
é $ 6 A S P
gers des gens riches & même des gens aifés. La
confommation qu’en font les villes, fur-tout les
villes d’une certaine étendue, eft fi confidérable,
quil y en a des cultures en grand dans leurs environs.
Efpeces àd Afperges cultivées.
Les Bofanifies nereconnoiffent qu’une feule efpèce
d’Afperge cultivée *, c’eft le n.° i du Diélion-
naire de Botanique; Ajparagus fativa , de Tour-
nef. Afparagus cfficinalis, Lin. Ils regardent comme
variétés, celles entre lefqüelles le Cultivateur
établit des différences. En effet, elles ont le
même caraélère dans lés parties de la ffunification.
Ce n’efi que par le plus ou moins de
groffeur qu’on peut les diftinguer.
M. le Chevalier de la Mark comprend
trois variétés fous le nom d’Ajperge cultivée ;
favoir, [’-Ajperge commune des jardins } la große
Ajperge , & Ÿ Afperge maritime. Il croit que cette
dernière, perfectionnée par la culture, a produit
l’Afperge commune-, celle-ci encore mieux cultivée,
& dans de meilleurs terreras, pourroit
bien avoir donné lieu AJa groffe Afperge. M. T Abbé
Rozier (Cours complet d’Agriculture) les fait
defeendre toutes’trois de l’Afperge fauvage. Il en
donne une filiation probable , mais qu’on ne peut
garantir. Selon lu i, ce l’Afperge fauvage, AJpa-
aragus Jylvtfiris, de Bauhin, qui croît naturel-
35 lement dans les ifles fablonneufes du Rhône,
>5 du Rhin, de la Loire, a fourni, par fuceeffion
35de tems, & parles ferais, l’Afperge commune,
35 ou Afparagus fativa. La femence de celle-ci,
*5 & même de la première > cliariée par les eaux
»5 des fleuves & des rivières > à la mer, &
35quelle a enfuite rejetée fur Tes rivages, a
>3 produir l’Afperge maritime , ou Afparagus
n maritima. Comme le terrein fablonneux des
3 > bords de la mer eft fans ceffe recouvert par
35les débris des plantes, des animaux qu’elle re-
35 jette, il s’y eft formé un terreau, un fol plus
.3 5 fubftamiel, & encore plus analogue à la bonne
35 végétation de l’Afperge -, dès-lors celle-ci eft
35 devenue plus groffe dans fa racine*, fes feuilles.
35 ont été plus épaiffes, & fa tige mieux nourrie.
35 Afparagus altilis. Voilà la feule différence qui
.35 exifie entre tontes les trois. Les riverains ont
35 cueilli la graine ; ils l’ont tranfportée dans
>5 leurs jardins, où le travail & les engrais ont
35 ajouté au premier degré de perfection que la
35 plante avoit acquis fur les bords de la mer. >5
Quoi qu’il en foit, on peut réduire à deux
fortes les Afperges cultivées , à la commune &
à h große. La commune , eft celle d’Allemagne &
de beaucoup de pays de France; par exemple,
de Belleville, d’Auber vil] iers, dans les environs
de Paris, d’Orléans, &c. La groffe, eft l’Afperge
des jardins, ou celle de Hollande, de Marchienne,
de Darmftai, de Pologne, de Strasbourg , de Be-
fançon, de Vendôme, &c. Rien n’eft moins com-
A S P
mode que cette manière de diftinguer les plantes
potagères par les noms de pays, parce que plu-
fîeurs pays peuvent cultiver la même forte, comme
un feul peut cultiver plufieurs fortes, plus ou
moins avantageufes les unes que les autres. La
feule utilité quelle ait, , c’eft de faire connoître
aux Cultivateurs d’où ils doivent tirer les grai*
nés ou les plants de belle qualité. Mais quand
il s’agit de s’entendre, ces dénominations nuifent
plus qu’elles ne fervent.
La groffe- Afperge eft préférable à la com-
mune pour les curieux & les amateurs, à caufe
de fa bonté, de fa groffeur & de fon abondante
production.
Ouvrages fur les Afperge s.
