
UJ'age : Cette efpèce eft très-propre à orner
fa tannée des ferres chaudes, elle y produit un
effet d’autant plus agréable, qu’elle fleurit dans
une faifon ou les fleurs font très-rare?.
< 3. L’Am arillis ondulée produit un petit
oignon de la groffeur à-peu-près de celui d une
etite jonquille*, il en fort en Automne une
ampe d’environ fix pouces de haut , qui. fe
termine par une ombelle compofée d’une douzaine
de petites fleurs couleur de rofe. Les pétales de
ces fleurs font très-étroits, ondés fur les bords,
& fe recourbenr en-deflous après leur épanouif-
femenr ; les feuilles qui croiffent après les' fleurs,
lont de la longueur des hampesy elles fon étroites,
prefque linéaires & d’un verd tendre. La végétation
de cette plante ce fie dès le mois de mai, &
ne recommence que dans le mois de feptembre.
Culture : Elle pourroit croître en pleine terre,-
fans beaucoup de foin, dans nos provinces méridionales*,
mais dans celles du nord, il convient
de la cultiver fous des chaflis abrités des gelées. On
la multiplie aifément par fes cayeux. Elle aime une
terre légère, meuble & fabîonneufe. •
Ufage : Cette jolie plante peut occuper une
place dans les jardins des curieux *, elle produit
un effet aflez agréable fous les chaflis. ®
9* Am a rill is grénéfienne. Les .bulbes de
cette efpèce font de la grofleur d’un oignon de
tulipe , & leur végétation commence vers le mois
de feptembre ; elles pouffent d’abord une hampe
de couleur pourpre , qui s’élève infenfiblement
a la hauteur d’un pied & quelquefois davantage.
Cette hampe fe termine par une ombelle compolee
d’une ou de deux douzaines de boutons à fleurs,
fuivanr l’âge ou la vigueur des oignons. Les fleurs
s épanouiffenr fucceflivement deux à deux ou trois
à trois y elles font un peu plus grandes que celles
du Martagon , auxquelles elles reflemblent affez
par la forme ; leur couleur efl un beau rouge de
cirife fur un fond d’or. Eclairées-par, le foleil,
elles ont tout l’éclat d’une belle avanturine.
Ces fleurs durent vingt ou trente jours, fuivant
que la végétation de la plante efl plus ou moins
accélérée par la chaleur , ou que fon ombelle
efl compofée d’un plus ou moins grand nombre
de fleurs. Les feuilles commencent à croître vers
la fin de la fleurai fon.- Leur longueur efl d’environ
un pied , fur fix lignes de large. Elles
végètent- pendant tout l’hiver $ fe flëtriffent au
prinrems , & fe defféchent vers le mois de
juillet. Jufqu’à préfent nous n’avons point vu
ectre plante fruélifier dans notre climat*, mais
comme elle produit beaucoup de cayeux , il efl
très-facile de la multiplier par cette voie.
Culture : On la cultive en grand dans les
ifles de Jerfey & de Guerncfey , fur les côtes
de Kormandie, où elle fait un objet de corfimerce
affez confidérable.
La première culture qu’on lui donne dans ces
deux ifles efl tiès-limpie, elle confifle à planter
les oignons dans une terre fabîonneufe & de
nature sèche , & de les abandonner enfuite à
eux-mêmes pendant quelques années. Ils réuf-
fiffent parfaitement , & produifent quelquefois
une fi .grande quantité de cayeux, qu’on en a
compté jufqu’à cent fur le même oignon. 11 efl
vrai que cette prodigieufe quantité nuit au développement
des bulbes*, mais, d’un autre côté ,
elle facilite finguiièrement les moyens de multiplication.
