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pléer û la chaleur quil auroit reçue de fa mere,-
en couchant auprès d’elle. Dans les premiers
rems , on le fait boire quatre fois par jour,
enfu'te trois ou deux fois, jufqu’à ce quil puiffe
mnnger de 1 herbe. On a l’attention de ne point
élever trop le biberon , parce que, s’il paffoit du
lait dans le cornet , 1 animal fe.roit fuffoqué.
Pour tromper une brebis qu’on veut déterminer
à nourrir un agneau à la place du fien, qu’elle
a perdu, il fuffit de frotter celui-ci contre l’agneau
qu’on lui fubftitue.
J1 arrive fouvent qu’un 'agneau fort dérobe
le lait d’un agneau faible, èn tettant d’abord la
mere de celui-ci & la benne enfuite } c’eft une
des caufes très-communes de mortalités parmi ces
jeunes animaux , & qui exige toute la vigilance
du berger. 11 doit connoître chaque agneau &
di que mere. Le moyen de remédier à ce mal,
eft de mettre à part tous- les agneaux foibjes,
de rrier,au retour des champs, leurs meres pour
les leur donner.
Si le pis de la mere eft recouvert de laine,
l’agneau la faifit au lieu du mammelon, il l’arrache
ot l’avale y elle forme dans fon quatrième eftomac,
appellé caillette des pelotes, qu’on prend pour
des gobes , & qui , bouchant le paffage des
alimens, caufent la mort. On doit donc la couper
avant de le Iaider tetter. Le même accident a
lieu lorlque les râteliers des bergeries font très-
élevés y il en tombe des épis de bled, ou des,
bourres de foin , qui s’engagent dans les toifons.*
Les agneaux , en voulant les manger7, avalent
en même tems des filamens de laine ; on évite
cet inconvénieut en tenant les râteliers bas.
Le plus ordinairement, fans qu’il foit befoin
qu’on s en mêle , l’inftinél foui engage la brebis
à lécher fon ‘agneau pour le lécher lorfqaii.
vient de naître. Le même inflinét porte celui-ci;
à aller-chercher le pis de fa mere , qu’il tettê
aulfi-t6t , pour -continuer enfuite chaque fois;
qu’il a faim. S’il n’en étoit pas ainfi, le berger
jereroi fur l’agneau un peu de fol ou de fon }
ce qujt engageroit la mere à le lécher. Les
brebis , qui agnelent pour la première fois y
font plus fujettes que les autres à négliger leurs
agneaux. .Quand l’agneau ne va pas au pis de
fa mer e , ou quand il-eft rebuté par elle , comme
il arrive quelquefoison fen approche , on lui
exprime du lait du mammelon dans la gueule, &
on contient la mere , qu’on fëpare du troupeau
pendant quelques jours, pour la laiffer accoutumer
avec fon petit.
11 y a des agneaux qui commencent à manger
à ,l’auge ou au râtelier , -& même à brouter de
Iherbe dès l’âge.de dix-huit, jours } alors on peut
le’ur donner différens aliüien*. M. Daubenton,
dont j ’emprunte [ * j une partie de ce que contient
i&ë Tuflruaion pour le* bergers troupeaux. & propriétaires de
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cet article, confeille de leur mettre dans des
auges , de la farine d’avoine feule ou mêiée de
fon , des pois tendres, qu'on fait crever dans
l’eau pour les attendrir davantage, & qu’on joint
à du lait ou à de la farine d’avoine ou d’orge,
& de l’orge ou de l’avoine en grain , du foin
très-lin, de’ la paille battue deux fois pour
l’adoucir, du trefle , du lainibin fec , des gerbes
d’avoine*, en Beance, on leur fait bouillir 8c
crever du froment dàns l’eau. Quatid un agneau
ne fe détermine pas à manger de lui-même dans
l’auge, on lui en approche la gueule, & avec les
doigts on ÿ introduit de la nourriture , il ne
tarde pas à y être habitué. On remarque que le
fon feul donne aux agneaux trop dç ventre , 8c
8l que la farine d’orge les dégoûte, parce qu’elle
relie entre leurs dents. L ’avoine paroît êrre la
nourriture qui, dans ces commencemens, leur
convient le mieux. Au relie, ce ne font là que
des confeils généraux, 8c on ne peut en donner
d’autres *, car chaque propriétaire de troupeaux
doit calculer d’après-ce qui lui coûte le moins, it
chofes égales, & d’après ce qu’il peut le procurer
le plus facilement. On doit éviter^ de tenir les
agneaux trop chaudement *, on doit les laiffer
lortir de tems en tems auprès de la bergerie ,
pour les fortifier.
