
ordinairement 1a moitié du volume de l’oignon 3
c’efl alors qu’ils peuvent être féparé?. De la partie
fupérieure de la bulbe fortenr enfuite cinq on fix
feuilles d’un verd foncé, qui otjt jufqu’à dix-huit
pouces de long : elles reffemblent à celles du
jNarcifle. A côté de ces feuilles paroiffent en
même-tems, & quelquefois un peu auparavant, les
hampes qui portent les fleurs ; leur hauteur efl
d’environ un pied -, elles font d’un beau rouge dans
leur jeunefle, & chacune d’elles efl terminée par
une belle fleur. Jufqu’à préfent nous ne les avons
point encore vu fructifier dans notre climat.
Culture : Cette plante, originaire du Mexique
& des autres parties de l’Amérique méridionale,
a été apportée en Europe vers l’an 1593. Au
moyen d’une longue culture, elle s’efl fi bien nsatu-
ralifée , qu’elle pàfle les hivers en pleine terre
dans nos provinces tempérées 3 ôn la conferve,
même à Rouen , avec la feule précaution de la
couvrir de paille dans les tems de gelées. Cependant
il efl beaucoup plus fur & plus commode de
la tenir dans des pots, & de la rentrer l’hiver dans-
les orangeries, où de la couvrir d’un chaflis. Lorf-
que cette plante efl cultivée en pleine terre* elle
fleurit à la fin de l’été3 elle donné des fleurs un
mois plutôt, lorfqu’on la rentre à l'orangerie, ou
qu’on la place fous des chaflis -, & fi on la cultive
dans les tannées des ferres chaudes, elfe fleurit au
printems .Veut-on obtenir des fleurs du même oignon
deux ou trois fois dans la même année | 11 faut,.
immédiatement après le defl'écheraent dès fannes,
relever l’oignon le mettre à l’ombre dans un lieu
fec pendant douze ou quinze jours le replanter
enfuite dans une ferrefubflancielle & meuble, &
accélérer fa végétation par la chaleur d’une couche.
Les hampes & les feqjlles ne Tarderont pas à
paroître , & dans l’efpaee de fixfemaines toute la
végétation fera terminée 3 alors on pourra recommencer
la même opération : nous l’avons faite
jufqu’à trois fois dans une année, fan.0 que le»
oignons fournis à cette culture nous aient paru
trop fatigués. 11 efl aifé de juger\ par cette expérience
,. que cette belle plante efl une des moins
délicates que nous ayons reçues de l’Amérique,
& qu’il efl facile d’en obtenir des fleurs dans fous
les mois de Tannée.
Elle fe multiplie très-aifement par le moyen de
fès cayeux, qui doivent refler au moins pendant
deux ans attachés à l’oignon qui les a produits*, |
afin qu’ils aient le tems de croître & de fe forri- I
fier« & c’efl la raifon pour laquelle on ne les
lève de terre que tous les deux ou trois ans. La
faifon la plus favorable pour cette opération efl
le mois d’août, lorfque les fannes font defftichées.
Mais il faut avoir l’attention, en féparant les
cayeux, de conferver les racines fibreufes qui les
accompagnent & qui leur font très-utiles. Gefte attention
n’efl pas moins néeeflaire pour le»oignons.
Lorfqu’on tes tranfplante, on doit laiffer fubfifler
toutes les racines qui. font faines* & fe borner
feulement à fupprimer celles qui font mortes ou
à moitié pourries.
UJages. Cette plante efl propre à décorer les-
gradins des ferres, & les théâtres des fieuriftes.
L’éclat & la beauté de fes fleurs la fait rechercher
dans tous les jardins d’agrément.
6\° L ’Amahillis à fleur rofé efl encore une
belle efpèce dont l’oignon pouffe chaque année
vers la fin de feptembre une tige d’environ deux
pieds de haut, terminée par un bouquet de douze
à quinze grandes fleurs, qui s’ouvrent fucceffive-
menr. D’abord elles font prefque blanehes, en-
fuite elles prennent une teinte carnée, & finiffent
par être couleur de rofe. Leur odeur, qui eff
douce, approche de celle de la jacinthe. A ces
fleurs fuccèdent fouvent des capfules à trois loges*
qui renferment une grande quantité de femences-
noires & très-minces. Les feuilles de cette planté
ne pouffent qu’après les fleurs : elles font longues
d’environ un pied, & larges de deux pouces.
