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ectte paffion, il ne pourra plus penfer à autre choie qu’à l’objet de fe§
defirs.
Son principal devoir fera donc d'être éveillé le premier de tous J
& auffi-tôt après qu’il aura fait fortir les | gens qui font toujours lents
à commencer l’ouvrage, il ira f e , mettre à leur tête, parce qu’il eft
intéreflànt que les colons commencent leur befogne dès le matin, &
qu ils la faffent diligemment Sc fans interruption. Il aura foin de les
reveiller au milieu au travail par des exhortations multipliées, & de
ranimer ceux que la fatigue pourrait décourager. Dès que le cré-
pufcule fera, venu, il les * conduira à la mailôn & prendra le plus grand
foin poffible de chacun d’eux, foit en veillant à ce qu’ils foient bien
nourris, foit en feifant conduire à l’infirmerie ceux qui feront malades:
fes foins doivent fe porter fur ce qu’ils aient tous les traitemens convenables.
Ce que le métayer doit faire les jours de fête. Dans les jours confieras
au culte religieux, le métayer fera des largeffes aux ouvriers dont il
fera content. Il vifitera leurs habits, pour voir fi leur corps eft fuffifam-
ment defëndu contre le froid & contre la pluie ; il eft jufte qu’en travaillant
}es ouvriers foient habillés d’une manière honnête & relative à leur état.
I l vifitera les inftrumens néceffaires pour tous les ouvrages de la campagne
& ceux de fer plus fouvent encore j que les autres.
Obfervation importante. Celui qui : eft chargé de là régie d’une
métairie, doit avoir fans celle cette maxime préfente à fon efprit;
lavoir, que le tems pajfé efi irréparable. I l doit donc veiller à ce que
tous les ouvrages foient faits à tems ; car s’il y en avoir un feul qui eût été
fini plus tard qui! n’auroit dû l’être, les autres qui le foivroient, feraient
aufti trop tardifs : ainfi, tout l’ordre des occupations rurales fe- trouverait
dérangé, & lefperance de l’année entière ferait évanouie. L’importance
de cette maxime, engage Columelle à affigner ce qu’il y a à
faire dans le cours de chaque' 'mois : préceptes qui font réglés fur l’influence
des affres. C eft une récapitulation abrégée de tout ce qu’il a
dit dans fon ouvrage.
Travaux à faire dès le quinze janvier. U n laboureur ne doit
point obferver le commencement du printems à la manière des
aftronomes; ceft-a-dira, attendre le jour fixe auquel on dit qufe commence
cette faifon ; mais il peut prendra quelques jours fur l’hiver,
parce que pafle le folftice, l’année commence à être tempérée, Sc les
jours devenant plus* doux, on peut commencer les travaux de la
campagne. Il pourra donc (pour nous régler fur le premier mois de
lannee romaine ) commencer les travaux de la culture le quinze janvier.
fuffit de diftribuer les opérations par demi-mois, parce qu’un
ouvrage n eft pas cenfé fait trop tô t, quand „il eft fini quinze jours
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avant le tems que nous, allons allîgner ; comme il n’eft pas cenfç fait
trop tard, quand il eft terminé quinze jours après.
Travaux à faire depuis le quinze janvier jufqu’au premier
février. Dès le quinze de janvier, il faut tailler la vigne & reprendre
ce qui aura refté à faire de la taille d’automne j en évitant néanmoins
d’y toucher avant que le foleil ait réchauffé l’atmofphère Sc diiïipé la
bruine produite par la gelée. C ’eft pourquoi en attendant le dégel, on
pourra jufqua la troifième heure du jour, élaguer les buifions, nétoyer
les guérets, faire des fagots Sc fendre le bois. Dans les lieux expofés
au foleil, on nétoie les prés ,Sc on en défend l’entrée aux beftiaux ;
on donne le premier coup de charrue aux terres sèches Sc graffes j on,
farcie les bleds d’automne, l’orge & les fèves, pourvu que leur tige ait
quatre doigts de hauteur. C ’eft le tems de femer l’ers; de bêcher les
vignes; & de greffer les arbres qui viennent les premiers en fleurs,
tels que le cerifier, le jujubier, l’amandier Sc le pêcher. Pendant les
foirées, on fait des pieux & des échalas; Sc on coupe le bois de conf-
truéhon, lorfque la lune eft fur fon déconrs.
Travaux à faire depuis le premier février jufqu’au quinze du
même mois. Pendant cet efpace de tems, on nétoie les prés, les
champs, en y laillant croître l’herbe pour en tirer du foin. I l faut
echalaffer Sc lier les vignes, qui n’ont point encore reçu ce genre de
travail a caufe du froid de 1 hiver; on finit auffi de bêcher & de tailler
celles qui font mariées à des arbres. On fait les pépinières, Sc l’on,
tranfporte dans leurs fcffes les jeunes arbres qui font en état d’être
plantes. On doit diftnbuer une partie du fumier for les prés; Sc en
mettre une autre partie, aux pieds des.oliviers &; des autres arbres. On
plante les faules, les peupliers, les rofeaux; Sc on taille les arbres. Les
femailles des tremois ne font point faites à contre-tems, lorfqu’on les
fait dans cette faifon; quoiquil foit mieux de les- faire pendant le mois
de janvier dans les climats tempérés.
. T ravaux -a faire depuis le quinze février jufqu’au premier de
mars. Dans les climats froids, il eft tems de faire pendant ces quinze
jours, les operations, que nous,venons de détailler ei-deffus; Sc quoiqu’il
foit tard pour les foire dans,:les climats chauds, il ne faut pas
néanmoins les différer- davantage. I l paraît que c’eft la faifon la plus
propre pour planter les marcottes, quoiqu’il n’y ait nul inconvénient
à les rnetere en terre dans les- premiers quinze jours du mois fuivant,
pourvu que le pays ne foit pas très-chaud. Ou greffera auffi- très-bien
dans ce tems-la les arbres Sc les vignes dans les climats tempérés,
Travaux- a faire depuis le premier mars jufqu’au quinze. L e
tems qui s’écoule depuis le premier mars jufqu’au 10. d’avril, doit’ être
confiera à tailler la vigne, à la planter, à la greffer, ainfi que les