
que le froid vienne à neuf ou dix degrés, ils
péd lient. -
On multiplie cet arbufte au moyen de fes
graines & de fes drageons enracinés. Les graines
doivent être femées dès le mois de mars, dans
des pots, avec une terre légère. On les place,
fur une couche chaude à l’air libre, & on les
arrofe fouvent, jufqu’à ce que les germes for-
tent de terre. Lorfquils paroifl'ent, ce qui arrive,
pour l’ordinaire, à la fin de mai*, on modère
les arrofemens 3 les jeunes plants ne font
bons à être repiqués qu’au printems fuivant 3 en
attendant, on leur fait paffer l’hiver dans lo-
rangerie, fur les appuis des croifées, ou mieux
encore, fous un chaffis où la chaleur ne defo
cende pas au-deffous de quatre degrés. Au prin-r
tems, on dépote les jeunes plants, & on les
repique féparément, & fans couper aucunes de
leurs racines, dans de petits pots remplis d’une
terre fablonneufe & légère , que l’on place fur
«ne couche tiède, à l’expofition du midi, lis y
relient jufqu’à ce que le teins de les rentrer
dans l’orangerie, ou fous les chaffis , foit arrivé.
Les années fuivantes, ils n’ont befoin que d être
changés de vafes & mis dans de plus grands1
pots y à mefure qu’ils prendront de la force.
Çette opération peut fe faire au printems ou à
l’automne, & même dans Pété, fi le befoin
l’exige, parce que toutes les racines devant être
confervées, elle n’occafionne aucun dérangement
dans la végétation de ces arbufles.
Ufage. Cette Afperge eft plus fingulière qua-
gréable} cependant, la couleur blanche dç fes tiges
qui contraftent avec la verdure de fon feuillage,
peut lui mériter une place dans les^ jardins curieux
, parmi les arbufles d’orangerie.
10. Asperge à feuilles aiguës. Les racines de
jcelle-ci font ligneufes, dures & coriaces. Elles
s’enfoncent en terre à la profondeur de deux
à trois pieds * & y forment une maffe affez vo-
lumineufe. Dé leur collet partent fucçeffi veinent,
& d’année en année, plufieurs tiges , qui , en
fortant de terre, ont la forme & la couleur dune
petite Afperge cultivée, mais infenfiblement elles
is’alongent s’élèvent à la hauteur de cinq à fix
pieds. Alors elles deviennent ligneufes & vivent
plufieurs années. Ces tiges font garnies de branches
qui fe divifent en rameaux, lefquels font
couverts de petites feuilles longues, étroites ■&
piquantes par leur extrémité. Leur verdure eft
perpétuelle, & d’une teinte noirâtre. Vers le
mois d’août, lorfque les pieds ont acquis de la
force', & que l’été eft chaud, cet arbufte fe
couvre d’une multitude dé petites fleurs blanches,
tirant furie yerd, qui répandent une odeur douce
très-agréable. Il leur fuccède dés baies de la
grofleur d’un petit pois, qui deviennent noirâtres
en mûriffant.
Culture. Cette efpèce fe cultive en pleine terre
cjaps notre climat 9 mais elle exige d’être plantée
dans un terrein meuble, léger, de nature sèchei
& à une expofition très-chaude. Les fortes gelées
font quelquefois périr fes tiges jufqu’à rez-terre,
mais les racines profondément enfoncées r en re-
pouffent de nouvelles", & en deux ans le dommage
eft réparé, fur-tout lorfque les pieds font
depuis long-tems repris en place. Cependant,
lorfqu’on prévoit ou que l’on craint des hivers
rigoureux, il eft bon de buter les racines avec
de la vieille tannée, & d’empailler les tiges.
On multiplie cet arbriffeau affez difficilement
de drageons, à caufe de la sèchereffe de fes racines
, de leur longueur & de leur défaut de
chevelu. Cependant, lorfque de jeunes drageons
s’écartent de? vieilles fouches, & qu’ils ont des
racines particulières, on peut les féparer vers
le milieu du mois de mars, & les planter dans
des pots. Si on place ces jeunes plantes fur une
couche tiède, & qu’on les garantiffe du hâle^&
du grand foleü., leur reprife alors eft moins
douteufe. Mais la voie de multiplication la plus
abondante, .eft celle des femences, & quoiqu’elle
foie plus longue, elle doit être préférée. On fe
procure aifément des graines de cette efpèce en
Provence & en Languedoc. Là culture & les
foins font les mêmes que pour celles de l’Afperge
maritime. Nous y renvoyons le leéleur.