Dans les pays où la terre eli de nature à fe
durcir •& à s’attacher à la queue des agneaux, ii
eli néceffaire de leur en couper l’extrémité, car
les pelotes de terre dure leur frappant les
jambes à coups redoublés, lorfqu’ils font en état
d’aller aux champs, ils précipitent leur marche
& on ne peut les arrêter. On leur fait cette
opération par un tems doux , à lîx femaines ou
deux mois, ou l’automne fuivant. Elle conlilie à
retrancher le bout de la queue entre deux .osÉ
& à appliquer à l’endroit coupé, ou de la cendre
foule, ou de la cendre mêlée de fuif. Les bergers
Espagnols coupent la queue à tous leurs agneaux y
j ’ai vu faire cette opération par ces bergers à
la ferme du ro i, à Rambouillet *, ils prennent
chaque agneau entre leurs jambestiennent la
queue d’une main, & de l’autre la coupent avec
un couteau . .à trois ou quatre pouces de fa naif-
fonce , en forte que toutes les bêtes à laine
Efpagpoles font écourtées y ce qui leur donne de.
la difformité. Ils n’appliquent rien à l’endroit de
la foéüon, & l’animal n’en reçoit {»s la moindre
incommodité. II eft bon auffi d’ôter la laine de
la queue & même des feffes, lorfquelle eft chargée
d’ordures , qui pourvoient caufor des démen-
geaifons & la gale.
Le tems indiqué par la nature pour fevrer les
agneaux, eft celui où les brebis n’onr plus de lait, &
où elles commencentàentrer en chaleur. Alors elles
les repouffent elles-mêmes, & leur font perdre l’ha-
habitude de tetter. Les agneaux s’en dégoûtent aufli
quelquefois , lorfqu’on les mène dans de bons
pâturages* Ceux qui font nés à la fin de février >
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au au commencement de mars , peuvent être
fevrés vers le premier mai*, c’eft-à-dire, à deux
mois. On Jaiffe tetter plus long-tems ceux cjui
naiffent plutôt , parce qu’il faut attendre qu ils
trouvent aux champs de bonnes herbes *, on fait
que, dans certains pays, elles pouffent tard *, il y
a des gens qui ne fevrent les agneaux qu’au tems.
de la tonte *, alors les meres ne" les. reconnoiffent
plus, & réciproquement.-
Pour fevrer les agneaux , on les éioigneje
plus qu’on peut de leurs meres , afin qu’ils
n’entendent plus les bêlemens les uns. des autres y
on met avec eux quelques vieilles brebis , qui
les couduifont aux champs > & les empêchent de
s’écarter. Dans les pays privés de prairies naturelles
, on en fait d’artificielles en treffie , ou
mélilpt , ou rai - graff , ou vefee , ou pois ,
qu’on defiine aux agneaux. On a propofé, pour
fevrer les agneaux, fans les féparer de leurs meres,
d’attacher à chacun une forte de caveffon ou
mufelièreaffez lâche pour leur permettre dé manger,
& garni fur le nez de piquans *, la brebis, dans
ce cas , ne manqueroit pas de repouffer fon
agneau. Mais indépendamment de ce que les piquans
pourroient bleffer les meres, cette manière de
fevrer les agneaux, exigeroit trop de foins dansr
un nombreux troupeau} il eft préférable de
féparer les brebis des agneaux.
On eft dans l’ufage , en quelques cantons, de
traire les brebis qui allaitent, pour employer ce
lait à faire des fromages. On fruftre p a rtia le s
agneaux d'une nourriture qui leur appartient &
qui eft propre à leur âgé. Lorfqu’on y fuppléé
par d’autres alimens , ils en fou firent moins,
mais ils en fouffrent toujours, & je ne vois pas
ce qu’y gagne le propriétaire} car, pour remplacer
ce lait , il eft obligé de donner aux agneaux
des grains qu du fourrage qui ont une valeur.
