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rons à décrire d’une manière générale, le port
de ces grouppes. Nous nous déterminons déniant
plus volontiers à fuivre cette marche, que
la majeure partie des plantes de ce genre , ne
Com cultivées que dans les Ecoles de botanique,
& font à-peu-près indifférentes aux autres fortes
de jardins.
P r e m i è r e D i v i s i o n .
Aflragales à tiges herbacées.
Ce premier grouppe renferme des plantes de
deux natures différentes, les unes font vivaces,
& les autres annuelles. Les premières , qui forment
le plus grand nombre , ont des racines longues,
coriaces & d'une confiftance prefque .ligneufe ;
plufieurs pivotent à deux & trois pieds, Tandis
que les autres defcendent feulement à quelques
pouces de profondeur. Les unes & les autres
donnent, au printems de chaque année, naif-
iance à des. figes qui ont depuis un pied jufqu’à
fept pieds de haut; ellës fe deffèchent & meurent
à l’automne. La plupart de ces tiges s’élèvent
verticalement, & quelquesautres rampent fur terre.
Mais toutes font garnies de feuilles pinnées, de
différentes; grandeurs, terminées par une foliole
impaire. Les fleurs viennent plufieurs enfemhle,
difpdfées en têtes ou épis, foit. dans les ai (Telles
des feuilles., foit au fotnmet des tiges. Il leur
fuccède des gonfles de différentes dimenfions qui
renferment plufieurs femences , lefquelles mû-
riffent parfaitement dans notre climat.
Les. efpècés annuelles ont la même configuration
dans toutes leurs parties ; mais, en général,
elles font plus petites, plus grêles & par (
conféquent pins délicates. *
Culture. Les Aflragales de cette première di-
vifion croiffent aifément dans un terrein meuble:';
profond, fubflantiel & légèrement humide. Ils
viennent même, dans des tèrres maigres & de
mauvaife qualité. Les expofitions découvertes ■
leur font les plus favorables. Cependant- les- ef- :
pèces qui croiffent. à. L’ombre s’habituent bientôt
au grand air. En général, les efpèces vivaces j
font d’une très - longue vie > & lorfqu’üne
fois elles ont formé fouche dans un terrein &
que leurs racines l’ont pénétré à une certaine
profondeur, elles réfïftent à- la fèchereffe & aux
froids les plus rigoureux, & n’exigent prefque:
aucune culture. '
Ces plantes ayant des racines fortes & coriaces.,
peu garnies de chevelu, reprennent-dif-:
ficilement lorfqu’on veut les propager par le-
moyen des drageons. Aufti eft-il plus fur de
Tes multiplier de graines ; d’ailleurs cette-voie
de multiplication eft plus abondante & pref-
qu’aufh expéditive-que celle des drageons;. Les
femences des Aflragales , lorfqu’on les laiffe ren- ;
fermées dans leurs gonfles, fe confervenj plus-
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de huit ans ; mais il eft plus fïir de ne: pas-
attendre ce terme pour les femer. Les efpèces
indigènes & celles des climats plus froids que le
nôtre, peuvent être fernées à. l’automne, dans
un terrein meuble & léger. Celles qui. croiffent
dans nos Provinces méridionales & dans le
midi de l’Europe, ne doivent l’être qu’au mois
de Mars, mais toujours en pleine terre ; enfin
les efpèces originaires du Levant , ou de la
côte de Barbarie, réuflîffem infiniment mieux
lorfqu’elles font fernées dans des pots au commencement
du mois d’Avril, & placées, fur une
couche chaude , à l’air libre, & à l’expofitioa
du midi. Les femis d’automne n’ont pas befoih
d’arrofemens, tant à caufe de la diminution.de
la chaleur, que parce que la terre eft fuffifamr
ment humcélée dans cette faifon , & qu’il ne
faut pas accélérer le développement des femences
aux approches de l’hiver. Mars on ne rifque.
rien à les prodiguer aux femis prinraniers, juf-
~ qu’à Pépoque de leur germination. Tl eft même
fonvenr utile de mettre tremper dans l’eau , pendant
vingt-quatre heures , les graines d’un gros
volume & qui font un peu anciennes j leur
germination en fera plus prompte & plus frire,,.
