
■ Huitième lieu. Enfin de Serres inftruit le père de famille, "î;° fut*
l’ufage qu’il doit faire des biens qu’il a reçus de la main libérale du
créateur. i.° I l parle de l’ameublement de la maifon ôc du vêtement
des perfonnes qui l’habitent. 3.° 11 lui prefcrit des moyens pour con-
ferver fa fanté, ou pour guérir les maladies auxquelles il peut être
fujet. Il termine ce lieu en faifant l’énumération des amufemens
honnêtes qu’il peut fe permettre pour charmer les ennuis de la foli-
ttide.
V f âge des biens de la terre. Le meilleur ufage que nous publions
Élire des fruits de la terre, c’eft de les employer à notre nourriture ; mais
comme la terre ne produit qu’une fois tous les ans & que nos befoins
renailient tous les jours, un des points principaux de la fcience du
ménage, confifte à faire fes provifions à propos: à cet effet, les bleds
feront ferrés dans les greniers; les vins dans les celliers; lés viandes falees
dans les charniers ; les fruits des vergers & des jardins, dans lès fruitiers ;
les huiles & les miels, dans leurs réfervoirs. Les provifions effentielles
à la vie doivent être accompagnées de celles qui ne font pas d’une
utilité fi directe ; mais qui font cependant néceffaires, telles que les
confitures: fur quoi l’auteur enfeigne à faire les confitures au fel, au
vinaigre, au moût, au vin cuit, au fucre; & fous ces cinq divifions font
eomprifes toutes fortes de confitures.
Ameublement de la maifon. Pour habiter une maifon, il faut des
lumières, il faut des meubles. Les matières dont on fe fert ordinairement
pour éclairer un appartement, font les huiles, les füifs & les cires.
On peut faire fervir à cet emploi trois fortes d’huile ; celle d’olive, de
noix & de navette : on ôbfervera de ne brûler que celle qui neffi
point bonne à manger. La mère de famille fe pourvoira de bonnes
lampes, afin d’éviter la dépenfe inutile que caufent les uftenfiles mal
agencés.
Quoique, durant le cours de l’année, on faffe de bonnes chandelles
de fuif, celles qu’on fabrique pendant l’automne font les meilleures, foit
parce qu’alors les grailles font dans leur meilleur état, foit parce que
les gelées blanches qui précèdent lès froids rigoureux de l’hiver dur-
ciffent & confervent les chandelles. La graiffe de chèvre eft la meilleure
pour faire des chandelles; enfuite vient celle de boeuf, de vache, de
mouton & de brebis. Si la mèche eft toute de coton, là lumière que la
chandelle donnera fera plus éclatante & fournira une plus longue
carrière.
Les chandelles qu’on fait avec la cire ne doivent être emploÿéés qu à
éclairer les lambris des grands feigneurs & non point la demeure fimple
du ménager, quoiqu’il en recueille la matière & qu’il n’ait- rien à
débourfer pour en faire fa proyifion; tout au plus il pourra, s’en fervir
pour la lecture, s’il eft homme de lettres ; ou pour recevoir .les vifites
chez lui ; ou enfin quand il donnera à manger.
A l’égard des meubles, il ferait trop long de parcourir tous ceux
qui doivent entrer dans un ménage, il fuffira de faire mention de ceux
qui font les plus néceffaires : le linge de lit & de table mérite une
attention particulière. La mère de famille aura foin, quand il fera fale,
de le faire reblanchir ; mais le plus rarement qu’il fera poffible : car les
linges perdent beaucoup toutes les fois qu’ils pafïent par la leflîve. Si elle
s’apperçoit qu’ils aient befoin de raccommoder, elle s’en occupera tout
de fuite ; ces petites réparations préviendront leur ruine. Cependant à
force d’ufage, le linge s’ufe, quelque précaution qu’on prenne; il fera
donc neceflaire quelle en fubftitue tous les ans de nouveau au vieux,
pour tenir la maifon toujours bien fournie. .
• C ’eft encore une des charges de la mère de famille, de veiller à ce
que les lits, qui compofont fon ménage, foient bien pourvus de
couettes, d’oreillers, de matelas, de couvertures & de rideaux; tel fera
l’emploi quelle fera des plumes, des laines, lins, chanvres & reftes de
foie, dont elle & fes filles feront aufll des tapifferies, des chaifes, tabourets
& autres meubles d’appartement.
La vaiflelle d’argent & d’étain fera foignée d’autant plus attentivement,
que la matière en eft plus précieufe. La mère de famille ne
fouffrira jamais qu’un meuble tombe en ruine, faute d’être réparé; mais
elle le fora raccommoder à tems & même, refaire s’il eft néceffaire.
La négligence des gens de fervice eft caufe fouvent de la perte de
certains meubles qui auraient duré plus long-tems, s’ils avaient été plus
foigneux : en conféquence, il fout prendre garde que tous les uftenfiles
de cuifine foient bien lavés & mis chacun en leur place avec le ménagement
qu’ils exigent. Le meilleur moyen de faire obferver cette pratique,
ceft d’ordonner que toute la batterie de cuifine foit expofée à la
vue de tout le monde. Cette repréfentation piquera l’amour-propre
des fervantes & préviendra les foneftes effets de la mal-propreté. Après
ces détails viennent les différentes manières de diftiller les liqueurs; &
quelques préceptes fur le traitement des maladies.
Amufemens du.père de famille. Ayant difeouru fur les objets
d intérêt & de néceffité, Olivier de Serres termine fon ouvrage en faifant
1 énumération des plaïfirs & des amufemens que le père de famille
peut fo permettre: la chafle eft de ce nombre. Il détaille d’abord les
avantages qui peuvent réfulter de cet exercice, pourvu qu’il foit pris
avec modération & réglé de manière qu’il ne nuife point aux occupations
effearielles : enfuite il parle fucceflivement de la chafle à la
girofle bête,,au chien couchant, au lévrier,.-au faucon; il explique les
différentes manières de prendre les' oifeaux à l’amorce, à là pipée, à
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