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avec rapidité, & s’élèvent jufqu’à la hauteur de
deux pieds & demi. Elles font droites & fe
divifent en plulieurs branches, qui donnent à la
plante .le port d’un ’ petit arbre ; ces rameaux
font garnis de feuilles d’un beau verd en-deffus,
& blanchâtres en- deffous. Chacun d’eux fe termine
par des bouquets de fleurs d’un, rouge
tendre} elles paroiffent vers- là mi - juillet, & fe
fuccèdent jufqu’à-la fin d’août. Ces fleurs font
fuivies de gouffes longues & étroites, qui, dans
les années chaudes, font garnies de femences parfaitement
mûres.
Culture. Cette plante croît bien en pleine terre dans
notre climat -, elle aime les terreins meubles ,
légèrement humides & chauds. L ’expofition, qui
paroît lui être la plus favorable, eft celle du
levant*, cependant elle croît Volontfas à toutes,
les autres expofitions, feulement e ll^ * e fl moins
vigoureufe. On la multiplie très-facilement par
le moyen de fes racines', qui, traçant à de
grandes diftances, peuvent être féparées de la
touffe. La faifon la plus favprable à ce moyen
de multiplication , èft le printems ; on lève avec
précaution quelques racines qui fe trouvent garnies
cre chevelu, & on les plante , foit en pleine
terre., foit en pot *, elles ne tardent pas à ppufl'ér,
& fouvent elles donnent des fléuis dans la
même année. 11 n’en eft pas de même lôrfqu’on
multiplie cette plante de graines, elle ne produit
des fleurs que la fécondé ou la troifième, &
quelquefois la quatrième année. Cet inconvénient,
•joint à-la difficulté de recueillir, dans notre cü-
mat, des graines bien aoûtées, fait qu’on néglige
cette voie de multiplication,’ qui a ailleurs ne
donne qu’un plant délicat & difficile à élever}
on n’en fait ufage qu’à défaut des racines.
Les graines, de l’Apocin gobe-mouchefe sèment
au printems, dans des pots placés fur une couche
tiède expofée au levant. La terre dont ils font
.remplis doit être meuble, fablonneufe & légère,
Zc il ne faut recouvrir les femences que de
l’épaiffeur de deux à trois lignes. Enterrées plus
profondément , elles leveroient plus tard ou
pourriraient. Ces graines lèvent dans le courant
de l’été ou de l’automne, & quelquefois le prin-
aems fuivant. Le jeune plant doit refter en pot,
& être confervé pendant l’hiver à 1 orangerie.
Dès que les racines commencent à fe contourner
autour des parois intérieures du vafe, il faut le
fortir & le métrre en pleine terre. Cette plante
ne veut être ni contrainte ni refferrée, elle aime
à s’étendre & à changer de lieu. Les racines
«’écartent fouvent à plus d’une toife de diftance
de fa touffe*, ainfi, quoique dans les écoles de
botanique chaque plante ait une place fixe ,
d’où elle ne peut s’écarter fans nuire à 1 ordre
établi, il faut cependant bien fe garder, dtns le
teins des labours, de remuet la terre à une toife
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de circonférence de l’endroit où fe trouve l’Apo*
cin , & même .de ratifier les fentiers voifins
jufqu’à la fin d’avril, qui eft le tems ou cette
plante commence à pouffer, parce que, fans cette
précaution, on cafferoit fes racines & on la feroit
périr. Il eft donc à propos de la laiffer tranquille
pendant l’hiver} & lorfquelle commence
à fortir de terre, on la. lève en mote, & on
la rèpofre à la place qu’elle doit occuper, fi elle
s’en eft. trop écartée }• alors il fuffic de la mettre
dans un peu de terre, neuve ■ pour la faire
profpérer.
