
3* -AMe l l e ombelli-forme.
A m e z lv s umbellatus. L . 2f de la Jamaïque..
1. ° L ’Am e l le üchnire eft un arbufte qui forme
un petit buiffon arrondi, touffu, d’une verdure
cendrée, & qui n’a pas plus de quinze pouces de
diamètre en tout fens. Ses fleurs font d’un beau
bleu, jaunes dans le centre. Elles commencent
à paroître dans le mois de juillet, & durent fort
avant dans l’automne. Elles produifent des graines
qui viennent à parfaite maturité dans notre climat,
& qui fe confervent trois ou quatre ans , lorfqu’on
les tient renfermées dans leur calice.
2. ° A m e l l e à feuilles menues. Cette efpèce fe
diftingwe de la précédente, par fes feuilles, qui
font alternes, au lieu d’être oppofées comme dans
1 autre, par fon port qui eft plus grêle, & par fes
fleurs qui font plus grandesj d’ailleurs leur forme
& leur couleur eft la même.
Culture. Ces deux efpèces d’Amelles fe multiplient
aifément de femences, de marcottes & de
boutures. Les femis doivent être faits au commencement
d’avril, dans,des pots remplis d’une :
terre meuble & légère. On enterre lés vafes fur
une couche chaude à l’air libre, fans qu’il foit ■
befoin de les couvrir de cloches ou de châffis.
Les graines ne lèvent ordinairement que deux
mois après avoir été mifes en terre -, mais les
jeunes plants., une fois fortis, croiffent avec rapi- j
dité, & fleuriffent Couvent dans le milieu de l’au- j
tomne -, mais il faut pour cela qifon ait foin de j
les repiquer dès qu’ils ont trois à quatre pouces
de haut. Si on attend qu’ils foient plus forts, &
fi on les lève à racines nues, ils reprennent beaucoup
plus difficilement, & fleuriffent plus tard.
Les marcottes fe font au commencement de l’été :
il fuffit de courber quelques branches en terre,
& de les y affujettir avec un croche*, pour qu’eljes
pouffent des racines, & foient en état d’être levées
fix femainçs ou deux mois après qu’elles ont été
ainfl arrangées. Les boutures ne font pas plus
difficiles à taire *, on prend des branches un peu
ligneufes, que l’on plante dans des pots remplis
d’une terre propre- à retenir l’humidité , & on les
place fur une couche tiède, au nord. Bientôt
elles pouffent des racines, & trente ou quarante !
jours après on peut les lever en mortes , & les :
planter dans d’autres pots j elles forment de nouveaux
pieds.
Ces deux efpèces d’Amelles doivent être rentrées
l’hiver dans l’orangerie, & placées fur les
appuis des croifées, ou mifes fous des châffis'
abrités des gelées, parmi les plantes du Cap, Elle?
craignent beaucoup l’humidité*, & cependant, fi
l’on n’a pas foin de les arrofer à propos, elles
périffent d’autant plus infailliblement que, lorfqu’on
s’apperçoit qu’elles louffrent de la foif, il
neft plus tems de leur porter remède. Il eft donc
.effentiel de yifiter fouvent la terre dans laquelle
.elles font plantées, & dp l’huraeCter légèrement
lorfqu’elle devient sèche. Ces arbuftes ne vivent
pas plus de quatre à cinq ans j c’eft pourquoi l’on
doit toujours avoir de jeunes plantes, qui foient
en état de remplacer les anciennes, à mefure
quelles meurent de vieilleffe.
Ufâge. Ces Amelles font de jolis arbufles, toujours
verts, qui figurent affez bien dans les orangeries
pendant l’hiver, & qui peuvent trouver
place, pendant l’été, dans les jardins des curieux.
On les met fur des gradins ou dans des plâtres-
bandes, parmi des plantes étrangères.
5°. Am e lle ombellifortne. Nous ne connoif-
fons cette efpèce que par les deferiptions que les
Botaniftes en ont donné.
C’ert une plante vivace qui croît naturellement
à la Jamaïque. Ses tiges s’élèvent à la hauteur de
deux pieds *, elles font velues, ainfl que les branches
, lefquelles font garnies de feuilles ovales &
oppofées : fes fleurs , qui terminent lés ,tiges;,
croiffent en petites ombelles, & ont peu d’apparence.
