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A N G É L I Q U E . A x s z z i c a .
Genre de planre de la famille des O mbel l i b
érés , compofé d’efpèces herbcée-, bis-annuelles
ou vivaces ; elles font remarquables par la Angularité
de leur port & la hauteur giganrdfqùe de
plusieurs d’entr’elles. Les pays Froids & les monta-
i gnes font les lieux quelles habitent, & lesterreins
humides, les fimationsqu’elles préfèrent. Plufieurs
de ces plantes ont desufages économiques & font
employées en médecine.
Efpèces.
i . Angélique des jardins ou de Bohême.
A ngeliça a r c h a n g e lic a . L. <3* des. hautes montagnes
de l’Europe.
2. Angélique fouvage.
A v g e i ic a f y l v i f t r i s . L. ^ des prés humides
de l’Europe.,
3- Angélique verticillée.
A n g e l i ç a v e r t i c i l l a r f s . L. <ƒ* des Alpes &
d’Italie.
4 .Angélique panicnlée.
A n c e z i c a p a n i c u la ta . La M. Diél. n.° 4 çj* des
Alpes & des Pyrénées.
5. Angélique à tige pourpre.
A n g e l i ç a a t r o p u r p u r c a L. de Canada.
6. Angélique lui fan te.
A n g e l i ç a lu c id a , L. çj* de Canada, dans les
lieux humides.
7. Angélique à feuilles d’ancolie.
A n g e l i ç a a q u ile g ifo lia . La M. Di61. n.° 7.
L a s er p i t i vm trilobum. L. Qfi de s montagnes
de l’Europe.
8. Angélique à feuilles d’ache, ou ache'de
montagne.
A n g e l i c A p a lu d a p i fo l ia . La M. Diél. n.° 8.
L ig u st icum le v ifiic u m . L. *]£ des montagnes
de Provence & d’Italie.
9. Angélique d’Ecoffe.
A n g e l i ç a f c o t i c a . Lam. Diél. n.° 9.
L i g u s t i c u m J ’c o tic um L. des contrées fep-
tentrionales de l’Europe & de l’Amérique.
Culture.
Toutes les angéliques fe cultivent, en pleine
térre dans notre climat. Les efpèces n.os 1 , 2,
3 , 4 , 5 & 9 , aiment les rerreins meubles, profond*
, fubftanciels •& humides, & les expofi-
tiens ombragées. Celles qui font comprifes fous
lt: numéros 6 , 7 & 8 , préfèrent un fol moins
huuske , plus maigre, pierreux mùne , & une
expohtion découverte.
On les m liiplie tomes par le moyen de leurs
graines , qui doivent être femées vers l’automne,
aulVi-iôt après leur maturité, parce que fi on at-
tendoit au printems, il y auroit un - grande partie
des feme ces q u i, ayant déjà perdu leur
•propriété germinative , ne leveroiem pas.
Les trois dernières efpèces, qui font des plantes
vivaces, & rnftiques, fe propagent aifément par les
oei’lètons qui fortent en grand nombre du collet de
leurs racines ; on les fépare de la fouche au
pririruns, & on les plante, comme les jeunes
plants, dans un lieu ombragé. En automne, ils ont
ordina rement acquis a fiez de force pour être
mis en place à leur deliinationi M. T houin.)
Culture particulière de VAngélique des jardins.
Cette plante croît naturellement dans les montagnes*,
on la trouve dans celles de France,
fur - tout en Auvergne, dans celles de l’Autriche
& de la Laponie, près des ruiffeaux. On a dit
que les habitans de l’iflande & de la Laponie
fe nourrifioient des tiges d’angélique *, ce fait a
befoin d’être confirmé. Elle fe cultive dans les
jardins pour des ufages particuliers, & par con-
féquent en petite quantité. Il y en a des cultures
un peu plus étendues dans quelques villes de
la France, par exemple, à Paris, au Jardin des
Apothicaires, à Nantes & à Niort en Poitou.
L ’angélique de cette dernière ville eft la plus
renommée. J ’en expoferai la culture d’après les
renfeignemens que m’a procuré Mr. Morand, qui
y exerce la médecine, d’une manière diftinguée.
