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& y font connus fous les noms d’huile de palmier
& de beurre de Galaham.
2. A voir a mon pere,ou le conanam. Celui-
ci eft bien different du précédent 3 il ne s’élève
point. Son pied efl une fouche qui ne fort
pas de terre, & d’où partent les feuilles qui ont
environ quatre pieds de hauteur ; des aiffelles
de ces feuilles fort un fpathe qui envelope une
grappe droite , garnie d’épines & chargée de
fleurs, lefquelles deviennent autant de fruits, ce !
qui le fait reffembler à une quenouille.
Quelques perfonnts mangent la partie du fruit
qui s'attache au-fond du calice,comme les écailles '
dartichauts , d’autres les font cuire dans l’eau
pouf en manger davantage. On torréfie le fruit
pour en manger l’amande. Cette efpèce fe trouve
dans les grandes forêts de la Guiane.
3. L’avoira fauvage pouffe de fa racine plu*
fleurs troncs gros comme le bras, qui s'élèvent A
la hauteur de quinze pieds. Ses feuilles ont tout
au plus quatre pieds de longueur. Le tronc & les
feuilles font hérifféesde pïquans roides, & longs
d’environ trois pouces. Les fruits font d’un beau
rouge de corail, & reffemblent, par leur forme
&leur arrangement, à de groftes grappes de raifin.
4. L ’avoira grimpant eft un palmier épineux,
qui pouffe de fes racines différens farmens noueux,
qui s’entortillent autour des arbres voifins. Ses
feuilles alternes, forment à leur bafe une gaine
qui couvre chaque noeud:elles font affez éloignées,
quoique les noeuds ne foient qu’à 6 ou 7
pouces de diftance les uns des autres. De l’aiffelle
des feuilles naît un fpathe qui enveloppe une
grappe de fleurs, lefquelles fe convertiffent en !
autant de fruits rouges , de la groffeur des gros :
poids verds. Cette giappe coriace & ferme, ref- ;
iemble à une grappe de raifin , dont les grains
font très-ferrés. Le palmier grimpant , fe plaît
dans les lieux montagneux , où l’eau ne féjournè
pas. 4. B. Le petit Avoira grimpant n’eft qu’une
variété du précédent-, fon fruit eft également rouge.
Il croît au bord des criques.
5 . L’A voir a des favanes eft un palmier que fon
port & fes feuilles, terminées par un filet à plusieurs
crochets, font prendre au premier abord
pour le rotin • il pouffe de fes racines plufieurs
farmens quife répandent en tout fens, & qui s’appuient
fur les arbres, voifins. Il diffère du rotin,
par fes farmens qui deviennent noirs en les mettant
macérer dans la boue 3 enfuite ils font fermes,
durs & caffans -, ils fanrfüfcepribles du plus
beau poli : cet Avoira diffère encore du rotin par
fes fruits, qui font des grappes de petirs cocos ,
dont l’enveloppe eft d’un rouge de corail, & qui, |
par leur forme fphérique & leur groffeur, reffem- I
Lient à une-petite noifette.
Ce palmier fe plaît dans les lieux humides &
marécageux, parmi d’autres arbres. Lorfqu’on tra-
.verfe les bois où ce palmier eft abondant, tous
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les vétemens font bientôt réduits en haillons.3
heureux quand on peut fe garantir le vifage & le
corps de fes crochets. On trouve communément
ce palmier en fortant de la ville de Cayenne, lorfqu’on
veut pénétrer les bofquets de la Savane ;
on le rencontre auffi très-fouvent dans la Guiane,
en traverfant les forêts fujettes à être inondées.
Les habitans de Cayenne en font des cannes qui
font très légères.
6. A v 01 r a Mo c a y a. Celui-ci diffère de
la première efpèce par une fingulariré remarquable.
Son tronc eft plus gros dans le milieu de fa
hauteur qu’à fes deux extrémités 3 fes fruits font
auffi plus gros , & de forme prefque fphérique :
on peut les comparer, pour la groffeur, à une noix
bien nourrie, couverte de fon brou.