Elles fe deffèchent vers le mois de juillet.
Culture\ On cultive cette belle plante en pleine
terre, dans des plate-bandes au pied d’un mur,
à Texpofition du levant. Elle aime une terre
fablonneufe, meuble & fubflancielle. Lorfqu’elle
efl en végétation, elle exige des arrofemens fré--
quens, mais légers, qu’il faut fupprimer entièrement,
quand elle efl dans fon état de repos ; &
s’il furvenoit alors des pluies trop abondantes, il
faudroit bomber la plate-bande avec une terre
légère, afin d’en écarter les eaux.
Tous les deux ou trois ans on doit relever les
oignons, tant pour les débarrafler des nombreux
cayeux qui les entourent & les empêchent de fleurir,
que pour ameublir le foi dans lequel ils ont
été plantés. Lorfqu’on peut les dhanger de place,,
il« en profitent davantage y& fleuriffent plus abondamment.
On laifl’e fécher ces oignons à L’ombre,,
pendarirune quinzaine de jours, dans un lieu fec ,,
après quoi on les . replante à fix ou huit pouces
de difl&nce en tout fens les uns des autres,. & à
la profondeur de quatre à huit pouces, fuivant
leur groffeur. Fendant l’hiver , il convient de
les couvrir affez exactement avec de la litière &
des paillaffons pour empêcher que les gelées ne
pénètrent jufqu à Poignon..
Pour l’ordinaire,, les cayeux ne donnent des
fleurs qu à la cinq ou fixième année de leur âge,,
lorfqu’ils ont à-peu-près la groffeur du poing y
mais il ne faut', pas s’attendre à le^ voir fleurir
tous les ans, lors même quils font parvenus à
leur état parfait. Quelquefois ils font deux ou
trois ans fans donner de fleurs, & enfuite ils fleuriffent
régulièrement pendant un même nombre
d’années.. Lorfqu’on les cultive dans des- pots &
dans les ferres, ils fleuriffent encore plus rarement,
& leurs fleu$g font moins agréables.
Il efl rare qu’on cherche à multiplier cette
plante par fes graines, parce que les individus
qu’on obtient de cette manière* font huit ou di*
ans avant que de donner des fleurs, & qu’il efl .
plus expéditif & plus commode de la propager
par fes cayeux. Cependant on devroit. moins négliger
cette voie de multiplication, qui produiroit
d’abord des individus plus'acclimatés à notre fol,
& qui fourniroit enfuite de nouvelles variétés
jntéreffantes, comme nous èn avons obtenu dés
jacinthes, des tulipes & d’autres plantes de cette
même famille. Mais, lorfqu’on veut ufer de ce
moyen avec fuccès, on choifit des graines bien
aoûtées, que Ton conferve dans leurs capfules jusqu'au
moment de lesfemer, c’eft-à-dire, jufqu au
mois de décembre. On prend enfuite des caiffes ,
ou des terrines, au fond defquelles on met un
lit de terre franche, de trois doigts d’épaiffeur,
que Ton comprime fortement, & que Ton remplit
à un demi-pouce près du bord fupérieur, avec
du terreau de bruyère, bien dégagé des pierres
& des racines non confommées, qu’il contient
ordinairement. Après avoir uni la terre le plus
également qu'il efl poffible, on y sème les graines
affez dru, & on les recouvre de trois lignes de
terreau de bruyère, paffé au tamis fin. On baffine
enfuite légèrement, & à plufieurs reprifes, les
femis, & on les tranfporte fur une couche chaude,
couverte d’un chaflis, ou, à défaut de couche,
dans une bonne orangerie, près les fenêtres. Les
graines lèvent dans le courant de Thiver & du
printems fuivant. Lorfque les gelées ne feront plus
à craindre, on placera les femis en plein air, fur
ime couche tiède, à Texpofition du levant. Ils
ne poufferont, cette première année, qu’une bulbe
de la groflèur d’un pois , & une feuille féminale,
qui ne tardera pas à fe fanner. Alors il faudra
ceffer tout arrofement, jufqu’à ce qu’ils recommencent
à végéter, & à l’automne on les rentrera
fous un chaflis, ou dans la ferre d’où ils ont été
tirés le printems précédent. Pendant ce fécond
hiver, il efl néeeflaire de les aérer plus fouvent,