Le terrein propre à la culture de l’angélique
doit être fubftanciel , humide , expofé à une
certaine chaleur. J l fa u t , dit*on, que Vangélique
ait la racine dans Veau & la tête au joleil.
l)n loi argilleux nuit à fa végétation, parce que
fes racines ne peuvent s’y érendre. Elle languit
& monte à graine la première année, avant d’avoir
acquis toute fa force*, il paroît donc que ce qui
lui convient, c’eft un fable gras. Elle n’eft pas
délicate, mais on ne lui donne toute la perfection
dont elle eft fufceptible, qu’en réunifiant les
circonftances que j’ai indiquées, & qui ont lieu
particulièrement à Niort.
INiort tft le feul endroit du Poitou où on cultiv
e l’Angélique. Cette ville fournit prefque
toute celle qui paffe dans le commerce; cependant,
quelque confidérable qu’il foit, on n’a befoin
d’y confacrer que peu de terrein, parce que
cette plante pouffe des tiges forres, qui font les
parties qu on emploie. On afiure que tou? les
jardins de Niort, où on culrhe /angélique,
s’ils étoiert réunis, ne forme*oient pas plus de
deux arpens. Les foifés du château fortifié ont,
à jufte titre, la réputation de produire la plus
belle & la meilleure. Auffi font-ils affermés
très-cher. Ils reçoivent les égoûts d’une partie
de la ville & ceux de quelques écuries. On y voit
des tiges d angélique de cinq pieds de haut3 il
y en a du poids de p'us de 40 livres.
Gn obiervera qu’à N orr, à Paris & à Nantes
on cultive conftamment l’angélique dans les mêmes
endroit,» de rems immémorial. Dans un partage
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de la fin du feizième fîècle, entre des habitans i
de Niort , il efl queftron d’un jardin rempli
d’angélique, dans lequel on en a toujours cultivé
depuis, & où on en cultive encore maintenant; ce
qui fuppofe une terre qui a beaucoup dé fond *,
& dont on renouvelle fouvent la furface par des
engrais de bonne qualité.
On sème d’abord /angélique en pépinière, &
on la tranfplante enfuite. Le terrein p'roprè à
recevoir la graine doit être très- meuble *, on lui
donne à la bêche trois labours de 8 à 10 pouces
de profondeur*, on en écrafe jufqu’aux moindres
mottes,avec un rateau à dents de fer. Avant le
dernier labour, on le couvre de terreau formé,
ou de boue ramaffée dans les. rues de la ville,
& laifiée en tas pendant un an, ou d’immondices
de latrines qu’on a confervées quatre ans dans
un îrou découvert. Le dernier de ces deux engrais
eft préféré; on allure qu’il ne communique aucune
odeur à l’angélique. On fe fert encore, mais
avec moins davantage, d’un mélange de paille,
de terre de1 chemin & de crotin de cheval.
Le fumier feul donne. un mauvais goût à , la
plante, qu’il fait d’ailleurs monter à graine trop
promptement.
A Niort, c’eft la graine' du pays qu’on sème
toujours, fans jamaï? la renouveller. Les uns la
sèment au mois’de ’mars, les autres au mois
de feptembre. Quand on la sème en mars, ort
la répand à la pi ncé een la mêlant avec un
peu de terre .fine. On‘ ne la recouvre point dé
terre; les pieds, dans ce ças_r, ..fe tranfplantent
à la mi - feptembre. Si on sèmé la' graine en
feptembre, faifon qui paroît la plus conforme
ü l’ordre de la nature, pùifque c’eft le moment
de fa maturité , on ; coupe îés‘ têtes d’ângéliqiie
qui ont monté , à environ un pied de leurs
tiges. On les fixe dans la terre à 7 ou 8 pouces
les uns des autres; le vent les agité & defsèche
les graines qui, comme je l’ai dit, n’ont pas
befoin d’être recouvertes. Quelques perfonnes,
dans,cette faifon même, la sèment suffi à la
•pincée, en planches de 3 0 1 polices' de large,
& la recouvrent légèrement de terre fine avec
un crible, afin qus le vent ne l’enlève pas ; on
tranfplante au printems: les pied-s produits par
ces derniers femis.