Mais, dès que les germes fortent de terre , il convient
de modérer les arrofemens & de les proportionner
à la chaleur du jour & au befoin;
des pian res.
Les ferpfs d’automne lèvent rarement avant
1 hiver ; ce n’eft qu’au premier printems qu’ils
fortent de terre. Ceux du printems fe déve-,
lopent pluspromptemenr, & font, par conféquent,
moins fujets à devenir la proie des infeéles. On
peut attendre pour les Lever de place*, qu’ils
aient accompli leur première végétation , foit
qu’ils foient en* pleine terre ou en pots ; mais
il eft très-à-propos de ne pas différer plus, tard
que le printems fui-vant , pour les repiquer à*
leur deflination , parce que Tes raeines devenues
fortes, fè prêteroient plus difficilement à la tranf-
plantation. A l’égard des efpèces annuelles, elles-
doivent reflet à la place où elles ont été fernées y
à moins qu’elles ne foient- dans dès pots y car
alors on eft le maître de les placer où l’on
veut, pourvu toutefois, qu’on les plante avec
leur mote.
Le jeune plant- des efpèces, N.° 1 & 17 , dbit
être repiqué dans des pots avec une terre far
blonneufe. L’hiver , i l , convient d’en rentrer
qwelques individus Ans forangerie , parce que
ces plantes pouffant de- très-bonne heure * les
gelées tardives font fouvent périr celles qui font
en pleine terre; cependant, comme elles viennent-
beaucoup-plus belles en pleine terre qu’en pots ,.
il eft bon d’en mettre quelques individus au pied!
d’un mur , à Texpofition du midi, & de les couvrir
pendant les grands froids, c’eft le moyen
de les conferver long'-rems. -
Ufage,. L e s A flr a g a le s .,. N . ° % & 5 font de
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grandes & belles plantes qui, par leur port élégant
& leur maffe de fleurs, lont très-propres à
faire ornement fur les plate-bandes des grands
parterres. Ils figureront très-bien fur la ligne du
milieu entre les arbuftes à, fleurs ; placés fur les
lifières des bofquets, ou par maffes fur des pe-
loufes , dans des jardins pa^fagiftes , ils produiront
un effet agréable. C’eft dommage que
l’efpèce, N.° 1, foit un peu. délicate ; fon p ort
pyramidal & les gros bouquets de fleurs jaunes
■auxquelles fuccèdent des gouffes renflées, fort fin-
gulières; en font une plante très - pittorefque ,
qui produiront de l’effet dans les jardins modernes, j
Les efpèces, N.® 1,5 & 13,ont été indiquées par
différents Agriculteurscomme des plantes propres
à faire des prairies artificielles, & qui peuvent
donner un fourrage fain & très-nourriffant. M.
Clouet, de Verdun , a cultivé la treizième efpèce
pendant fix ou fept ans ; il a fait, à ce jujer, un#
Mémoire où il détaille fa culture & fes ufages,
pour la nourriture des befliaux. Nous ne pouvons
mieux faire fentir l’utilité de fon travail ,
qu’en difant qu’il a été couronné par l’Académie
d’Erford.
D e u x i è m e D i v i s i o n .
Aflragales h tiges milles ou fans tiges.
Ceux-ci ont des racines longues, & fufiformes,
qui s’enfoncent perpendiculairement à la profondeur
d’un à dèux pieds. Elles font ordinairement
fimples , fans ramifications , d’un blanc
jaunâtre, & garnies de quelques fibres déliées.