Tous ces palmiers ont le calice d’une feule pièce
à trois divifions : les pétales font au nombre de
fix, verdâtres , coriaces & terminées en pointe 3
l’on compte auffi fix étamines, dont les filets font
courts. Le piftil eft un ovaire qui occupe le centre,
il fe termine par un flile très-court dans
les uns, & plus long dans les autres 3 il porte trois
fiigmares. Cet ovaire devient une noix ,.qui con-
ferve le calice, jufqu’à fa maturité. Cette noix eft
enveloppée de filamens qu’on nomme carre , &
qui font entremêlés d’une fubftance pulpeufe,
dont on tire une huile comme nous l’avons dit
ci- deffus.
Culture. L'A voira de Guinée, le feul que
nous poffédions en France, fe cultive dans^ des
pots qui forcent rarement de la ferre chaude,
où ils font enterrés dans des couches de tannée.
Il exige une terre fablonneufe , qu’il faut re-
nouveïler toutes les années en prenant la précaution
de ne rompre ni meurtrir aucune racine.
Cetre arbre ne veut que des arrofemens
1 modérés, il craint l’humidité & fe plaît à la
plus grande chaleur. Pendant le mois de. Juillet,
lorfque les nuits font douces & qu’il tombe de
la pluies il eft néceffâire de fortir les Avoira des
ferres pendant une quinzaine de jours, tant pour
les laver de la peiïffière qui les faîit, que pour
faire périr les pucerons & les galles-infeéles
qui cachées fous les enveloppes dé la tige &
défendues par des épines très-acérées, miifent infiniment
à fa végétation.
Il eft très-rare que cet Avoira pouffe des
oeilletons de fon pied, & comme il n’a point
de branches, on eft réduit à le multiplier de
femences 3 on les tire de Guinée ou de Cayenne
3 mais, comme elles vieilüffent promptement,
il en faut femer un très-grand nombre
pour en obtenir qnelques pieds. Ces graines
doivent être femées à l’infiant où elles arrivent,
n’importe dans quelle faifon 3 fi c’eft l’été, on
les met fur une couche chaude & fous chaffis 3
fi elles arrivent dans l’hiver, on les place dans
la tannée d’une ferre chaude, & on les arrofe
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tfU- fréquemment jufqu’à ce que le germe commence
à fortir de terre. Le jeune plant croit »
très-lentement pendant les trois premières années,
& fouvent à cette époque, il n’a produit que
trois feuilles. ’ Pour hâter fa croiffance on peut
le placer avec les ananas fous les bâches , &
l’y laiffèf jufqu’à ce que la faifon de rentrer
ces derniers (fans lès ferres chaudes foit arrivée.
C’çft ■ dommage que ces arbres foient fi rares
en Europe 3 .leur port élégant & trèi-pittorefque
les rend propres, ainfi que tous les autres palmiers
, à faire le plus bel ornement des ferres
chaudes. ( M. T h ou i n . )
AVORTÉ. Ce inot s’applique aux plantes & .
aux fruits. Ori dit ‘des plantes Avortées , des
fruits Avortes, quand ils n’ont pas acquis leur
perfection, & des arbres Avortés , quand ils ne
font pas d’une belle venue. LesBotaniftes regardent
comme Avortées, les fleurs qui ne prodoifent
rien , ou les étamines qui ne contiennent pas de
pouffière fécondante. Cette dénomination convient
moins aux fleurs entières, aux étamines fié-
riles, & aux arbres rabougris, qu’aux fruits & aux
plantes mal conftituées, ’ parce que l’Avortement
fuppofeune conception, & l’exiftence,à la vérité
informe, d’un individu.
M. Tillet, de l’Académie des Sciences, a fait
connaître une maladie du froment, qu’il défigne
fous les noms de bled Avorté-, de bled rachitique.
Ce favant laborieux, moilefte & vertueux, a
débrouillé les maladies des grains. On lui a l’obligation
d’avoir fait fur cet objet des recherches ,
des expériences & des découvertes, qui infpirent
le plus grand intérêt 3 j ’aurai occafion d’en
parler plufieurs fois. Chargé par la Société de
Médecine de m’occuper auffi des maladies des
grains, confédérées par rapport à la fanté des hommes
& des beftiaux , j’ai cru devoir ne pas négliger
les obfervations phyfiques & les effais qu’il
cônvenoit de faire , foit pour engager les, cultivateurs
à profiter des. découvertes de M. Tillet,
foit pour leur en faciliter les moyens, foit enfin
pour ajouter quelque chofe aux lumières qu’il a
répandues, ou pour aller au-delà du but où il
s’eft arrêté. Un traité des maladies des grains,
que j’ai publié, en 1783 , contient l’ahrégé des
travaux que j’ai entrepris pour remplir ce projet.
