
première on plante un tubercule ou une partie de ce tubercule, félon
fa oroffeur , pourvu quelle ait quelques yeux. Les racines de la
fécondé contiennent, comme les branches des arbres, des germes
propres à leur reproduction, il fiiilit d en mettre des morceaux dans
la terre & de les recouvrir, pour qu’ils pouffent de nouvelles tiges
& de nouvelles racines. Si on femoit ces plantes de graine , il
leur faudrait beaucoup plus de tems pour acquérir la gtoffeur convenable.
Tous les agriculteurs favent que quand les circonftances font favorables,
il s’élève, des racines fuperficielles du froment, des tiges plus
ou moins nombreufes, qui forment ce qu’on appelle tailes. Cette
production abondante n’a pas lieu, lorfquon a répandu trop de
femence & lorfqu’après un hiver rigoureux il furvient promptement
des chaleurs qui font monter les tiges trop tôt. Je rapporterai, à cette
occafion, un fait dont j’ai été témoin. Le premier juin 1783, une
grêle confidérable détruifit, en grande patrie, les bleds d’un canton
de'' la Beauce ; des champs furent entièrement ravagés, d’autres ne. le
furent qu’à.moitié, & d’autres au quart. La faifon étoit trop avancée
pour qu’on fongeât à labourer ces champs & à les enfemencer de nouveau.
On n’y toucha point. Bientôt il pouffa des tiges des principales
racines ; elles s’élevèrent à une hauteur ordinaire & paroiffoient
devoir produire autant de grains que fi les champs n’euffent pas été
ravagés par la grêle. Mais, des chaleurs trop vives en-accélérèrent la
maturité , en forte qu’on ne rerira que le quart d’une récolte ordinaire
en grains , & une récolte prefqu’enrière en paille. Cette année les
bleds ne rendirent que moitié de récolte : on ne devoit pas s’attendre
à cet avantage, que procura la repouffe des racines.
Selon la denfité & la force des racines, il leur faut un terrein plus
ou moins fubftanciel. La plupart des pivotantes^ ont un tiflu lâche ,
abforbent beaucoup d’eau & ne font pas en état de.penetrer des
couches de terre ferrées. U n -fol léger & fablonneux eft celui qu’on
doit leur deftiner. Les racines rameufes, celles de la luzerne , par
exemple, qui font comme ligneufes, exigent une terre bien nourrie,
bien fumée, ayant du fond &une forte de compacité. Quelquefois elles
ont tant de force, quelles percent des bancs de tuf. Les racines qui
n’ont le tiffu ni aufli lâche que les pivotantes, ni aufli ferré que certaines
rameufes , fe plaifent & végètent utilement dans un terrein
qui neft ni léger, ni compaéte ; c’eft celui qu’il faut confacrer à la
culture des frumentacées. I l fuit de-là qu’on peut récolter des bleds
dans un fol naturellement léger en le rendant compaéte par des
engrais , par des marnes argilleufes & en le labourant peu ; tandis
qu’un terrein naturellement compaéte deviendra également propre à
la même culture, fl on le divife par des marnes çraïeiffes & par de
fréquens labours.
Ces réflexions, qui naiflènt de l’examen des diverfes fortes de
racines, fufflfent pour faire connoître combien il eft intéreffant, en
agriculture, d’avoir égard à la manière d ’être de ces parties dans
chaque efpèce de végétal.
Les tiges établiffent une communication entre les racines & les
autres parties des plantes; c’eft par elles que les fucs montent & fe
diftribuent. On peut foupçonner qu’ils s’y perfèétionnent en paffant,
& quelles fervent encore ou à ramener aux racines,ces mêmes fucs
élaborés, ou à en ramener d’autres introduits par l’abforption des
feuilles. J ’empiéterois fur les droits de la phyfique végétale, fi je-fuivois
cette matière.
Les tiges, ainfi que les racines, font de deux fortes ; les unes
droites ou verticales, les autres rampantes ou penchées. Les premières
repréfentent, en quelque forte, les racines pivotantes, & les autres
les traçantes.
Parmi les tiges droites, il y en a qui font d’un feul jet, comme
celles de plufieurs graminées; il y en a qui fe divifent en rameaux,
foit en commençant près de la racine, fo-t en ne commençant qu’à
une certaine hauteun Si une pierre, une motte dure, ou quelqu’autre
obftacle, s’oppofe à l’élévation d’une tige qui doit être verticale elle
fait effort pour foulever l’obftacle, &, s’il eft trop confidérable pour
e e, on l’a voit fe gliffer deffous jufqu’à ce quelle l’ait franchi ; alors
eJle revient fur elle-même pour prendre la direction quelle avoir été
forcée d’abandonner. J’en ai eu des exemples fenfibles à l’égard du
toment que je faifois venir dans une terre, dont une partie de la
lurface etoit dure. En coupant des tiges verticales d’un feul jet , on
donne naiffance à plufieurs, qui pouffentà la place, à-peu-près comme
il le forme des Vivifions aux racines pivotantes, lorfquon en retranche
l extrémité. J al vu ce moyen employé avec fuccès pour faire tafler les
-bleds dans certains terreins. U n fermier, au mois de novembre, y fài-
i°it palier fon troupeau, qui broutoit les jeunes tiges. Ces champs
rapportoicnt plus que ceux où le troupeau n’avoit paspaffé. Les tiges
verticales fe diftmguent les unes des autres de plufieurs manières f i l
sen trouve de plus ou moins fiftuleufes, de plus ou moins remplies
-de moeüe ou de parenchyme, de plus ou moins tendres, de plus ou
moins filamenteufes, de plus ou moins liffes & unies. On s’en con-
vamcra en comparant entr elles celles de l’oignon & du poireau, celles
C T g a g B t i “ » * S g B P 3 de I, pomme 8 terre
graminées & celles du farrafin.anVre & ^ °mC ’ cdks deS
Des tiges