
féquent on ne peut y apporter du remède; mais lorfque les bleds font
fuffoqués par des herbes nuifîbles, il faut les farcler: lorfqu’on craint
que les vers ne s’attachent à la racine ou n’attaquent le grain, il faut
mêler des cendres avec la femence, ou la faire tremper dans le vin
avant de la femer. Quelques-uns penfent qu’en la faifant macérer dans
l’urine ou dans l’eau pendant trois jours, elle lève plus vite & croît
plus rapidement. I l confeille d’autres pratiques fuperftitieufes qu’il
feroit trop long de rapporter; je vais donc omettre ces détails pour
parler des terreins qui conviennent à chaque efpèce de grains.
Qualités des terres qui conviennent aux différentes efpèces de
grains. Les terres fortes 8c les prairies- fécondes font propres pour le
grain; fi elles font fujettes aux brouillards, elles conviennent mieux au
raifort, au millet, au panis.
Les lieux froids Se aquatiques doivent être enfemencés les premiers;
8c les lieux chauds les derniers.
Le lupin s’accommode très-bien d’une terre rouge, noire ou
fablonneufe: pourvu quelle ne foit point fujette à être inondée.
L e. fa r veut une terre calcaire ou une terre rouge, 8e des lieux allez
aquatiques.
Le froment proprement dit demande un terroir fec, expofé au foleil
8c qui ne produife point des herbes inutiles.
I l faut donner à la fè v e une terre forte.
On ne doit pas mettre la vefce dans un lieu aquatique Se plein
d’herbes. ..
Le filigo defire, ainfi que le froment, un terrein découvert, élevé 8c
bien expofé au foleil.
Les lentilles réuffiront bien dans une terre rouge 8e garnie d’arbrif-
feaux; mais qui ne foit pas couverte d’herbes.
L ’orge aime les terres repofées Se celles qui peuvent porter deux ans
de fuite.
L ’orge de trois mois doit être femé dans des endroits où les autres
bleds ne peuvent mûrir Se qui font affez gras pour produire deux
années de fuite.
Les graines qui n’ont pas befoin de beaucoup de nourriture, comme
tes cytiles & les légumes, eh exceptant les pois chiches, doivent être
fanées dans des terres légères.
Les-herbes potagères, le froment ordinaire 8c le lin qui demandent
plus de nourriture, exigent des terreins gras.
On mettra l’orge dans une terre légère, parce qu’il lui faut peu
d’aliment; le froment, au contraire, dan« une terre plus forte Se
meilleure, \
JL’adereum fera mis dans des lieux bas, de préférence au froment
ordinaire ;
ordinaire; celui-ci 8e l’orge demandent des climats tempérés. Les coteaux
produifent des grains plus fermes 8e plus gros, mais en moindre
quantité.
Le fa r 8c le flig o viennent très-bien dans les terres calcaires 8c
humides.
Différentes manières de labourer & de préparer la terre. Chaque
pays a fes ufages particuliers. Suivant l’opinion commune, les anciens
Egyptiens ne labouraient point leurs terres ; mais, après que les eaux
du Nil s’étoient retirées, iis femoient leurs bleds: 8c pour les faire
entrer dans la terre, ils conduifoient des troupeaux de cochons à
travers les champs enfemencés. Les habitans de dbtte célèbre contrée,
dit Pline, fuivent aujourd’hui une pratique différente : après avoir
jetté les grains fur le limon que laiffent les eaulrdu fleuve, ils labourent
au commencement de novembre 8c fuivent en tout la méthode des
autres peuples.
En Syrie, on laboure avec des petites charrues; en Italie, on met
fouvent huit boeufs à une charrue : encore ont-ils de la peine à rompre
la terre.
Une charrue eft compofée de plufîeurs pièces. On appelle coutre
ce fer tranchant qui coupe, fend la terre 8c qui trace l’empreinte des
filions. Il y a des focs qui ne font compofés que d’une barre de fer,
dont le haut a la figure d’un bec. Ceux qu’on emploie pour les terres
légères, ne couvrent qu’en partie le bois qui le fupporte, qui eft lui-même
percé pour recevoir leur denture. Ces focs n’ont qu’une petite pointe
laite auffi en forme de bec. Il y en a d’autres qui ont la pointe plus
large, plus longue & tranchante par les côtés: de forte qu’en même-
tems qu’elle fend & retourne la terre, elle coupe les racines des herbes
qu’elle rencontre.
Dans la Rhétie gauloife, on s’avifa d’ajouter à la charrue deux
petites roues, d’où ces charmes ont pris le nom de plaumorati. La
pointe du foc eft plate & a la figure d’une pelle.
Après qu’on a labouré la terte, on jette le grain; enfùite on brife
les mottes en faifant paflèr la herfe pardeffus. Les champs qui ont été
ainfi préparés, n’ont pas befoin d’être fardés. On ne laboure de la
manière que nous venons d’indiquer, qu’avëc deux ou trois paires de
boeufs atteles a la file, couple par couple. Une feule paire de boeufs
peut labourer chaque année quarante jougs ( i ), fi la terre eft aifée ; 8c
trente fi elle eft d’un travail difficile.
(i) Le joug desLatins (j u g e r u m ), félon Columeïle, avojt deux cents quarante pieds
de long fur cent vingt de large. Le nôtre eft communément de mille huit cents pieds ; on,ce qui revient au même, de cent perches.
Agriculture. Tome I. Ce