
entoncée,ilfort dés feuilles molles d’une largeur
médiocre, qui fe couchent fur la terre'*, la tige
eft droite & haute d’un pied au plus : aux fleurs'
qui font violettes fuccèdent des capfulës, remplies de
petites graines, noires, arrondies, couvertes d’af-
pérités. Elles ne font mures qu’au tems de la récolte
& parviennent à la grange, quand on coupe le bled
au-deffous dira pied.
Parmi les diveries graines qui entrent dans la
eompofition du pain des habitans de la campagne,
celle de l’ail dès loups eft la plus défagréable.
L amertume qu'elle caufe eft encore fenfibie, lors
même que cette graine ne forme que la cinquante-
quatrième partie du pain. Alors elle ne fe mani-
fefte que quelque tems après quon en a mâché
à la dofe d’un dix—huitième, fon effet eft plus
prompt, quoiqu’il ne commence pas auffi-tôt qu’on
mâche le pain $ mais à la dofe d’un neuvième on
l ’éprouve en pofant le pain fur le bord des lèvres.
Dans ces trois cas l’impreffion fe confërve très-
long-temps. J ’obferverai quelle eft accompagnée
dâcreté, & que quand on pile ou qu’on broie
cette graine, la poudre qui s’introduit dans les
narines, y caufe une irritation pareille à celle des
ffematoirs aélifs.
La graine d'ail des loups donne au pain une
noirceur pareille à celle que lui communiqueroit
la poudre de carie à la dofe d’un trenre-fixième.
Elle eft donc trente-fix fois moins noire ; fi cette
graine entre pour un neuvième dans le pain, il
en contrarie une odeur piquante, particulière ,
qui fe perd quand on en diminue la proportion. C’eft
fur-tout fon extrême amertume, qui la fait distinguer
des autres graines , qni compofent les
criblures. On fait que malheureufement les payfans
ne rejettent rien, & convertiftent en farine les
criblures des granges. Quelques fermiers même,
par une économie mal entendue , font manger à
leurs domeftiques les déchets de leurs greniers & de
leurs granges. Les animaux même mangent avec
Pe\np , ou refufem le pain fait avec ira dix-
Imirièmede graine.d’ail des loups. Ceci eft extrait
d’un mémoire que j’ai publié dans le quatrième
volume des mémoires de la fociété de médecine,
intitulé : Expériences relatives a Vinfluence de
diverfes graines, fu r la qualité du pain des habitons
des campagnes. Les feuilles de l’ail des loups n’ont
point d’amertume apparemment, ou fi elles en
ont, les bêtes à cornes ne la craignent pas 3 car
les vaches mangent de cette plante yerte avec
avidité ;. on àffiire même qu’elle leur donne beaucoup
de lait. ( AL Va b b é T e s s i e r . )
Aile. Ce mot , confidéré relativèment à la
partie qui fait l’objet de notre travail, a plufieurs
lignifications plus ou moins éloignées de fon acception,
primitive, & dont il eft par conféquent
plus ou moins facile de faifir le rapport.
Les jardiniers l’emploient fréquemment pour
défigner les branches latérales d’un arbre ou d’une
plante difpofée en éventail > par allq^on aux
ailes des oifeaux lorfqu elles font étendues. Ils
donnent encore ce nom aux féconds fruits d’ar-
tichaux qui croiffent fur la même tige, à côté
des premiers.
Les botaniftes s’en fervent également, foit pour
; défigner les membranes qui fe trouvent jointes à
quelques femences comme celles de l’érable , du
, frefrie, &c. foit pour indiquer les deux pétale^
latéraux qui accompagnent la carène dans les fleurs-
I léguminèufes, foit enfin pour exprimer le prolongement
dès feuilles fur les tiges de plufieurs
plantes, coraraë dans quelques efpèces de chardons
, de centaurées,, &c. ( M. T h o v i n . )
Aile de faifan : fynonyme peu en ufage de
fétdoms annua. L. Voye[ Adonide a n n u e l l e .
