
Arrachez de vos terres à bled, l’hièble, la ciguë, & ramaflez l’herbe
haute & les glayeüls qui croiffent autour de vos feules : ces plantes fer-
viront de litière aux brebis; comme les feuilles des autres arbres
en fourniront aux boeufs.
Fumier pour la vigne. Si votre vigne eft trop maigre, coupez les
farmens en petits morceaux que vous mettrez dans les filions que
vous y aurez faits, ou dans des folfes creufées à cet effet.
Occupations de l’hiver. Voici ce que vous aurez a faire pendant
les longues veillées d’hiver. Vous façonnerez les echalas dont vous aurez
befoin pour attacher le pampre de la vigne ; vous ferez des fagots
& vous porterez le fumier au tas: ne touchez point au bois qui en: fur
pied, fi ce n’eft lorfqu’il n’y a point de lune ou quelle eft dans fon
dernier quartier. Les fept jours qui fuivent la pleine lune feront par con-
féquent les plus propres pour déraciner le bois ou pour le couper.
Gardez-vous fur-tout de le façonner avant qu’il foit foc, non plus que
lorfquil fera gelé ou couvert de rofée. Ayez foin de farder deux fois
le bled pour en arracher les mauvaifes herbes.
A la fuite de ce que nous venons de rapporter, on trouve un chapitre
fur la conftruâion d’un four à chaux : après quoi l’auteur continue
«infi fur les travaux de l’hiver.
Quand le tems fera mauvais, & que Ion ne pourra pas travailler
au dehors’, il faudra porter les ordures au tas de fomier,. bien nétoyer
les étables à boeufs 8c à brebis , ainfi que la baffe-cour St toute la métairie
: vous aurez foin auffi de cercler vos futailles, avec du plomb ou
avec du bois de chêne bien fèc. Vous:pourrezvousfervir de toutes fortes
de futailles, en tel état quelles foienr, pour y mettre votre vin; pourvu
que préalablement vous les ayez bien raccommodées 8c bien cerclees,
que vous en ayez bouche exactement les fentes, 8c que vous les ayez
bien enduites de poix. Voici une recette pour faire le lut avec lequel
vous boucherez les fentes de vos futailles. Prenez une livre de cire ,
autant de réfine 8c deux fois moins de foufre, que vous mettrez dans
un vafe propre, en y ajoutant du gypfe pulvérifé. Vous réduirez cette
eompofirion à un degré de confiftance fuffifant pour former le lut dont
il s’agit.
Travaux du printems. I l faut faire des tranchées & des foies dans
les pépinières , labourer les terreins deftines a former les plans des-
vignes, planter les ormes, les figuiers,, les arbres fruitiers 8c les oliviers
dans des terreins gras 8c humides. On ne doit enter les figuiers, les
oliviers, les pommiers, les poiriers 8c les vignes, que lorfquil ny a pas
de lune, Sc toujours l’aprèsrmidi ; pourvu que le vent du fiid ne
fouffle pas. .
Manière d’enter. Vous couperez la branche que vous voudrez
greffer 8c vous l’inclinerez un peu pour en faire écouler l’eau; prenez
garde en la coupant de déchirer l’ecorce. Vous vous pourvoirez d’un
petit bâton de bois dur que vous aiguiferez par le bout, 8c d’une verge
de franc-ofier fendue en deux. Vous prendrez auffi de l’argile ou de
la craie avec un peu de fable & de boufe de vache que vous pétrirez
enfemble, jufqu’à ce que ce mélange foit très-gluant. Employez alors
la verge d’ofier qui fera fendue, pour lier la branche que vous aurez
coupée à l’effet de la greffer, afin d’empêcher que l’écorce ne fe
déchire dans l’opération. Quand cela fera fait, vous inférerez jufqu’à
la profondeur d’un pouce le petit bâton fec, qui fera aiguifé par le
bout, ayant foin de le mettre entre l’écorce 8c le bois de la branche
que vous voulez greffer: ënfuite prenez une branche de tel arbre que
Vous voudrez enter, aiguifez-la en bec de flûte fur une longueur de
deux pointes de doigt, retirez lé bâton fec que vous avez inleré dans
la branche à greffer, 8c fubftituez lui la branche que vous voulez enter;
de façon que l’écorce de cette branche foit tournée du côté de celle
de la branche greffée, 8c vous l’enfoncerez jufqua l’endroit d’où
vous avez commencé à l’aiguifer; & ainfi de même pour une
fécondé, une troifième 8c une quatrième greffe. Vous lierez de nouveau
la’ branche greffée avec votre ofïer, vous l’enduirez avec le lut
que vous aurez paîtri, jufqu’à une épaiffeur de trois" bons doigts, 8c
vous la recouvrirez en outre avec une feuille de bourrache, afin
que l’eau ne pénètre pas jufqua l’écorce, s’il vient à pleuvoir. Enfin
vous entortillerez l’arbre avec de la paille longue, que vous y attacherez,
pour le mettre à l’abri de la gelée.
Manière d’enter la vigne. On ente la vigne au printems ou quand
elle eft en fleurs. Cette dernière feifon eft la meilleure. Pour enter
la vigne, on coupe le cep que l’on veut greffer, puis on le fend au
milieu à travers la moelle, & on y inféré la greffe, après l’avoir
aiguifée par le bout, de façon que les moelles fe joignent. Voici
encore une autre façon. Lorfque deux ceps font contigus , on prend
deux jeunes branches, une fur chacun, que l’on aiguife obliquement,
& que l’on attache moelle,contre moelle, de façon que l’écorce de
lune touche à celle de l’autre. Il eft encore une autre manière d’enter
la vigne. Percez de part en part, avec une tariere, le farment que
vous voudrez enter, 8c inférez-y jufqu’à fa moelle deux brins de l’efpèce
de vigne que voudrez avoir ; il faut faire en forte que leurs moelles fe
joignent, 8c quils foient inférés dans le trou que vous aurez creufe
•for le forment ente, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. En outre ayez
foin qùe les brins inférés aient deux pieds de longueur; vous les abaif-
ferez en terre, vous les reploierez du côté du cep auquel tient le far-
me-nt que vous aurez greffé, vous fixerez celui-ci par le milieu avec
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