multiplier, feront rapportées aux articles où il
s'agira de la manière de les élever.
Accoupler, attacher parallèlement deux boeufs à
line charrue, ou a une charrette. On accouple les
boeufs, ou en les affujettifl'ant par les cornes à un
morceau «Je bois appel lé joug , en forte qu’ils
tirent de la tête , ou en leur mettant une bricole
, & même un collier, comme aux chevaux,
afin gu’avec des traits ils tirent du poitrail & de
tout le corps. La première de ces manières eft
généralement en ufag.e dans les provinces méridionales
de la France ; l'autre eft pratiquée dans
quelques endroits du Dauphiné , de la Lorraine
allemande , de i’Alface , de la Normandie
, & dans le canton de Bafle en Suiffe.
J e ne connois point d’expériences faites pour démontrer
laquelle eft préférable de ces deux manières
d’apcoupler les boeufs. En examinant fa
queftion avec attention, on trouve de fortes rair
fons pour & contre.
Ce qui paroi t favorable à l’ufijge d’atteler les
boeufs par les cornes , c’eft qu’ori les maîtrife
plus aiiément, c’eft qu’ils ont leurs membres en
liberté , ç’eft que, dans le tems des inouches, on
a moins à craindre d’en être bleffé, c’eft que, par
leur conformation naturelle, ils ont le poitrail
ferré, le- col mufculeux , la tête forte & naturellement
recourbée. Tout le poids de leurs corps
femble fe porter vers la tête. Leur train de derr
rière eft roide & ne fe plie pas comme celui du
cheval, quand il s’agit de faire un grand effort.
L ’aélion des mufclps du col eft prefque nulle, fi
on attele les boeufs par le poitrail. Un taureau
çu un boeuf en furçur & en liberté, portent
leurs tètes en bas pour produire un effet plus con-
fidérable. Enfin, ce qui empêche peut-être beaucoup
de cultivateurs de l’effayer, c’eft la dépenfe ; il fau-
droit des harnois, qui font plus chers quun joug.
Parmi les mémoires de l’académie des fciences 9 il y
en a un de M. de Parcieux, année 1760, qui a pour
objet le tirage des chevaux. M.-de la Hire avoit dit
que la force des hommes & celle des chevaux
ne dépendoient pas abfolument de leur pefan-
îeur, mais principalement des mufcles de leurs
corps. M. de Parcieux fait voir que la farce des
mufcles ne fert qu’à pouffer la maffe en avant,
plus ou moins vigoureufement, & à continuer le
tirage commencé; mais que c’eft toujours la pe-
fant-eur qui fait le tirage, que les mouvemçns de
l’homme & du cheval, lors même qu’il y mettent
le plus de force, ne tendent qu’à augmenter le
bras du levier de leur propre maffe, à diminuer
celui de la réfiflançe, c eft-à-dire, le poids
tiré, foit qu’il réfifte, foit qu’il cède. Un homme
ou un cheval, occuppé à tirer, fe baiffe le plus
qu’il peu par un mouvement machinal , mais
dont l’effet eft d’alonger le levier de fa pefan-
teur, & par conféquent de fe mettre en état de
fgire un plus grand effort avec pjus de facilité»
Ceux qui prétendent qu’il -eft plus avantageux de
faire tirer les boeufs par le poitrail s’autorifent
des principes de M. deParcieux. il eft difficile, en
les appliquant au cas prefent, de ne pas regarder
comme mauvaife la manière d’accoupler les boeufs
par la tête. Elle a d’ailleurs l’inconvenièm de les
fatiguer , de les expofer aux exhalaifons de la
terre _>&à la pouftière qui entre dans leursnafeaux.
Quand un boeuf a perdu une corne , il ne peut
plus fervir au tirage , quelque jeune qu’il foit. On
eft toujours forcéd accoupler, les boeufs, c’eft-à-dire,
de les employer par paires, tandis que quelque“
fois on n’en auroit befoin que de trois, ou de
cinq , ou même que d’un feui pour certains travaux.
Par toutes çes raifons, le tirage par le poi*
trail paroît préférable.
Néanmoins là queftion ne peut être décidée
que par des expériences comparées & pofitives ;
car la conformation, l’ allure & les mouvemens
du boeuf, ne font pas lès mêmes que ceux du
cheval. Il eft poflîble que ces différences dérangent,
à l’égard du boeuf, les réflexions de M. de Parcieux.
Il faudroit que quelque agriculteur inteli
ljgent examinât la démarche de deux boeufs
attelés par les cornes, & celle des mêmes boeufs,
attelés par le poitrail, en calculant, toutes chofea
étant égales d’ailleurs, ce qu’ils peuvent faire da
travail de l’une & de l’autre manière, fans fe fa-#,
tiguer.
Dans l’Inde & en Angleterre , on attele les
boeufs par les épaules.
A Berne , on avoit voulu introduire ce tirage ;
le gouvernement de cette ville s’y eft oppofé, à
caule de quelques accidens qu’on auroit pu prér?.
venir dans la fuite/
Dans les environs de Nimègue- & de Bois-le--
Duc , on voit des voitures traînées par des boeufs
attelés par le gareau , moyennant un joug ; il y
a un anneau qui y tient, & qui pafle dans, le col
de l’animal, afin de l’empêcher de gliffer en s’ér.
chappant ; cette manière de tirer doit être très-
incommode pour les boeufs. Auprès'de la ville
de Bayeux en Normandie , & lans doute dans'
d’autres'endroits , les boeufs font attelés les uns
derrière les autres à de lourdes charrettes ; leurs
traits font de chaînes de fer ; _à la tête de l’attelage
, on met un cheval, qui fert à conduire ces.
boeufs.
