
Poitou, la Sologne, &c. La cire fl u levant eft
préférable à la cire du nord, parce qu'elle blanchit
plus aifément. On fait moins de cas. de celle
des pays de grands vignobles. La meilleure cire
eft unie, légère & de bonne odeur.
Le luxe a augmenté en France la confommation
de la cire, dont la cherté croit fans ceffe. Les
marchands la fophifliquent.en y joignant du beurre
ou des grailles ; auili fe plaint-on, avec railon, de
fa qualité. Si l’éducation des abeilles étoit encouragée
par des moyens qu’un gouvernement fage
trouve aifément, on remédierait bientôt à cet inconvénient
, & on tirerait moins, de cire de 1 é-
tranger. La France eft couverte de fleurs qui
portent"de la cire; il ne manque,dans beaucoup
d’endroits, que des abeilles pour la recueillir.
Dans les cantons où on en élève, on pourrait en
élever davantage à peu de frais. L ufage de les
faire mourir pour obtenir leurs gâteaux, ou de
ne pas laifler le couvain, eft encore un obftac e
à la production en cire. On parviendroit a le
détruire peu-à-peu, fi les regards des hommes
éclairés qui vivent à la campagne, fe tournoient
du côté de cet utile objet. . . . . , .
Les ruches font, en général, d un bon produit.
Dans certaines années, à la vérité, elles ont peu de
miel & de cire, ou donnent peu deffaims ; mais
elles dédommagent amplement le propriétaire dans
d’autres années. On eftime, toute compènfation
faire le produit annuel d une ruche à fix francs ;
fouvent il monte à dix. Quelquefois les fleurs des
plantes font fi chargées de miel & de. cire, que
les abeilles, qui en ramaflént autant qu elles en
trouvent, en font des récoltes étonnantes. J ai
rappoité plus haut, d’après M. Duhamel, que
le curé de Tillay-le-Pelieux en Beauce,. ayant
placé une ruche ‘fur un cuvier renverfé, auquel ii
avoir fait un trou, en retira cinq à fix livres de
cire, & quatre cens vingt livres’de miel. Ordinairement
les ruches de la Beauce, quand elles font
bonnes & qu’elles ont deux ou trois ans, pefent
de quatre-vingt à cent livres. En déduifant, i.° douze
à quinze livres pour le poids des abeilles & celui
de la ruche, faite d’oiier, ayant deux pieds de
hauteur fur un pied & demi de diamètre dans la
‘ plus grande largeur, i.° deux livrés ou deux-livres
& demie de cire; le furplus eft en miel, dont la
plus grande partie eft de belle qualité. ( M. l’abbé
T e s s~i e x . )
P ..& Les Mémoires philofophiques, hiftoriques
§r phyfiques de Dom U llo a , me font tombés entre
les mains, depuis que ce qui précède eft imprimé. )
J ’y ai lu fur les abeilles un article dont je crois
devoir extraire quelque chofe.
Les abeilles domeftiques fe font beaucoup multipliées
à l’ ifle de Cuba y dans le voifinage de la
Havane, depuis 1764. Il n’y en a voit pas aupà-
• xavant. Toutes celles qu’on y voyoit étoient faus
s e s & d’une efpèce différente.. Les familles qui
jufqu’alofs avoient demeuré à Sairit-Auguftin de
Floride, s’étant rendues à Cuba, apiès la paix
conclue avec les Anglois, apportèrent quelques
ruches dans cette Ifle. La multiplication de ces
abeilles fut telle, qu’il s’en répandit dans les montagnes
; on commença à s’appercevoir quelles
étoient nuifibles aux cannes à lucre, dont elles fe
nourrifloienr. Dom Ulloa aflure qu’une ruche don-
noit un effaim & quelquefois deux par mois. On
ne les foignoit pas avec toute l’attention qu’on
apporte en Europe. Elles étoient châtrées tous les
mois, & rendoient autant de miel & de cire que
dans les endroits où on ne les châtre qu’une ou
deux fois par an. La cire en étoit très-blanche, &
le miel de la plus belle qualité. Dom Ulloa en
conclud qu’à Cuba, ces dèux productions. pour-
roient devenir une branche avaritageufe de commerce,
fans faire abandonner la culture de la canne
à fucre. Cependant j’obfervèrai que, puifque. les
abeilles vivent aux dépens de cette" plante & lui
font du tort, fuivant Dom UlLoa lui-même, on
doit être intéreffé à empêcher leur grande multiplication,
dans les environs des lieux où on cultive
la canne à fucre.