Ufage. Le port élégant de cette plante, fa
verdure gaie, & fes jolies g fleurs couleur de
rofe, la rendent propre à jeter de 1 agrément
fur les litières des bofquets ou dans des, plates-
bandes parmi les .autres plante? vivaces. D ailleurs
elle offre -une Angularité remarquable dans le.
tems de la fleuràifon*, les mouches, attirées par
une matière vifqueufe , -qui fuinte de toures
les parties de la plante, & qui fe trouve plus
abondamment raffemblée au fend des fleurs, ÿ
viennent en quantité.. Elles avancent leur corps
entre les filets des étamines qui entourent les
ovaires, & enfoncent leu£ trompe dans la liqueur
qu’elles afpirent} alors ^Toit que ces parties irritables,
dénuées du fuc qui les accompagnent,
prennent un dégré d’élafticité fe cônfracïent
& refferrent les mouches, foit que cette matière
vifqueufe & gluante retienne affez fortement la
trompe de ces infeétes; ils reftent attachés au fond
des fleurs, & y périffent prefque toujours. Quoi
qu’il en foit, e’eft cette propriété fingulière qui
a fait donner à la plante le. nom- de „gôbe-
mouche.
2. L ’Apocin à fleurs herbacées eft auffi une
plante vivace de pleine terre, qui trace par les
racines, mais beaucoup moins que la précédente.
Elle s’élève de trois à quatre pieds*, les-tiges; font
rarement branchues, fi ce n’eft vers 1 extrémité
fupérièure qui fe d-ivife en petits ifameaux, ordinairement
terminés-par de petites fleurs verdâtres,
difpofées en corymbe. Ces fleurs commencent à
paroître en juillet , & finiffent en août"} il leur
fuccède des gouffes lorgnes & étroites, dans lesquelles
font renfermées les femences qui, rar«-
menr, viennent en maturité dans notre climat.
Culture. Cette efpèce aime un terrain plus profond,
plus fubflanîiel , & un peu plus humide que la
précédente. On la multiplié de même par fes racines
, & quelquefois aui.fi, par- fes, graines ;
mais le jeune plant de celle- ci n’a pas befoin
d’être rentré à l’orangerie pendant.l’hiver; d’ailleurs
cette plante une fois établie dans un terrein,
y trace & s’y conferve long -tems 5 èpe’efl très-
vivace & peu délicate.'
Ufage. La facilité avec laquelle cette plante
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croit & fe multiplie dans notre climat, jointe à
la propriété qu’ont fes tiges de fournir un grand
nombre de filamens forts & foyeux, donne lieu
de préfumer qu’on pourroit tirer un parti avantageux
de fa culture en grand *, les tiges préparées
comme le chanvre & le lin , fourniroient
des cordages, & même des toiles à bién meilleur
marché, puifqu’étant vivace & peu délicate fur
le choix du terrein , elle feroit d’une culture
infiniment moins difpendieufe.
3. Apocin maritime. Les tiges de cette efpèce
font annuelles comme celles de la précédente}
mais fes racines font très-vivaces, tracent à de
grandes diftances, & s’enfoncent en terre à la
profondeur de deux à trois pieds} elles pouffent
chaque année, vers la mi-mars, des tiges qui
s’élèvent environ à quatre pieds de haut} elles
font rougeâtres & très - branchues dè’s leur naif-
fance. Ses rameaux fe couvrent de feuilles d’un
verd pâle, prefque femblables à celles du faute.
Cette plante produit dans les mois de juillet &
d’août un grand nombre de petites fleurs purpurines,
difpofées en corymbes, à l’extrémité
des rameaux, lefquelles font un joli effet. Il
eft rare que cette plante donne des fruits dans
notre climat, & même dans les environs de
Venife, où elle croît abondamment, ce qui feroit
croire qu’elle n’eft pas originaire de ce pays.
L ’Apocin maritime à fleur blanche, qui paroît
n’être qu’une, variété de la précédente , s’en
diftingue cependant, non-feulement par fes tiges
qui font d’un verd pâle, beaucoup plus rameufes,
& d’un tiers moins élevées, mais encore par fes
fleurs d’un blanc fale *, d’ailleurs elle trace moins.
Culture. Cette efpèce, ainfi que fa variété, fe multiplie
très-facilement par levmoyen de fes racines
qu'on fépare des touffes vers le commencement du
mois de mars. Elle n’eft point délicate & croît très-
bien dans les terreins fées & chauds. On eft
fouvent forcé, dans les écoles,de botanique, de
la planter dans un grand pot ou dans un baquet
enterré à la place qu’elle doit occuper, pour la
contenir, & empêcher fes racines de s’étendre
trop loin , & de fe mêler avec les plantes
voifines.
