
autres efpèces doivent être femées dans des terrines
ou dans des pots. -
. Les femis en pleine terre doivent être faits dans
des plate-bandes de terre meuble, légère, & à
l ’expofition du levant, s’il eft poflible. Après avoir
bien uni la terre , on y sème , à la volée , les
graines qu’on a eu foin de mêler auparavant avec
trois parties de fable fin. Enfuite on les recouvre
avec la pelle, d’une légère couche de terre, corn-
pofée par égales parties, de terre du fol, & de
terreau de cou'lie , bien conlommé. 11 ne faut
pas que les . graines fe trouvent enterrées de plus
de trois ou quatre lignes. Les femis faits & recouverts,
on unit la terre avec le dos du rateau 5
& on la marche pour l’affermir, enfuite on 1 arrofe
copieufement à la volée.
Les femis en terrine ou en pot, fe font avec
une terre préparée comme celle des orangers ,
piais rendue plus légère par l’addition d un quarts
de terreau de bruyère , fur tout ^[i ce font dès
graines des efpèces alpines ou libériennes, dont
les plantes font plus délicates que les autres. Ces
graines doivent être femées fort clair, & recouvertes
de deux à trois lignes de terre 3 tout au
plus. Enfuite on enterre les vafes dans une plate-
bande expofée au levant , & on les couvre de
paille pendant les fortes gelées.
Ces femis , (oit en pleine terre , foit en terrines,
lèvent ordinairement dès le premier prin-
tems •> il convient de les arrofer légèiement lorf-
qu’il n’y a plus de gelées à craindre, & que la
terre devient sèche. Jl faut avoir auffi l’attention
de farder les mauvaifes herbes , & de détruire
les limaces & limaçons qui font très-friands de
pette plante, fans quoi les femis fer oient bientôt
détruits. Ce jeune plant croît fort vite fi la faifon
eft chaude, & fouvent il eft affez fort pour être
repiqué vers la fin du mois de mai.
Les jeunes plants, de toutes les efpèces d’An-
colies, peuvent être répiqués en plein air , avec
la précaution de choifir la nature de terre qui
convient à chacun d’-eu* ; la première efpèce &
fes variétés, aiment un terrein un peu frais, ar*
gilleux & profond. Les elpèces, n.os 4 & 5> fe
plaifent davantage dans une terre plus légère,
mais également fraîche, & les deux antres pré^
fèrent une terre meuble, & mélangée de terreau
de bruyère. L ’expofirion qui convient le mieux
à toutes, eft celle qui les garantit du foleii du
midi, ce n’eft pas quelles le craignent beaucoup,
mais c’eft une attention que l’on doit avoir, fi 1 on
veut que leurs fleurs foient plus belles & durent
plus lông-tems.
Les efpèces de la première divifion, forment
des touffes aflez étendues 3 en conféquence } les
jeunes plants doivent être repiqués à huit ou dix
pouces, en tout fens, les uns des autres : ceux
de la fécondé & de la troisième , n ont befoin
d’être efpacés .entr’eux, que de fix à fept pouces,
jpn Jes plante gu plantoir, avçc toqtes levirs racfnés,
& on choifir, pour cette opération, un tems
humide & doux -, on les arrofe enfuite copieufement
, avec l’arrofoir à pomme , & s’il furvient
des hâles, on les réchauffé avec un lit de terreau
de couche, d’un à deux pouces d’épaiffeur. Lorf-
que ces plantes fe trouvent dans une nature de
terre convenable à leur développement , & que
la faifon eft humide & chaude, elles ctoiffent aflez
promptement , pour former des touffes en état
d’être plantées, à leur deflination , à l ’automne
fui van t.
Si cependant on veut faire un choix des plus
belles variétés de fleurs de la première efpèce ,
& en varier les couleurs dans la plantation, il
convient d’attendre à l’automne de l’année fui-
vante, parce que ces plantes ne fleuriffeut, pour
l’ordinaire, quau prinrems de la fécondé année;
alors on a foin de diftinguer les différentes variétés,
par des marques particulières qui puiffent
indiquer la couleur des fleurs, & empêcher qu’on
ne fe trompe dans la diflribution exaéte qu’on fe
propofe d’en faire.
