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l ’hiver * dans les ferres, & l’été dans les jardins I
parmi les autres plantes exotiques.
5. Argan foyeux. Dans la Caroline, où cet ar-
brifleau croît naturellement, il s’élève de vingt
pieds de haut. Il pouffe de fa racine plufieurs
branches longues, & droites, qui fe divifent en ;
plufieurs rameaux, lefquels donnent naiffance à
un grand nombre de feuilles ovales, d’un verd
luifant en défias-, & couvertes en deffous d’un
duvet foyeux, blanc & luifant. Ce duvet,.qui
dans la jeuneffe des feuilles, eft argenté, devient
rouf^tre à mefure qu’elles vieilliflent , & finit
par être doré, ce qui produit un effet auffi agréable
que rare. Ses fleurs font très - petites, &
en très-grand nombre', elles font raffembléespar
petits bouquets dans les aiffelles des feuilles. Ju f-
qu’à préfent elles n’ont point encore donné de
fruit en france.
Culture. Il y a trop peu de tems que nous pof-
fédons cette efpèce, pour que nous publions
donner des détails bien étendus fur fa culture.
Tout ce que nous pouvons dire, c’eft qu’ayant
reçu d’Angleterre un individu très-jeune qui nous
fur donné fous le nom d’un a&bre de la Zone torride,
nous lé traitâmes, en raifon de cette dénomination,
comme les arbres de ce pays, c’eft-à-dire, qu’il
fut placé pendant l’été fur une couche tiède, &
rentré à l’automne dans une ferre chaude , &
mis dans la tannée. Il paffa ce premier hiver
en pleine végétation *, une partie de fes feuilles
tombèrent, mais elles furent remplacées fur-le-
champ par de nouvelles. Ces jeunes feuilles d’une
part , & de l’autre la délicateffe des pouffes
qui s’étiolèrent bientôt, attirèrent une multitude de
pucerons, & de gâles infeéles qui manquèrent’de
faire périr cet arbriffeaù. Auprintems, la végétation
qui avoit été trop forcée pendant l’hiver, s’arrêra -,
il refia languiffant pendant l’été, & ce ne fut
qu’à l’automne qu’il fe rétablit parfaitement ;
comme la chaleur de la tanbée l’avoit incommodé
l’année précédente, on lui fit paffer le
fécond hiver fur les tablettes de la même ferre,
près des croifëes. Il s’en trouva mieux ; cependant
fes poiiffes s’étiolèrent encore , preuve certaine
qu’il éroit dans un endroit encore trop
chaud. .Nous le plaçâmes le troifième hiver,fur
les gradins d’une ferre tempérée, & il fut beaucoup
plus vigoureux. Depuis ce tems là, nous
le tenons à l’orangerie, où il fe confefve très-
bien. Il perd une partie de fes feuilles, mais fon bois
eft clair & bien aoûté ; aéluël lement que nous favons
que cet arbriffeaù croît en Caroline dans les lieux
fecs, nous ne doutons pas qu’il ne puiffe réfifter
en pleine terre à nos hivers, en le couvrant pendant
les forte» gelées,‘comme on-efi obligé de Je
faire pour une partie des productions de ce climat.
C’eft la première expérience qiie nous tenterons
lorfque nous aurons un fécond individu
de cet arbre. '
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Quant à fa mutiplication , cette efpèce paroît
avoit des difpofitions à pouffer des drageons de
fa racine, ce qui fournira un moyen plus fûr que
celui des boutures, qui ne nous a pas encore
réufli} la voie des greffes ne fera guères praticable
, que lorfque ÏArgan à feuilles de faille ,
fera affez multiplié pour le faire fervir defujet
à cette efpèce , ce qui paroît- encore un peu
éloigné.
Ufage. En attendant que cet arbriffeaù foît
affez acclimaté chez nous, pour croître en pleine
terre, on peut s’en fervir pour jeter de la variété
dans les orangeries*, il conferve affez de feuilles
pendant l’hiver pour produire de l’agrément.
Mais lorfqu’on pourra le faire entrer dans la
eompofition des bofquets, fon feuillage argenté
ou doré, fuivant les faifons, fournira une nouvelle
reffource pour varier les maffes.
