
UJage. L ’Arifloloche d’Efpagne pourroit être
employée avec fuccès dans les jardins payfagiftes,
fur les bordures des bofqcers ; fes tiges grimpantes,
dirigées fur des àrbiiffeaux voifins, pro-
dniroient des effets pitrorefques. Ses propriétés
& fes vertus doivent lui faire occuper une place
dans les écoles de plantes médicinales.
1(5. Ariflcloche a grandes feuilles. Cette efpèce
e f t fans contredit la plus belle de toutes celles
que nous poffédons. Elle forme un arbriffeau
làrmenteux, dont les tiges, qui font d’un beau
verd, grimpent & s’élèvent à plus de vingt-cinq
pieds de haut lorfquelles trouvent des appuis,
lans quoi elles rampent fur terre, à de très-
grandes diftances. Son feuillage eft touffu, d’une
verdure foncée; fes feuilles, en forme de coeur,
ont quelquefois plus d’un pied de large*, elles
tombent à la fin de l’automne. Les fleurs de
cet arbriffeèu, fans être éclatantes, ont une couleur
de pourpre noirâtre , mêlé de jaune , de
rouge & de brun, qui eft tout-à-fait particulière
; mais ce qui eft bien plus fingulier, c’eft
la figure de cette fleur, qui a la forme d’une pipe
chinoife avec fon couvercle. Dans les années
chaudes, & lorfque les pieds ont une certaine
force, il» produifènt des capfules qui ont à-peu-
près la figure & la groffeur d’une poire de blanquette.
Elles font remplies de femences plates qui
lèvent fort bien dans notre climat ; les racines
de ce bel arbriffeau, qui font traçantes & de
couleur jaune, ont une odeur aromatique fort
agréable.
Culture. Il aime les terreinsfablonneux, gras &
un peu frais*, il croît à toutes les expofirions, &
n’eft nullement délicat, lo^fqu’il eft un peu forr;
dans fa première jeuneffe , il a befoin d’être
couvert pendant les très-fortes gelées ; & lorfqu’on
n’en polsède qu’un petit nombre d’individus, il
eft prudent de les laiffer croître d’abord dans
des vafes, & de les rentrer dans les orangeries.
\jDn multiplie cette efpèce d’Ariftoloche de graines
de marcottes & quelquefois de boutures *, les i
graines doivert être femëes à l’automne, dans
des terrines placées en terre, à l’expofition du
midi, & couvertes pendant les gelées. Cependant
on peut auffi les femer, au prinrems fuivanr,
fur une couche tiède, à une expofirion garantie
du grand foleil; mais la première faifon eft préférable
dans l’un & l’autre cas. Il convient que
la terre de« femis foit compofée comme celle
des orangers, m»is de moitié plus légère. Les
-jeunes plants ne font guères en état d’être féparés
que la fécondé année*, il eft même prudent de
leur faire paffer le premier hiver dans l’orangerie
, près des croifées, & dans la place là plus
aérée. On peut en fui te, au premier printems,
& avant qu’ils ne pouffent, les repiquer au
plantoir, dans une plate-bande de terre meuble,
à i.ne fituarion légèrement ombragée. Dans cet
état, il fuflit de les garantir des hâles, en cou-
| vrant la plate-bande d’un fumier court,, & de
les arrofer quelquefois dans les grandes féche-
reffes. Lorfqu’ils commenceront à s’élever, on
leur donnera des tuteurs , auxquels on attachera
leurs tiges à mefure qu’elles croîtront *, à l’automne,
on ôtera les liens qui ks retiennent
& on les couchera fur terre pour les couvrir
plus aifément pendant les gelées. En tenant ces-
arbriffeaux quatre ou cinq ans en pépinière,
ils feront allez forts pour être mis en place,
à leur deftinarion-, mais il faut avoir foin, lorfqu’on
les lève de terre, de cafter le moins dé
racines qu’il eft poflible, & fur-tout, de ne pas
les laiffer trop long-tems fans les planter, parce
que les racines, qui font d’une fubftance molle
& peu ligneufe , font très - fufceptibles de fe
deffécher promptement.
La voie de multiplication, par les marcottes,
eft plus expéditive. On prend du bois de deux
ans fur lequel on fait une incifion comme pour
les oeillets, fans qu il foit befoin de ligature.
