
Olivier
Serres.
viennent enfuite les grands prés pour la provifion &C le revenu dé la
maifon. Tous les préceptes relatifs à ces objets font le fojet du quatrième
livre.
Champs. Les terres fituées entre le midi &£ le feptentrion, font
deftinées à la culture des grains : c’eft le fommaire du cinquième livre.
On y apprend la manière de mefurer les terreins, de les labourer, de
les enfemencer &c comment il fout proportionner à chacun les efpèces
de grains qui leur conviennent. I l y eft aufli queftion de la boulangerie.
Vignoble. Ils ordonnent de planter les vignes dans les endroits les
plus expofés au midi &c abrités contre les vents du nord. Ils donnent
des préceptes for la culture de la vigne, for les vendanges & for la
manière de foire le vin commun & le vin médicinal. Ce fixième livre
eft terminé par une énumération des différentes efpèces de vin qu’on
fabrique en France.
Garenne. Dans le feptième & dernier livre, ils tracent remplacement
de la garenne, qui doit être for une colline entre le feptentrion
& l’occident. Au-deffus il fout planter les bois taillis & de haute-futaie :
de-là ils prennent occalioa de parler de la charpente ; ils font mention
du parc pour les bêtes fouvages & de leur chaflè ; mais ils paffent
légèrement for cet article, en obforvant qu’un ménager doit s’occuper
de chofes plus importantes. Enfin ils parlent des oifeaux & de la
manière de les prendre.
Nous n’avons pas cru devoir entrer dans de plus grands détails for
cet ouvrage, qui ne paroît être qu’une compilation de ce que nous
avons trouvé dans les auteurs Grecs & Latins. Les préceptes qui y
font réunis, quoiqu’ils n’offrent rien de nouveau, font adaptés au terrein
national; fous ce rapport, ils deviennent encore plus intéteffans.
: On ne peut fo rappeller les premières années du règne de Henri IV .
ni lire l’hiftoire de ces teins orageux, fans être touché des malheurs
cui en furent la fuite. La néceffité où fe trouva ce bon roi de foire la
guerre à fes fojets pour fe foutenir fur le trône où fa naiffance l’avoit
appelle, étoit auffi contraire'à l’amour qu’il avait pour fes peuples,
qu’elle fut nuifible à la profpérité de l’état. Les campagnes privées des
meilleurs cultivateurs par le funefte fléau des guerres civiles, les champs
abandonnés ou foulés par les incurfions des troupes, n’offtoient de
toutes parts qu’un fpeètacle également trifte & défolant ; mais enfin a
ces guerres inteftines foccédèrcnt le calme & la concorde : ces teins de
trouble & de diffention forent bannis à jamais §£ tout le royaume
recueillit au foin de la paix les fruits d’un gouvernement plein de
fagdîe. Dès-lors les François fe livrèrent fans, téferve à ce louable-
penchant qu’ils ont toujours eu pour leur roi, qui ne s’occupa déformais
que des moyens de réparer les anciens malheurs &c de rendre fos peuples
heureux. Ses vues fo portèrent d’abord for le point le plus
important de l’adminiftration, for l’agriculture : le grand Sulli, dont le
nom vivra à jamais dans les annales de la France, fit de fages réglemens
fur cet objet & le peuple ne tarda pas à fe reffentir des encouragements
que le prince & le miniftre donnèrent à l’agriculture. On peut juger
des progrès de- cet art par l’ouvrage qu’Olivier de Serres, foigneur de
Pradel en Languedoc, dédia au roi en 1606. Ce livre eft encore le
plus complet de ceux qui ont paru for le même fujet. L’auteur trace
dans la préface le plan général de fon ouvrage, qui eft eompofé de
huit lieux, 1 I l inftruit d’abord le père de famille fur les obfervations
qu’il a à foire pour connoître le terrein qu’il veut acquérir, fur la
manière de fe loger & de bien conduire fon ménage.
z.° Le pain étant le principal aliment de l’homme, il lui apprend
comment il doit cultiver la terre, afin d’avoir toutes fortes de bleds, &
de légumes pour l’entretien de fa famille.
3.0 Le manger n’eft point le foui befoin auquel l’homme foit
indifpenfablement alfojetri, il eft encore néceffité à boire; or parmi
toutes les. boiflons dont il peut foire ufoge, le vin tient fans contredit
le premier rang par les effets faiutaires qu’il procure, lorfqu’il eft pris
avec modération ; l’auteur donne donc dès préceptes fur la manière de
planter & de cultiver la vigne, de foire le vin & les autres boiffons
qui fe rapportent à celle-ci.
4.0 Parce que le bétail apporte un grand profit au cultivateur, 8£
qu’il en retire tout ce qui lui eft néceffaire pour fo nourrir & s’habiller,
l’auteur recommande d’avoir des prés & des pâturages fuffifans pour
entretenir de nombreux troupeaux ; il enfeigne au métayer la manière
d’élever toutes fortes de quadrupèdes.
5.0 Pour fournir de la viande au cultivateur, il dreffe le poulailler,"
le pigeonnier^ la garenne,.le parc, l’étang, le rucher; &c pour le foire
jouir de tous les avantages de la nature, il décrit tout ce qui lui eft
néceffaire pour s’habiller & fe meubler pompeufoment. Les vers à foie
& la culture du mûrier, qui fournit la nourriture à ces infeéhes, ne font
point oubliés dans cet article. A ce fujet il enfeigne encore l’utilité
qu’on peut retirer de l’écorce des arbres en l’employant à foire des
.cordages & des toiles pour le fervice de la maifon.
6 .° Afin de joindre l’agréable à l’utile, l’auteur donne des préceptes
fur la culture & l’embelliflement du jardin. I l doit y avoir une fource
d’eau vive, des herbes, des fruits & des plantes médicinales. Il donne auffi
le. plan d’un verger où croîtront toutes fortes de fruits. Il recommande
de planter du fofran, du lin, du chanvre & il enfeigne comment il
fout cultiver ces plantes.
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