
«bfférens grains, fur la connoiffance des affres, les ^occupations dtt
laboureur, & fur les lignes qui annoncent l’orage ouïes beaux jours.
Tems du labour. Au retour du printems, dit-il, lorfque les neiges
commencent à fe fondre, & que la terre eft amollie par la douce
haleine des zéphirs, faites gémir vos taureaux fous le joug, & que le
foc de la charrue perde là rouille en traçant des filions. Cette
f>remière opération doit être précédée d’une obfervation très-réfléchie
ur la nature & la qualité du terrein, fur l’influence des vents. I c i ,
les moiffons feront abondantes ; là, il faut planter la vigne : ailleurs,
il fuit placer les arbres fruitiers, & lailïer croître les herbages qui ne
demandent aucune culture. Si les terres que vous avez à labourer font
'grades, donnez le premier coup de charrue dès les premiers mois de
l’année, afin que les Chaleurs de l’été puiffent en quelque -forte les
cuire 5 fi c eft une terre maigre, il fuffit d'y imprimer de légers filions
■au commencement de l’automne. En fuivant cette pratique , l’abondance
des herbes ne fuffoquera pas le grain dans une terre féconde,
& un terrein fec & aride ne perdra point le peu de fuc qui lui refte.
Différence des moiffons. Après la récolte, il faut laifler repofer
fa terre pendant une année, ou bien femer du froment dans le même
-champ qui vient de produire des légumes. Gardez-vous d’y femer du
•lin, de l’avoine, du pavot, leurs.racines brûlent & deflèchent la terre}
‘.mais fi vous engraiflez le champ avec du fumier, ou fi vous le vivifiez
(par les fels de la cendre, vous pouvez y femer alternativement, ces
diverfes efpèces de grains : de cette manière vos champs ne repoferont
que par la feule différence des récoltes qu’ils produiront. Souvent il
eft à propos de mettre le feu à un champ ftérile, & d’en réduire en
eendres tout le chaume : la terre reçoit de cet incendie des forces
décrètes, & un nouvel engrais} foit que le feu en confumant les
mauvaifes qualités élargifle & multiplie les canaux dans lefquels la
feve doit circuler } foit qu’il affermiffe la terre & qu’il reffer-re fes
pores} de façon que ni les pluies abondantes, ni les-chaleurs exceflîves
de l’été ne puiffent la pénétrer & abforber tous fes fucs. Les foins du
laboureur ne doivent pas fe borner-à fuivre les préceptes que nousvenons
de donner, -ceux qui défirent de recueillir des moiflons abondantes ,
ne-négligent point en femant leurs grains de brifer les mottes de -leur
-Champ, & d;y conduire l’eau d’un ruiffeau voifin. Si le bled-couvrant les
guerets- a déjà atteint le dos des filions, - ils mènent paître les brebis
dans les champs-pour empêcher le froment de fuecomber dans la
fuite fous le fardeau des épis. Ceux-ci, -lorfqu’un été brûlant a deilechc
fleur bled, pratiquent .habilement des rigoles, & du fommet d’une
colline, ils font couler l’eau dans les guerets} ceux-la ereufent des
puifarts 6c -des canaux pour faire écouler -les pluies fuperfiues qui
tombent dans Certains mois de l’année, ou pour recevoir ce s torrens
impétueux qui répandent dans les campagnes des eaux dormantes,
& couvrent la terre d’un funefte limon. Le laboureur ferait heureux
fi tant de peines & de travaux pourraient lui affurer les fruits d’une
riche récolté} mais hélas ! il eft une foule d’aecidens imprévus dont
un feul eft capable de ruiner fes efpérances les plus flatteufes. Les
oies fauvages, les grues, l’ombre des bois, les mauvaifes herbes, comme
1 ivraie, la nielle, l’avoine ftérile font autant de fléaux pernicieux qui
ravagent les moiffons, & qui demandent une attention continuelle de
la part du cultivateur. Jupiter a voulu que l’agriculture dépendît d’un
travail continuel, afin de bannir de fon empire la pareffe &
l’oifiveté.
, bnjlrumens du labourage. Quiconque veut exercer avec fûceès la
pénible fonction de laboureur, doit fe pourvoir d’une charme, d’un
foc tranchant, d’une charrete inventée par la déefle Eleufine, de
madriers pour brifer l’épi, de traîneaux, de herfes, de rateaux; enfin
dé tous les inftrumens a’ofier dont Célée fut l’inventeur, comme de
cribles, de claies & de vans, religieux fymboles employés dans les
myftères de Vénus.
La principale pièce de la charme doit être de bois d’orme. Il faut
y attacher un timon long de huit pieds, & placer le foc autour du
fep garni de deux oreillons. Le joug que portent les boeufs, doit être
oun bois léger, tels que le hêtre ou le tilleul. Ce bois fera meilleur
pour 1 emploi auquel on le deftinc, fi on le fait durcir au feu.
Il eft encore un autre iuftrument d une néceflîté indifpenfable,
lorfque la moiffon eft faire & qu’il s’agit de battre les grains. C ’eft
dun long cylindre dont il eft ici queftion pour applanir l’aire où l’on
doit battre le bled. Si on n’avoir cette attention & fi on ne bouchoit
exactement avec de la terre vifqueufe routes les fentes de l’aire ou
des murailles qui 1 environnent, les herbes Sz les animaux dont ces
ouvertures fe rempliraient, feraient capables de détmire une partie
des grains, ' r
Qüoiquil ny ait pas un rapport bien direét entre cc qui précède
& ce qui va fuivre, le poète donne ici un préfàge certain pour fayoir
fi la moiflon fera bonne ou mauvaife. Voulez-vous prévoir, d it-il,
des le commencement du printems, fi l’été fera chaud & la récolte
c-ureufe, examinez les amandiers lorfqu’il commencent à fleurir. Si
es ruits naillans font en abondance, réjoui fiez - vous, vous aurez de
quoi remplir vos greniers-} mais fi ces arbres ne font chargés que
gerbes ne donneront qu’une petite quantité de bled.
Saifon propre à femer différentes efpèces de grains. U n cultivateur
doit avoir foin de clioifir les grains qu’il veut femer. Il en eft