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de renoilveîler fouvent l’air que doivent relpirer
des animaux enfermés dans des étables; fans'cette,
précaution, il s’ infeéle bientôt, & devient méphy-
tique ou.mortel. Dans le fécond difcours préliminaire
de cette partie de l’encyclopédie, j’ai parlé
en abrégé de l’influence de l’air dans la végétation ;
mais je n’ai parlé de l’air qu’en général. J ’ajouterai
fur l’acide crayeux ou l’air f i x e & fur l’air inflammable,
quelques particularités qui établifl'ent entre
les végétaux & les animaux une différence remarquable.
D’après les expériences de Prieftley, de
Pringle, & de beaucoup de favans, il paroîr que
l ’air fixe rend la végétation des plantes plus yigou-
reuïe. On aflure que leurs racines, tiges feuilles
ik fleurs renfermées dans un air altéré.par la com-
hufiion d’une ehàndeljle, par la vapeur du cbârbon
& lès exhalàifons des plantés en fermentation , enfin
.dans un air tel que des animaux, y expirent, en
quelques fécondés, on affure quelles s’y foutien-
nent;, < s’y portent bien , & détruifent même le
méphytifme de l’air qui les environne. ; Au contraire,
joutes ces parties fe fanent vivent très-;
peu dans Pair pur oudéphlogi$iqué. H s’enfuit qu’à
cnofés égales d’ailleurs., plus un pays eft couyert d.e
yigétàux;, plus il doit être fæn, parce qu’ils ,abfor-
beru ce qu’il y a d’air fixe. •
. On .regarde Pair inflammable comme propre,
àüm à.la végétation, foit parce qu’il eft toujours
mêlé d’air fixe, foit par fes qualités particulières.
Il eft abforbé, à ce qu’on croit, par la partie infé-
f iéiîre .des feuilles, lorfqu’il s’élève de la terre.
Quelques plantçs. s’en nourriffent abondamment,
& y rcroiflènt avec, vigueur. Il y en a qui, en peu
de jours, en abforbent jnfqu’à une pinte; les
plantes aquatiques de celles qui fe plqifent dans les
marais., en abforbent bien davantage. J ’eri conclue»
rois qu’il feroit falutaire de planter des arbres ou
de çulâverJjeaucoup de plantes aux bords des eaux
gagnantes, s’il; n y ayoit pas à craindre que leurs1
racines nejretinfferit l ’eau, & ne cont^uaffentà en
augmenter la mafie &. les ma la is e f ^ . A Ville- 1
neuve- les-g^yfgnons, une épineuse a ètêgqribuéeà
une plantation de fait les qui retenait l’eau échappée
du Rhône, tandis qu’avant la planratio.n l’eauretour-
noît dans çe fleuve.
Depuis, {que! cet article, a été rédigé, la chymie
ayant fait de grands progrès, fur-tout par rapport
à la dpélriné $ es fluides àériformes,, a beaucoup
chargé fa' nomenclature ; j’ai été tenté de le. fup-
prin^er ; mais pérfuadéque lés connoiffances fur
cëtte matière rie. font pas a leur ferme, &' que. les
chymiftés moderifesne s’efetfendront peut-être pas.
aux dénominations jécemineht adoptées , j’ai cru
que je pQuvoïs, en .attendant, laifter fubfifter, &
fes motsy& les idées reefies à l’époque pu j ’éori-
vois, doutant, pjtfe.que lës chajîgemens dans les
expreftîons n’en feront pas pour le'fond des ehofes.,
{ M. lfdlbë T e s s i e r . )
AIR. Jardinage. Nous né confidérons ici que
fon influence fur les végétaux, .Cctte influence eft
A I ‘R
toujours relative à fes différentes qualités ou manières
d’être. Lorfqu’il eft froid, il arrête le cours
de la sève ; lorfqu’il eft chaud, il la met en mouvement.
Eft-il humide ? il devient le plus puiffant
moteur de la végétation. Eft-ii fec? il S’empare de
l’humidité contenue dans la plante, la .defsèche;
f &• lui occafionne plufieurs maladies qui la- font
bienrôtpérir, fi les racines ne'fontpas-affez vigou-
reuffis pour fubvenir à cette déperdition. Tel < eft
lêftèt en particulier de chacune de ces différentes'
confti unions de l’air fur les végétaux^ entièrement;
fournis à leur aéliqn; mais lorsqu'elles font heii-
reufement combinées lestées avec les autres, elfes
concourent enfemble au développement des plantes,
Raffinent au cul tivateur la réeompenfe de fes foins j
& le prix de fon travail.