Lotfqu’on les fait au printems, elles ont des
racines à l’automne, & on peut les lever au mois
de mars fuivanr.
Les boutures peuvent fe faire dès l’automne,
ou à la fin de février, avfcc de jeunes branches
bien aoûtées. On les coupe à quatre yeux de
longueur, & on les enterre à la profondeur de
trois, dans une plate-bande de terre meuble &
fraîche, à l’expofirion du plein nord; fi le tems eft
fec, & qu’il foit accompagné de vents froids,
il fera bon de couvrir les boutures d’une légère
couche de moufle fraîche & de paillaffons.
UJage. Ce bel arbriffeau peut fervir à la décoration
de'toutes fortes de jardins *, il peut tapifllr
des murailles, former des tonnelles, décorer des
rochers, & fournir des guirlandes très - pitro-
refques. Malhenreufement il ne fe trouve pas
encore chez beaucoup de marchands, mais il eft
à préfumer qu’il fera, bientôt plus commun &
plus multiplié qu’il ne l’eft aujourd’hui; '
1 9*. Arifloloche Tiériffèe. La racine de cette
efpèce eft longue, épaiffe, charnue & Iigneufe ;
elle pouffe chaque année, de fon coller, plu-
fieurs tiges, longues d’environ deux pieds*, qui
font couchées fur terre*, fes feuilles cordiformes,
terminées en pointes, font très-velues & affez
grandes. Dans le courant d’août.» elle produit
des fleurs verdâtres à l ’extérieur, & de couleur
purpurine, mêlée de taches jaunes dans l’intérieur.
Leur forme eft celle d’une- S. ; à ces fleurs
fuccèdent des capfules où font renfermées les
femences*
Culture. Cette efpèce, apportée de Pifle de Scip,
par Tournefoft; s eft conlervée pendant long-tems
au Jardin du Roi ; on l’y cultivoit en pot, &
chaque hiver on la rentroit à l’orangerie*, elle
craignoit 1 humidité pendant cette faifon , &
demandoit l’expofirion la plus chaude pendant
l’été j c’eft tout ce que nous favons de fa'Culture*,
Miller dit que cette plante peut fe cultiver comme
lès efpèces n05. 2(5 & 27. Wons n’ofons pas
1 affurer; la différence des climats où croiffenr
ces plantes, nous paroîtroit en indiquer une dans
leur culture. '
V * Anjhlsjche ferpentaire. Cette plante, célèbre
en médecine, a pour racines un faifeeau de
filamens longs & très - menus, qui donne naiffance
chaque année à des tiges grêles’, foibles & fans
foutien, qui n’ont pas plus d’un pied de long.
Ses feuilles ont la forme d’un coeur ôblong, de
grandeur moyenne & d’un vert pâle j fes fleurs,
qui font d’un pourpre foncé , paroiffent en
juillet ; elles viennent vers la bafe des tiges, &
furI le collet de la racine: il leur fuccède des
capfules arrondies, qui mûriffent quelquefois en
Europe.
Culture. Cette plante, qui craint les fortes gelées,
fe confervè ordinairement dans des pots qu’on rentre
1 hiver à l’orangerie. Mais il eft plus convenable
de la mettie en pkine terre, dans une plate-
bande de terre meuble, fablonneufe & fubftan-
tielle, à l’expofition du midi. L ’hiver, en l’abritant
<iun o chaffis qu’on couvre plus ou moins de
paille, on la garantit des gelées, & fur-tout
de l’humidité, qui lui eft beaucoup plus nuifible
lorfqu'elle n’tft pas en végétation j par ce moyen,
on obtient des fleurs & fouvent des graines bien
aoûtées. Cette plante fe multiplie par le moyen
de fes graines, qui doivent être femées en pots
à l’automne, & palier l’hiver à l’abri de la
gelée, fous des chaffis; elles lèvent dès le mois
de février; au printems, on les tire des chaffis
pour les mettre fur-une couche tiède, à l’air
libre & à l’èxpofition du levanr, & on les garantit des
coups de iolf.il : du midi. Pendant les grandes
chaleurs, lés arrofemens doivent être légers &
fréquens*, mais, lorfque la végétation ceffe, il faut
les modérer, & les fupprimer tout-à- fait quand
les fanes de cette plante font defféchées. Le jeune
plant doit être repiqué lorfqu’il eft affez fort,
dans des pots, ou en place fous des chaffis, comme j
nous l’avons dit ci-deffus.
