les urines.des animaux.
J ’ai vu porter dans ces terres de la paille longue,
à peine flétrie, parce qu’elle n’avoit été que peu
de tems fous les .befliaux ; ce n’eft pas, dans
ce cas, comme engrais qu’il faut la confidérer;
fa fonélion eft de tenir la terre foulevée , &
de s’oppofer au rapprochement de fes molécules,
comme la plupart des fubflances qu’on ajoute aux
engrais.
4.0 Subfiances divifantes. Ce font le fable, le
gravier, la terre calcaire, le tuf calcaire, les
plâtras réduits en poudre groffière, la craie',
les recoupes de pierre de taille, les’ décombres
des bâtimens, la chaux, la marne calcaire, les
charrées de leffive , les cendres des végétaux.
Gn doit en régler la quantité fur l’épaiffeur de
la couche d’argilie, dont on s’affure en perçant
des trous de diftance en diftance, & en analy-
fant, fi on le juge à propos, une ou deux livres
de terre par le moyen que j’ai indiqué. Dans
les pays où l’on marne avec de la marne calcaire
, on fait combien on en doit répandre par
arpent de terre argiüeufe, ce qui dépend & de
la marne & du terrein à marner, puifque -dans
l’une les proportions des parties calcaires varient,
comme celles des parties argilleufes dans l’autre.
ç.° Brûlis de Vargille même. Il y à des polirions
cù il efl difficile de fe procurer de la rerre
calcaire, ou du fable, ou autre fubftance divi-
fante, li ce n'eft en faifant des frais exceflifs.
Gn peut corriger l’argille par l’argille même.
Quand elle a été calcinée, elle n’a plus la même
compacité; elle devient‘ friable, légère, capable
de divifer; elle acquiert les qualités des terres
calcaires ; on la répand, comme elles, fur les
terres argilleufes; mais je ne conféille cette opération
que dans les pays où les matières combuftibles
font à bon marché. On fait en 'plein champ des
fourneaux avec de l’argille humide; il fuffit que
les cheminées qu’on y pratique foient de brique
cuite ; on remplit èes fourneaux d’argille , Si
on y met le feu ; à mefure quelle perce à travers
les jointures, on les bouche encore d’argille.
On a grand foin d’employer avantageufement
tout le feu, afin qu’il calcine une très-grande
quantité de matière ; c’efl ainfi que dans la
Flandre on voit des briqueteries locales, dont
les parois font faits avec les briques qu’on veut
cuire. On change la briqueterie de place pour
la porter, chaque fois quil en eft befoin, dans
le lieu ou l’on trouve de quoi fabriquer des
briques, ou plutôt on y établit une nouvelle
briqueterie.
On produit le même effet par un moyen
moins difpendieux. On place, de diftance en
diftance, des amas de matière Combuftible, qu’on
couvre d’argille coupée par tranche & un peu
defféchée ; le fèu la réduit en une terre*
sèche. .
J ’ai traité , avec quelque détail, à l’article
amendement, les différentes manières, d’améliorer
les terres. Voye[ ce mot. (Af. VAbbè T e s s ie r .)
A R G IL L E , Jardinage. L ’Argille eft employée
à différens ufages.
r.° Réduite en confiftance de pâte molle , &
mêlée avec de la bouze de vache, on en fait
les poupées des greffes en fentes. Voye1 Greffe
en fente. .
2.0 Délayée avec de l’eau & de la bouze de
vache, on en enduit les racines des arbres verds
qui doivent voyager au loin avant que d’être
plantés. Voye\ T ransport des arbles.
3.0 A défaut de terre franche, on fe fert de
i’Argille pour faire la bauge deftinée à enduire
les parois des foffes ou plate - bandes de terreau
de bruyère. Voye^ P lanches glailées. ;
4.0 La giaife ou i’Argille fert à faire les courrois
des baffins, des pièces d’eau, des canaux, &c.
5.® Et enfin la giaife diffoute dans l’eau ou
réduite en pouffière, .peut fervir d’engrais dans
les terres trop légères ; on s’en fert à défaut de
terre franche pour la compofition des terres
deflinées à certaines plantes que l'on cultive en
pot ou en caiffe. ( M. T h o v i n . )
A R G I T AME , A r g i t a m n i A.
Ce genre , qui paroît appartenir à la famille
des E uphorbes , a été-établi par Brown, dans
fon Ouvrage fur les Plantes de la Jamaïque.
C’eft un arbriffeau de couleur blanchâtre dans
tontes fes parties, qui porte, fur le même pied,
des fleurs mâles & des fleurs femelles, féparées
les unes des autres; fon. fruit eft une capfnJe
à trois loges, dont chacune renferme une feule
femence.
Jüfqu’à préfent cet arbriffeau n’a point été
cultivé en Europe. (M. T hùüin.)
ARGOPHILLE, A r g o p h i l z v m .
,& que, pour cette raifon, on ne cultiveguères que
dans les jardins de botanique.
Nouveau genre de plante décrit parM.Forfter;
il n’en exifte encore qu’une efpèce.
A r g o p h il l e lnifanr.
A rg o ph iz lvm nitidum. Forfier,Gen. ,N°. 15.