I f efl ;donc très-important de les obférver pour
les faire tourner à l ’avantage' dun grand nombre
d’opérations de jardinage qui ne réuffiroiertt que
difficilement fans eette attention.
S’agit-il, par exemple, de tranfplanter de jeuhés
plants, de faire des marcottes-ou des-bouturés ,
& de rempoter dès plantes ? Choififtèz nn rems
chaiuL& humide’. La chaleur mettra plutôt la sève
en fermentation j & l’humidité de l’air afpirée par
les feuilles, portera dans les plantes une nourriture
& une vie' que lés racines ne font: pas éncôrekn
état de leur fournir,
Dans les ferres, fous les ehaflîs & fous les cloches
on eft j toujours, le martre d’établir cette
çonftitution de l’air chaud & humide ; mais on
doit ufer prudemment de ce. moyen, parce qu’en
même tems; qu’il accélère ja végétation des plantes,;
jl fait .éejore les germes,d’une multituded’in-
feéles qui; les dévorent ; .d'ailleurs- l’air ainfi renfermé,
& toujours en ftagnation , fe corrompt
facilement , .& occafionne aux plantes plufieurs
maladies , telles .que vlê.. chancre, la rnoififlure,
l’étjojlement, &c* qui les font périr plus ou moins'
vite. . 1 ...
Pour prévenir çes jipcidéns, il eft néceffaire de
renouvéller l’air de tems en tems, en choififfant les;
hernies du jour où la température extéfieureeft
plus analogue a celle des lieux qu’on veut aérer,
& e ’eft ce que les jardimers.appellent;donner de
l’air aux ferres, aux chaflis & aux cloches. Voyc\
AERER. ( jjf, T :HQ UI?f. ) .. \
A I R E. ' i
A i r e . Agriculture. Place où l’onfépare de leurs
tige^. différentes for tes de, grains. H y a des plantés
qu’on bat fur les champs mêmes qui lès ont produites.''
On étend des drap s deffous pourfie rien perdfe/&
ajrec, des hagupttes on jes égraine, en fqrjte; qu’on
apporte jk lamaifon les fànes &Jle grain féparés.
Pans plufieurs provinces, l’aire eft .établie I dans :
la,,cpur qe Ja ferme^ de la métairie ou.au-xenvirons y
C’eft de-là fans doute que lui vient fon nomt/Area
fignifie un lieu expofé à l’air. On a , dans.quelques
,payf >
: A I R
pays j une aire commune, comme dans d autres il
y .a des fours ou des puits communs. Chaque particulier
y apporte fon grain, qu’il entalfe auprès-j &
qu’il bat à fon tour. Cette pratique n’eft en ufage
que dans les petites exploitations en terres à bleds,
dont toute la récolte peut être battue en peu de
tems , ou darts -ies pays-qui cultivent diverfes'efpè-
ces de plantes, lefquelles, mûriffant à différens
tems, permettent quom les-égraine entièrement
fans qu’un travail nuife à l’autre; Les fermiers qui
sèment beaucoup de 'grains -dès que la moiflop eft
faite j emploient la plupart dës-i 'bras dont ils
difpofent pour préparer, les terres qu’ils doivent
bientôt enfemencerr Souvent même ils n’ont pas
le tems dé faire battre toutes leurs femenees , qu’ils
achètent en. partie ou en totalité. Les gerbes font
confervées dans les granges ou en: meules au dehors ^
& on les bat peu-à-peu dans l’aire qui eft toujours à
couvert, r-
Lorfqu’une grange a une certaine étendue, on ÿ
forme plus d’une aire. Chacune eft placée entre
une porte & une fenêtre, afin qu’il y ait un courant
d’air,- utile au grain battu', qu’dn.y. amoncèlé
quelquefois, î&à celui quieften gerbes dans lés deux
efpacês d’àrcôté. Cette pofition a encore un avantage
plus direél, le’eft de * favorifer le nétoiement
du grain, en enlevant, quand il fait du vent,: les
baies du bled qu’on crible,’ qu’on vanne ou qu’on
jette àda pelle. Les batteurs ont grand foin de profiter
de cette circonftance.
: Le fol de faire doit être dur, uni & fans cre-*
Taffes.ilfaut qu’il, offre un point de réfiftance aux
Coups du fléau , pour que les épis foient preffés en
tout fens ; il faut qu’il n’y ait pas de trous où la
pouffière s amaffe , & que lé grain ne puiffe pasfe
perdre. Il eft donc néceffaire de réparer lès parties
de l’aire qui ne feroient pas en bométât, ou de la
rétablir en entier, fi elleétoit trop dégradée.
