
53S A N D
* çartes. La terré rouge eft prefque aufli difficile à
pénétrer que Je tuf lui-même. Elle efl <î peu féconde,
que quand on l’amène en grande quantité
à la fnperficie, les champs font comme frappés
de flérilité. 11 n*y a qu’une abondance d’engrais &
des labours répétés, qui puiflent les rétablir.
Les labours fe font à plat, & jamais par filions.
Il efi rare que les terres foient noyées d’eau. Elle
y «ft prefque auflî-tôt abforbée. Avant de femer
. les fromens, oti donne trois façons 3 une ou deux
fuffifent pour l’orge & l’avoifte. La charme n’enfonce
pas à plus de fix pouces. On enterre les grains
à la herfe; on les farcie à la main, on roule fur-
tout les avoines & les orges, afin de faciliter le
fauchage',’ & de réchauffer les racines. Les terres
labourées & prêtes à être enfemencées, font travaillées
comme les planches d’un potager 3 on sème
à la main avec une grande égalité. Les cultivateurs
ne font pas fans préjugés & fans routine,
mais ils font intelligcns & adonnés à. l’ob-
fervation.
Les terres de la paroiffe, appartenantes prefque
foutes au feigneur, font en ferme de 300 arpent,
l’arpent de 100 perches, à 22 pieds la perche. Il y a
peu de petits propriétaires. 11 n'y a guères que quinze
à dix-huit ans qu’on fait parquer les bêtes à laine ,
à Andonville, & même dans le canton. Un feul
fermier des environs parquoit alors depuis quinze
ans.. Peu-à-peu l’ufage s’en efl introduit, de ma*
ni ère qu’on parque quelquefois même furies champs
enfemencés en froment, quand il a pouffé des
feuilles. Le parcage fume une partie des terres 3
les fumiers de cour, compofés de celui des chevaux
, des vaches & de quelques cochons, efi l’engrais
le plus abondanr. 11 faut y ajouter le fumier
de bergerie, fait en hiver, Ja fiente de poules &
de pigeons, qu’on ne confond pas avec les pré-
cédens, & qu’on répand à part dans les terres
où ces engrais conviennent.
Les plantes qu’on cultive à Andonville, font le
feigle, le froment à épis blancs, fans barbes, grains
dorés, tige creufe, ou fa variété à épis rouges,
& quelques barbus roux ou blancs, à barbes divergentes,
l’avoine à grains épars, bruns ou roux,
ou gris , l’orge difiique, les pois verts gros, les
pois gris à brebis, la vefce brune, les lentilles,
la moutarde jaune, & , depuis quelques années,
les gros navets. Le fainfoin efi la feule bonne prairie
artificielle qu’on puiffe y cultiver avec avantage.
On l’y multiplie beaucoup maintenant.
Les fromens ne s’élèvent pas haut'. Ils atteignent
rarement plus de quatre pieds. L ’avoine y
paroît belle, quand ellé en a trois, & l’orge,
deux & demi. La hauteur du fainfoin varie depuis
un pied jufqu’à deux, &c.
Les meilleures terres du pays rapportent jufqu’à
fix à fept fetiers de froment, mefure de Paris,
par arpent 3 les mauvaifes n'en donnent que
trois ou deux. Le produit moyen efi d’environ
quatre fetiers. Le froment a de la qualité. Les
A N D
boulangers de la ville d’Etampes le recherchent;
J e n’entrérai pas dans plus, de détails fur l’état
de l’Agriculture d’Andonville 3 ce que j’en ai dit
fuflir pour donner une idée du lieu fjfe l j’ai fait
un grand nombre d’expériences & d’obfervations.
Celles qui' ont pour but les progrès de l’Agriculture,
ne pouvoient être faites dans un pays plus
favorable. Terrein médiocre, culturefimple, engrais
commun, plaine découverte , latitude tempérée,
Andonville m’ôffroit tous ces avantages.
On fàvoit depuis long-tems que la lumière avoit
une influence fur. les végétaux 3 mais on ne l’avoit
pas calculée, & perfonne n’avoit examiné jufqu’à
quel point les diverfes modifications de la lumière
naturelle ou artificielle, pouvoient produire fur
les plantes des effets analogues à‘ ceux de ,1a lumière
directe du. jour. C’efi à Andonville que j’aî
cherché à éclaircir ces points. Les expériences;fort
consignées dans les Mémoires de l’Académie dés
Sciences, année 1783.
