
Les terres neuves, qui ont étc long-tems fans produire, étant répandues
fur les guérets, forment un très-bon engrais.
Les curures des mares, liir-tout celles qui font fréquentées par
le bétail, font encore très-cftimées pour le même objet. Il n’en eft pas de
même de la vafe qu’on retire des petites rivières d’eaux vives & de
fource. Leur limon fe defsèche à l’air, le durcit au foleil & n’-eft point
du tout propre à la végétation. Le limon des étangs rend la culture
trop difficile, s’il a relié en tas pendant plulieurs années avant de le
répandre. La vafe de la mer eft très-fertile ; mais on ne doit employer
cet engrais qu’en médiocre quantité.
Le fable du voilinage de la mer qui a reçu une imprelfion de fel
celui qui eft formé des fragmens de pierre calcaire augmente beaucoup
la fertilité,
La chaux vive peut être fort avantageufe, pourvu qu’on s’en ferve
avec précaution Se félon la méthode que l’auteur preferit. Quelque teins
après avoir donné en mars un premier labour à un pré qu’on veut
enfemencer en grain, on porte la chaux fortant du four dans le champ,
à raifon de dix milliers pefant par arpent, & on la diftribue de façon
q u’il fe trouve un tas de cent livres au milieu de chaque perche. On
relève enfuite la terre autour de chaque tas en forme de dôme, on en
met un demi pied d’épailfeur. La chaux fufe fous cette terre Sc
fe réduit en poulfière. Alors on la mêle bien avec la terre qui la
recouvre, ôr on la laiffe en cet état pendant lîx fomaines.ou deux
mois. Vers le mois de juin, on répand uniformément ce mélange fur
les guérets : on laboure' enfuite une fois, fi l’on veut femer du farafin ;
& deux ou trois, fi l’on fe propofo de femer du froment. Le plâtrç
& les vieux mortiers en démolition engraiflent fingulièrement les tçrres
fortes,
La glaife, qui aura relié deux ans expofée aux irnprelfions de l’air,
du foleil, des pluies & du froid, eft bonne pour améliorer les terres
légères. I l faut prendre garde qu’il y a des glaifos nuifibles à la végétation.
La marne fertilife les terres, mais toutes les efpèçes ne font pas
également propres à procurer cet avantage. Quand on a trouvé de la
marne, il eft à propos de faire des épreuves en petit, & d’attendre deux
ou trois ans avant de s’en feryir, puifqu’il eft certain que le bon effet, de
cçt engrais ne commence à fo manifeller qu’au- bout de ce tems,
Aux environs de Tours, on trouve des bancs de coquilles connues
dans ce pays fous le nom de falun, dont les cultivateurs fo forvçnt
pour améliorer leurs terres. On les fouille en automne, & on les répand
tout de fuite fur les guérets, qui deviennent très-féconds.
On a découvert dans Je Hainault, l’Artois, & dans quelques cantons
de Picardie, une efpèce de tourbe , qui, étant brûlée, donne une Cendre
qui engrailfe prqdigieufement. Soixante ou quatre-vingt livres de ces
cendres fuffifent pour fumer un arpent. Les cendres du charbon
foiïile, qu’on brûle dans les verreries, les braderies & les autres manu-
fichues, fournilfont un engrais excellent pour les prés, foit naturels,
foit artificiels.
Le règne végétal produit des cendres qui engraiflent la terre ; la
fuie, la charrée, la tannée, la fciure du bois, le marc de raifin, les
feuilles des arbres, le marc des graines de lin , de colzat & le varec,
ont la même propriété.
Les cendres des végétaux font beaucoup meilleures que celles de
tourbes. . . . . - . ;
La fuie des cheminées fait un effet admirable dans les prés, à la
quantité de trois ou quatre foptiers par arpent.
La charrie,,qui eft la cendre de la lelfive, mêlée avec du fumier,
fertilifo les terres. On s’en fort communément pour les potagers.
. La tannée ou le tan, qui fort des .folles des tanneurs, ferait encore
un bon engrais, fi l’on ne préférait pas de l’employer à faire des mottes
à brûler.
La fciure du bois peut s’employer comme engrais, quand on la
mêle avec du fumier ou de la cendre.
Le marc, du raifin foui eft très-bon. Celui de pommes ou de poirés
doit être mêlé ayée d’autre fumier. .
, Les feuilles, des arbres & les tontes des palijfades font très-
eftimées pour faire un bon engrais V néanmoins on prétend que. les
fumiers faits avec la paille font meilleurs que ceux qu’on fait avec les
feuilles 5c les .herbes sèches. ;
Le marc dés graines de Xn, de co fa t, de chenevi, dont on a
exprimé l’huile, eft un- excellent engrais. A cet effot, on le réduit; en
poud re & on le répand fur la terre de la meme manière qu’on sèfne
le grain. . , . ’ .
Le varec, les algues & généralement toutes, les, plantes marines,
ont la vertu de fertilifor fos. champs, fort,, quon les fafiç pourrir avec
les^ fumiers, foit qu’on les rédûifo en cendreipour les répandre fur les
prés.
6 e régné animal fournit encore plufieurs fubftances qui fcrtilifent
la terre : telles font la chair pourrie des ahitnaux, les boyaux, les
curures des. boucheries., les raclures dp çor.ne, de parchemin Sc de cuir;
mais 1 engrais le plus commun provient des excrémens des animaux ,
connus fous le nom de fumiers, dont on diftingue quatre efpèces :
fa voir, les excrémens humains ; la colombine, qui eft le hunier de toute
efpèce de volatile; le fumier des brebis, des moutons ôc le fumier de