Culture. Nous ne pouvons mieux faire que de
rapporter ici ce que Miller, célèbre agriculteur,
dit de la culture, de cette plante.. On en sème les
graines au printems., à la manière des autres.
Lorfque le jeune plant eft affez fort, on en met
deux ou trois pieds dans des pots, qu’on place
fur une couche.chaude & fous châffis, afin d’avancer
la fleuraifon, & de donner aux femences le
tems de mûrir avant l’automne. L ’hiver, on rentre
ces plantes dans la ferre chaude {M. T ho vin.)
AMELPO, Amelpodi. Arbre toujours vert,
qui croît au Malabar, dans les terreins pierreux
& fur les montagnes. Il eft de moyenne taille -,
fon bois eft blanc \ fes rameaux, ainfl que fes
feuilles font oppofées j fes fleurs, qui font dit'—
pofées en corymbes, à l’extrémité des branches ,
paroiffenr dans les mois de juin, de juillet .&
d’août j elles font petites, peu apparentes, & de
couleur blanche. Sa racine, qui eft jaune, eft
regardée comme un fpécifique contre la morfure
des ferpens vénimeux.
Les deferiptions que les voyageurs nous ont
données jufqua préfent des parties de la fruClifi-
cation de cet arbre , font infuffifantes pour le
rapporter à fon genre & à fa famille*, & comme
il n’a point encore été cultivé en Europe', fa culture
particulière nous eft inconnue. .Mais elle doit
rentrer dans la culrure générale des plantes du
,même pays que nous poffédofls j c’eft-à-dire,
qu’il lui faudra le fccours de la ferre chaude,
pour fe conferver pendant' l’hiver. ( M, T hovin.)
A M E N D E M E N T , A m e n d e s ..
Il y a des terres qui ne donneroient que defoibles
produits, ou parce qu’elles font d’une nature ingrate,
ou parce quelles fe trouvent épuifées,fi par des
préparations., que l’agriculture enfeigne, on ne
parvenoit à les rendre fertiles^, & à les mettre en
état de récompenfer le cultivateur des foins qu’il
. prend. Préparer les terres à cette intention, c’elUes
amender y par corruption d’émendèr ( emendare) ,
terme encore ufité dans les loix , qui fignifie corriger,
changer. Il femble en effet que les amendement
corrigent & changent les vices du fol, &
les faffent difparoitre.
On peut diftinguer des amandemens de deux
fortes, les uns naturels & les autres artificiels.
Par ces derniers, j’entends des amendement que
llnduftrie humaine a imaginé d’employer : ils
appartiennent bien aufli à la nature, mais c’eft
lart qui les met en oeuvre.
Dans la claffe des amendemens naturels, font
la chaleur du foleil, Pair, l’eau, la pluie, les
rofées, les gelées, la neige, &c. J ai déjà parlé ,
dans le deuxième difeours préliminaire, de la
chaleur, de l’air 8t de l’eau ; mais c’éroit particulièrement
comme principes des végétaux que
je les confidérois. Sous ce point de vue, ces
élémens n’ont qu’un rapport éloigné' avec l’agriculture
*, il faut ici les regarder comme des météores
, dont l’influence lur la terre & fur les
récoltes eft fenfible & néceffaire & par conféquent
comme de grands moyens d’amendemens que la
nature offre à l’agriculture, & qui doivent concourir
avec ceux que l’homme fait mettre en ufage.
Les amendemens artificiels, les feu 1 s qui foient'
en la puiffance du cultivateur, confident dans les
préparations gu il donne k la terre, & dans les
fubftances qu’il y mêle pour l’améliorer. Ce font
les labours de tout genre , les engrais , les
marnes, &c. -
J ’obferverai ici , fans qu’il foit befoin de le
répéter, que chaque efpèce d’amendement, foit
naturel, foit artificiel, ne peut être favorable qu’au*-.,
tant qu’il n’eft ni au— deffus ni au - deffous des
proportions & des mefures convenables à la nature
& à l’état des différens terrains. En indiquant
fes qualités & les avantages qu’il procure , je fup-
poferai toujours ces proportions & ces mefures.