6. L’Argan à feuilles de faule efi un ar-
briffeau laiteux , de quinze à vingt pieds de haur,
îrès-branchu, & garni d’épines affez fortes ; fes
feuilles font longues , étroites, d’une verdure
pâle, & tombent chaque année à la fin de l’automne.
Ses fleurs font petites, de couleur herbacée, & réunies
par paquets dans les aiffelles des feuilles ;
elles donnent très-rarement des graines dans
notre climat ; en général, cet arbriffeaù eft plus
rare qu’il n’eft agréable.
Culture. Cette efpèce eft la plus anciennement
cultivée dans nos jardins. Pendant long-tems on
l’a rnifie dans des pots on dans des caiffes que l’on
rentroit tous les hivers dans l’orangerie, mais on
a reconnu qu’elle pouvoit vivre en pleine terre ,
placée au pied d’un mur , à l’expo fit ion du midi,
& couverte de paille pendant les' gelées. Nous
l’avons même confervée en pleine terre, dans un
lieu ifôlé , plufieurs années de fuite, fans autre
précaution que de couvrir fes racines. Mais elle
ne put réfifter aux gelées de 1776 , qui la firent
périr entièrement.
On multiplie cet arbriffeaù de femences ,
de marcottes, & quelquefois de boutures. Les
femences doivent être mifes en terre, peu de tems
après leur maturité, ou au plus tard au printems
fuivant. Paffé ce tems, il eft rare qu’elles lèvent;
on les sème dans des terrines remplies d’une
terré fablonneufe & meuble ; elles n’ont befoin
d’être recouvertes que de quatre à cinq lignes.
Ces terrines doivent être placées fur une couche
tiède à l’expofition du levant ; il convient d’ar-
rofer fréquemment lesTernis jufqu’à ce que les graines
foient levées, & rrès-fouvént elles ne lèvent
que la fécondé année , particulièrement celles qui
ont été femées au printems. On ne rifqiie rien
de laiffer les femis en plein air , tant qu’ils
1 ne font pas levés-; mais auflï-tôt qu’ils font
j fortis de terre, il eft très - à • prôpos de lés
I rentrer à l’orangerie} & de les placer fur les
appuis des croifées pendan't l’hiver. Lorfque les
jeunes plants ont cinq à fix pouces de haut'", il
faut repiquer chaque pied féparément dans des
pots à bafilic, avec de la terre à oranger, mélée
avec un quart de terreau de bruyère, & les placer
enfuire fur une couche tiède expofée au levant.
C’eft ordinairement au printems qu’on fait cette
opération, quelques femaines avant que les jeunes
arbres entrent en végétation. Chaque année on
les rempote dans déplus grands vafes, & on les
rentre dans l’orangerie. Mais au printems de la
fixième année, on peut les mettre en pleine terre
à leur deftination. Ils aiment de préférence un ter-
rein meuble, fablonneux & profond , plus fec
qu’humide *, l’expofition du midi femble leur être
la plus favorable.
Les Marcottés fe fonjt au printems fur de
jeunes branches vigoureufes, longues & flexibles.
On les incife, & on les lie comme celles de
I Argan noirâtre. Elles reprennent plus aifément,
& plus sûrement lorfqu’on a .foin de les entretenir
toujours humides, fouvent elles font en état
d’être feparées un an après qu’elles ont été faites.
Les boutures fe font à trois époques différentes,
au printems à la sève montante, en été avec les
bourgeons de la pouffe de l’année , & à l’automne
lorfque la sève eft tombée. Ces trois fortes de
boutures fe font en pleine terre ou dans des terrines,
fur couche. Celles que l’on fait en pleine terre
doivent être plantées dans une plate-bande, d’une
terre meuble & très - fubfiantiellé, à l’expofirion
du nord, & entièrement garanties du contaèl de
l’air par des cloches d’un verre obfcur & épais ;
celles qu’on fait fur couche doivent être également
couvertes de cloches «St ombragées. On excite une
chaleur modérée dans la.couche .au moyen des
réchauds qu’on fait de çems en tems. Ces deux
manières de faire les boutures font également incertaines
; mais lorfqu’on n’a que ce moyen démultiplication
, il eft bon de l’employer , on réuf-
îit quelquefois.