Il y a beaucoup d’écrits fur la culture de f A£
perge. On peut confulter une petite brochure de
M. Mallet, imprimée à Paris en 1779, une de
M. Filafiier, imprimée à Paris la même année,
l’Ecole du Jardin potager, l’article de l’ancienne
Encyclopédie, de M. le Baron de Tchoudi, le
Cours complet d’Agriculture de M. l*Abbé Rozier
, le Dictionnaire économique, édition de
1767, & des Notés de M. le Marquis de Bul-
lion, inférées dans les Mémoires de la Société
Royale d’Agriculture, trimeftre de printems,
année 1786. J ’ai puifé dans tontes ces fources,
mais je me fuis plus attaché à la culture employée
par les habitans d’Aubervillers, & à celle
des Vignerons des environs d’Orléans, où l’on
ne connoît encore que l’Afperge commune. Si
l’intérêt des hommes , qui s’occupent à en
cultiver pour vendre, ne les porte pas toujours
à choifirles plus belles efpèces, on peut généralement
croire qu’ils ont les meilleurs moyens de
multiplier celles qu’ils adoptent. Le Pere Ménard
, Curé d’Aubervilliers, & une perfonne
éclairée de la ville d’Orléans, ont bien voulu
me procurer tous les éclairciffemens que je leur
ai demandés.
Culture d''Aubervilliers.
Terrein qui convient a VAfperge.
Il y a , à Aubervilliers, plus de quatre-vingt-
dix arpens de terre confacrés à la culture de
I’Afperge. L’arpent eft de cent perches, à dix-
huit pieds la perche. Cinquante autres villages
des environs de Paris cultivent auffi cette
plante.
Aubervilliers eft firué dans la plaine de Saint-
Denys, dont le loi eft plat & à découvert. 11
eft par conféquent à toute expofition. Dans les
endroits enfermés de murs, on préféreroit peut-
être l’expofition du midi ou du levant pour
avoir des Afperges plutôt, l’adion du foleil y
donnante plus de chaleur au terrein. Là plaine
de Saint-Denys eft du fable, affez aride en apr
A S P
parence ", mais devenu gras par les engrais qu’on
eft à portée d’y mettre. La nature indique ce
terrein comme plus convenable à l’Afperge, puif-
qu’elle croît naturellement dans les ifles fablon-
neufes. Après le fable, ce doit être la terre calcaire
, ou remplie de petites pierres ; dans l’ar-
gille pure, ou prefque p u r, elle ne réuftiroit
pas. Sa racine a befoin d’une terre aifée à remuer
, & ne veut point être noyée d’eau.
Si l’on n’a qu’un terrein argilleux , il faut
renoncer à y cultiver des Afperges, ou bien le
divifer en y mettant du fable, ou de la terre
calcaire, ou prendre les précautions qui feront
indiquées plus avant. Dans ce cas même , elles
ne profpéreront pas auffi bien que dans un fol
fablonneux. Car on ne peut empêcher l’influence
de la terre environnante, qui, toujours procurera
un peu plus de fraîcheur que ces plantes n’en
veulent ; elles y feront plus tardives. Ce n’eft
pas une raifon fans doute pour n’en pas cultiver
du tout. Il vaut mieux avoir de petites
jouiffances, que de n’en avoir aucune. L’Agriculture
fait fouvent vaincre une partie des obf-
tacies de la nature.
Le fable ou la terre calcaire , quoique
plus favorables aux Afperges , n’en donne-
roient que de petites, s’ils n’étoient mêlés de
terre franche ou d’engrais confommés en terreau.
Dans la plaine de Saint-Denys, on répand abondamment
un mélange de boues de Paris & de
fumier de cheval, qu’on peut regarder comme un
engrais chaud. Pour l’imiter dans les pays où l’on
n’a pas la même facilité, il s’agit de faire ramafl’er
.des feuilles d’arbres, des plantes herbacées, des
joncs, &c. de les difpofer par lits, avec des
lits alternatifs de fable, fi le pays n’eft pas déjà
trop fablonneux, de terre franche, & même de
fumier de cheval, & de laiffer le tout pendant
Jix mois au moins, jufqua ce que les herbes
Toient pourries. Alors on paffe à la claie, & on
conferve le terreau , qui en réfulte en le couvrant
de paille, afin que les pluies ne le lavent
pas. Ce terreau fert d’engrais pour les femis
d’Afperges. Les fumiers mêlés de baffe-cour, bien
pourris, font auffi très-bons.