Lorfque le tems de relever les bulbes & de
multiplier les plantes efl arrivé , les habitans
féparent les cayeux des gros oignons , & les
laiffent quelques jours à l’air avant de les remettre
en terre. C’efl ordinairement vers le mois de
juin, quand la végétation efl arrêtée, qu’ils font
cette opération. Ils préparent enfuite une efpèce
de terreau , compofé par égales parties de fumier
végétal bien confommé, de fable de mer très-fin,
& d’une terre de pré meuble & légère , le-tout
exactement mélangé & paffé à la claie. Avec ce
mélange, ils forment, à l’expofition du midi &
à l’abri des vents du nord , des plate-bandes
de deux pieds d’épaifleur , qui excèdent le niveau
du fol d’environ cinq pouces , fl le terrein efl
fec, & de huit à neuf pouces , s’il efl: humide ;
ils tracent des lignes fur ces plate-bandes , &
y plantent les cayeux à huit pouces en tout fens
les uns des autres *, aux premières gelées , ils
couvrent les plate-bandes avec de la paille, des
feuilles sèches ou des paillaffons. Ils les découvrent
au printems, & les laiffent à l’air libre jufqu’aux
gelées fuivantes. Mais alors ces plantes veulent
une culture plus, foignée que la première. Il
faut les farder fouvent pour détruire les mau-
vaifes herbes qui pourroient leur nuire , les biner
de, tems à autre , pour ameublir la terre , &
les rechaufî’er une fois chaque année avec des
terres neuves & légères.
Lorfque les cayeux ont paffé deux, trois ou
quatre années dans ces plare-blandes, & qu’ils
font affez forts pour fleurir , on les lève , & ,
après" les avoir laiffé fécher pendant quelques
jours, on choifit les plus gros , que l’on enveloppe
avec foiny & que Ion emballe dans des
caifl'es avec des rognures de papier, des étoupes
de filaffe & autres matières sèches, pour les
faire paffer dans les différentes parties de 1 Europe.
Çes bulbes ne viennent pas également bien
dans tous les pays y elles réufïiffent plus ou moins
heureufement , en raifon du plus ou moins de
rapport qu’ont les climats où elles' font transportées
, avec celui d’où elles ont été tiréés. En
Angleterre, par exemple , Miller dit qu’en ad-
miniflrant à ces plantes la même culture qu’on
leur donne aux ifles de Jerfey & de Guernefey,
on parvient affez ordinairement à les conferver en
pleine terre, à les multiplier & à les faire fleurir.
Il n’en efl pas de même à Paris, à peine cette
culture fuffit-elle pour les conferver y & quoique
celle qu'on leur donne foit beaucoup plus foignée,
il efl même affez rare quelles fleuriffenr.
Voici la manière dont nous les cultivons.
Aufli-tôt que les oignons font arrivés dans ce
pays-ci, c’eft-à-dire, vers le milieu du mois de
juillet , on les plante dans des pots remplis
d’une terre compofée avec moitié de terreau de
bruyère & moitié de terre à oranger. On en
met ordinairement tin ou quatre dans chaque
vafe , fuivant la groffeur de l’oignon , & le but
que l’on fe propofe. Dans le premier cas, on
choifit un vafe d’environ fix pouêes de diamètre,
& dans le fécond, on en prend un qui ait au
moins huit pouces. On efpacc les oignons à
égale difiance les uns des autres, on les affermit
en plaee, & on les recouvre de deux
pouces de terre environ y enfuire on les' bafline
légèrement pour exciter la végétation, après quoi
on les place fur une couche' tiède, couverte
d’un chalfis dont les panneaux font enlevés y &•
on les laiffe dans cette pofition fans les arrofer 9
jufqffà ce qu’ils commencent à pouffer.
La hampe des oignons qui doivent fleurir ,
ne tarde pas à percer-, elle paroît fous la form®
d’un bouton pointu , d’un beau rouge. On arrofe
alors légèrement ces oignons lorfque la terre efl
sèche , mais oii n’arrofe les autres que lorfque
leurs feuilles commencent à pouffer. Si on les
arrofoit auparavant , on rifqueroit de les faire
pourrir, & c’efl pour prévenir cet accident, qu’il
efl à propos de les garantir de la pluie , au
moyen des panneaux que l’on place furies chaffi?.
Vers le commencement d’oélobre, on enterre
les pots dans le terreau de la couche, & l’on
place à demeure les panneaux fur les chaffis,
en obfqrvant de les ouvrir pendant le jour, toutes
les fois que lé tems efl doux, & de les fermer
pendant les nuits froides ou trop humides.
