
.d'environ dix-huit piecîs de longueur*, elles font
moins groffes aux extrémités, que dans le refie
de leur longueur -, elles ont au milieu environ
quatre pouces de tour*, on les fait le plus ordinairement
de bois-d'aulne & quelquefois de faule,
parce qu’elles doivent être légères *, chaque perche
coûte de dix-huit à vingt fois.
On attache au bord du filet, fur une des largeurs ,
des brins de paille, ou plutôt de rofeaux, quon
nomme appelians , parce quen tramant fur le
chaume, ils font du bruit qui force les alouettes
à s’élever & à fe prendre. On ch met de.fept à
onze, en les efpaçant. Si le tem$ eft froid, tous
les appelians fervent*, s’il efl doux, on en retroufle
une partie fur le filet, parce qu’alors les alouettes
ne font que trop difpofées à s'élever, & qu’elles
s’envolent avant que le filet foit au-déflus.. Voy. |
planche n.° i , pour toutes les efpèces de filets.
A l’approche de la nuit, les preneurs d alouettes
vont aux champs, tenant leurs perches & le filet,
ïls le déploient & enfilent les boucles dans les
perches, en choififfant un endroit fec. Ordinairement
ils font deux hommes , un pour chaque
perche. Quelquefois il y a deux perfonnes à une
foule perche, fi ce font de jeunes garçons, trop
foibles pour qu’un feul porte une perche & la
part du filet. Ils fe mettent dans ce cas vers^ les
extrémités delà perche. Quand il ny en aquun,
il porte la perche par le milieu. On attache à
l ’endroit de la perche, où on doit la faifir, une
lifière en double, que l’homme fait pafler par-
dçfius fon épaule & fon co l, & qu’il tient dans
celle des dçux mains qui ne foutient pas le filet.
Ceft dans le pli du bras que fe pofe la perche.
On étend bien le filet*, on l’incline de manière
que le milieu de la partie poflérieure, où font les
appelians , foit à environ un pied au-deflus du
fo l , & Içs côtés de la même partie, vers les
hommes, à deux pieds. Le bord de la partie antérieure,
par cette inclinaifon, fé trouve élevé de
quatre pieds à quatre pieds & demi.
Tout étant .ainfi difpofé, les hommes marchent
vite & en filence, évitant.les huilions pour ne
pas accrocher leur filet *, ils fui vent les pièces de
terre où iis préfument qu’il doit y avoir des
alouettes *, ils avancent & reviennent dans le même
fens , en parcourant d’autres places. S’il fait beaucoup
de vent, ils lui préfentent toujours le
travers de leur filet, car jls ont également à
craindre d’avoir à luter contre lui , de s'excéder
de fatigue, ce qui arriveroit y le vent leur fpufflant
dans le nez, & d’avoir leur filet trop élevé dgns la
partie pofiérieure, inconvénient qui certainement
àuroit lieu , quand ils fe tQurperoient du côté
oppofé au vent. Dès qu’on entçnd yolér dçs
oiféaux , on laiffe tomber le filet & les perches.
Malgré l’obfcurité, on reconnoît au bruit qu’ils
font en fe débatant, la place où ils font y on
îçs, faifit, on les me , ou en leur mordant le cou ,
tnj en-leur rompant cette partie avec l’ongley on
les met dan* un petit fac que chaque homme porte
fufpendu. On reprend les perches & le filet, &
on recommence.