Maniéré de multiplier VAfperge.
Cette plante, fe multiplie de graines, qui pro-
duifent des racines appellées griffes ou pâtes.
• On sème à Aubervilliers celle qu’on recueille
dans le pays; c’eft elle qui fournit le plant
qu’on emploie ou qu’on vend à Paris. On dit
qu’on a effayé d’en tirer de l’Qrléanois, où les
Afperges font plus belles, mais fans fuccès. Peut-
être avoit-on reçu de la graine en mauvais état,
& p’a-t-on pas répété la- tentative avec de meilr
leur graine. Rarement 1« payfan recommence un
effai qui n’a pas réuffi. On n’eft point fujet à
Être trompé fur la graine, lorfqu’on la récolte
foi-tyême fur des piçds choifis, .St avec les pré-
A S P 691
cautions dont je parlerai vers la fin de cet article.
Semis d’Afperges.
Le moment de femer dépend du climat. Auprès
de Paris, on choifir le mois de mars. Dans
les Provinces du midi, c’eft plutôt dans, celles
du nord, c’eft plus tard. Il faut profiter des premiers
tems doux, après les gelées. Je connois
un jardinier qui sème fes Afperges en oélobre
ou en novembre, & qui s’en applaudir.
Le terrein deftiné à être1 enfemencé en Afperges,
doit être préparé d’avance, dès l’année
précédente; on lui donne trois labours. Il y a
fans doute des terres où il en faudroft plus, d’autres
où il en faudroit moins, ce qui dépend de
leur compaciré. On a foin de les bien fumer.
A Aubervilliers, après les trois façons & l’engrais
fuffifant, on y plante des choux à la fin de
juin. Quand les choux font ôrés, & l’hiver paffé,
on laboure à petites raies, & on sème à la volée.
On ne fait fubir à la graine aucune préparation;
on herfe deux fois, & on répand pardeffus de
la graine d’oignons ou de poireaux, ou l’une &
l’autre mêlées enfemble ; on herfe ï deux autres
fois, enfin on travaille & on unit la terre avec
un rareau. La graine doit fe trouver à un
peu plus de deux pouces de profondeur. Il
en faut un boiffeau, mefure de Paris, ou la
douzième partie d’un fetier pour un arpent. Ceux
gui l’achètent, la paient depuis 20 fols jufqu’à
3 livres. Si on femoit la graine d’Afperges plus
druj elle ne produiroit que de petites griffes.
Les Cultivateurs qui ne font pas dès ternis en
grand, préparent des planches comme celles des
potagers, qu’ils labourent bien , & couvrent de
terreau. Quand ils ont femé la graine d’Afperges,
ils la foulent, avec les pieds pour 1 enfoncer >
& donnent pardeffus un coup de rateau.
Il y a de l’avantage à femer la graine d’Afperges
par rayons. On conçoit que ce ne peut
être que dans les petites cultures. On efpace
mieux les graines, on arrache plus facilement
les herbes qui nuifent âu jeune plant , & on
les farcie avec plus de facilité. Les rayons
doivent être à dix ou douze pouces les
uns des autres , & chaque graine à fix pouces.
La profondeur des rayons aura deux ou trois
pouces a» plus. On recouvrira la femence avec
la terre qui en fera fortie» ^ ragu
Au bout de • fix femaines ou de .deux mois1,
félon que le printems eft plus ou moins doux ,
la graine d’Afperge lève. Quelque tems^ après on
ôte les. mauvaifes herbes, & on éclaircit les oignons
ou poireaux avec précaution, ceft-à-’dire,
par un tems fec, & en ne bleffant point les
jeunes pouffes d’Afperges, Qn fatcle ainfi pendant
l’éié .autant qu’il .en eft befoin; quelquefois
on arrofe. Au mois d’août on arrache les
oignons & poireaux.9; i & en même-teips, les