( M . T h o v i n . )
AiLLisÈ-OTTE. Dans la vallée d’Anjou, il croît
au milieu des” ferres ènfemencées, une efpèca
d ail j qu’on y appelle aillerotte. Elle m’a paru être
1 alliumvineale Lin. cep a juncia folia , minor , pur-
purufeens , Tournef. vingt - deuxième efpèce
du Diélionnaire de Botanique. ( M. Vabbè
T e s s i e r . ) '
AIMABLE orphée : nom que les fleuriflés donnent
a une variété du dianthus caryôphyllus. L .
C’eft un oeillet flamand, panaché dé cramoifi &
de blanc. Sa fleur n’eft pas bien- large, mais elle
eft bien tranchée ; fa feuille & fa tige font d’un
beau verd. Il fe multiplie aifément de marcottés.
V o y é i OEil le t . ( M. T h o v i n . }
A J O N C U t e x ~
Ce genre de plante fait partie de celles qui
compofent la famille des L é g v m i n e v s e s ou des
plantes à fleurs Papilionacées. 11 ne renferme
jufqu’à préfent que deux efpèces qui font des
arbriffeaux d’un port très-pittorefque.. '
EfpècesL
1. Ajonc d’Europe, Jonc marin ou genêt épineux.
Ul e x Europoeus. L. ïj de l’Europe tempérée.
B. Ajonc d’Europe à épines courtes.
■i Ul e x Europoeus brevioribus aculeis. ïj dé
l’Europe temperée.
2. Ajonc du Cap,
Ul e x Capenjfs, L. ï> d’Afrique..
Culture.
1. L'Ajonc d’Europe & fa variété B ., font des
arbrifleaux épineux qui croiffent fans culture
dans les terreins les plus ingrats ; mais à peine
j ; parviennent - ils à- la hauteur dé quinze à
dix-huit pouces , tandis que dans un terrein 1 gras
& fablonneux, ils s’élèvent de - cinq à fix pieds-.
Dans les parties les plus froides de la ZÔne où
ctoiffenr naturellement ces arbriffeaux , on les
trouve fur les lieux élevés & montueux 3 mais dan#
les Provinces plus tempérées ils s’accommodent
volontiers de la plaine, & y réuffiffent affez bien.
Sur les montagnes où ils ont la liberté de s’étendre,
ils couvrent quelquefois une furface de plufieurs
tôifes, fans interruption -, & comme leur hauteur
eft à-peu-près égale, & n’eft guères au-delà de
vingt pouces, ils préfentent de loin à l’oeil une
forte de tapis verd très-agréable. En plaine, lorf-
qu’ils fe trouvent dans un terrein qui leur convient
& qu’ils ne font pas broutés par les animaux, ils
forment des buiffons touffus, toujours verds , d’une
forme irrégulière & d’une élévation plus eu moins
grande. En Angleterre on en a vu s’élever à la
hauteur de vingt pieds.
On multiplie l’ajonc d’Europe & fa variété par
le moyen de fes graines. Dans nos Provinces méridionales,
oh les fème dès l’automne; mais dans
les pays froids, il eft plus sûr d’attendre au prin-
tems, parce que, comme elles lèvent en grande
partie dans l’efpace de quinze à vingt jours, il
feroit à craindre que des gelées de pins de cinq
à fix degrés ne fiffent périr le jeune plant encore
trop herbacé.-
Les graines d’ajonc % sèment en pleine terre,
& affez ordinairement fur les lieux mêmes où
l’on veut les laiffer croître , attendu que ces
arbrifleaux fouffrent avec peine d’être tranfplantés,
& que d’ailleurs il en coûteroit trop pour cette
opération. La terre deftinée auxfemis, ir’abefoin
que d’être ameublie par un labour profond ,
divifée & unie enfuite avec la herfe. On mêle
quelquefois la femehee des ajoncs avec des graines
de plantes aunuelles, telles, que de forge ou des
avoines , pour abriter les jeunes plants & les
garantir des rayons du foleil pendant la première
année. Cette pratique eft utile Idrfqu'on fait ces
femis dans des terreins légers, & à des expofitions
très-chaudes ; mais elle eft nuifible dans les lieux
humides & expofés au nord ; elle occafionne la
perte d’une grande partie des jeunes plants.
