
herbes étrangères. On coupe, à un pouce de >
terre, au mois d’oélobre, les montans des leniis
d’Afperges. Quelques perfonnes confeillent de
couvrir la terre de paille, pour garantir les
plants des rigueurs de l’hiver. Il ne paroît pas
qu’à Aubervilliers on emploie cette pratique ,
qui apparemment n’y eft pas néceflaire.
Age que doit avoir le plant.
Un an après l’enfemencement, les griffes ou
racines d’Afperge^ font bonnes à être tranfplan-
tées *, mais doit-on employer du plant aufli
jeune, ou n’employer que du plant de deux
ans?
Les Auteurs que j’ai cités font partagés. La
plupart donnent la préférence au plant dun an*,
Quelques-uns croient qu’il vaut mieux que les
griffes en aient deux. Chacun cite fon expérience.
On pourroit peut-être les accorder, s’ils expli-
qnoient dans quels îerreins ils ont fait leurs effais,
& comment ce terrein a été engraiffé. Je fuis
porté à croire que du plant d’un an > dans une
terre fubflamielle, ou fumée abondamment,
peut très-bien profpérer, tandis que, fi la terre
eft maigre, ou mal fumée, il faut du plant
plus fort, & par conféquent de deux ans. il eft
encore poffible que du plant de la groffe Al-
perge n’ait pas befoin d’être aufli long-tems en
pépinière, que celui de l’Afperge commune. Au
furplus, arec du plant de deux ans, on bâte la
jouiffance , ce qui le fait préférer par bien des
perfonnes.
Quand on achète du plant, il faut s’y connoître.
Des racines longues, d’égale grofleur, blanches,
ayant l’oeil gros & vigoureux, font la marque d’un
plant qui doit réuflir. s
Les habirans cfAubervilliers, outre les plants
d’un an & dedeux ans, portent encore à Paris, à la fin
de l’hiver, les vieilles griffes ufées. Il faut bien
fe garder de les acheter pour former une plantation
d’Afperges. Les jardiniers de Paris s’en
accommodent, parce qu’ils les repiquent fur-le-
champ fur des couches, pour fe procurer des
Afperges au commencement du printems. Ces
plants enfuite périflent entièrement.
Un arpent bien préparé, & enfemencéen graines
d’Afperges, peut produire jufqu’à quatre-vingt ou
cent milliers de griffes. Celles d’un an , valent depuis
20 fols jufqn’à 3 livres le millier. Celles
de deux ans s’achètent depuis 3 livres jufqu’à
jo livres.
Epoque dé la plantation d’Afperges.
L*époquéde la plantation des griffes d’Afperges
efl de la mi-février à la mi - mars. On prévient
le premier mouvement de la fève. Si
on attendoit quelle eût commencé, ces griffes
reprendroient plus difficilement, &fimerrupnpn
qu’elles épfouveroient, les empèclieroît de fe
fortifier dans le nouveau terrein •, les fécherefles
furviendroient, & les feroit périr. On affure
qu’on peut même, dans les terres légères, ios
planter avaht l’hiver, qu’elles n’en pouffent qu’avec
plus de vigueur au printems, &. qu’il eft
néceflaire de les couvrir de fumier épais, afin
que les gelées ne les endommagent pas.
Mais M. le Baron de Tchoudy ( ancienne Encyclopédie
) s’eft convaincu du mauvais fuccès
de cette méthode. Il a planté des Afperges deux
années de fui te à la Saint-Michel *, au printems, la plupart
des griffes étoient chanciès} fur cinq, il en
avoit à peine fubfifté une, encore étoir-elle
très-foiblé. il auroit dû dire dans quel terrein
il a fait cet effai. Car on ne confeille de planter
des Afperges avant l’hiver, que dans les terres
légères , qui ne retiennent pas l’eau. Je penfe
qu’il n’y a pas de rifque de les planter alors,
quand on a un terrein de cette nature, fans rien
garantir, parce que je ne l’ai pas éprouvé.