On n’y trouve rien fur le bled avorté 3 ou bled
rachitique , parce que cette maladie m’étoit inconnue
alors ,Tayam toujours cherchée inutilement
dans les pays où je paffois les étés. Ce fera
donc d’après les ouvrages de M. Tillet, que j’en
donnerai la dèfcription.
Peut - être M. Tillet eût - il pu trouver une J
dénomination plus exaCte que celle de bled Avorté, j
ou bled rachitique j pour caraétérifer la maladie
dont il s’agit: car les Botaniftes doivent entendre
par • là des grains incomplets , tels qu’en .four- |
niflent fouvent les fleurs du milieu des calices du I
froment. Ces grains ont du fon pour écotee, & I
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contiennent de la farine, tandis que les grains de
bled Avorté ont une écorce particulière & ne
renferment point de farine. Il y a auffi véritablement
des grains de bled boffus & contrefaits ,
qui ne diffèrent des beaux grains, que par leur
forme. Le nom de bled rachitique corn iendroit
à ces derniers exclufivement. Quoi qu’il en foit,
rien ne me paroi fiant plus fâcheux pour les
Sciences que de changer des noms connus, j a-
dopterai ceux que M. Tillet a donnés à toutes
les maladies des grains.
Les racines des bleds Avortés ont paru à
M. Tillet un peu altérées II a diftingué dans plufieurs
la partie ligneufe , qui étoit prelque à nud 3
ces racines n’étoient pas auffi entièrement , &
auffi généralement' recouvertes que des tiges-
faines de cette écorce fpongieufe 8l veloutée ,
dont la fonction fans doute eft dhumeéter la
partie Ce qliugin ienudfieq.-u e que les ti_ ges produ.i.ront du bled
Avorté , c’eft qu’elles font mollaffes, jaunâtre!
tortueufes , nouées 5 à peine ont-elles trois à
quatre pouces de hauteur qu’on s’enapperçoit. Elles
ne s’élèvent jamais au-deffus d’un pied & demi 3
en croiffant, elles prennent une couleur verte ,
& deviennent bleuâtres. Les feuilles fe colorent
de la même manière 3 elles n’onr pas plus de
confiftance que les tiges, & font contournées en
forme d’oubli ou de tirebourre.
Lff épis font petits, maigres, defféchés. Selon
M. Tillet, "avant qu’ils foient hors du fourreau
, l’avortement des grains eft quelquefois con-
fommé. Peu de tems après quils fe font montrés,
on les voit blanchir.
Les grains Avortés reffemblent à des petits
pois fins 3 ils font irrégulièrement arrondis &
fe terminent brufquement en pointes 3 ils en ont
trois bien marquées. Tls noirciffent, fe deffechent
& fortent de leurs bâles auffi - tôt qu on y touche
pour les obferver. Il eft rare qu un pied de
bled rachitique produite des épis totalement bons,
& des épis totalement Avortés : lorfque cela arrive
, le bon épi eft porté fur une tige droite,
dont les feuilles font peu contournées.
Les grains Avortés fe trouvent quelquefois
entremêlés dans un même épi. avec des grains
cariés. Dans ce cas , la tige eft droite , & les
feuilles font développées. Cela indique le rapport
de bled Avorté avec le bled carié. Une tige
rachitique porte quelquefois de bons grains &
des grains Avortés fur un même épi. 11 en .rare
de trouver un grain Avorté, accompagné dune
ou de deux de fes étamines 3 M. Tillet n en a
jamais vu, qui les eût tontes les trois. ^
M. Tillet a remarqué des tiges affez droires,
très-élevées , & n’ayant de contournées que les
feuilles du troifième & quatrième noeud , qui por-
toient des épis, fur lesquels i!,atrouvé3 1.° des
grains Avortés feul s dans leurs bâles , 2.0 des
grains Avortés » & de bon? grains renfermés dans
B bbbb 1