^ de la nouvelle Ecoffe.
L ’Argophille eft un arbriffeau dont toutes les
parties font couvertes rd’un duvet foyeux & lui—
j fant, fort agréable à la vue. Ses fleurs font petites,
peu apparentes & donnent naiflance à des cap-
iules arrondies, rempliès d’un grand nombre
| de petites femences. Sa culture nous eft inconnue.
(M . T ho vin. ) *
ARGOT ou ERGOT. Terme de jardinage,
employé pour défigher le. refte d’une branche
morte qui fubfifte encore attachée à la fige ou
aux principales branches d’un arbre. C’eft une
j forte de chicot.
Les Argots font aufti défagréables à l’oeil que
nuifibles aux arbres. Ils empêchent l’écorce" de
recouvrir les parties où ils fe trouvent, donnent,
en fe gerçant, des accès à l’air & à l’eau dans
l’intérieur du bois, ce qui occalïonne, à la longue,
j différentes maladies aux arbres, dont plufieurs,
telles que les chancres, la carie, la pourriture, &c.,
les font périr plus ou moins promptement. Un
Jardinier intelligent doit empêcher qu’il ne fe
forme des Argots fur les tiges de fes arbres, en
coupant, près du tronc, les branches qui font
fur le retour, ou que quelqu’accident fait languir.
Et ilorfque par hafard il voit s’en établir,
fon premier foin doit être de les couper ; s’il
fe fert# d’un infiniment bien tranchant, & qu’il
pare la plaie avec foin, l’écorce environnante
l’aura bientôt recouverte, & l’arbre fera à l’abri
de tout accident. (M . T hovin.)
ARGOTER ou ERGOTER, terme de jardinage;
c’ëft couper les argots qui fe trouvent
fur les tiges ou les branches. Voyez Ar g o t .
(M. T h o v in .)
ARGOCJSSIER , Hip po ph a e . Genre d’arbre
de pleine terre, dont il fera traité dans le
Diéh des arbres & arbuftes Voye\ Ar g o u s s ie r
ou Rhamnoide. ( M. T hovin.)
ARGUS. Nom donné, par les Fleuriftes, à
l1îîÇ variété de la tiilipa gefneriana L . Sa fleur
eft couleur de feu, gris de lin & blanc de lait.
VoyeiTulipe des jardins. (M. T h o v in .)
A R G U S E. M e s s e r s c h m i b i A '
Genre de plante de la famille des B o rrag i-
ƒEES » compofé d’arbuftes & de. plantes vivaces
toangères > dont les fleurs ont peu d’apparence,
Ffpêçes.
1. Arguz e de Tartane.
Mz sse r êchm id ia argu^ia. L . QL de la Tar-
: tarie orientale.
2. Arguze à larges feuilles.
M e sser schm id ia fruticofa. L. des Iflei
Canaries.
3. Arguze à feuilles étroites.
Me s ser schm id ia angufii folia. Lher. fiirp.
tom. z . tab. 2. ï> des Mes Canaries.
1. L'Arguze de Tartarie eft une plante vivace
& traçante , qui ne s’élève que d'environ un pied.
- Ses tiges font droites, rameufes & couvertes de
petites feuilles oblQfigues, d’un verd blanchâtre ,
& rudes au toucher. Ses'fleurs qui paroiffent en
juin, & en juillet font fort petites, & de couleur
blanche. Elles font fuivies de femences qui
mûriffeiit communément dans, notre climat.
Culture.
Cette plante croît aifément en pleine terre
dans lès terreins meubles , plus fecs qu’humides.
Lesexpofttions légèrement ombragées, lui
font plus favorables que celles qui font découvertes.
On la multiplie facilement par fes drageons
qu’on peut féparer des touffes à l’automne ou au
printems, avant qu’elle ne pouffe fes tiges. Il fuffit
de les planter en pleine teire, dans un terrein meu.-
ble & abriré du grand foleil, pour les voir croître &
fe développer rapidement. Elle peut aufti fe multiplier
de graines; mais ce moyen de multiplication
eft moins expéditif, aufti ne s’en fert-on
qu’à défaut des drageons. Les femeqees doivent
être mifes en terre à l'amomne , quelques femaines
après leur récolte ; on les sème dans des pots
remplis d'une terre préparée, comme pour les
orangers, mais rendue de moitié plus légère par
l’addition d’environ deux tiers de terreau de
bruyère. Ces pots doivent être enterrés dans une
plate-bande, au levant, & y refter jufqu’à ce
que le jeune plant foit allez fort pour être séparé;
fouvent les graines de cette plante fe fe-
ment d’elles-mêmes, & lèvent fans culture. Mais fi
elle croit facilement, elle périt aufti trés-aifément.
C’eft pourquoi il convient de rajeunir les vieux
pieds de tems en tems, & de la cultiver dans
plufieurs endroits à-la-fois; comme les fanes fe
défsèchent de très-bonne heure, il faut avoir
l’attention de marquer la place, afin qu’en «labourant
la terre, on ne retourne point fes
racines.
Hifi. Cette plante croît dans les lieux montagneux
s & arides de la Tartarie orientale, près