? On choifit pour cette opération, un terasfec, & la
fai fon où les; granges font vides ;. on fouille la place
avec la pioche ou un autre inftrument;.on l’arrofe,on
la couvre d’une couche épaiffe de terre glaife, &à
fon défaut, d’une terre qui , ait du corps , & qu’on
a pétri auparavant, afin dé la réndrè un peu ferme;
Après l’avoir laiffé effuyer, on l’applamt avec un
cylindre pu un rouleau de pierre pefant, ou avec
une batte de bois. On l’enduit enfuite de boûze
ou de fang de boeuf, en quelques pays ; s ce qui
forme une croûte unie, & capable dé réfifter. Dans
le midi de la France, faire fe fait avec un mélange
de terre forte, de;marc.d’olives non falé,'&-de
paillé; le tout eft pétri enfemble,,étendu, battu &
enduit d’une couche de la même compofition. Quand
on fait avec foin faire d’une grange, elle peut;
durer long-tems, pourvu qu’on la préferve de la
pluie &.des volailles qui , grattent. Gelks qui fout
établies au dehors fe détruifent plus foùvem*Il faut
affeoir ces dernières fur un fol dur. Souvent, on
trouve des ‘emplaçeqiéns qui n’exigent aucun travail
& que des circonftancçs ont rendu propres à
Agriculture. Tome ï . tr J I .e Parti#*
faire utie aire. Le fermieT doit veiller à ce que le's
charrettes bu les cheVaux ne paffent pas pârdeffu9,
& à tenir le terreih des environs un peu plus bas-,
afin que la pluie n’y féjourne pas. Les aires qui font
à couvert ‘font préférables, & moins fujettes à fe
dégrader. Le grain qu’ôn y bat eft toujours plus'net.
? Il y a dès cantons , dans lé Forez, par exemple,
où faire eft formée de planché» de fapin de quatre
pouces d’épaiffeur. Elle a douze pieds de largéfuf
une longueur proportionnée à la largeur du bâtiment.
Les planches foutenues par dés poutres font
jointes cntr’ellcs à rainure. L ’ufage eft de placer
les granges fous les étables. L’airé doit être félide ;
afin" quelle fupporte les chars pleins-qui paffent
dèffus. Çette efpèce d’aire eft très-cOfnmbd'e ; elle
offre beaucoup de réfiftance: le grain s’y bat-aifé-
ment, & n’y contrarie point-d’ordure. On conçoit
qu’elle n’eft praticable que dans les pays où le
bois eft commun & i bon marché, comme dans
les montagnes du Forez. ( M. Va b b é T è s s i e r . )
A IR E , jardinage. C’eft une portion de ter-
rein defiinée 'à la promenade. Lorfqu’elle eft
bbrdée d’arbres, & qu’elle eft plus longue que
large , on la nomme allée; elle prend le nom
de fentieir lorfqu’eüe divife des plate-bandes où
des planches. C’eft une efpianade quand elle
accompagne une maifon ^ &c.
Les Aires fe conftruifent dans les jardins de
ville, avec des recoupes de pierre paffées à la
claie, ou avec les platras concaffés & Ieflivés ,*
dont on a retiré le fàlpêtre. On fc fert aufli
d’une efpèce de gravier dont on af extrait le
fablb fin & les plus 'greffes pierres. Dans les
jardins très-recherchés , on fait des efpèces de
mofaïqûe avec des cailloux arrondis de deux à
quatre ponces de diamètre , liés enfemble &
affujettis au fol par le moyen d’un cimenta
Pour que ces Aires foient praticables en tout
tems ; il convient non-feulement de leur donner
un : degré de pente dans leur longueur v biais
encore fur leur largeur , pour le plus prompt
écoulement des eaux. La pente, latérale ne doit
jamais être moindre d’un pouce par toife &
on peut lui donner jufqu’à cinq pouces ; mais
alors elle eft bien rapide, & devient gênante
pour les perfonnes qui fe promènent de compagnie.
Le terme moyen entre ces deux données
pàroît être celui qui convient le' mieux à l ’objet
qu’on fe propofe. Ces contre-pentès doivent con*
duire les eaux dans la direction de la ligne des
arbres , f î c’eft une allée, ou dans les maftjfs
qui bordent l’aire., iî c’efl une efpianade*
Quant à la pente fur la longueur , -elle eft
ordinairement déterminée parr la fituation gé->
l nérale du terrein ; mais.fi l’on eft libre de-ia former
à volonté, on d oit .s’attacher à la rendre prefque
infenfible. ; moins elle s’éloignera du > niveau ,
plu« elle fera commode pour, la promenade.
1 Six lignes de pente pan toife fuffifent à l’écoulement
des eaux fur une furféce battue & fabice ;
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