Lorfqu’on sème l’ajonc en pépinière y pour
en repiquer le jeune plant, il convient de ehoifir
un terrein de quinze pouces au moins de profondeur
, d’une nature meuble, fàblonneufe &
graffe , & qui foit fitué à une ëxpofition légèrement
ombragée du côté du midi. Mais pour
accélérer la germination & déterminer les graines
à lever toutes à-1 a-fois, il eft à propos de les
mettre tremper dans l’eau pendant deux jours ;
on peut enfuite les femer plus dru qu’en plein
champ, les recouvrir de quelques lignes d’une
terre encore plus fàblonneufe que celle, du fo l,
& unir le tout avec le rateau.
Par ce procédé bien firnple, la plus grande
partie des graines lèvent dans les quinze premiers
jours , & le jeune plant acquiert affez de
forcé pour être repiqué en place l’année fuivante1,
au lieu , que celles qui font femées à demeure
fans aucune précaution , lèvent fucceffivement5,
quelquefois pendant deux ou trois ans, & ne
produifent qu’un plant de moitié plus foibledans
îe même efpace de tems.
Les Ajoncs fe multiplient difficilement de marcottes,
& plus difficilement encore de boutures;
il eft même affez rare que lès pieds arrachés dans
la campagne, reprennent dans les: jardins, parce
qu’ils ont les racines pivotantes , coriaces, tor-
tueufes & dénuées de chevelu. 11 n’en eft pas dé
même des jeunes pieds provenus de femis en
pépinière ; leurs racines font fou pies & garnies
de beaucoup de fibres qui facilitenr fingulièrement
la reprife lors de leur tranfplantation.
La faifon la plus favorable pour repiquer les
Ajoncs eft le printems, lorfque leur sève a commencé
à fe mettre en mouvement. Cette' époque
eft facile à reconnoître au développement dès
jeunes pouffes qui font alors' d’un verd plus
tendre qüe celles des faifons précédentes. C’eft
ordinairement vers le milieu du mois de mars,
dans notre climat , & vers la mi-février, dans
les pays plus méridionaux. Cependant il vaut
mieux attendre un peu plus tard que de trop
fe hâter *, l’inconvénient, dans le premier cas,
J eft moins nuifible à la réuffite de ces tranf-
f plantations^
Mais comme cës arbriffeaux fouffrent difficilement
d’être tranfplantés , ils doivent être
repiqués à demeure & non point en pépinière s.
: à moins qu’on ne les mette dans des mannequins
j ou dans- des pots , pour fe ménager la faculté de
, les placer enfuite avec plus d’avantage dans le
'■ lieu qui leur eft deftiné.
Repiqués en fortant du femis, tes Ajoncs commencent
à fleurir la deuxième ou la troifiémè
année ; ils fe couvrent de fleurs d’un beau jaune
dans les mois de mai & de juin, & Couvent ils
fleuriflent une fécondé fois en automne ; leurs
fleurs durent jufqu’anx grandes gelées, 5c font
un très-bel effet par leur maffe.-
■ Les Ajoncs une fois mis en place, n’exigent
. d’autres foins que d’être débar rafles* dés branches
inférieures qui périffent de tems en tems. On doit
fe garder d’élaguer leurs tiges près du tronc,
pour les faire monter ; cette opération leur eft
nuifible. Lorfqu’on veut élever cet arbrifîêau à
I une certaine hauteur, il convient de couper les
branches inférieures à cinq ou fix pouces, de la
tige principale que l’on chpifit parmi celles qui
font les plus droites & les plus vigoureufes. Les
années fuivantes l’on fupprinie tous les chicots 0
: & on laifle croître à leur place de jeunes pouffes
qu’on pincé par l’extrémité, jufqu’à ce que far-
brifleau ait acquis une tige proportionnée à fa
tête.
Lorfqu’on rabar les Ajoncs, ot> qu’iîs font
1 broutés. par les beftiaux, ils ne s’élèvent plits ,
ils s'étendent -■ feulement en largeur, & forment
dès ’ buiffons applatîs -, ‘qui ont quelquefois fept