
Après quoi, on fera des magafins particuliers pour les differentes efpècei
de grains.
Pojition du allier à huile. Le cellier à huile fera expofé au midi
& protégé contre le froid, de façon que le jour n’y pénètre qu a travers
des pierres tranfparentes (i). Avec cette précaution le grand froid ne
retardera jamais l’ouvrage qu’on doit y faire en hiver; S t une chaleur
modérée y facilitera le prefïurage des olives.
Çotijlruclion des étables. L ’expofition la plus favorable pour les
etables des chevaux S t des boeufs, efi celle du midi : cependant il doit
y avoir du côté du feptentrion des fenêtres, que l’on tiendra fermées
pendant l’hiver, afin quelles n’incommodent point ces animaux & qn
les ouvrira en été pouf les rafraîchir. Ces étables feront élevées au-defiùs
du terrein, pour prévenir l’humidité qui pourriroït la corne du pied des
boeufs S t des chevaux. Les boeufs fe porteront mieux quand ils feronc
dans le voifinage de l’âtre & qu’ils verront la lumière du feu. Un
efpace de huit pieds fuffit à une paire de boeufs , lorfqu’ils fe tiennent
debout; il leur faut quinze pieds de furface, lorfqu’ils font couchés.
Expo fît ion de la cour. On placera la cour vers le midi, afin que
les animaux qui y feront enfermés pendant l’hiver puiflent recevoir les
bénignes influences du foleil. I l faudra auflî, pour mettre ces animaux
a labri de la grande chaleur de l’été, préparer des portiques faits avec
des fourches, des ais S t des feuillages. A l’extrémité des murs de la
cour, on fera des retraites pour les oifeaux.
Situation du colombier. Si dans le corps-de-logis du propriétaire,"
il y a une tpurelle, c’eft-là où il. faut placer le colombier. Les murailles
en feront liflès & on y pratiquera for les quatre côtés quatre petites
fenêtres, qui donneront paffage aux pigeons pour entrer & pour
Sortir. Les nids feront placés dans les murs même du colombier.
Cet auteur enfeigne enfuite la manière d’élever les grives & de
foigner les poules, les paons, les faifans St les oies.
Situation du jardin. Les jardins & les vergers méritent de trouver
place dans cette analyfe. I l faut que le jardin foit près de la maifon S t
precifement au-defÏQus du tas à fiimier : s’il étoit trop près de l’aire, la
pouffiere de la paille lui feroit pernicieufe. Le jardin fera heureufement
frtue, s ileft dans un terrein plat, légèrement incliné &arrofé par une eau
courante, qui fe partage en différens petits ruiflëaux. Si l’on n’a point
d eau de fource, il faut creufer un pures- ou conftruire un réfervoir ou
J on ramaflera 1 eau de pluie qui fera employée à arrofer'le jardinfl)
A a lieu des vitres que nous mettons aujourd’hui à nos fenêtres, les anciens fe fer.-.
° e P^erre® nfparenres. Les meilleures venQieur de la Cappadoce & de l’Efuagne
aténeure, Voy..fljn, j , j & ^ ^ 1 s
pendant les grandes chaleurs.de l’été. Au défaùt de toutes tes reflburces,
on mettra Un jardin à l’abri des fécherêlfes en le bêchant à trois ou
quatre pieds de profondeur. Quoique toutes les terres conviennent à un
jardin, pourvu quelles foient bien fumées, il en efi cependant dont
le choix feroit nüifible; la craie & la terre rouge font de ce nombre.
On aura aulli l’attention de diftribuer en deux portions les jardins qui
n’auront point la reffource d’une humidité naturelle; St d’expofer au
midi celle que l’on voudra cultiver en hiver; St âu feptentrion celle que
l’on voudra cultiver en été. Nous aurons occafion de parler encore des
jardins dans le cours de cette analyfe.
Education des abeilles. Le domicile des abeilles fera placé dans
un coin du jardin, expofé au foleil S t abrité contre les vents. Il fauc
que les fleurs y abondent : c’eft pourquoi on réunira autour des ruches
des arbres, des arbuftes S t quantité d herbes odoriférantes. Les plantes
qui leur plaifentle plus font l’origan, le thym, le ferpolet, la farriette,
la melifïe, les violettes fauvages, l’afphodele, la citronélld, la marjolaine,
le glayeul, la narciffe-, le fafran S t les autres herbes dont la
fleur ainfi que l’odeur font agréables : en arbuftes, on y plantera des
rofes, des lys, du romarin & du lierre : en arbres francs, des jujubiers,
des amandiers, des pêchers, des poiriers S t d’autres arbres fruitiers,
dont la fleur ne rend aucune amertume -lorfqu’on la fuCe ; en arbres
fauvages, on y plantera des chênes qui produifent le gland, des téré-
binthes, des lentifques, des cèdres, des tilleuls, des yeufes S t des pins.
Le fuc du thym donne le miel du meilleur acabit ; la thymbre, fe
ferpolet S t l’origan donnent le fécond miel ; le romarin & la farriette
donnent le troifième i l ’arboufier- S t les légumes donnent un miel d’un
goût fauvage. Toutes ces plantes feront difpofées par ordre; les arbres
feront plantés du côté du feptentrion ; les afbrifleaux S t les arbuftes
feront fous, les murailles, & l’on femera les herbes clans les planches
qui feronc fituées devant les arbuftes. Il eft néeeffaire qu’il y ait au-
devant des ruches, une fontaine ou un ruifleaudont le cours tortueux S t
lent formera des petites mares qu’on couvrira de branches S t de brouf-
fàilles où les abeilles pourront fe repofer lorfqu’dles viendront boire.
On doit éloigner des ruches tout ce qui exhale une mauvaife odeur,
Comme les bains, les etables, les égouts de la cuifine. On les garantira
auflî des infeâres & des reptiles qui leur font la guerre; tels que les
léfards, les cloportes; S t on ne fouffrira dans le voifinage ni l’hellébore,
ni le tithymalle, ni la thapfie, ni l’abfynthe ni aucune plante
amère, qui puiffe donner au miel quelque mauvaife qualité.
Salle des bains. Lorfque l’abondance de l’eau en donnera la facilité;
le père de famille s’occupera du foin de conftruire une falle de
bains : ç’eft un objet qui contribue beaucoup à l’agtément Sc à ia faute.