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à-dire, du mois de mai à la fin de feptembre ,
en multipliant les bras autant qui! étoit néceffaire.
J e n'ai plus qu’à rendre compte du produit du
pré depuis l’opération. On y a recueilli, en 1782,
cinq cens quintaux de foin , que le propriétaire
a fait manger à fes beftiaux , & qu’il n’a point
penfé à efiimer. En 17 8 3 , la récolte a doublé*,
les mille quintaux , qu’on en a obtenu, ont été
vendus 2500 liv. En 1784, une crue des rivières ,
furvenue pendant la fauchaifon, a perdu la plus
grande partie du foin*, ce qu’on en a échappé, a
été donné aux beftiaux , fans qu’on puifle en dire
la quantité, ni l’économie que le propriétaire a
faite par-là fur les autres fourrages. Enfin la prairie
a donné à la dernière récolte, (en 1785), içooquin-
laux, ou 1500 fois cent livres de foin, qu’on
cfpère vendre au moins 12000 liv. On conçoit
que la valeur du pré ne peut être eftimée fur
ce dernier prix, qui eft exceffif, & qui dépend
d’une difette de' foin telle que de mémoire
d’homme , on n’en a pas vu de pareille. Mais
ce terrein étant encore fufceptible de quelqu’a-
mélioration , & capable de produire , années communes
, trois milliers de foin à une livre dix fols
le cent pefant , on croit qu’il peut être loué à
un fermier 3000 liv. par an *, d’où il réfulte ,
i.° que les 3600 liv. dépenfées pour le rendre
praticable & fertile, font de l’argent placé à un
gros intérêt *, 2.0 qu’avec de l’intelligence on
amélioreroit beaucoup de terreins^-chacun de la
manière dont il doit être amélioré 3 3.0 qu’il faut
favoir faire des facrifices, pour avoir enfuite des
rentrées qui dédommagent amplement*, 4.0 que
le *terrein qu’on fait palier de 1 état de llérilité à
celui de fertilité , devient utile & profitable,
d'abord au particulier qui opère ce changement,
& enfuite au public, en augmentant la fournie
des productions nationales.
11 neft pas inutile de dire que les voifins du propriétaire
du pré, dont je viens de parler, encouragés
par l’amélioration qu’ils voient, & à laquelle ils ne
vouloiem pas croire, fe propofent d’en tenter de
femblablesfur des terreins qui leur appartiennent,
& qui fe trouvent dans la même jxffirion, ou
dans une pofition analogue. Plufieprs ont déjà
fait leurs marchés avec les ouvriers qui commenceront
au printems prochain. On peut s’en
fier à l’appas du gain , fi puiflant fur l’efprit
des hommes, pour efpérer qu’ils feront des ef-
fais , & des avances même , fi on leur en découvre
tous les avantages , mais on n’y réuflira
jamais en exigeant d’eux qu’ils emploient des
méthodes ou' pratiques nouvelles y en les gênant
de quelque manière que ce foit , & enfin en
leur taillant craindre qu'ils ne jouiflènt pas entièrement
du fruit de leur indufirie.
J ’ai rapporté les diverfss manières d’amender
les terres, qui font parvenues à ma connoiffance.
Elles font nombreufes, multipliées & variées. 11
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ne faut pas croire pour cela que l’art des amen*
demens foit un art facile. Il fe préfente beaucoup
de difficultés dans certains pays, où il y a peu
de refiources 3 on rencontre des terres ingrates ,
fans connoître ce qu’il faut pour les corriger, ou
fans avoir à fa portée & à peu de frais les engrais
ou marnes, néceffaires. Il y a encore bien
des recherches à faire jufqu’à ce que la manière
d’agir des engrais foit bien connue & bien développée.
Les expériences, les effais & 1 obfer-
vation conduiront à fa perfection cette partie
importante de l’agriculture. ( M. Vabb'é T ess
ie r . I
AMETHYSTE (chardon ou panicaut.) Epithète
donnée à une efpèce de panicaut connue fous
le nom latin à*eryngium amethyfiinum. L . Voye\
P-ANICAUT AMETHYSTE. (M . T H O U I n ).
A M E T H Y S T É E . A m é t h y s t e a .