Si ce retranchement fo fait fans y rien fubftituer,
on n’a que des agneaux foibles , fufceptibles de
beaucoup de maladies, qui en font périr un grand
nombre} l’efpèce de ceux qui fëfifte eft petite
& peu profitable. En Sologne , où ce dernier
abus a lieu, on croit dédommager les agneaux de
la nourriture naturelle qu’on a la cruauté de
leur enlever , en les mettant au printems dans
les meilleurs pâturages. Tout le pays étant frais
& humide, ils contractent une forte de pourriture,
qui , tous les ans :, en moiffonne au moins la
quatrième partie.
On ne garde, pour former un troupeau, que
les agneaux vigoureux , nés de meres qui font
faines, & dans la force de l’âge. On vend ou
on mange les agneaux des jeunes & des vieilles
brebis, ou. de celles qui ont quelque incommodité.
On lit dans l’ancienne Encyclopédie, qu’il ne
faut pas laiffer prendre aux agneaux le premier
lait de leurs meres, parce quil eft pernicieux.
Cette affertion n'eft appuyée d’aucune preuve }
elle mérite d’autant moins de confiance, que le
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premier lait de tous les animaux a toujours une
qualité proportionnée à la foibieffe & à 1 état
de leurs petits. .
J e crois ne devoir parler du tems & de la
manière de châtrer les agneaux mâles & femelles,
qu’à l’articlp de mouton & moutonne.
La chair de l’agneau eft regardée comme un
mets délicat qu’on fort aux gens riches } toutes
fos iffues en font fort recherchées pour des. ragoûts.
Si on ne tuoit que les plu s ^ foibles, la^ multiplication
des bêtes à laine n’en fouffriroit pas}
mais il y a des fermiers qui ffélèvent des agneaux
que pour les vendre avant qu’ils foient fevrés.
Leur peau, préparée par les Mégiftiers, avec la
laine , ou la laine féparée de la peau , fàit^ des
fourrures très-chaudës.' Il eft défendu dé 1 employer
dans les fabriques d’étoffes, parce qu'elle
n'a pas affez de force. On peut en faire des
chapeaux.
L ’agneau de lait a la chair blanche *, s il a
' brouté , elle ne l’eft plus. Pour qui! foit bon,'
il doit être gras. ( M. l’abbé T e s s i e r . )
AGNEAU de Scythie ou de Tartarie, A g n u i,
Scythicus. ■ t
On donne ce nom à la racine d’une plante de
la famille des F ou-geres qui paroît être du genre-
des Polypodés. Des charlatans ont imaginé de lui
donner la figure d’ùn animal dont ils racontent
des chofos merveilleufos qui nont pas plus, de
fondement que de vraifomblance. Nous ne con-
noiffons point cette efpèce, mais nous en con-
noiffons plufieurs dans le genre des Polypodés y
dont-les racines fe prêteroient aifément à recevoir
la même configuration. M. T h o v i w. )
AGNELER , Te dit d’une brebis, qui fait des
agneaux. Une b r e b is e ji prête. a a g n e le r , u n e
b r e b is a a g n e lé . Brebis- (M .U a b b e T e s s i e r .)
AGNELEMENT, fonction par laquelle une
brebis eft en travail pour agneler, ou mettre bas
fon agneau. Voy. Brebis. [ l û . V abbe T e s s i e r . )
AGRAFFE eft un ornement qui fort à lier deux
figures dans un parterre } alors il peut fo prendre
pour un noeud. On peut encore entendre par le
mot agraffe ,- un ornement qü’on attache & qu'on
colle à la platte-bande d’un parterre pour n’en faire
paroître que la moitié qui fe lie & forme un tout
avec le refte de la broderie. (K) ( M. T iiouin. )
AGRAVÉ, aggravé, sagraver, engraver. Ces
expreftîons dans lès auteurs de Médecine vétérinaire
font confacrëes pour défign.er une,maladie
des chiens. Un chien agravéeft celui dont lés pieds
fatigués par une longue marche pendant une
grande féchereffe ou dans, les terrains fàbîeux &
pierreux ou pendant la neige & les glaces,’ font
devenus rouges, douloureux , crevaffés, il s’y
forme quelquefois fous la foie dès cloches', où il
en fuinte une humeur féreufo & l’ergot tombe.
Mais ce ne font pas les chiens feul s > qui font
fujets à s’agraver. Le cheval , le mulet , l’âne ,
le boeuf, quand ils font mal ferrés, ou quand ils