Un traité des maladies des grains, que j’ai publié
en 1783, n’eft prefque formé que d’expériences
& d’obfervations faîtes à Andonville. Il
en efi de même d'un Ouvrage imprimé en 1782,
fous ce titre : Obfervations fu r plufièurs maladies
de befliaux, * & fur - tout’fu r celles qui font occa-
fïonnées par les conjîruBions yicieufes des étables»
On trouvera dans les fermes'd’Andonville les
principes, que j'ai établis,mis à exécution. Les
étables y font commodes, & aérées fufïifamment,
quand les fermiers y veulent tenir la main. Ceux
des environs fe font aufli déterminés à ouvrir des
fenêtres, dans leurs écuries, vacheries & bergeries.
Cette pratique s’eft étendue déjà fort loin dans la
Beauce & dans i’Orléanois.
Les Mémoires de la Société de Médecine contiennent
plufièurs objets relatifs à des expériences
faites à Andonville3 entr’autres, un Mémoire qui
conflate l’influence de diverfes graines fur la qualité
du pain des habitans de la campagne, un autre
fur des avortemens épizootiques contagieux 3 un
autre fur les avantages qui réfultent des migrations
de troupeaux d’un pays dans un autre, un autre
fur l’inoculation de la clavelée, &c.
J e continue à Andonville des recherches commencées
depuis long-tems^* i.° fur l’opinion qu’on
doit avoir de l’ufage où font les fermiers de re-
nouveller, tous Jes trois ou quatre ans, leur froment
de femence 3 2.0 fur-la quantité de femence
qu’il convient de répandre dans un terrein connu 3
3,0 fur les manières les plus fûres de préferver
les fromens & autres grains des maladies auxquelles
ils font fujets, &c.
Le projet de faire le tableau raifonné de l'Agriculture
françoife , a été formé à Andonville,
où j ’avois commencé à l’exécuter , lorfqu’il a plu
au Roi de me donner des ordres pour l’étendre
& >e continuer à Rambouillet. Quoique j ’aie établi
y dans ce dernier lieu, la plu*s grande partie
de mes expériences / je ne cgfle point d’en faire
| Andonville, avec^d'autant plus de raifon, que
fe fol érant différent de celui de Rambouillet , je
me procure par-là des points décomparaifon utiles.
Depuis plufièurs années les. feigneurs d'Àn-
donville & des lieux voifins , ont penfé qu’il
leur feroit plus profitable de planter en bois
les mauvaifes terres, & de ne laiffer à leurs
fermiers que les bonnes à cultiver. Si cette opinion
raifonnable prévaut, comme on doit s’y
attendre, tout le monde y gagnera. A la vérité ,
on n’y élevera jamais de futaie, & il ne faut compter
que fur des taillis." Dans les bonnes veines de
terre, le chêne pourra encore réuflir. Les bois
qui conviendront lef inieux * feront le bouleau , le
imrfaut, le noifetier, le châtaignier dans qutlques
endroits, l’épine blanche & la charmille 3 quelque,
peu avanrageufes que foient les coupes de ces
bois en tailiis, les champs où ils feront plantés
auront plus de valeur qu’enfemencés en grains. :
Les fermiers ayant des exploitations plus bornées,
& pouvant porter tous les engrais fur des terres
fertiles, auront des récoltes aufli profitables &
moins de frais à faire 3 enfin Je payfan aura plus facilement
du bois pour cuire fes alimens. Il fe formera
des bûcherons ,*& par eonféquent il y aura
des reffources «de plufièurs genres.
