
35font courtes, ce qui la rend un peu fourchue.
3j L ’enfemble de toutes ces plumes eft un mélange
3> de noirâtre , de gris-brun , de rouffâtre , de
33blanchâtre & de blanc; les pieds font gris-brun,
33 les ongles noirâtres & terminés de blanchâtre. 33
Enfin il y a une'troifième alouette , ? qui ne
diffère de la précédente, que parce quelle eft:
plus petite & plus blanchâtre fous le ventre.
Elle préfère , pour faire fon nid, les terres un
peu pierreufes , quon appelle grouettes.
On voit, pendant l’été, des alouettes communes
placer leurs nids dans des pièces enfemencées
en bled, en orge ou en avoine -, ces nids font
compofés de brins de paille, qu’elles ramaffent.
Elles s’élèvent en l’air en chantant ^ fur-tout le
matin, à une û grande hauteur, qu’on les perd
de vue , & en redefcendent aulîi en chantant.
Le nombre de celles qui font leurs nids dans
le pays , eft peu considérable ; mais à la fin de
feptembre & dans les mois fuivans, il en paroît
trop pour ne les pas regarder comjne des
alouettes de paflage. Elles reffemblent à l’efpèce
des communes , qui nichent dans le pays ; cependant
elles ont les doigts des pieds plus longs,
& font un peu plus grofles. On a remarqué que
c’étoit dans les pleines lunes d oélobre & de
novembre , qu’il en paroiffoif une^ plus grande
quantité. Ce qu’il y a de certain, c eft que, dans
ces mois, les marchés en font le plus fournis,
foit parce qu’il y en a un paflage plus confidé-
rable, foit parce que la faifon n’étant pas encore
rigoureufe, on s’occupe davantage à les prendre.
Les gens intérefles à la prife des alouettes ,
fe promènent de jour dans les champs , pour
voir s’il y en a beaucoup , & pour s’affurer des
.endroits où elles fe pofenr. Ils prétendent que
fouvent ils en voient pendant plufieurs jours
de fuite , & qu’ils font plufieurs jours fans en
voir, fur-tout en quantité ; car il y en a toujours
quelques-unes, ne fût-ce que celles qui font
nées dans le pays. Cette alternative & cette
abondance momentanée, font les preuves dun
paflage *, mais d’où viennent les alouettes qui
abondent dans la Beauce en Automne ? viennent-
elles du midi, comme les cailles & les hirondelles ?
je fuis porté à croire qu’elles viennent du nord,
& voici fur quoi je me fonde. Ce n’eft qu’en
Automne qu’elles paroiflent , comme les oifeaux
qui fuient le grand froid, pour vivre dans des
pays tempérés. Lorfque le vent du nord eft trop
dûr , elles s’éloignent ; car on en voit moins;
fi le vent eft froid & le teins fec , elles fe
laiflent prendre plus aifément que par les tems
doux ; car alors elles font plus parefleufes , &
fe tiennent pi us cachées. Dès que le foleil fe
montre, elles voltigent & ne^ s’occupent pas
même de manger ; la facilité qu’elles trouvent à
vivre dans la Beauce , où il s eft répandu beaucoup
de grains fur les champs, les y retient
dans cette faifon. Au printems, elles remontent
vers le nord , & fe difperfent à la faveur d’une
température douce. Pourquoi n y auroit-il pas
des oifeaux qui pafieroient des climats tempérés
dans les climats froids , 8c des uns dans les
autres, comme il y en a qui, des pays chauds,
viennent dans les tempérés, pour retourner dans
! les pays chauds , quand ils trouvent le tems
trop rigoureux ? au refie , cèci n eft qu une
conjeélure, & non une démonftratiom
Quoi qu’il en foit, depuis environ le vingt-cinq de
feptembre, époque où commence le paflage des
alouettes, jufquà la fin de novembre, ces oifeaux
n’ont pas d’habitation fixe, ils vont indiftinélement
dans tous les champs récoltés, dans toutes les fortes
de terres ; mais alors, la faifon devenant plus froide,
les alouettes fe cantonnent.Elles préfèrent les terres
pierreufes & les pentes, plutôt que les plaines ;
c’eft dans les chaumes de froment & d’avoine,
qu elles fe jettent ; rarement en trouve-t-on dans
les jachères & dans les terres récemment enfemencées
en froment, à moins qu’il n’y ait dans
xeiies-ci des parties de fumier mal enterré ; ce
qui prouveroit encore qu’elles cherchent des
abris, & il en faut bien peu pour des alouettes.
