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TROISIEME DISCOURS*
P a r M. l’Abbé B o n n a t e r r e .
Extraits des meilleurs Auteurs d'Agriculture.
A U T E U R S G R E C S .
Héfiode. L e p l u s a n c ie n o u v r a g e que nous ayons fur l’agriculture, c’efl:
un poëme d’Héfiode, intitulé : les Travaux & les Jours. On fait
que ce poëte naquit à Cumes, ville d’Eolide, & qu’il fut élevé à
Âfcra, dans la Béotie, où fes parens fe retirèrent pour fc fouftraire
aux pourfüites de leurs Créanciers : mais il n’eft pas aqffi aifé de fixer
le tems où il a vécu, pour en déduire à-peu-près celui où il a donné
fon poëme. Les hifloriens ont là-deflus des opinions bien différentes,
les uns difent qu’il a exifté avant Homère, les autres prétendent qu’il
n’eft venu au monde que cent ans après, & il y en a qui affurent
qu’il a été fon contemporain. « Homère & Héfiode chantèrent les
v funérailles d’Ælycius de Thefl'alie & d’Amphidamas de Chalcis,
v dit Plutarque (i), & les fuffrages furent partagés entr’eux. n Ce fait
eft encore attefté par Philoflrate, Libanius, Rutgerfius, Heinfius,
Erafme. Il paroît même certain , d’après le témoignage de quelques-
uns de ces Auteurs, que dans le concours de poëlîe qui fut convoqué à
Chalcis par ordre du roi Paris, frère du défunt, Héfiode fut vainqueur
& qu’il obtint, pour prix de fa viétoire, un trépied magnifique qu’il
confacra aux mufes de l’Hélicon, après y avoir-gravé cette épigramme,
que Dion nous a confervée.
« Héfiode confacra ce monument aux Mufes de l’Hélicon, lorfque
» dans Chalcis, fes vers l’emportèrent fur ceux du divin Homère. »
Hejiodus pofuit Mujîs Heliconibus iflum
Cum cantu vicit divinum in Chalcide Homerum,
Nous n millions fur ce prétendu avantage d’Héfiode fur Homère ,
qui eft étranger à notre fujet, de même que les autres circonftances
de fa vie, que pour prouver uniquement que ces deux poètes étoient (i)
(i) Lib. Y , Sympofiacon qmefl, 2 0 , & in conviv. 7 , fapient. page 155.
contemporains. On doit par conféquent rapporter leurexiftence,fuivant
les Grecs &: les Latins, vers la première olympiade, c’eft-à-dire,
foixante ans avant la fondation de Rome.
Quant au poëme dont nous avons à parler, c’eft un écrit didactique,
qu’Héfiode compofa pour l’inftruétion de fon frère Perfés qu’il vouloit
détourner de l’oifiveté & rendre un homme de bien. On peut le
divifer en trois parties5 favoir, les travaux, en deux livres, & les
jours, en un livre féparé. Cette divifion arbitraire a été adoptée par
Daniel Heinfius dans l’édirioh qu’il a donnée de cet ouvrage, en
.1603 ; Salvini l’a fuivie dans fa traduction en vers Italiens.
La première partie, qui renferme 360 vers, eft un code de morale
dont les préceptes excellera peuvent convenir à tous les hommes;
c’eft un recueil de fentences & de maximes fur l’obligation d’obferver
la juftice, de s’occuper au travail, & fur les maux que la pareffe
entraîne.
La féconde partie contient des préceptes fiiperficiels d’agriculture
mêlés cependant de peintures vives & agréables. Après avoir exhorté
Perfés à refpeCter les dieux, à leur préfenter des offrandes pures de
innocentes, le poëte entre dans le détail des occupations ruftiques.
Tems de la moijjlm. Il lui recommande d’abord de commencer la
moiffon au lever des pléiades ( 1 ) , & le labour à leur coucher (t). « Sou-
” viens-toi, lui dit-il, de te procurer, avant tout, du bétail pour le labou-
” rage, de chercher une bergère pour conduire tes troupeaux, &c d’avoir
v des outils en bon état. En automne, lorfque la sève ne circule plus, tu
15 couperas le bois néceffaire pour les inftrumens du labourage. r>
Il prefent enfuite les dimenfions que doivent avoir certaines pièces.
I l faut un tronc de trois pieds pour un mortier, un pilon de trois
coudees, une planche de fept pieds. Les jantes des roues doivent
avoir trois . palmes, & le charriot dix. Il lui confeille d’avoir deux
|eharrues, lune d’une feule pièce, l’autre d’affemblage. Les avertiffe-
mens qu’il lui donne s’étendent jufques fur la qualité du bois qu’il doit
employer « Le laurier & forme, dit-il, font le meilleur bois'pour le
mimon; le chene, pour le dental, & le chêne verd, pour le manche.,,
A legard des boeufs, il 1 exhorte à en avoir de neuf ans, parce qu’à
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H B H Ü H I H p '* < » 1 le dos du
devons prévenir le lefleur que la nlimarr a falel1 au commencement de juin. Nous!
ont été écrits dans des tems très-ancFen 4 f° UVraf S d?.nt fairelanalyfe
qu ainfi on ne doit pas être furpris fi les oriéraiinm ‘ es ,c ,mats d!fférens du nôtre, &
les nôtres. ** P aIions rurales ne correspondent point avec
1 H Cette conftellation fe couche avec le foleil, vers le milieu de novembre.