„Leur collet eft charnu , & c’eft de la couronne
que fortent immédiatement les feuilles ; ces feuilles
forment une rofette appliquée contre terre, arrondie
dans la circonférence, & dont le centre
répond au collet de la racine. Les fleurs fortent
du milieu de cette rofette; la plupart font folirai
re s &■' de diverfes -couleurs , fuivant les efpèces
; les feuilles, les fleurs & les gouffes des
efpèces de cette divifion, ne diffèrent de celles
des deux autres que par leurs dimenfions & leur
couleur; d’ailleurs leurs différentes parties ont
la même ftruélure. . . j
Culture. En général, les plantes de cette division
font moins ruftiquës que celles dê la précédente;
elles vivent moins long-tems, & exigent
un terrein plus fec & une expolition plus chaude. ,
Quant à leur multiplication , elle s’opère de la
même manière & exige le même traitement. Les
efpèces,N.° 50 & 52, ont befoin d'être rentrées
l’hiver dans l’orangerie pour fe conferver pendant
cette faifon.
T r o i s i è m e D i v i s i o n .
Aflragales ligneux ou admgants.
Les plantes de cette divition fe diftinguent
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aifémeftt de celles des précédentes . par leuçs
tiges permanentes, & mieux encore par les pétioles
de leurs feuilles qui refient fixés aux branches
après la chute des folioles, & rtffemblent à des
épines. Les racines de ces arbufies font longues,
flexibles , coriaces & tortueufes tantôt elles
rampent fous terre à quelques pouces de la fur-
face, & tantôt elles s’y enfoncent profondément,
lorfquelles trouvent un paffage dans les fentes
des rochers. Du coller de ces racines, fortent
plufieurs branches courtes , qui fe divifent &
fe fubdivifent en rameaux, garnis à la bafe d une
grande quantité de longs pétioles de feuilles ,
dont la pointe, eft" acérée. Aux extrémités de ces
rameaux fe trouvent les feuilles. Elles font dif-
pofées dans toute la circonférence & très-rappro-
chées ’ les unes des autres , ce qui forme des
touffes affez fingulières. Leur couleur eft affez
généralement d’un vert pâle , tirant plus ou
moins fur le blanc. Les fleurs font peu apparentes
, elles viennent par petits1 bouquets dans
les aiffelles des feuilles. Il leur fuccède de petites"
gouffes qui renferment les femences. D"aprèe
cette defcripdon , il eft aifé de voir que ces
arbuftes font plus finguliers qu’agréables.
Culture. Les Adragants fe confervent difficilement
en pleine terre , dans notre climat. Seulement
les deux premières efpèces y viennent affex
bien , au moyen de quelques précautions. Mais,,
dans leur "jeuneffe, celles-ci, comme toutes les
autres, veulent être cultivées dans des pots, &
rentrées pendant l’hiver , dans une orangerie
aëréé, ou placées fous dés^chafîis. Elles aiment
une terre meuble, fablonneufe fit fèche. L’humidité
leur eft très - préjudiciable , fur ,- tout
pendant l’hiver. Les deux premières peuvent être
rnifes en pleine terre , lorfque les pieds ont
deux ou trois ans, & qu’ils font tin peu forts.
Mais il eft indifpenfable de les planter dans un
terrein très-fec, à l’expofition la plus chaude,
& de les couvrir de paille ou de feuilles fiches
dans les grandes gelées. Ces, arbuftes fouffrent
difficilement d’être taillés St de recevoir une
forme fymméîrique. Il eft même dangereux de ccu*
per lès pétioles des feuilles qui relient attachés
aux rameaux, après la chiite de leurs folioles.
Il vaut mieux les laiffer tomber d’eux-mêmes,
que de fe fervir de la ferpette pour les fup-
p rimer. ,
Ces arbuftes, fe multiplient aifément de graines ;
quelquefois de marcottes, mais très-rarement de
boutures. On feme les graines au commence-
ment d’Avril, dans des pots remplis, par égale
partie , d’une ;crre à oranger & d’un terreau de
bruyère. Les plus , fortes femences ne doivent
être recouvertes que d’environ trois lignes d’é-
paiffeur , & les plus petites d’une ligne. On
' place les femis fur une couche chaude, a 1 air
libre, & à l’expofition du midi. On a foin d a?
bord’ de leur donner de fréqttens arrofemens