Genre de plante de la famille des L a b ié e s ,
dont il n’y a encore qu’une efpèce de connne.
A m e t h y s t é e à fleurs bleues.
A m é th y s t e a coerulea. L.
C’ëft une plante annuelle, originaire des montagnes
de Sibérie, & qui, dans ce moment, fe
trouve répandue dans une grande partie des jardins
de botanique de l’Europe. De fa racine s’élève une
tige unique d’environ un pied de haut. Elle fe ramifie
en branches oppofées & en croix qui fe terminent
par de petites fleurs violettes, difpofées en
corymbes. Ses feuilles fui vent la même difpofition
que les branches *, elles font oblongues, dentelées
fur les bords, & d’un vert qui augmente d’intenfité
à mefure qu’elles approchent du Commet où elles
font prefque de la couleur de l’améthyfle, ainfi
que les tiges, les pédicules, les calices & la fleur.
Cette plante fleurit dans le milieu de l’été, & les
femences mûriffent à l’Automne 3 enfuite elle fe
defsèche & meurt. En général, le port de cette petite
plante eft élégant & léger, & la couleur eft agréable.
Culture : Ses graines doivent être femées à la
place que doit occuper là planté, à moins qu’on
ne la sème en pot pour avoir la facilité de la tranf-
porter où l’on veut. Sans cette précaution, il eft
rare qu’on la tranfplante avec fuccès. Les graines
doivent être mifes en terre à l’Automne, dans un
fol meuble & léger. Lorfqu’on attend au printems,
& qu’il furvient enfuite des tems de fécherefle, les
graines relient fens germer, & ne lèvent qu’à l’Automne
ou au printems fuivant. Quand une fois on
a laiffé grainer cette plante dans un endroit, elle
fe reproduit d’elle-même*, il fuffit d’avoir l’attention
d’éclaircir les pieds qüi font trop près les uns
des autres, pour qu’ils s’élèvent avec rapidité, fleu-
rifl ènt & produifent des graines en abondance.
D’ailleurs la plante n’eft pas plus délicate fur le
choix du terrein que fur l’expQfition ; cependant
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elle préfère une terre meuble & un peu humide 3
elle y devient & plus forte & plus belle.
Ufage : L ’élégance de cette petite plante, & la
fingulariré de la couleur, doivent lui mériter une
place dans les jardins des curieux, parmi les plantes
étrangères. ( M . T h o u i n .)
AMEUBLIR, jardinage. Ameublir une terre,
c’eft la rendre moins dure & moins compare
, c’eft divifer fes parties de manière .que les
racines des plantes puiffent plus ailément la pénétrer.
On ameublit les terres trop dures & rropcom-
pa&es, foit en les mélangeant avec des fables, des •
terreaux, diverfes efpèces de fumiers, foit par des
labours, des défoncemens & des binages 3 des
arrofemens donnés à propos aux terres fortes &
argilleufes, après les avoir binées, les divifent &
les ameublilftnt. Les neiges, les pluies d’hiver &.
les gelées, contribuent beaucoup à ameublir une
terre qui a été mife en mottes par des labours^ d’Au-
tomne. Les rayons du foleil, la grande chaieur &
le vent atténuent auffi, en d’autres faifons, les
terrés qui ne fonr pas trop humides & argilleufes.
Les terres meubles conviennent en général à
tous les R mis & à toutes les jeunes plantes, fur-tout
à celles qui font annuelles, & dont les racines tendres
& délicates , ne pénétreroient que très-difficilement,
une terré dure & compacte. Mais il
faut bien prendre garde , Un voulant ameublir une
terre, de la rendre trop légère. Il en réfulreroit
plufieur#inconvéniens non moins dangereux que
ceux auxquels on auroit voulu remédier. Les plantes
, dont les racines ne feroient pas affez affermies,
feroient bientôt renverfëes par les vents, & l a ir, pénétrant
en trop grande quantité à travers-les molécules
de la couche fnpérieure de la terre, lui en-
leveroit l’humidité néceffaire à la végétation ,
& alors il faudroit avoir continuellement l’arrofoir
à la main. Ce défaut eft en général celui de toutes
les terres en marais des fauxbourgs de Paris, dont
rameubliftement s’eft fait depuis long-rems avec
des terreaux de couche. C’eft donc au jardinier intelligent
à ameublir fes terres en raifon de la nature
de chacune des plantes qui font l’objet de fa culture,
& de fe ménager des terreins de diverfe nature,
& à différentes expofitions, pour fatisfaire
au befoin d’un plus grand nombre de plantes.