On obferve que quand le vent fouffle dun côté,
elles fe placent le nez au vent, même au vent
du nord ; cette manière de fe pofer, tient vrai-
femblablement à leur confervation ; la plupart des
animaux en agiflent ainfi , pour être avertis de
l’approche des ennemis qu’ils ont à craindre. ■
Il y a plufieurs manières de prendre les alouettes.
J e décrirai la plupart, d’après les livres qui en
traitént , & celle au traîneau , d’après ce que
j’ai vu en Beauce. La première & la feule employée
dans beaucoup de pays, eft la prife au
miroir. Pour y réuflir, on doit avoir des nappes
de filet ; on appelle ainfi une étendue de filet,
déterminée par un certain nombre de mailles.
J e donnerai plus loin la defeription d un filet à
prendre les alouettes, compofé de plufieurs.nappes.
Suivant ' le dictionnaire économique , édition de
1767, le miroir eft fait de plufieurs pièces., ou
plutôt ce font plufieurs petits miroirs, inaftiqués
dans les entailles de fîx faces inégales d’un
morceau de bois courbé en a rc, d’un pouce &
demi d’épaifleur , fur environ neuf ponces : de
longueur. Au milieu de la. face inférieure du
morceau de bois, on enfonce une cheville longue
de fix pouces , groffe comme le doigt , percée
vers le milieu, pour recevoir une petite corde.
On prend un autre morceau de -bois d’un
pied de long & d’un pouce d’épaiffeur, on
l’amincit par un bout , & vers le haut on y
fait une entaille de deux pouces , dont on
perce la partie fupérieure & le defious. C’eft
dans ces trous qu’on fait entrer la cheville,
attachée à la pièce qui tient les miroirs ; le bout
aminci du morceau de bois dont il s’agit fe
fiche en terre pour affujettir tout l’appareil,
de manière cependant que les miroirs peuvent
être remués facilement à l’aide de la corde ,
placée au milieu de la cheville & roulée autour.
Cette corde eft dans la main d’un homme qui eft
caché dans une loge, faite de branchages ou
de - paille. On pofe les miroirs au milieu de
deux nappes de filet _; on les remue continuellement
quand le foleil paroît; éblouis par
leur éclat , les alouettes s’approchent, & on les
prend quand elles font à hauteur convenable.
C’eft le matin qu’on peut faire cette chaffe,
pendant les gelées blanches.
Il y a des gens qui prennent une compagnie
d’alouettes toute entière fous un feul filet. Pour
cela, toute efpèce de filet eft bon, pourvu qu’il foit
grand & que les mailles ne foient pas trop larges.
On fe promène dans la campagne. Dès qu’on
Spperçoit l’endroit où s’efl pofée une compagnie
d alouettes, on s’en approche le plus près poflible,
en tournant & en s’abaiffanr. Quand on en eft
à trente ou quarante pas, & quelles paroiflent
fans crainte , on déploie le filet, on le pofe
en travers fur les raies, planches ou filions, des
guérets ou des bleds ; on élève le côté qui regarde
les alouettes par le moyen de fourchettes de bois
pointues, dont on s’efl muni, & qui foutiennent
cette partie de la corde du filet, pendant que
les autres font traînantes ; on chaflè enfuite les
alouettes dans. le filet, & on ôte les fourchettes.
Elles font prifes comme dans une cage. Cette
chafle, qui paroît plus aniufanfë que lucrative,
n’eft pas celle qui convient aux payfans.
Quelquefois ils établiflent des collets ou des
lacets. Ils attachent plufieurs, ficelles auprès les
unes des autres dans un champ, où ils jettent
un peu de. grain pour attirer les alouettes. Ces
ficelles, longues de quatre ou cinq toifes, font
arrêtées par des piquets. On y attache des lacets
en double * faits de crin de cheval, à quatre
doigts les uns des autres. Les payfans font un
tour dans la plaitie & rabattent vers leurs
collets les alouettes, qui s’y prennent par les
pattes.