On ne sème de la graine d'angélique que tous
les deux ans, parce qu'e: la première année on
choifit, pour trahfplànté% Je-s plus beaux pieds de
la pépinière, & la fécondé année, les autres qui
fe fo.ntï fortifiés, La graine- fe sème,.,très-dru;
auffi les pépinière« occupent-elles peu de terrein.
5)ix pieds en quarré fuffifent pour fournir de quoi
planter un efpace de trois mille fois plus grand.
Les pieds fe plantent à environ fix poncés les
uns des autres; plus éloignés., ils ne conferverpient
pas affez do fraîcheur; plu? preffés, ils fe nui-
rpient ,& ne deviendroient pas fi gros.
L ’angpliquo femée en fnars lève en mai ou
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en juin. Celle qu’pn sème en feptembre ne lève
pas avant le mois mars ; quelquefois elle ne paroît
pas encore dans le courant d’avril. Dans ce cas,
on donne une façon au terrein,, & on la voit
lever en juin comme [celle qui auroit été femée
en mars. M. Morand en a femé qui n’a levé qu’un
an après.
? Pendant que l’angélique eft en pépinière elle
n’exige aucun foin. Quand elle eft plantée, elle
en exige dans lès premiers tems.
Il eft néceffâire que le terrein, où on doit la
tranfplanrer , foit meuble[ & garni de terreau,
comme celui où on l’a femé. On arrache de là pépinière
les jeunes pieds,, lorfqu’ils ont la grofîèur
du céleri, qu’on ôte de la couche. Quand ils font
mis en place, on a /attention dans le : commencement
de détruire les herbes inutiles & de
remuer un peu. la terre, fi, pendant cérte opération,
on l’a foulée. L ’angélique ayant acquis
de la force, étouffe bientôt tout ce qui fe trouve
défions ; on i’arrofe fréquemment dans les étés
fecs; jufqu a ce quelle ait pris racine. Dès ce
moment on fe contente de labourer quatre fois
par an le terrenravec une fourche à quatre dents,
Comme on laboure les foflès d’afperges. Aux
premiers froidsj les feuilles tombent, le froid
étant devenu plus rigoureux,. la tige fe fane
& la plante difparoît pour ne fe montrer qu’au
printems. Alors on recouvre tout le terrein d’un
pouce de terreau ; la nouvelle pouffe du printems
s’annonce par un petit bouton rouge qui s’épanouit
peu - à - peu. Quand tous les pieds font
fortis, on donne le premier labour, le fécond un
mois après, & les deux autres dans le courant
de l’été.
L ’angélique eft tellement acclimatée à Niort;
elle eft d’une conftitution fi forte, qu’on n’y
connoît point de circonftances qui lui foient
nuifibles; aucun infeéte n’ofe /attaquer de fon
odeur aromatique & de fa faveur amère.
Dès la première, année on peut commencer
à couper l’angélique; mais elle, n’a acquis fa
perfeélion que la fécondé année. Si l’hiver n’a
pas été trop long,, on fa coupe à la. fin de mai,
quelquefois il fout attendre plus tard. On ne
doit la récolter que lorsqu’elle eft parvenue à
toute fa hauteur; on la coupe raz-terre & en
bjzeau,v en ne laifiant que le coeur & une tige;
le même pied , donne ordinairement depuis 8
jufqu à 12 & 15 récoltes. On arrache les plus
beaux pieds avec leurs racines pour les employer
en .entier.; qn en vend ainfi du poids chacun
de 12 à 13 livres. Il y en a dans le commerce
qui pèfent feuls jufqu’à 60 livres; mais ils font
formés de plufieurs réunis.
Les pieds d angélique donnent leur graine la
troifième année [ordinairement, quelquefois la
fécondéfélon que l’été eft chaud; quand la
graine en eft ôtée, ils fe -sèchent & péiiflenr.
Le plus grand ufage qu'on faffe de /angélique
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