De fortes pluies, & des arrofemens trop ab.on—
dans, rendent quelquefois la terre, dont les caiffes
& les pots font remplis, fi dure & Ji compaCte-que
les eaux ne font plus que glifler à la furface ,* alors,
pour leur donner la facilité de s’infinuer & de pénétrer
jufqu’aux racines des plantes, on l’ameublit
avec la houlette ou le couteau. (M . T h o v i n . )
Ameublir, agriculture. C’eft une des manières
d’amender la terre. K. le mot Amender. Elle con-
fifte à en divifer les molécules convenablement à fa
qualité, & aux végétaux qu’on y veut cultiver. Les
terres compactes & argilleufes ont befoin d’être plus
meubles, ou plus ameublies que celles qui (ont légères,
telles que les terres crayeufes & fablonneufes >
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ou plutôt les unes & les autres ont befoin d-u même
degré d’amenblifiement 3 on le donne aux premières
en les labourant plufieurs fois, ou en y mêlant
des fubftances divifantes 3 on le donne aux
autres, en les labourant peu , & en y mêlant
des fubftances propres à leur donner de la
compacité. Il y a des plantes qui ne croiffent bien
que dans les terres très-ameublies*, par exemple,
la plupart de celles qui ont des racines pivotantes
ou bulbeufes, comme les navets, les carottes, les
betteraves, & les oignons de fafran, dont les fleurs,
qui en font le principal produit, ne fortiroienr pas
de ierre, fi elles rencontraient des mottes à la fur-
face 3 d’autres viennent dans des terres qui ont d@
la confiftance 3 quelques efpèces de fromens & d’avoines
font de ce nombre. On fent bien que ces
dernières doivent toujours avoir un certain degré
d’ameubliffemenr.
On ameublit les terres par les labours & par toutes
les opérations dépendantes du labour. Ordinairement
c’ eft avant les enfemencemens que fe fait
le plus fort ameubliffement. Souvent on eft obligé
de divifer «ne croûte qui fe forme à la furface des
terres , foit parce qu’elles ont été arrofées
par un tems fec, foit parce quelles ont été battues
par des pluies abondantes, fuivies auffi-tôt de grandes
chaleurs 3 fans cette divifion, les plantes ne
lèveraient pas, ou il n’en lèverait qu’une partie.
Les farclages produifent à-peu-près le mêmeeffer 3
car la terre qui environne certaines plantes &
certains arbres délicats, doit être ameublie de tems
en teins, afin que l’eau pénètre jufqu’à leurs
racines.
On ne peut pas, & même il eft impoffible de
preferire jufqu’à quel point une terre doit être
ameublie, parce qu’il eft impoffible defpécifier toutes
les nuances & les combinaifons qui forment la
.furface du globe. C’eft au particulier à étudier fon
champ, à examiner quelles parties de ce même'
champ demandent plus de labours que les autres.
Il ne fe trompera pas, lorfqu’ayant confidéré lés
effets des années sèches ou pluvieufes, il pourra
faifir un jufte milieu , & mettre fa terre dans
le cas de ne retenir que la quantité d’eau fuf-
fifante pour la végétation 3 alors' il aura atteint
le point de perfection , & fes récoltes feront
allurées. ( M. l’abbé T e s s i e r .)
AMIDON. On donne ce nom à une fubftance
blanche, friable, très-fine , froide au Toucher, &
qui crie fous les doigts 3 l’eau ne la diffout pas à
froid*, ellefeconferve très-long-tems fans s’altérer,
pourvu qu’elle foit pure & tenue dans un endroit
fec.
Les graines & racines farineufes contiennent
plus ou moins d’amidon. En 1 7 16 , 1e fieurde V’ au-
dreuil trouva de l’amidon dans la racine d’arum ,
& obtint, pour lui & pour Fa famille , le privilège
exclufif de le fabriquer pendant vingt ans. L ’académie
des Sciences jugea , en 1739 , que l’amidon
des pommes de terre rouges, propofé par le iieur
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