Ces plantes , une fois mifes à leur deflination,
ne demandent ordinairement d’autre culture que
| celle qu’exige la propreté des parterres où on les
place, c’eft - à - dire, un labour , chaque année,
pendant l’hiver ; de légers binages dans les autres
faifons, & des forelages autant de fois qu’il en
eft befoin pour écarter les mauvaifes herbes.
Mais lorfqu’on veut conferver les belles variétés
de la première efpèce, fur-tout celles qui font
pleines & panachées de différentes teintes, ou
dont les couleurs font tendres *, il faut, de plus,
avoir foin de les relever tous les deux ou trois
ans , de les changer de place , de diminuer le
volume de leurs touffes, de fupprimer toutes les
vieilles racines, & de ne replanter que les oeilletons
vigoureux. Avec cette précautionon parvient
à les conferver dans 'leur beauté, pendant
quatre ou cinq ans ; mais enfuite elles dégénèrent,
ceffent d’être panachées, ou deviennent Amples.
Ç’eft pourquoi les amateurs feront très-bien d’en
femer des graines, toutes les années , pour re-
nouvel 1er les individus , & conferver les belles
variétés. Mais ils doivent avoir grand foin de ne
1 1 pas les placer trop près les unes des autres.
On fait que toutes les variétés de plantes en
général, fe fécondent mutuellement par la pouf-
lière de leurs étamines, & il y a tout, lieu de
croire que cette faculté n’eft pas bornée aux fini*
pies variétés. Mais il n’y a point de plantes qui
la pofsèdent plus particulièrement que les variétés
des Ancolies réunies en maffe dans les jardins. H
faut donc, pour recueillir des graines propres à
fournir conftamment de belles variétés , avoir
l’attention de ne; pas cultiver , dans le voifinage
des pieds qu’on deftine à former des porte-graines,
des variétés à fleurs fimples , de couleurs pâles,
ou dégénérées. S’il s’en rencontroit quelques-unes,
il faudroiî les arracher aufli-tôt après l’épanouif*!
renient de leurs premières fleurs, afin que leurs
pouflières ne pûflènt féconder les germes des autres
, & corrompre ainfi la pureté des individus
qui doivent donner des fleurs parfaites. Ce n’eft
pas tout : comme fur le même pied il fe rencontre
fouvent des fleurs, plus ou moins belles,
il faut avoir auffi l’ attention de couper, à l’inftant
de l’épanouiffement, toutes celles qui font d’un
mérite inférieur. Au moyen de‘ ces précautions,
on ne recueillera que des graines qui fourniront
un très-grand nombre de belles variétés, parmi
lesquelles il ne fe rencontrera que très-peu d’individus
à rejetterj mais il y a des amateurs qui
ne s’en tiennent pas à ces foins, & qui portent
la précaution jufqu’à faire un échange reljpeéHf,
avec d autres florimanes, de leurs graines d’An-
colies. Ils prétendent que les graines recueillies
dans un terrein, & femées dans un autre, donnent
encore de plus belles variétés , & en plus
grand nombre. Cela eft vrai, & c’eft un fait démontré
par l’expérience. Mais que d*e tems &
de foins employés uniquement à fe procurer des
fleurs ! Leur mérite au moins eft-il aflez diflingué
pour couvrir cette double dépenfe ? Les amateurs
ne manqueront pas de foutenir l’affirmative, mais
nous doutons que la queftion foit également ré-
folue pour les autres cultivateurs.
Les Ancolies fe multiplient encore par oeilletons.
La faifon la plus favorable à cette voie de multiplication
, eft le commencement de l’automne,
lorfque les fannes font defféchées, & que les
plantes font dans leur état de repos. On lève de
terre les pieds qu’on veut multiplier , & après en
avoir fecoué les racines, pour qu’il n’y refte point
de ferre, on fépare, avec les doigts, tous les oeilletons
qui forment la fouche; on rejette ceux qui
font vieux & dont les racines font trop ligneufes,
ou gâtées en partie par la pourriture, & on con-
ferve feulement ceux qui font bien conformés 3
& qui ont des racines particulières. On en coupe
1 extrémité, & on les plante dans une plate-bande
de terre meuble, & d’une qualité pareille à celle
que nous avons indiquée ci-deffus, pour les jeunes
plants. Leur culture en pépinière n'exige pas plus
de foins , un labour & quelques binages leur
fuffifent.