O.n prend aufli les alouettes à la tonnelle. Il
faut qu elle ait au moins dix pieds de haut à fon
entrée'. On en arrête l’extrémité avec un piquet
qu’on fiche en terre ; on la tend bien ; & on
étend les, filets de côté, foit en demi-cercle,
foit en biais. On attache à la dernière perche
de chaque filet plufieurs cordes, garnies de plumes;
de forte qu’étant pofées les unes fur les autres,
elles forment comme un mur, qui empêche les
alouettes de s’écarter de l’entrée de la tonnelle ;
on les afîujettit par des piquets, ainfi que les
filets. On confeille de mettre des appeilans à
1 entrée & auprès de la tonnelle, c’eft-à-dire, des
alouettes ou autres oifeaux ; on ne tend la
tonnelle que dans les endroits où l’on- s’efi
affuré qu’il y a des alouettes ; quand elle eft
tendue, ort bat la campagne pour les y faire entrer.
On peut auffi employer une vache artificielle,
à la faveur de laquelle on tend la tonnelle pour
furprendre les alouettes. Ce moyen eft d’ufage pour
prendre beaucoup d’oifeaux.
Une quatrième manière, qu’on appelle prife des
alouettes à la ridée, confifteà arracher bout à
bout deux nappes de filets, de manière à les
faire agir à volonté. On place au milieu des
nappes quelques alouettes vivantes, attachées pair
des ficelles, plantées dans la terre. Une perfonne
placée dans une loge, y tient les cordes, qui
aboutiflent aux nappes; d’autres perfonnes battent
la campagne, font lever les alouettes , qu’ils
pouffent vers les nappes; la vue des oifeaux de
leur efpèce les y attire encore. Quand elles font
auprès, ont tire la corde, & elles fe trouvent
prifes fous les napes.
Dans le neuvième tome de l’hiftoire des oifeaux,
page 23 & fuivantes, M. de Montbeillard décrit
en détail' une manière de prendre les alouettes
aux gluaux ^ ufitée en Lorraine. Il aflure qu’on
en ■ prend à - la - fois jufquà cent douzaines,
mais communément vingt —cinq douzaines. Les
gluaux doivent être plantés à plomb régulièrement
, & fe foutenir de manière qu’ils
puiftënt tomber auflï-tôt qu’une alouette les touche
en paflant. On pouffe les alouettes vers ces gluaux.
Dans la Beauce, on prend des alouettes la nuit
avec un traîneau. Quelquefois on en prend
beaucoup. Le traîneau eft un grand filet, compofé
de quatorze nappes, diftinguêes & féparées
par quinze ficelles, appellées maîtres , dont
deux aux deux bords de la longueur, du filet,
& les treize autres dans le corps du filet. La
nappe a douze mailles de largeur 8c quatre
cens cinquante de longueur ; la maille, qui eft
en lofange , a un pouce & demi en quarré ; le
corps de 1 alouette y pafferoit, mais comme elles
s enlèvent en étendant les ailes, les mailles fe
trouvent âffez étroites. Les ficelles des maîtres
font tordues en trois au rouet, & paffent dans
toute la longueur du filet alternativement dans
une maille par-deflus ; & dans une maille par-
deflous; ; elles fe terminent à une autre ficelle
qui fert de bordure à chaque extrémité, connue
fous le nom defommier. C’eft avec ces fommiers
qu on forme les boucles dans lefquelles entrent
les perches ; les maîtres font fixés dans les fommiers.
Il y a des filets qui n’ont pas quatorze
nappes ; mais les nappes en font plus larges.
Afin d’empêcher le filet, dans les parties duquel
lés maîtres ne font que pafîes , de fe porter &
de gliffer tout d’un côté, quand il fait du venr
on attache de diftance en diftance, fur les deux
maîtres de la bordure & fur un du milieu un
fil qui le retient. Les Mets font faits de fil de
chanvre fin , bien filé , du prix d’environ quarante
fois la livre. On leur donne douze toifes
de longueur ou environ, fur quinze à feize pieds
de largeur. On paie un filet, de feptàhuit liv.
Pour chaque filet, il faut deux perches, chacune