
dances dans des plaines médiocrement sèches & grades, que fur des
coteaux bien expofés ail midi : c’eft pourquoi les terres à bled, même
les plus élevées, doivenc être à-peu-près généralement applanies ou
n’avoir qu’une pente très-douce. Pour les autres collines, il y en aura
qui feront couvertes d’oliviers, de vignes & d’arbres dont on tirera
des éehalas pour la vigne; d’autres qui fourniront du bois & de la
pierre, au cas que l’on foit forcé de bâtir, ainlï que des pâturages
pour les beftiaux. I l faut encore qu’il s’y trouve des fources d’eau
vive, qui formeront des ruilleaux pour arrofer les prés, les jardins
& les faufl'ayes; des troupeaux nombreux de gros & de menu bétail
paîtront tant les lieux cultivés que les brouffailleSi II eft difficile de
trouver une fituation qui réunifie cous ces avantages; la meilleure eft
celle qui en réunit un plus grand nombre.
Dans le fécond chapitre de ce livre, Columelle s’occupe des
cinq obfervations principales que Caton recommande à ceux qui
veulent acquérir un domaine, la falubrité du climat, la fertilité de la
terre,Je chemin, l’eau & les voifins. Après des réflexions judicieufes
fur ces divers objets,, il rapporte un autre précepte qu’un des fiept
fages a laiflé à la poftérité : qu’il fa u t garder un jufe milieu & une
jujte mefure en tout: Principe qu’on ne doit pas feulement appliquer
à toutes les aérions de la vie ; mais encore aux acquittions que l’on
veut faire , c elh-â-dire, qu’on ne doit jamais acquérir de fonds qu’on
ne foit en état de payer.
Pofition de la métairie. S’il eft important de connoîtrc la qualité
du fonds & la manière de cultiver, il ne l’eft pas moins de favoir
comment la métairie doit être bâtie. L ’étendue de l’édifice doit être proportionnée
à celle du domaine. Pour éviter les inconvéuiens qui réfulcenc
d’un froid exceffif ou d’une chaleur extrême, il paraît que la pofition
la plus favorable pour une métairie, c’eft celle que préfente le perte
chant d’une colline. Il faut la placer dur un endroit un peu plus élevé
que le refte du terrain, afin que fi un torrent formé par les pluies
-Vient à rouler du haut de la montagne, les fondemens du bâtiment
n’en, foient . point ébranlés. Il doit y avoir dans l’intérieur de la métairie
des eaux vives. S’il n’étoit pas poffibie d’y en faire venir, on chercheroit
dans les environs Un phaifs qui ne fût pas profond : & fi l’on ne trouvoit
pas même de puits, on conftruiroit des vaftes citernes qui fourniroient de
l’eau pour l’ufage des hommes ; & on creuferoit des mares pour abreuver
les beftiaux. On ramaflè dans ces citernes feaü de pluie qui eft la plus
falutaire au corps: il ne faut néanmoins la regarder comme excellente,
que lorfqu’elle pafle à travers des tuyaux de terre, qui la conduifent
dans le réfervoir. Après l’eau de pluie, la meilleure eft celle qui prend
là fource dans les montagnes, pourvu quelle fe précipite à travers les
roches. Celle qui tient le troifrème rang pour la bonté , c’eft l’eau que
l’on tire des puits, qui font creufés fur des collines. La pire de toutes,
eft l’eau marécageufé, qui n’a qu’un écoulement infenfible. Pour celle
qui croupit dans les marais, fans jamais s’écouler, elle eft abfolumeni
peftilentielle. Dans le voifinage de la métairie, il n’y aura ni marais,
ni grand chemin. Les marais produifent un air empoifonné & des
infeétes incommodes ; les grands chemins expofent les propriétaires
aux dégâts que font les voyageurs, & ils donnent occafion d’exercer
continuellement l’hofpitalité.
Diflribution du bâtiment. Après avoir placé la métairie fur un
lieu élevé, & l’avoir tournée vers le point du ciel où le foleil fe lève
à l’équinoxe, il faudra faire la diftriSution de l’édifice & le pourvoir
de tous fes appartemens. On le partagera donc en trois parties ; l’une,
fera deftinée pour être l’habitation du propriétaire; l’autre, pour les
opérations ruftiques, & la troifième pour la garde des produirions de
la terre.
La première fera diftribuée en. appartemens d’été & en appartemens
d’hiver ; de façon que les chambres à coucher d’hiver, feront expofees
au foleil levant d’hiver, & les fales à manger de la même faifon,
au foleil couchant équinoxial. Les chambres à coucher d’été, feront
expofées au midi équinoxial ( i ), & les fales à manger de la même
faifon, au foleil levant d’hiver. Les bains feront tournés du côté du
foleil couchant d’été, afin qu’ils foient bien éclairés l’après-midi &
le foir. Les promenades feront fous le midi équinoxial ; de façon
à avoir le plus de foleil poffibie en hiver Sc le moins poflîble
en été. ( 2 )
Dans la partie deftinée aux opérations ruftiques, on placera une
vafte cuifine qui puifle contenir tous les gens de la maifon. Du côté
du midi équinoxial, on mettra les chambres des efclaves; ceux qui
feront enchaînés*, auront leur prifon fous terre dans la partie la plus
Line qu’on pourra trouver. On conftruira pour les beftiaux des étables,
qui feront également à l’abri du froid & du chaud, elles feront ordonnées
de manière que l’eau ne puifle y entrer ni féjourner. Les étables à
beeufs, auront dix pieds de largeur, les mangeoires feront à une hauteur
convenable,, pour que les bêtes puiflènt y manger commodément, *1
(1) On ne comprend point ce que Columelle veut dire, en parlant du midi équinoxial. .
Le midi eft un point fixe & invariable; il y a apparence que, par midi ou feptentrion
équinoxial, il entend un point précis qui fait un angle dé 'i>o degrés avec le levant ou le
couchant équinoxial, fans 's’approcher ni s'éloigner de l’un & de l’autre.
(1) On ne peut pas concevoir comment ces promenades ainli difpofées donnent le plus
de lol.il poffiblé en hiver, & lè moins poffibie en été. 11 eft étonnant que Columelle,
qui eft ft exaét par-tout ailleurs, ne fe foit pas exprimé plus clairement ici.