Cette voie de multiplication eft peut-être un
peu plus expéditive que celle des graines, mais
elle ne procure pas les mêmes avantages 3 non-
feulement die ne produit pas de nouvelles variétés
, mais même elle ne conferve pas entièrement
celles qu’on pofsède déjà, puifque les plantes
des variétés à fleurs panachées, perdent leur panache
au bout de quelques années de culture. Mais
ce moyen peut être employé avec fuccès pour les
efpèces rares & délicates, telles que les Ancolies
a fleurs jaunes, celles des Alpes & de Sibérie,
qui quelquefois ne donnent point de graines dans
nos jardins.
Vfage : L’Ancolie vulgaire a été long-tems regardée
comme un remède efficace pour les ulcères
de la gorge, & autres maladies internes. Mais elle
eft aujourd hui tombée en difcrédit 3 peut - être
parce qu’elle a été trop vantée. Aduellement fon
ufage en médecine efl très-borné.
Les Ancolies des jardins, à fleurs doubles &
panachées , fervent à la décoration des rands
parterres3 elles font partie des plantes d’ornement
du prinrems., Leurs places font marquées fur la
ligne du milieu des plate-bandes, parmi lès plantes
vivaces, entre les arbuftes. Dans les jardins payfa-
giftes, on les place fur lés lifières' des bofquets,
& parmi les plantes dont on fait des grouppes
dans des pièces de gafon. Mais elles ne produifent
jamais un meilleur effet que dans des lieux foü-
taires , près des grottes fauvages 3 la figure fin-
gulière de leurs fleurs, fur-fout de celles qui
font fimples, ajoute un nouvel intérêt à là fitua-
tion du local.
Les autres^efpèces peuvent occuper des places
dans les jardins des curieux. L ’élégance de leur
feuillage, la fingularifé des fleurs, & l’agrément
de leur couleur doivent les y faire rechercher.
Elles peuvent encore trouver place fur les gra-*
dins en terre, parmi les plantes alpines. A'cette
pofition , étant plus rapprochées de la vue i
onj jouit plus commodément des détails variés
qu offrent les différentes parties de leurs fleurs*
( M. T ho v i t f . )
AN DA. Suivant Pifon , dans fon hiftoire naturelle
du Bréfil, l’anda eft un très-grand arbre
qui, croît à peu de diftance des bords de la mer,
au Bréfil, & dans les forêts 3 fon bois eft fpon-
gieux & léger. Ses feuilles font placées alrerna-
tivement fur les branches, & rapprochées les unes
des autres, vers l’extrémité des rameaux. Ses
fleurs font grandes & d’un beau jaune. Elles donnent
naiffance à des efpèces de noix très-dures,
de la groffeur d’une pomme d’api, lefquelles font
recouvertes d’un bois épais. Elles renferment deux
amandes qui ont le goût de la châtaigne, dont
les Indiens tirent une huile par expreffion. Cette
huile a des vertus purgatives, & tient même un
peu de 1 émétique 3 ils s’en fervent pour fe frotter
le corps. Le brou eft employé pour arrêter le
cours-de-ventre, & on lui attribue la propriété
d endormir le poiffon lorfqu’on le jette dans des
érangs.
Culture.,
M. Dombey nous ayant donné, à fon retour
du Pérou, plufieurs noix de cet arbre,, qu’il avoic
recueillies au Bréfil, nous les femâmes au Jardin
du Roi, dans le printems de l’année 1786, c’eft-
à-dire, trois ans après leur récolte. Elles furent
mifes dans de grands pots , qu’on plaça fur une
couche chaude, couverte d’un chaffis, & orr les
arrofa fréquemment. Environ fix fenïaines après,
une feule de ces noix pouffa un germe qui s’alon-
gea de la hauteur de huit pouces. Il donna naiffan«®