Ufage. Cette efpèce étant un arbriffeau toujours
verd, peut être employé dans la compofition
des bofquets d’hiver. Il eft propre à faire des
paîiffades. vertes fur la crête des foffés, à ta-
piffer des murs. Dans des pays plus méridionaux,
on pourroit en former des remifes pour le gibier,
en mème-tems qu’elles le défendroient de
la pourfuire dés animaux deftruéleurs, elles four-
niroient encore un moyen defubfiftance aux per-
I drix & aux faifans, par la quantité de graines
# qu'elles produiroient. Enfin fes jeunes pouffes,
quoiqu’inférieures à nos Afperges cultivées, font
fort bonnes à manger.
11. A sp erge hérifféç. Ses racines font des
tubercules charnus, tendres, & de couleur blanchâtre,
réunies comme une bote de navets. De
leur collet fortent plufieurs tiges qui s’élèvent
I environ à deux pieds de haut. Elles (ont droites ^
I branchues, & d’unq verdure foncée. Les feuilles
viennent feule à feule, ou panent plufieurs du
même point, fur les tiges & fur les branches.
Elles reffemblpnt à des épines, tant à caufe de
leur confiftance très-ferme , que parce qu’elles
font terminées en pointes très-aiguës. Les fleurs
} font petites , verdâtres & très-nombreufes* Il
leur fuccède des baies groffes comme des pois,
qui deviennent noires en mûriffant.
La Culture de cette efpèce, & les moyens de
la multiplier, font les mêmes que ceux que nous
avons indiqués pour l'efpèce du n.° 9. Cependant
'celle-ci exige un peu plus de chaleur, ot
I eft de nature plus délicate. Le défaut d agré-
1 ment* ou pour jpieitfi dire, la difformité de fon
* * ■ * port,
port, ne lui permet pas d’entrer dans la décoration
des jardins. On ne la cultive que dans les
Ecoles de Botanique, ou dans les jardins où l’on
fait des aflortimëns de plantes pittorefques ou
lingulières.
12 . L ’A s p e r g e à feuilles en épines, reffemble
beaucoup à la précédente} cependant elle s’en
diftingue, tant par la difpofition de fes feuilles,
qui viennent par paquets de trois ou quatre ,
réunies enfemble fur les tiges, que par fes fruits
qui font moins gros, & de couleur jaunâtre.
D’ailleurs elle fe cultive & fe multiplie de la
même manière, & n’a pas un mérite plus dif-
tingué.
1 3 . A s p e r g e du cap. Celle-ci eft un petit
arbufte épineux , d’environ dix-huit pouces de
haut, d’un port irrégulier & d’une verdure glauque,
permanente 3 fes rameaux font couverts de
petites feuilles cylindriques , très-menues , &
réunies par faifeeaux. Ses fleurs fortent de l’extrémité
des rameaux & des branches 3 elles font
couleur de chair , & produifent des baies qui
deviennent d’un beau rouge dans leur maturité.
Cet arbufte fleurit au printems, & fes fruits mû-
riffent dans le cours de l’été.
Culture. On je cultive dans des pots, avec une
terre fablonneufe un peu fubflantielle. Pendant
l’hiver, il eft néceffaire de le rentrer dans une
ferre tempérée3 l’été on le place à l’air libre, à
l’expofition du midi3 mais,en tout tems, il redoute
moins la fécherefle qu’il ne craint l’humidité.