M. Schneider , qui a traduit en Allemand l’ouvrage
de Dom Ulloa, ajoute que les abeilles font
très-répandues dans prefque-toutes les contrées'de
la domination Espagnole en Amérique, ou on en
compte de dix ù douze efpèces différentes. 11.y en
a qui ne' piquent jamais, & qui donnent du miel
excellent, telles font celles de l’Oréhoque; d’autres,
au lieu de faire une piquure douloureufe y ne
causent qu’un léger chatouillement, c’eft peut-être
de ces abeilles inermes, que les finges & les ours
volent le miel, dans les pays chauds, où vraifem-
blablement elles ne font jamais engourdies ;. car_
.dans les Pyrénées, c’eft en hiver que les ours dé.-
robent le miel. Je crois qu’il ferait intéreflant
d’efl’ayer d’introduire en Europe cette efpèçe, en
prenant toutes les précautions néceffaires. Un vaif-
feau qui partiroit des contrées où il y en a , à l’ap-
. proche de l’hiver d’Europe, fe chargeront de ruches
tellement difpofées, que les abeilles n’en puffent
fortir. Il fuffiroit d’y faire des grillages pour leur
donner de l’air,. & de leur laifTen des proviftons
de miel pour leur nourriture. Au moment où elles
commenceraient, à éprouver du froid, on-ne crain-
droit plus qu’elles fortifient, mais on rendroit leurs
ruches plus clofes ; à leur arrivée, on pofcrqitde
doubles ruches fur celles qui les renfermeraient.,.
& on choifiroit de préférence, en France, les provinces
du midi,pour les établir & les acclimater.
Quelques Indiens, dit encore le^ Traducteur,
logent les mouches dans des creux d arbres, qu ils
leur préparent fans beaucoup d’art , & n y cherchent
que le miel, y laifiant la cire, dont ils ne
font aucun ufage-, d’autres en forment de petits
vafes d’une confiftance affez forte; d’autres en
tirent un grand profit. •
En voyant les avantages que procurent les
abeilles , on eft étonné qu’on ne s’occupe pas plus |
àe leur multiplication. Dans les pays feptentrio- 1
naux, elles exigent fans doute un peu plus de foin ;
mais on en eft amplement dédommagé par Le produit
en cire & en miel. Dans les pays méridionaux,
rien ne coûte moins que l’éducation des abeilles *,
la France-a befoin de fe réveiller fur cet article.
Puifque les parties les plus chaudes de l’Amérique
leur font fi favorables, pourquoi ne cher-
cheroit-on pas à cultiver., pour ainfi dire, les
abeilles, comme on cultive la canne à fucre, le
coton & l’indigo, dans lés Ifles françoifes &
efpagnoles,.& dans le continent? Ne pourroit-on
pas trouver des cantons où. elles ne nuiraient pas
aux cultures principales,- où elles vivraient du
neCtaire des plantes négligées & qui croifl'ent fpon-
tanément ? Au relie, je foumets ces réflexions aux
perfonnes plus éclairées que moi, qui fenrironr,
par la connoiffance du local, les inconvéniens ou
les avantages de ce que je propofe. ( M. l ’abbé
T e s s i e r . ) ,
ABELMOC ou A b e lm o c h , Hibifcus abelmof-
chusL. Fôye^Q u e t m ie m u sq u é e . (M. T no v i n .)
ABELMOCH ou  b e lm o c , Hibifcus abelmofr
chus L. VoyeiQ u e t m ie m u sq u é e , ( i l T no v i s )
ABÉREME , .Abêrem'oa Aubl.p. 6 lb , U 2.45 ,
arbre de la Guiane françoife, qui croît dans lés
deferts de Sinemari, & dont la cultureeft inconnue
en Europe. (M . T ko v i n .)
ABLANIER, Ablania Aubl. p. 58.5 , t. 234,
-arbre de fécondé grandeur, qui croît fur les bords
des rivières, dans les forêts de la Guiane. Sa tige eft ■
droite & fa tête arrondie. Il conferve fes .feuilles
toute l’année. Son bois, d’un affez beau rouge,
pourrait être employé à la marqueterie.
• Cet arbre n’a point encore été cultivé en Europe.
( M. T ko u IN.)