IJfage. Cet Apocin peut trouver place dans ■
les maffifs de plantes vivace^ ou fur les bords,,
des bofquets payfogiftes, parmi les arbuftes; la
variété à fleurs rouges fur-tout y produira de
l’agrément par fon port évafé, la couleur de fes
tiges, & la gentilleffe dé fes fleurs. , •
Dans'nos provinces méridionales, ;on pourroit
fe fervir de; cette plante pour fixer les fables
mouvans desbords de la mer}& lesempêcher d’être
emportés par les vents fur les bonnes terres • du
voifinage , qu’ils ne rendent que trop fouvent
tfériles. Elle ne s’y élèveroit pas autant que dans
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nos jardins, mais les racines s'étendraient au
loin dans le fable, & fes rameaux le couvrant
à la furface, empêcheraient l’aèlion du vent fur
ces niaffes mobiles.
Nous n’avons pas affez cultivé les onze autres
efpèces d’A pocin, pour décrire ici la culture qui
convient à chacune d’elles. H y en a même plu-
fieurs que nous n’avons point eu oçcafîon de
cultiver du tout : cependant nous favons que les
efpèces n.ttS 4 , 5 , 6 , 7 , 8 , 1 0 , font des arbuftes
qui exigent la ferre chaude pendant l’hiver, &
que les cinq autres n’ont befoin que du fecours
des ferres tempérées} que pendant l’éréon peut les
laiffer à l’air libre , à l’expofition la plus chaude;
que ces plantes en général aiment un terrein fa-
blonneux & léger , & qu’elles craignent moins la
féchereffe que l’humidité. ( M. T hovin. )
APOCIN à A o u a t t e ou à H o u e t t e .
Cinquième efpèce des A s c l e p i a d e s du Dictionnaire
de botanique, Ency. Méthod. Voye\
AscLEPiADEde Syrie, pour les détails botaniques.
Le même motif qui m’a engagé à placer à l’article
A n is, l’efpèce de boucage., qui porte ce nom , me
détermine à placer ici ce que j ’ai recueilli fur l’apo-
cin à houette. L ’habitude où l’on eft de l’appeiler
apocin plutôt qu’afelépiade, le fera chercher au
mot Apocin. Etant informé que l’apocin avoitété
cultivé en grand, à caufe de la houette qu’il produit,
je me fuis procuré des éclairciffemens fur
ce qui le concerne. Ce que j’expoferai ici eft extrait
d’un mémoire qui m’a été envoyé par
M. Duquefnoi, avocat à Bruges en Lorraine.
L ’Apocin croît dans toutes fortes de terreins,
même dans les plus ingrats ; vraifemblablement
parce que fes racines traçantes fe gliffent dans la
terre fuperficielle , toujours la moins tnauvaife.
Sa production eft plus abondante, fi on le plante
dans un fol gras. On croit que lorfqu’il eft trop
expofé au foleil, fes fleurs en iont facilement brûlées
; on cqpfeille auffi de ne pas le cultiver fous des
arbres, à caufe de la pluie, qui, tombant des feuilles
, feroit périr les jeunes pieds. On affure qu’en
Allemagne on a réuffi à l’élever dans les bois, mais
qu’il n’y a point donné de fleurs. D’où je conclus
que des côteaux au nord, ou au levant, & des
terreins privés d’arbres, font; ceux qu’il faut choifir.
pour la culture de l’âpocin.
I l.y a deux «manières de multiplier l’Apocin ;
parles racines ou par les graines; la première eft:
très-facile. J ’ai déjà dit que fes racines étoient très-
traçantes ; un pied, que j’avois planté, m’en a produit
une fi grande quantité , qu’ils occupoient
beaucoup de terrein; il falloitfans ceffe couper les
racines qui s’étend oient. On en prend quelques-
unes , on les tranfplante dans l’endroit qu’on leur
a deftiné, foit en automne , foit au printems , fans
autre foin, l’apocin paroiffant une des plantes qui
exige le moins d’attention. Mais je crois devoir