Ufage. On peut fe fervir avec avantage de cet
arbriftèau pour tapiffer des murs expofés au midi.
II vient fort bien en efpalier, & la forme & là
couleur de fon feuillage jointes à fa rareté, peuvent
le faire rechercher dans les jardins de plantes
curieufes.
6. L’Argan de Maroc efi un petit bniffon arrondi
, touffu , très-épineux qui s’élève de quatre
à cinq pieds, de haut. Ses feuilles font petites,
longues & étroites, très - rapprochées les unes .
des autres, & il les conferve route l’année. Leur
verdure, d’abord tendre & gaie, devient en vieilli
uant plus obfcure , & prefque noire^ fes fleurs
font fort petites , verdâtrës, & peu apparentes.
Mais ce qui frappe davantage, ce font fes fruits
qui ont la groffeur & la fo rme d’une prune de I
couleur bleuâtre , tirant fur le noir, dans leur
maturité. Ils ont une faveur acidulé fort agréable
an goût; on les mange en Afrique & dans l’ Inde, où
arbriffeaù croît naturellement. En Europe il
fructifie très-rarement.
Culture. On le conferve pendant l’hiver
dans les ferres tempérées , & même dans les
bonnes orangeries, lorfqü’il eff parvenu à l’âge
de cinq à fix ans. Pendant l’été il aime le grand
a ir, les expofitions les .plus chaudes, & des
M M * modérés. Une terre fablonneufe &
légère lui convient mieux qu’une terre forte &
lubftamielle. On le multiplie par fes femences qui
le rencontrent affez fréquemment chez nos épiciers
en gros, parmi les fnbfiances médicinales
qui leur font envoyées de la côte de Barbarie,
& du levant. Comme elles font très- dures, il efi bon
de les mettre tremper dans de l’eau Pefpace de
trois à quatre jours , après quoi on les sème à un
pouce & demi de profondeur, dans,des. pots que
i on place fur une couche chaude & fous chafiîs.
Le tems le . plus propre à ces femis, eft le premier
primeras ; mais il faut avoir l’attention de
les tenir toujours humides , fans quoi ils réitéraient
plufieurs années en terre fans lever. Par
ce procédé, les graines lèvent ordinairement dans
le courant de l’été; alors il convient de modérer
les arrafemens, & de ne les adminifirer que lorfque
la terre des pots devient sèche à la furface-
-tesjeunes Argans de Maroc doivent être rentrés
vers le milieu de l’automne dans la tannée d’une
ferre chaude. Au primeras de la première, année, •
lorlqu ils ont quatre à cinq pouces de haut on
les repique dans des pots qu on placefur une couche
^ r e»LVeC ^a,Pr^ca!ït^on ^es garanrir du foleil
jufqu à ce qu ils foient entièrement repris aorès
quoi on les laifl'e à l’air libre, & chaque année
on les rtmpore avec de la terre plus légère que
celle a oranger. Cet arbrilfeau fe multiplie encore
de marcottes à la manière de l’Argan noirâtre,
& quelquefois de boutures, mais très-rarement.
Ufage. Ce t aibriffeau, fruitier pour les lieux
ou il croît naturellement, ne peut-être confi-
déré chez nous que comme un objet d’a»rém«r,f
Sa verdure perpétuelle peut produire de la Va’
riéré dans les ferres, & dans les jardins parmi
les- plantes étrangères; mais peut-être qu’en
Froyence il croîtrait en pleine terre & y fruéK-
fieroir, ce qui ferait aiors réunir l’utile à l’agréable
Les Argans,.n."' 2 , 3 , 7 S & 10 , étant des
arbres ou ai brifleaux qui n ont point encore été
cultivés en Europe , nous ne pouvons que renvoyer
aux articles des arbres des mêmes pays
où croulait ceux-ci, pour donner un appereu le
leur culture. (M . T n o v ra . ) “ e
A R G E MO NE. A iigemone.
Genre de plante de la famille des P .-imrs
qui n’eft encore compofé que d’une fcu'eef- '
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