Manière de lever le plant d’Afperges.
A Aubervilliers, pour ôter, les griffes des pépinières,
on fé fert d’une charrue1 fans coutre.
A mefure que le laboureur trace un fillon, les
griffes font jetées lur la furface, d’où on les
ramaffe. Cette méthode eft très-expéditive. Quelques
griffes peuvent être maltraitées par la charrue}
mais cet inconvénient eft bien compenfé par
le peu de frais de l’opération. Dans les petites
cultures, on cerne la terre autour de chaque
pied j avec une .petite fourche de fer, & on
enlève ainfi les griffes.
Avant de les planter faut être affuré de la
bonté du plant. Il feroit bon que quelqu’un de
confiance le vît arracher. Souvent on expofe dans
les marchés, des griffes qu’on a tenu long-tems
humides, pour faire croire qu’elles font récemment
arrachées. Elles pourriffent promptement
dans la terre.
Manière de planter Us griffes d’Afperges.
C’eft la manière de végéter de l’Âfperge qui
a diété celle de la cultiver. Tous les ans les
griffes s’élèvent, &'ont befoin d’être recouvertes,
il a donc fallu les placer dans des foffes dont
la,terre, jetée à côté, fervîtquand on en auroit
befoin. On fait, à Aubervilliers, les foffes de
huit pouces de profondeur fur dix-huit pouces
de largeur. La terre jettée entre deux foffes,
forme des ados auxquels on donne trois pieds
& demi de largeur. On ne met point de fumier
cette première année, ni avant de planter, ni
en plantant. On place les griffes en échiquier,
à quatorze pouces les unes des autres, & à fix
ou huit pouces de profondeur, ce qui fuppofe,
qu’outre l’excavation de la foffe, on donne un
fer de bêche de labour au fond. Quatorze
ou quinze milliers de griffes fuffifent pour
un arpent. En les plantant , on rafraîchit
fans doiste les racines , & on les étend de
inanièrc que l’oeil foit dirigé en haut. Pendant
l’été, on a foin de farder pour ôrer les mau-
vaifes herbes. Un petit croc à deux dents, long
d’environ un demi-pied, fert pour ces farclages.
L année fuivante, on découvre les Afperges le
plus près qu’on peut de la rête, ayant l'attention
de ne leur pas toucher. On met deffus trois
pouces de fumier bien pourri. J ’ai déjà dit que
le fumier employé à Aubervilliers, étoit un mélange
de fumier de cheval & de boues de Paris.
On le recouvre de trois pouces de terre. On
prend ordinairement celle qui efl fortie des
fofles. Au lieu de terre, dans un pays humide,
il faudroit mettre du fable. Huit fortes voitures
de fumier font néceflaires ' pour un arpent.
L’Afpergerie ainfi fumée , n’a plus befoin
que d’être nettoyée des herbes qui y pouffent.
Les Habirans d’Aubervilliers , en donnant huit
pouces de profondeur à leurs foffes, ont apparemment
remarqué que c’étôir-là précifément
celle qu’ils dévoient leur donner. Je foupçonne
que leur but étant d’avoir des Afperges de bonne
heure, ils n’y parviennent qu’en mettant leur
terrein dans le cas de s’échauffer promptement.
Mâis ce n’eff pas une règle à fuivre par-tout,
parce qu’il y a tel fol où cette profondeur ne
fuffit pas* Plus il eft léger, plus lès foffes doivent
être creufées, parce quelles ont befoin de
contenir beaucoup de fumier, & autant qu’il fe
pourra , de retenir affez de l’eau des pluies,
pour n’être pas entièrement defféchées. On les
creufe donc d’un pied , & dedeux pieds même.