Lorfque les gelées blanches commencent à fe
faire fentir, & que la couche a perdu de fa
chaleur, on fait des réchauds avec du fumier neuf
mêlé de vieux fumier, pour que la chaleur foit
modérée , & ne paffe pas huit ou dix degrés.
C’eft à-peu-près à cette époque, que les premières
fleurs des grénéfiennes commencent â épanouir.
Si l’on veut en jouir plus long-tems , il convient
de lever les pots de deffus la couche, & de les
tranfporter dans une ferre tempérée ou dans un
appartement dont la température efl douce , &
de les placer dans une pofition aérée , mais
cependant à couvert du foleil du midi *, avec
cette précaution , elles dureront à-peu-près un
moi$. Les oignons qui n’ont pouffé que des
feuilles, peuvent refter pendant tout l’hiver fous
les chaffis , pourvu qu’ils foient conftruits de
manière à les garantir des gelées y autrement il
faudroit les rentrer à l’orangerie, & les placer
fur les appuis des croifées.
L’année fuivante, au commencement de l’été,
lorfque les feuilles des grénéfiennes commencent
à fe flétrir , on met les pots qui tes renferment
dans une plate-bande , établie dans une pofition
sèche, ,& on les y laifle jufqu’à l’automne fans
les arrofer, feulement on a l’attention ^ de les
garantir des mauvaifes herbes & des pluies trop
confidérables. Lorfque le tems de leur végétation
arrive, on vifite les oignons, on les recouvre de
nouvelle terre, & on les place fur une couche
tiède, oè ils reçoivent la même culture que l’année
précédente. Il efl rare de voir fleurir cette fécondé
année, non-feulement les oignons qui ont donné
des fleurs l’année précédentemais même ceux
qui n’ont produit que des feuilles.
Communément on ne relève de terre les oignons
de grénéfienne que tous les trois ou quatre
ans. On choifit, pour cette opération, le tems de
leur repos qui s annonce par le defsèchement de
leurs fannes. On attend que la terre dans laquelle
ils font plantés foit bien sèche,afin qu’en renverfant
les pots & comprimant la terre entre les mains,
elle quitte aifément les oignons *, on retranche
toutes les vieilles racines qui font mortes ou
mourantes *, on fépare les cayeux le plus près de l'oignon
qu’il efl poflible, & on les laiffe sécher à
l'ombre pendant une quinzaine de jours dans un
lieu fec & fermé , on les replante enfuite dans une
nouvelle terre, & on les cultive comme nous
l’avons dit ci-deffus.
Quelques cultivateurs plus hardis ont fuivi
une autre pratique y ils prétendent qu’en donnant
aux oignons de grénéfienne une culture moins
foignée, les plantes font plus vigoureufes &fleurif-
fent plus fréquemment. Comme nous n’avons point
fait ufage de leur procédé, nous nous contenterons
de l’indiquer ici fans répondre du fuccès.
H confifle à relever tous les ans , au mois de
juillet, les oignons de grénéfienne, à les nettoyer
foigneufemerit, & ù les iaiflèr repofer à l’ombre,
fur les planches d’une ferre, jufqu’à la fin de fe-p-
tembre. Us les replantent enfuite en pleine terre,
à l’expofition du midi, dans une terre maigre,
mêlée de cailloux, & fur la furface de laquelle
ils ont répandu quelques livres de tel marin. Pendant
l’hiver, ils fe contentent de couvrir les planres de
chaffis de paillaffons & de paille en affez
grande quantité pour empêcher les gelées de
pénétrer jufqu’à la terre. Voilà toure la culture y
elle efl facile, on peut la tenter y fi elle réuffit
elle aura l’avantage d’épargner bien du travail &
des foins & de procurer en même-tems un
plus grand nombre de jouiffances.
UJage : La fleur de la grénéfierfne efl une des
plus'éclatantes que nous, connoiflions j fa forme
èft élégante, & , confidérée de près, elle offre des
beautés de détails très-intéreffans *, mais, n’étam
point encore parvenue à un certain degré de na-
turalifation, on ne peut la regarder chez nous
que comme une fleur propre à orner fes ferres
ou les appartenons *, peut-être parviendrons-nous
un jour à la cultiver er* pleine terre > elle efl