Pour que la chafle foit bonne, & la prife abondante,
il faut que les alouettes ne foient pas réunies
en grande bande j une feule, plus aéhve,
feroit trop tôt partir toute la troupe $ mais on en
prend bien davantage quand elles font feules à
lèules, ou deux ou trois enfemble. Dans le tems
où elles ' font en plus grande quantité, on en
prend jufqu’à vingt douzaines & plus, en une nuit »
encore les hommes ne marchent-ils qu’une partie
de la nuit -, ils n’y rélifteroient pas, cette chafle
étant trop fatigante. Chaque perche pefant huit
livres, lé filet deux livres & demie, un homme,
dans un moment de calme, n’a à porter que neuf
livres & quatre onces *, mais pour peu qu’il falle
du vent, la réfiftance à vaincre cft confidérable à
caufe de l’étendue du filet, & de la longueur des
perches. S’il pleut, s’il tombe de l’eau qui fe glace,
le poids devient bien lourd. Ajoutez à cela une
marche difficile dans les chaumes., fouvent dans les
pierres, & en montant,une attention perpétuelle,
& une occupation de nuit toujours plus laflante,
fur-tout pour des gens qui ont travaillé tout le jour}
toutes ces circonftances ne permettent d’aller atix
alouettes que quelques heures chaque nuit. Les
hommes partent à la fin du jour, qui eft le moment
le plus favorable, & reviennent vers les
onze heures du foir. Quelquefois ils y retournent
encore quelques heures avant le jour 3 mais c eft
dans la faifon où ils en trouvent beaucoup. Quand
il n’y en a point, ils font rentrés chez eux à huit
heures du lo ir, en étant partis à la chute du jour.
Souvent, au lieu d’alouettes, ce font d’autres
oifeaux qui fe font prendre, tels que des efpèces
de beefigues, particulièrement dans les premiers
tems. Ceux qui font plus petits que les mailles du
filet paflent au travers. Les payfans> livrés à la
prife des glouettes, aflurent qu’ils ne prennent
pas de perdrix-, mais on ne doit pas lesen croire
fur parole. S’ils en prennent, ce n’eft que rarement
, & dans lçs commençemens du mois d’octobre,
parce qu’alors ces oifeaux ne font pas en
gardç contre les filets *, mais bientôt ils s’en défient.
Une perdrix engagée dans un filçt à alouette,
eft capable de rompre beaucoup de mailles^
Rien n’eft plus vrai que le proverbe qui dit:
le brouillard çngraijje les alouettes , en l’interprétant
convenablement \ on fent bien que le brouillard
n’engraiffe aucun animal. Mais quand il en
fait, les alouettes, moins difpofées a voltiger,
r,eftént çle jour à terre, & mangent beaucoup. Cet
oifeau a la facilité de maigrir & d’engraifler en peu
dp tems. On eftime qu’une douzaine d’alouettes,
en bon état, pèfè une livre, de leize onces\ c’eft
une once St deux gros & demi par alouette. On
les vend depuis fix fols la douzaine jufqu’à deux
livres dix foU & trois livres, ce qui dépend de
rabondàoçe.
Dans
Dans toute la Beauce, les payfans prennent des
alouettes. C’eft un fecours à leur mifère, parce
que le plus léger profit eft important dans leur
pofition. Prefque tous les feigneurs & propriétaires
de terres le permettent quand la fureur de la chafle
aux perdrix ne les rend pas impitoyables. La
crainte de la prife de quelques perdrix, tout au
plus chaque année, doit-elle être un^ motif qu’on
puifle mettre en comparaifon avec l’avantage que
trouvent les payfans à vendre des alouettes qui leur
coûtent de la peine à prendre? Heureufement je
neconnois pas de ces âmes infenfibles ,& j ’aime
à croire que s’il y en a , il y en a peu.
On fe plaint, depuis trois ans, de ne voir prefque
plus d’alouettes dans le tems du paflage. L ’année
dernière on n’en a prefque pas vu. Seroit-ce que
cette efpèce d’oifeaux a moins multiplié qu’à l’ordinaire,
ou parce que dans les pays où elles panent
pour venir en Beauce, on eft devenu plus intelligent
pour les prendre.
Les villes de Chartres, d’Etampes, & fur-tout
de Pirhiviers, font de grands envois d’alouettes
dans la capitale. A Chartres, on eft dans l’ufage de
choifir les plus, belles, les plus grafles, de les
mettre par douzaines dans des boîtes pour les faire
parvenir à Paris fous le nom de moviettes. La
ville de Pithiviers eft renommée pour fes~ pâtés d'a-
louettes, dont elle a un débit confidérable.
( M. Vabbé T e s § iE R. )
Alouette (piedd*), ancien nom d’un genre
de plante nommé par les boraniftes Delphinium.
Voyei Da u ph in e l l e . (M . T ho u i n . )
ALPUGE , A lp ege ou Al p en \ ce on nomme
55ainfi, dans quelques provinces, une terre en fri-
55che. 55 Didion. écon. ( M. Vabbé T e s s i e r .)
