
connoiflent que les bleds font mûrs, lorfque tous les épis font uni for-,
mement teints d’une couleur jaune, qui annonce leur maturité.
Dans les pays gras où l’herbe eft abondante, on laboure les terres)
on herfe les vignobles) on récolte la vefce; on fauche le fenu grec,
qui doit fervir de fourrage. Il eft avantageux de cueillir les lupins & de
récolter les fèves for le déclin de la lune, pourvu que ce foit avant le
le lever du foleil : rien n’empêche aufli de les femer auffi-tôt après qu’on
les aura tirées de l’aire.
I l eft des cantons où l’on récolte le miel dans le mois de juin. Nous
avons parlé ailleurs de cette pratique, qui ne peut convenir que dans
certains climats.
Travaux du mois dé juillet. Les terres qui auront reçu le premier
labour en avril, feront binées au commencement de juillet. Dans les
pays tempérés, on achève la moiflon du froment. Il eft très-avantageux
de débatrafler les terreins incultes, des arbres & des brouflailles, dont
ils font couverts, en les coupant par les racines ou en les brûlant,
lorfque la lune eft dans fon décours. Après la moiflon, on charge de
terre le pied des arbres qui font plantés au milieu des champs moif-
fonnes, afin de les garantir de la trop grande ardeur du foleil.
I l faut bêcher les jeunes vignes le matin ou le foir, quand la chaleur
eft tombée.
On sème la ciboule, le bafilic, la mauve, la poirée, la laitue, les
porreaux, les navets & les raves.
On peut enter en écuflon les arbres qui en font fofceptibles. L ’auteur
.ajoute, quil a appris par l’expérience que les poiriers & les pommiers
qui avoient été entés pendant le mois de juillet dans des pays humides,
donnoient des fruits en abondance.
Comme les vaches portent pendant dix mois, c’eft principalement
dans cette faifon qu’il faut les faire faillir par les taureaux : elles fe trouveront
dès-lors en état de vêler au printems. On doit avoir le même
foin à l’égard des brebis, afin que leurs petits aient pris affez de
vigueur avant les froids de l’hiver.
Travaux du mois d’août. On commence à la fin de ce mois à
labourer les terreins plats, humides & maigres, & on s’occupe des préparatifs
de la vendange.
Si les vignobles font fitnés dans des lieux froids, on épampre
les ceps : & s’ils fe trouvent fous des climats brûlans & focs, on
met les grappes à l’ombre, afin quelles ne foient point defléchées
par l’ardeur du foleil.
I l eft d’ufage dans quelques pays de mettre le feu aux prairies, afin
que les tiges des herbes qui montent trop vite foient rapprochées de
leurs racines, & que leurs cendres fervent de fumier aux autres.
Prefque tout le monde greffe le poirier & le citronnier dans les
terreins arrofés.
Palladius prétend que fi l’on manque d’eau dans un domaine, c’eft
au mois d’août qu’il faut s’occuper d’en chercher. Le premier moyen
qu’il indique paroît bien incertain. Il dit, qu’il faut tourner la vue du
côté du levant,-le matin au lever de l’aurore; & fe tenir couché à,
plate-terre : fi dans cette attitude, on voit fur quelque point de la furface
du terrein, un pecit nuage s’élever & répandre une efpèce de rofée, on
remarquera bien l’endroit où paraîtra ce phénomène, en fixant fa vue
fur quelque Touche ou fur quelqu’arbre du voifinage : il eft confiant,
dit-il, qu’il y.a de l’eau cachée dans 1 endroit où l’on verra cet indice.
Les autres indications qu’il donne, ne font-point plus certaines que
celle-ci.
Lorfqu’on a trouvé une fource d’eau & qu’on veut favoir fi elle eft
bonne, il faut en verfer quelque goutte dans un vafe de cuivre bien
poli : fi elle n’y laiffe point de tache, c’eft une preuve quelle eft
de bonne qualité.
Travaux du mois de fepternire. Les terreins gras, ainfi que ceux
qui confervent long-tems l’humidité, feront labourés pour la troifième
fois dans le mois de feptçmbre ; on binera & on enfemencera les champs
humides & maigres, auxquels nous avons dit qu’il falloit donner le
premier labour au mois d’août ; il faut labourer aufli pour la première
fois les coteaux focs & les enfemencer auffi-tôt après, vers l’equinoxe.
Lorfque la lune eft for fon décours, on fumera les terres & on aura foin
de reflèrrer les tas de fumier les uns auprès des autres fur les collines, 8c
de les efpacer davantage dans les plaines.
Quand le tems fera au beau fixe, on femera vers le tems de l’équinoxe,
le froment & l’adoreum-, dans les lieux marécageux, ou maigres,
ou froids, ou ombragés ; afin que les racines de ces bleds puiflent
prendre quelque confiftance avant l’hiver.
La plupart des légumes fe sèment dans ce mois-ci. Dans les terres
maigres & rouges, on sème les lupins; dans celles qui font légères &.
humides, les pois ; dans les fables gras & friables, le fefame. Le fenu
grec, la vefce & beaucoup d’autres herbes potagères doivent être jettées
en terre en feptembre.
I l faut profiter de cette faifon pour former les nouvelles prairies, fi
on le juge à propos. On les prépare ainfi : lorfqu’on a choifi un terrein
gras, légèrement incliné & dont la pofition foit telle que l’eau ne foit
pas dans le cas d’y tomber par une chûte précipitée, ni d’y faire un
trop long féjour ; on le remue fouvent, on l’ameublit par des labours
multipliés, on ramafle les pierres, on le .fume & on y répand les
femences dans le tems que la lune eft dans-fon premier quartier.