ABOILAGÉ, vieux terme de pratique. Il lignifie
un droit que les Seigneurs châtelains ont en
•philieurs lieux, de prendre feuîs les abeilles, qui
fe trouvent dans les forêts de leurs feigneuries.' il
exprime encore un droit, analogue à la dîme ou
au champart, par lequel les Seigneurs, dans quelques
coutumes, peuvent exiger de ceux de leurs
vaffaux qui élèvent des abeilles, une certaine quantité
de cire & de miel, & des elfaims même. Ce
mot eft dérivé t à’aboille, qu’on difoit autrefois
pour abeille. ( M. l’abbé T e s s ie r . ) ■
A B O N D A N C E .
Grande quantité.
C’eft l’effet d’un produit extraordinaire. J e dif-
tinguerai d’abord deux fortes d’abondance, l’une
générale, ou qui a lieu dans toute l’étendue d’un
ou plulieurs royaumes, & l’autre particulière à
quelques provinces, à quelques cantons même. On
dit : cette, année l’Europe abonde en grains. ; cette 1
année la récolte en Picardie ou en B rie a- été abondante.
Rien n’eft fi rare qu’une abondance générale,
parce quelle dépend d’un grand nombre de cir-
conftances, qui ne fe trouvent prefque jamais
réunies. Il faudrait que l’état de Tatmofphère fe
modifiât & fe moulât, pour ainfi dire, fur lé local
& fur la nature cle tous les fols *, ou plutôt, il faudrait
en même teins, pour chaque pays, un atmof-
phère diftincl, un état du ciel qui correfpondît
jufteàfa pofition , & à la nature de fon fol.
L ’abondance pariiculière eft plus commune» A
moins qu’il n’y ait dans les faiions un défordre,
•comme des pluies trop longues, ou une fécherefle
extrême, toujours quelque province, tantôt l’une,
tantôt l’autre, fera difpofée à profiter du tems
qu’il fera. Quand le printems & l'été font humides,
les terreins fecs produifent davantage*, s’il
,ne tombe de l'eau que rarement, les terreins frais
réuftHfent alors. On remarque cependant que les
années fèches-, pourvu que.le vent du nord fouftîe
fouvent, font les plus abondantes. C’eft qu’il ne
faut pas confondre les années fèches avec les années
brûlantes, dans, lefquelles la végétation avance
trop pour laiffer aux grains le tems de fe nourrir
& dp, fe fortifier. ■
Gn pourrait encore^diftinguer l’abondance en
abfolue & en relative. La première eft- pour tous
les pays > qu’ils foient fertiles ou non fertiles habh.
tuellemenr..Elle fe manifefte quand ils produifent
plus que dans les années ordinaires. L ’abondance
relative eft celle d’une province ou d’un canton,
qui , à caufe de la qualité de fon fo l, rapporte
toujours beaucoup, & beaucoup plus qu’un autre>
par exemple, la Beauce comparée à la Sologne.
L ’abondance s’étend quelquefois fur la totaliré
des productions ; d’autres fois, ce n’eft que fur
quelques-unes. On voit des années abondantes en
toutes fortes de grains -, on en voit où les grains
femés .’en automne produifent moins que ceux
qu’on fème en mars; encore, parmi ces derniers,
certaines efpèces ne rapportent-t-eSies que très-
peu, tandis que d’autres rapportent beaucoup.
Les gens, qui n’y font point exercés j fe trompent
fouvent, lorsqu'ils veulent juger de l’abondance
de là récolte, à l’afpcél feui des campagnes couvertes
; des champs bien garnisdès tiges fortes &
élevées leur en impofent ; mais ? loin que ce foient
là les preuves d’une abondance réelle, il n’enréftilce
fouvent, de cette" belle apparence, que beaucoup
de paille & peu de grains.
Tout dépend de l’état des épis.. J e prends pour
exemple le froment, non pas celui qu’on appelle
blé de providence;ou, blé dèmiracle, mais le froment
fans barbe , à baies blanches peu ferrées, à
grains jaunes, moyens & tige creufe. Rjgoureufe-
ment parlant, un de fes épis peut avoir, de chaque
coté, douze calices, en tout vingt-quatre. Chaque
calice peut renfermer quatre fleurs, & par confé--
quent quatre grains, lefquels multipliés par vingt-
quatre , donnent qnatre-vingt-feize; J ’ai vu des
épis qui contenoient prefque ce nombre de grains;
il y en avoit en cet état ioixante portés fur im