
de la gelée ; & leur fourniront une nourriture fuffifante. Quand l’hiver
fera fentir fes rigueurs, ils auront foin de leur porter dans les étables
des branches quelles puiflent brouter. Les greniers remplis de foin,
V ne feront pas fermés pour elles. ,
. Au retour du printems, on mène les brebis & les chèvres dans
les bqis & dans les pâturages; on les fait fortir de leurs étables dès
que fétoile du matin .commence à paroître, & tandis que la rofée
qui leur eft fi agréable blanchit encore les herbes tendres; quatre
heures après le lever du folei}, quand les bois retennlïent du bruit
importun des cigales, on conduit ces troupeaux à l’eau d’un puits,
ou a ces auges de bois, où coule l’eau échappée d’un étang; au milieu
du jour, on les met à l’ombre fous le feuillage épais d’un vieux chêne,
ou dans ces bois facrés inacçelfibles à la chaleur du midi; on les fait
encore boire. & paître le-foir, lorfque la lune répand une douce
clarté, que les rivages de la mer retendirent du chant des alcyons &
les builTpns du ramage des roflignols.
Les bergers, qui veulent avoir des laines parfaites, compofent leur
troupeau, des brebis dont la toifon eft blanche & fine; fi la langue du
belier, qui doit être le père d’une nombreufe famille, offre quelque,
noirceur, il le rejettent du troupeau, fa laine fut-elle d ’ailleurs atifli
blanche que la neige. L ’expérience leur a appris que les agneaux qui
naifîent d un bélier dont la langue eft tachetée, font ordinairement
marques de noir. Ils évitent egalement de conduire leurs brebis dans
des lieux couverts de ronces, d’épines & dans-les gras pâturages.
Ceux qui défirent d’avoir du laitage en abondance garniffent leurs
étables de cytife & d’herbes dont les fels- irritent la foif des chevres.
Plus elles boivent, plus leurs mammelles fe remplifTent ; & le lait
quelles donnent n’en eft que meilleur, lorfqu’elles fe nourriflént de
ces elpèces d’herbes. Avec quelle induftrie & quelle économie ces
pâtres induftrieux ne préparent-ils pas ces laitages ? Ils font cailler,
durant la nuit, le lait qu’ils ont tire le matin, ou durant la chaleur
du jour ; & celui qu’ils ont trait à l’entrée de la nuit, ils ne le font
épaiflîr qu’au lever du foleil : alors un berger va le porter à la ville
dans des paniers d’ofier : ou bien il le fale un peu & le conferve pour
l’hiver. <
Les chiens deftinés à la garde des troupeaux ne doivent pas être
le dernier objet des foins du berger. Sous ces gardiens fidèles, il n’a
a craindre ni lincurfion des loups, ni les furprifes des voleurs. D ’ailleurs
il en coûte fî peu pour fournir à leur entretien ; une pâte faite avec du
petit lait, fatisiàit aux befoinj^de ces fentineiles vigilantes.
Le poète indique ici un fecret merveilleux à ceux qui font
charges de veiller à la confervation des, troupeaux. I l confifte
à faire brûler dans les éfebles du cèdre & du galbanum | r ) pour
éloigner les ferpens qui .viennent; la vipère dont la moindre bleflure
eft mortelle; la copleuvre qui aime l’ombre fc cachent fouvent fous
la crèche,' & infeétent de leur venin fünefte tous les animaux qui
font renfermes dans les étables. Dès que le berger appercevra ces
dangereux reptiles, il doit fondre fur eux, armé de pierres & de bâtons,
& les pourfuivre jufqu a ce qu’il les ait mis à mort, fans craindre ni
leurs fifflemens, ni leurs menaces.
Maladies des troupeaux. Les animaux ainfi que les hommes
éprouvent fouvent de cruelles maladies & elles font en grand nombre.
Souvent une gale honteufe infeéle les brebis, lorfque la pluie ou le
froid les ont pénétrées; ou lorfque nouvellement tondues, elles ont
fué fans être1 lavées ; ou.enfin lorfque leur peaii a été déchirée par les
ronces &■ les épines. On prévient cette maladie en baignant les brebis
les béliers dans les rivières auffi-tôt après la toifon ; & on la guérit,
.sils en font déjà atteints avec un. remède ( i ) compofé de marc
d huile d’olive, de l’écume d’argent, du fouffre vif, de poix, de cire
graflè. On- y joint le fuc d’un oignon de mer, ihellebore & le bitume
noir : mais le meilleur remède, c’eft de foire une incifion & de facrifier
1 endroit ulcéré ; plus le mal eft caché, plus il s’entretient & s’augmente.
Si le poifon a pénétre jufqu aux os & que la brebis foit en proie à une
fievre ardente, une Lignée au pied en éteindra le feu. C ’eft la recette
qu ont employée lesBifoltes, les Gelons errans dans la Gothie déferte
& fur le mont Rhodope.
Si vous voyez quelqu’une de vos brebis fe retirer à l’ombre, brouter
avec nonchalence l’extrémité des herbes, marcher toujours derrière
les autres, fe coucher au milieu des pâturages & revenir feule lentement
a la -bergerie, employez le fer pour guérir fon mal. Ces fortes de
maladies font d autant plus dangereufeS quelles fe répandent avec
une rapidité incroyable, & détruifent en peu de tems les cfpérances
du malheureux berger. Virgile rappelle à la fin de ce livre une
jmreüle mortalité qui ravagea fuivant quelques commentateurs les
alpes juliennes. Il décrit avec énergie les fymptômes, les accroilfemens
de cetce contagion & les triftes calamités qui en forent la fuite.
i n â n l I a 'S ” ** ^ ^ C0" 'C d’Une E!ante aPPelIsSe après qu’on a fair une
M ’d qUef ion renferme des mots dont il paraît néceffaire de
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fcilié. VhelUbore qu'on trouve communément furie 1 ord°des chemins aPPeJ ^
J e croîs que c’eft le blanc qui eft indiqué ici.
reufe, tenace, inflammable, qm lort de la terre eu qui flotte fur l’eaft. 8