Ufage. Les vertus & les propriétés de cette
efpèce doivent lui faire occuper une place diftin-
guée tîans les jardins de plantes médicinales,
mais elle y eft encore fort rare à caufe de fa
délicateffe. On pourroit la cultiver avec fuccès
dans les provinces méridionales, de la France &
fans beaucoup de précaution; ce qui offriroit une
nouvelle branche de commerce pour ces pays.
22. Arifloloche en arbre. Suivant Miller,, cette
efpèce a fes tiges droites, un peu ligneufes, &
permanentes j elle s’élève à deux pieds de haut
environ. Ses feuilles font oblongues, en forme
oe coeur*, fes fleurs, qui font folitaires, fortent
des aiffelles des feuilles.
Culture. On cultive cet arbufte, foit en pleine
terre, à une expoûtionchaude, foit dans des pots,
à l’érangerie, de la même manière que l’efpèce
précédente.
Nota. Quelques Botaniftes ont regardé cette
plante comme une variété de l'Ariftoloche ferpentaire,
mais elle nous a paru devoir confiimcr
une efpèce, & en cela , nous fuirons le fenri-
ment de Linné & de Miller, qui lui ont donné
le nom d’A r isto lo ch ia arborefeens..
23. Aiifloloche glauque. Les tiges de cet erbufte
font longues d’un pouce & demi à deux pouces,
grêles , farmenteufes, entrelacées les unes dans
dans les autres, & couvertes de petites feuilles
cordiformes & permanentes, d’un vert glauque 3
il produit, pendant l’été, de petites fleurs violettes
foncées, qui ne font fuivies d’aucun fruit
dans notre climat.
Culture. Cet arbufte eft un des plus rufiiques de
ceux qui fe cultivent 1 hiver dans les orangerie«. On
le tient dans des pots qu i, dans tout autre tems,
reftent à l’air libre*, il faut feulement avoir foin
de le mettre à l’çxpofition la plus chaude, &
de lui donner une ferre à oranger, mélangée avec
un quart de terreau de bruyère. Il aime affez
les arrrofeméns^ pendant l’été , mais l’hiver, il
faut les lui adminiflrer fobrunent. On multiplie
cette efpèce par le moyen de fes drageons enracinés.
La faifon la plus favorable pour les féparer
eft^ le prinrom. On les plante dans des pots
qu’on place fur une couche tiède, jufqu’à ce que
les jeunes pieds commencent à poutfer. Nous
avons tenté plufiturs fois de mettre cet arbufte
en pleine terre; mais il y a roujours péri, malgré
! les précautions qu’on avoir eu de le couvrir ,
même pendant les hivers les plus modérés*, peut-
être qu’en le mettant fous des chaffis, comme
les deux efpèces précédentes, on parviendroic
à le conferver & à le faire fructifier.
Ufage. Il peut figurer fur les gradins des
orangeries pendant l’hiver, & l’été, dans des
platcs-bande d’arbuftes curieux. La couleur de
ion feuillage eft affez fingulière, & produit de
la variété.
24. Arifloloche toujours verte. Les racines de
cette efpèce foi ment un faifeeau chevelu de
fibres déliées & odoranres; elle pouffe des tiges
foibles, rampantes & longues d’environ un pied;
fes feuilles, quelle conferve toute l’année, fonc
en forme de coeur, petites, alongées, & d’un
vert foncé. Dans le courant de l’été, elle produit
des fleurs d’un rouge obfcur, peu apparentes ;
noijs ne l’avons point encore vu donner des
fruits en Europe.
Culture. Çer arbufte fe cultive & fe mu! t i pl ie comme
le précédent; il eft cependant un peu moins
délicat, puifqu’il paffe les hivers doux en pleine
terre, avec des précautions. Cependant il eft plus
prudent de le conferver dans une orangerie ou
fous des chaffis; il peut auffi être employé aux
mêmes ufages.
25» Arifloloche crenulee. Celle-ci eft une plante