Par la mê;.%,j raifon, en terre forte & çompaéle,
on ne fait pas de foffes, mais on plante les griffes
d’Afperges dans des planches bien labourées &
herfées, qu’on recouvre de trois pouces de terre,
& qui s’exhauffent, chaque année, par le fumier
qu’on y ajoute. Quelquefois, dans ce terrein, on
plante aufli les Afperges en foffes. Dans ce cas,
on leur donne trois à quatre pieds de profondeur}
on met au fond, i.° un lit de dix-huit
à vingt pouces de cailloux ou de pierrailles,
2.0 un lit de quatre pouces de fable ou de terre,
3.0 un lit de fumier, 4.0 un fécond lit de fable
ou de terre*, on plante deffus, & on recouvre la
plantation de terre.
Il eft néceflaire de donner de la pente aux
foffes pratiquées dans un terrein qui retient l’eau ,
& de faire un foffé à une extrémité pour fon
écoulement.
Qn a propofé de cultiver les Afperges dans
des foffes pavées, dont les côtés fuffem revêtus
de murs. On a affuré que les Afperges y duroient
plus long-tems, & étoient également belles. Je
to’en ai point vu cultiver de cette manière. Mais
ff ce moyen eft certain, on pourroit en planter
dans des caiiïeî, qu’on placeroit dans des endroits
chauds, ou à l’abri des gelées, pour en avoir en
hiver.
Le fol couvert de la. terre qui eft fortie des
foffes, & dont on a befoin pour les recharge-
mens annuels, ne refte pas inutile. On y plante
des choux ou autres légumes. Ce terrein placé
entre les foffes, & ordinairement d’une largeur
égale à la leur, lorfqué la plantation eft épuifée,
pourroit être creiifé à fon tour. On en jeteroit
la terre fur les anciennes foffes *,’ & par ce moyen >
on établiroit une nouvelle Afpergerie, fans occuper
plus de terrein. Cette méthode a réufli à
M. de Combesj il mefcmble quelle doit toujours
réuflir.
Ce n’eft qu’à la deuxième année de plantation,
qu’à Aubervilliers on met du fumier fur lés
griffes d’Afperges". Il eft à préfumer que le ter-
rein n’efl jamais maigre, à caufe des divers objets
qu on y cultive , & de la facilité de fe procurer
des engrais. Dans tout autre pays, il eft
bon de fumer la terre du fond des foffes, ou de
mettre deffous un pied de fumier foulé. Plus
on fume , plus les Afperges végètent bien. On
n’en doit pas moins les couvrir de fumier à la
fécondé année. Le marc de raifin pafle pour un
des meilleurs engrais qu’on puiffe jeter dans les
foffes d’Afperges.
Afperges femtes en place.
La marche ordinaire de la culture de. l’Afperge,
eft de la fetner en pépinière, de relever
lès griffes , & de les planter dans des foffes ou
planches féparées. Mais il y a des gens qui s’en
écartent & sèment les graines d’Afperges dans les
endroits même où elles doivent refler. Quand les
foffes- font faites & les planches difpofées, bien
I façonnées & fumées, on tire des lignes dans leur
longueur *, on y fait avec la houe, à un pied
de diftancc les uns des autres, dès trous, dans
chacun defquels on met deux ou trois graines ,
au cas qu’il en périffe. S’il n’en jtérir pas, on en
ôte une ou deux à chaque trou, pour ne lai fier
que la plus forte. Ces trous ne doivent pas
avoir plus d’un demi-pouce j on recouvre dç
terre les graines. On peur, au milieu de tous
les rangs d’Afperges, laiffer, fi on veut, une
petite allée pour les cultiver commodémenr.
On efpace les trous comme les plants, par des
intervalles de quatorze pouces. La première année
feulement, on peut y femèr de l’oignon.
Cette méthode me paroît avoir des avantages.
Les griffes n’étant point déplacées, ne'font jamais,
ni caffées, ni endommagéésj elles ont la
liberté de s’érendre & de fe fortifier.
S’il manque du plant dans une plantation
d’Afperges, on le remplace au printems fuivant.
On resème également de la graine, où il en a
manqué, dans les fofles & les planches, où elle
doit refler en place.