I Le foleil, qui eft l’aine de la nature, vivifie
J agriculture ; fa chaleur bienfaifante fait germer
la graine, donne I’accroiffement à la plante, en
©père la perfeClion & la maturité. Si la terre ,
deftinée à être enfemencée, recèle dans fon fein
quelques principes volatils, nuifibles à la végétation
, le foleil l’en débarraffe en les diftillam ou
en corrigeant leu» maligne influence. II a encore
un troifième effet, celui d’atténuer & de cfivifer
les molécules de terre préfentées k la furface par
tes labours.
On ne peut guère fe refufer de croire que
1 air étant le réceptacle de toutes fortes d’émanations
, & pour .ainfl dire le laboratoire où fe
ait un grand nombre de combinaifons, il ne laifte
tomber fur la terre des principes de fécondité,
qui, infuffifans s’ils étoient feuls, réunis à d’autres,
ormenr des amendemens complets. Dans le voi-
mage de la mer, la terre s’imprégne de fel que
n- y apporte j aux environs des lieux couverts
»engrais, les plantes* qui ne font placées qüe
dans la même atmofphère , s’en reffentent d’un«
manière fenfible. L’air mûrit les immondices des
latrines, les marnes, les curages des étangs, des
mares, des ruiffeaux , fi on a foin de les y expofef
pendant un an, ou au moins pendant fix mois.
Dans les bonnes cultures, on-ne fait pas les labours
coup fur coup, afin de laiffer à l’air le tems de
fertilifer chaque portion du fol ameubli. L ’obfer-
vation conftate l’exaCHrude de ces effets. Comment
s'opèrent-ils ? je n’ai lu fur cela que des fÿflémes
& des conjectures que je n’admettrai point.
Dans les pays où les pluies font rares en été,
& où il y a cependant des fources, on en mé-*
nage l’eau , on la partage, on la conduit par des
cafiâux multipliés, ou dans les terres cultivées-
ou dans les prairies. L ’humidité & le frais que
procurent ces irrigations, dirigées avec intelligence*
font d’un très-grand fecours à l’agriculture, qui
fans elles feroit langlûflanre. On creufe même *
à grands frais, des puits- pour avoir de l’eau à
fa difpofirion, & pour remplacer les fources >
quand on n’eft pas affez heureux pour en pofféder
dans fon terrein.
L ’arrofement le plus naturel eft fans doute celui
des pluies, il ,ne coûte rien au cultivateur, il
mouille également fes champs, il les pénètre pro--
fondément. Les pluies qui ne viennent pas par
orages, & qui ne font pas accompagnées de vents
violents, nont pas ^ l’inconvénient de battre 1®
terre, & d’y former une croûte qui la rende
compaéle , & de s’oppofer aux évaporations ou
à la fortie des jeunes plantes. Plus ces pluies font
douces & chaudes, plus elles font bienfaifantes ;
les mottes endurcies, s'amolliffenr lorfque l’eair
s’infinue entre leurs parties ", les racines des végétaux
peuvent s’étendre, & leurs tiges grofftr. L ’eau
appaife la trop grande chaleur Je certains engrais -f
elle fert k la diffoiution de plufieurs principes qui
en dépendent, & les met en état de concourir à
l’accroiffement des végétaux.
Les terres légères & divifées ont befoin de
pluies fréquentes. Celles qui tombent quand I’at-
mofphère eft échauffée, onr uneaCHon fi prompte,
qu’on voit l’herbe reverdir avant qu’elles aient ceffé,-
On doit labourer à plat les terreins fecs ; fi on
les bomboir, la pluie n’y féjourneroir pas afteï
pour les imbiber.
Lés rofées abondantes remplacent Tes pluies
douces. Les neiges, au moment où elles fe fondent,
s’infinlient très-avant & doucement dans les terres
ameublies *, elles mettent aufli, dans les pays
froids, les graines à l’abri de la gelée, & noiem
les fouris, mulots & beaucoup d’infeCles. Ce font
là des effets qu’on ne peut conrefter, & qui font
évidens. Il n’en eft pas de même des autres qualités
attribuées aux neiges. D’où viendroient les
Tels, qu’on dit quelles apportent? Comment pour-
roient- elles engraiffer les terres l II s’en faut de
beaucoup^ que ces qualités foient prouvées. Je;
crois qui! vaut mieux n’accordor aux neiges*