On le multiplie par le moyen de fes oeilletons
& de fes graines, qui mûriffent dans nos
jardins. Les oeilletons doivent être féparés des
vieux pieds vers le mois de feptembre. On les
plante avec foutes leurs racines, dans une terre
prefquê sèche', & on les place fur une couche
tiède & fous un chaffis. Il convient de ne les
arrofer que lorfqu’ils commencent à pouffer 3 &
à l’approche des gelées, on les enterre dans la
tannée d’une ferre chaude, pour les conferver
plus fûrement pendant ce premier hiver. Les
graines peuvent être femées au printems ou à
1 automne, immédiatement après leur récolte3
mais cette dernière faifon eft" préférable, & alors
on lesfème fous chaffis 3 elles n’exigent d’aurres
foins que d’être préfervées des gelées pendant
l’hiver, & d’être arrofées quelquefois pour entretenir
la terre un peu humide 3 au prinrems,
©n place ces femis for une couche chaude, &
les graines ne tardent pas à lever. Les femis du
printems ne lèvent fouvent qu a la fin de l’été ,
& même à l’automne 3 & comme ils acquièrent
peu de force dans cette faifon , ils ont peine à
fe défendre de l’hiver. La fécondé année on
peut féparer le jeune plant, &le placer féparément
dans de petits pots , avec une terre fa-
hloftneufe & légère. 11 eft effentiel de ne cafter
ni meurtrir aucunes racines dans cette opération,
Agriculture. Tome I ir, II.C Partie.
parce qu'étant d’une nature aqueufe & fort tendre,
elles pourriroienr. On peut faire ce repiquage
au printems & dans 1 été, mais le plus
fur eft de ne le faire qu’à l’automne, quelque
tems avant que ces plantes entrent en végétation.
Il én eft de même, de toutes celles qui
viennent du cap de Bonne-Efpérance. Pendant
leur jeuneffe, les jeunes plants fe conferveront
mieux l’hiver, fous un chaffis gradué à fix degrés
de chaleur , que dans une ferre chaude 3 &
lorfqu’ils feront devenus forts, il fuffira de les
mettre dans une ferre tempérée.
Ufage. Cet arbufte mérire d’occuper une place
dans les jardins des curieux 3 fon port pittoresque,
fa verdure glauque, & fes petites baies d’un beau-
rouge, font propres à jeter de la variété parmi
les plantes étrangères.
1 5 . L ’A s p e r g e farmenteufe fe diftingue aifément
des autres efpèces de ce genre, par fes
feuilles linéaires & applaries, qui viennent ifo-
lées. Ses racines font charnues, oblongues &
réunies en petites bottes. Elles pouffent des tiges
qui s’élèvent à trois ou quatre pieds de haut
d’une confiftance ligneufe, & chargées d’épines
courtes très-acérées. Ces tiges font garnies du
haut en bas, de petits rameaux couverts de feuilles
d’un verd pâle, tirant un peu fur le jaune. Vers
le mois de juillet, les petits rameaux de l’extrémité
des tiges fe chargent d’une multitude de
jolies fleurs blanches, qui durent environ un
mois, & produifent un effet agréable. Un petit
nombre de ces fleurs produifent des baies, de
la grofleur d’un grain de vefee, lefquelles font
vertes d’abord, & deviennent en mûriffant, d’un
très-beau ronge. Elles ne font mûres que dans
le mois de décembre fuivant.
Culture. Cette Afperge veut être confervée l’hiver,
dans une ferre chaude, fur des tablettes’;
elle eft très - vivace , & craint moins l’humidité
que les autres efpèces. Elle fe cultive
& fe multiplie .de la même manière , que
la précédente, excepté que le jeune plant de
eellç-d doit être repiqué au printems, plutôt qu’à
l’automne.
Ufage. L’Afperge farmenteufe peut être mife
au rang des plus jolies plantes de ferre chaude.
Mais, pour qu’elle produife plus d’effet, il convient
d’étendre fes branches fur un évenraii de
treillage attaché au vafe ou à la caille dans laquelle
elle eft plantée. Par ce moyen, on jouit
fans confufion de l’élégance de fon feuillage, de
la gentilléffe de fes fleurs & de l’agrément de
fes fruits.
La culture des antres efpèces de ce genre nous
eft inconnue. (M. Thouin.)
Culture des Afperges ordinaires.
L’Afperge eft une des plantes le plus en ufage
fur les tables. On la trouve dans tous les pota-
S sss