& de les arrofer plus fréquemment. Au printems,
■pn les remettra à l’air libre, dans la même pofi-
tion qu’ils étoient Tannée précédente 3 mais, au
lieu de leur laiffer paffer tranquillement cette
fécondé année comme la première, on s’occupera
de repiquer ces jeunes bulbes pour la première
fois, auffi-tôt que leurs fannes feront defféchées,
& voici comment on s’y prend :on choifit, pour
faire cette opération, un tems fec & chaud 3 on
lève adroitement toutes les bulbes avec une houlette,
en évitant de les meurtrir ou de les écorcher
; enfuite on les étend fur la tablette d’une
ferre pendant deux ou trois jours, pour qu’elles
aient le tems de fe reffuyer, & que la terre, avec
laquelle elles ont-été levées , s’en détache aifé-
ment , & les laiffe à nud , après quoi on fait
le triage des oignons, que Ton partage en trois
tas, relativement à leur groflèur. On prépare en-
fuite des caiffes, au fond defquelles on met un
lit de terre franche, comme nous l’avons dit ci—
ùejffus ? & Ton achève de remplir la capacité de t
la caiffe avec un nouveau terreau de bruyère ,
mêlé d’un quart de terre franche douce 3 on eu
unit la furface, & Ton y trace des lignes en long &
en large. Les petits oignons doivent être cfpacés à
un pouce de diftance les uns des antres’, les
moyens, à dix-huit lignes-, & les gros, à deux
pouces. Les premiers ne doivent être enterrés que
d’un demi-pouce, les féconds de neuf lignes, &
les troifièmes d’environ un pouce , enfuite on
affermit légèrement la terre fur les oignons, & on
ne les arrofe que lorfqu’ils commencent à pouffer.
L ’hiver on les replace fous les chaflis ou dans les
orangeries, pour les mettre à couvert des gelées.
On répétera cette, opération & cette culture
tous les deux ans, jufqu’à Ce que les bulbes aient
atteint leur fixième année 3 après quoi on les
gouvernera comme les gros oignons. Mais il ne
faudra pas oublier d’augmenter à chaque tranf-
plantation , la confiftance de la terre par l'addition
d’une plus grande quantité de terre franche ,
afin que les oignons trouvent toujours une fubf-
tance convenable & proportionnée à leur dé~
veloppemenr.
Vfa.ge : Cette belle plante efl digne d’être
admife dans tous les jardins d’agrément. Elle
peut y ■ figurer feule & ifolée *, mais elle ne
produit jamais plus d’effet , que quand elle efl;
réunie en planche. Alors elle forme une maffe
éblouiffante, qui ne charme pas moins les yeux
qu’elle flatte l’odorat.
7. Am a r il l is écarlate , ou Lis du Mexique.
Cette efpèce reffemble beaucoup à la précédente,
mais elle s’en diftingue par la couleur de fes
fleurs , qui font d’un rouge orangé & par fe
tiges moins élevées.
Culture : Cette plante fe conferve pendant
Thiver dans les ferres chaudes 3 & lorfqu’ôn veut
la déterminer à fleurir de bonne heure, on la
place à l’automne dans les couches de tannée ;
elle pouffe d’abord une tige d’environ un pied
de haut , qui fe termine par trois ou quatre
fleurs de la grandeur d’un lis & d’un beau
rouge orangé 3 elles s’épanouiffent les unes après
les autres , & durent environ trois femaines 3
immédiatement après les fleurs, paroiflënt huit
©u dix feuilles, qui ont environ un pied de
long , fur un pouce & demi de large dans le
milieu 3 iefquelles font difpofées en éventail;
Ces feuilles fe defsèchent dans le mois de
juillet, & annoncent le repos de l’oignon, c’eft
le moment favorable pour féparer les cayeux 3
lorfque cette plante a été cultivée dans la tannée,
elle fleurit en janvier & février-, niais elle fleurit
un mois plus tard , quand on lui a fait paflèr
Thiver fur les gradins des ferres chaudes , &
fouvent même elle ne donne point de fleurs.
Il efl très-rare quelle produife des graines dans
notre climat, & comme elle fournit beaucoup
moins de cayeux que la précédente, elle efl aulfi
beaucoup plus rare en Europe.
O 0 0 ij