La terre d’Andonville contient environ 20C0
arpens, dont 100 en bois, remiles & allées, le
refte efi en terres cultivées. Les hôis, & remifes,
dans lefquels on laiffe peu de balivaux, font par-
ne en chêne, partie en bois mêlés, tels que ceux
que j ’ai indiqués, comme les plus convenables au
fol. < 7
Les terres sèches étant peu favorables aux plan-
tations:d’arbres étrangers, on trouvera feulement
à Andonville quelques catalpas, des bouleaux à
canot, des vernis, des érables à bois jafpé, des
cèdres rouges, &c. Les avenues font formées d’er-
ffies, parmi lefquels il y en a de rortillars, de.
peupliers blancs, dits grifaille s , ypréaux, blancs
d’Hollande , de peupliers d’Italie, de peupliers
du Canada, de ficomores, de faux acacia , de
merifiers,. même à fleur double', de forbiers des
oiféleurs. Les bbfquets.du château offriront quelques
melezes, quelques pins, du bois de Sainte-
Lucie,, &c. On fe propofe d'enrichir le'pays des
arbres & arbuffes agréables & utiles, que le ter-
rein permettra d’y planter. ( M . l’Abbé T e s s i e r . )
A N D R A C H N É , A n d r a c i i h e .
Ce genre de plante fait partie de ceux qui com-
pofent la famille des E u p h o r b e s . Il ne renferme
que deux.efpèces étrangères à l’Europe , iefquelîes
n ont d'autre mérite que d’occuper des places dans
les jardins de botanique.
Efp'eces.
1. Andrachné à feuilles de télèpheou de Grèce.
•d-NDHAciiNE telephioidcs. L. 2X d’ Italie & du
Levant* . . .
1. A n d r a c h n é à t ig e lig n e u f e .
A ndrachné frùticofa. 1 L.
2. B. A n d r a c h n é ligneufe androgyne.
Clutia androgyna. L. ïj de- l’Inde.
J. L A n d r a c h n é de Grèce efi une petite plante
qui rampe fur la terre, dans la circonférence d’environ
un pied 3 fes tiges font rameufés & couvertes
de petites feuilles ovales, d’une verdure glauque.
Ses fleurs font blanches & fort petites 3 elles viennent
dans les aiffellés des feuilles, vers l'extrémité
des rameaux. Il leur fuccède des capfules qui renferment
des femences d’un noir luifant, & qui mû*
riffent vers la fin de l’été.
Culture.
Cette plante fe multiplie par fes graines, qui
doivent être femées au printems, dans des pots
remplis d’une terre douce & légère, & placés en-
fuite fur une couche chaude. Si les femerîces font
bonnes, „.elles lèveront dans l’efpace d’un mois,
& le jeune plant fera affez fort pour être repiqué
vers la mi-juin, en pleine terre, ou dans des pots.
Cette plante aime une terre légère & sèche, & une
expofition chaude. Lorfque le terrein lui efi favorable,
il arrive fouvent que les femences qui
tombent à terre à mefure quellesmûriffent, lèvent
au printems fuivant, fans aucune préparation. Mais,
pendant l’hiver , lorfque les gelées font à.huit
ou dix degrés, elle périt en pleine terre, fi l ’on
n’a la précaution de la couvrir de matières fèches 3
& c’en pour cette raifon qu’il efi convenable,
dans les pays froids, d’en cultiver quelques individus
dans des pots qu’on rentre pendant l’hiver
à l’orangerie.
Hijlorique. Cette plante efi une de celles que
Tournefort a trouvé en Grèce, & qu’il a rapporté
au jardin du Roi, d’où elle s'efi répandue dans
les diverfes écoles de botanique de l’Europe.
2. A n d r a c h n é à tige ligneufe. Suivant Miller,’
cette plante croît naturellement à la Chine & à la
Véra~Crux,dans la nouvelle Efpagne, où elle s’élève
à la hauteur de douze à' quatorze pieds. Les
branches font garnies de feuilles pointues, unies
& en forme de lance. Les fleurs naiffenr fous les
feuilles 3 elles font portées fur des pédicules affez
longs1, & penchés vers la terre. Les fleurs mâles,
ainfi que les fleurs femelles, font petites, & d’un
blanc herbacé. Lorfque ces dernières fe trouvent
placées à une trop grande diftance des premières
, il efi rare que leurs capfules - renferment
de bonnes femences, quoiqu’elles paroif-
fent fort belles à la vue 3 ce qui en a impofé à
plufièurs perfonnes, qui, après les avoir femées,
ont été étonnées de ne point les voir lever.
Culture. Cette efpèce efi fort délitàte 3 elle exige
beaucoup de chaleur, & craint l’humidité pendant
l’hiver 3 lorfqu’on peut s’en procurer de
bonnes graines, il faut les femer au printems,
dans des pots que Ton place fur une couche chaude,
Yyy i