ALPAN,nom d’un genre de plante de la famille
des A nones ) dont il n’exifte encore qu’une
efpèce connue.
Ai .pan à filiques.
AzPANjAfîliquofa. La M. Di3 ,
C’eft un arbrifleau très-commun dans les terres
fablonneufes & découvertes du Malabar, fur-tout
vers Aragatte & Mondabelle. Il eft toujours verdy
. il porte des fleurs & des fruits deux fois chaque,
.année, la première en octobre & novembre , &
la fécondé fois en février & en mars.
On fe fert de fon fuc pour guérir la gale & les
vieux ulcères, mais pins ordinairement pour les
morfures des ferpens venimeux.
La çuLture de cet arbriffeau n’eft point encore
connue en Europe, où, fuivant les apparences,
il n’a jamais été cultivé. ( M. T h ou in . ) .
ALPHANGE ou Alfange , nom que les jardiniers
donnent à une fous-variété de la Lac-
tuea fat'va romatia. Vf Laitü.e . (M. T hou i n .)
ALPH1TA , cc préparation alimentaire faite
de la farine d’orge pelé & grillé , ou. plus gé-
J5.néralement de là farine de quelque grain que
>5 ce foir. On conjeéfore que les Anciens éten-
Agriculture. Tome J,er JJ.e Partis.
55 doient fur le plancher, de diflance en diftance,
55 leur orge en petits tas, pour le faire mieux
»sfécher quand il éroit humide, & que VaU
sspkita eft la farine même de l’orge , qui n’a
55point été féché de cette manière. Lïalpkitci
5j des Grecs étoit auffi le polenta des Latins. La
>5 farine de l’orge détrempée & cuite avec l’eau
55 ou quelques autres liqueurs, comme le vin , le
>5 moût , l’hydromel , &c. , étoit la nourriture-
55 du peuple & du folda*. Hippocrate ordonnoit
5> fouvent à fes malades Yalphita fans fei. s»
Ancienne Encyclopédie. ( M. Vabbé T e s s ie r .)
ALPIA , A l p ic e ou A l p i s t e , fynonymes
du nom d’une graminée, connue des Boraniftes,
fous celui de Phalaris canarienfis. Voy. A l p i s t e
d e s C a n a r i e s . ( A L T houin.)
ALPINE. C’eft le nom françois qui a été
donné à line plante nommée en latin Alpinia
racemofa , L . en mémoire de Profper Alpin,
célèbre Boranifte de fon tems , lequel, après
avoir voyagé en Grèce & en Egypte , écrivit
en deux volumes in-4.0 , l’Hiftoire des plantes
de ces pays. Voye\ A mome P y r a m id a l e .
( M. T houin. ) ' "
A L P I S T E P h a z a r i s.
Genre de plante de la famille des Gr am in é e s
( Voyei ce mot. ) Ce genre eft compofé dans ce
moment , de vingt & une efpèces différentes,
qui font des plantes herbacées, vivaces ou annuelles.
Leurs fanes fervent ou peuvent fervir à
la nourriture des beft^aux , & les graines de
quelques-unes font un objet de commerce.
Elles ne font guères cultivées en Europe, que
dans les écoles de botanique,
EJpeces.
1. A l p i s t e des Canaries.
P h a z a r is ' Canarienfis. L. © d’Afrique & du
midi de l’Europe.
2. ALPisTEybulbeux.
P h a z a r is bulbofa. L. © du levant.
3. A l p i s t e pubefçente.
P h a z a r is pubefcens. La M. Diél. © .^e Provence.
4. A l p i s t e nôueufe.
P h az a ir s nodofa. L . ÿ f de PEurope méridionale.
5. A l p i s t e aouatique,
P h a z a r is aquadea. L . des bords du
Tybre & de l’Égypte.
6, A l p i s t e phléoide. -1
P h a z a r is phleoides. L. dans les prés de
l’Europe. •
; r j f . ÿ . A l p i s t e rude, vulgairement la lime.
P h a z a r is afpera. La M. Di6t. 0 de l'Europe
méridionale^
8. A l p i s t e à veffies,
P h a z a r is utriculata. L. 0 . du midi de la
France.
l u