Dans la Camargue, on emploie pour labourer
une efpèce de boeuf fauvage , noir, fort & élevé,
qu’on prend avec des cordes ; on le dompte
comme les oifpaux de proie , çn l’eni pêchant
pendant long-tems de dormir. Qn ne peut faire
tirer ces boeufs que Par Ie poitrail , mais on
attache à leurs cornes des' cordes , dont le bout
eft dans la main du laboureur , qui s’en fert
comme de bride; on ne les approche pas fans
précautions.
Aux Ormes, en Poitou , à Sainte-Maure en
Totifaine a & Brignole q j Provence , &c< on fait
travaille?
travailler les mulets, même en les afffijettjffant au 1
joug, à la manière des boeufs, méthode, qui me pa-
roît très-vicieufe. Chez les Romains, c’étoit l’ufage
d’attacher du foin aux cornes des boeufs dangereux
, afin que les coups en fuffent plus modérés
,■ & que les paffants s’en défiaffent , d’où
vient le paffage d’Horace» Foentim habet in cornu
longe fuge.
Lorfqu’on deftinè deux boeufs à être accouplés,
il eft néceffaire qu’ils foient d’une taille & d’une
force'égales} afin qu’il n’y ait pas d’irrégularité
dans le tirage, & qu’un des animaux nè ruine
pas l’autre.
On pourroit. également dire accoupler des
chevaux , quand on Les attèle parallèlement deux
à deux de front.
Accoupler, coupler, arranger les uns derrière les
•autres des chevaux neufs, c’eft-à-dire , qui n’ont
pas encore travaillé, de manière qu’on les conduife
en route fans qu’ils fe bleffent, & fans inconvénient
pour les conducteurs. Les chevaux de remonte des
jégimens de cavalerie , de.dragons & huffards
marchent ainfi accouplés depuis les foires, où on
les acheté, jufqu’aux garnirons ou quartiers des
régimens. ( M. Vabbé T e s s ie r . )
A C C R O I S S E M E N T.
Augmentation en tousfens des parties conftituantes
d’un être ; elle fe fait de deux manières, par jux ta-
pofition, & par intus-Jufception. Les minéraux augmentent
par juxta-pojidon, c’eft-à-dire , que des
parties nouvelles fe joignent, & s’appliquent extérieurement
à des parties anciennement réunies. Mais
les animaux & les végétaux croiffent par intus-fuf-
ception ; un fluide plus ou moins élaboré, fourni par
leï matières ^alimentaires, pénètre dans les vaif-
feaux, lai ffe à chaque partie des molécules fimiiaires,
qui s’y attachent , remplacent celles que la
tranfpiration a emportées, & y en ajoutent une
plus grand^quantité; l’aCÉion de ce même fluide ..
diftend les organes confolidés en leur confervant
la forme, qu’ils doivent avoir. Dans les animaux,
- c’eft la circulation qui opère ces effets, dans les
végétaux, c’eft le mouvement de la sève. Un animal
ou un végétal, parvenu à fon terme d’ac-
croiffement parfait, s’entretient dans cet état,
tant qu’il y a un jufte équilibre entre la tranfpiration
& la nutrition. Mais fi cet équilibre eft
rompu par une excefiîve tranfpifarion, ou par
la diminution ou fépaifliffement des fucs, ou
par la rigidité ou obturation des vaiffeaux, ou
par piufieurs de ces caufes réunies , l’individu
commence à décroître, & peu-à-peu il dépérir
d’une manière plus ou moins fenfible, félon qu’il
eft d’une conftixution plus ou moins vigoureufe.
On. ne peut douter que les corps vivans ne s’ac-
- croiffent & ne s’entretiennent dans leur accroiffement
par les parties que leur fourniffènt les'
alimens. Mais ces parties ont - elles, dans tes
alitnens même , les qualités qui leur conviennent,
Agriculture. Tome T r, J I.e Far lit,-
on bien, parune aifimilation particulière, les ac-
qitèrent - elles dans les' organes par Jefquels
elles paffent? On a cherché à expliquer ce myftère,
qu’il m’eft inutile de pénétrer. :
On a calculé, dans l’efpèce humaine, les degrés
d’accroiffemenr en longueur. O11 fait que le foetus
croît d’autant plus promptement, qu’il eft moins
éloigné du terme de la conception. L ’enfan-t croît
de moins en moins jufqu’à la puberté, époque
où il fe fait un développement considérable. On
n’a pas calculé l’accroiffement en grofl'eur, quj,
à la vérité, eft plus fufceptible de variations.
La plupart des animaux fuivent en. général la
même loi que l’efpèce humaine; leurs petits
croiffent plus promptement dans l’état de foetus
que quand ils font nés ; le moment de. leur puberté’
eft au fil celui d’un accroiffement extraordinaire.
On remarque que, parmi eux, les uns
prennent leur accroiffement plutôt que les autres t
ce qui dépend de la longueur dont leur vie .
doit être. L ’agneau atteint la groffeur & fa taille
plutôt que le petit de la vache &. de la jumenr.
Le poulet naît après trois femaines d’incubation,
tandis que le cigne a befoin de plus de tems ;
le premier de ces oifeaux a naturellement une vie
plus abrégée que le fécond. Le ver à foie groflk
prefque à vue d’oe il, parce qu’il ne, s’écoule
qu’en viron un mois depuis qu’il fort de l’oeuf,
jufqu’à fa première inétamorphofe , & qu’il n’a
que peu de jours à vivre dans l’état de papillon.
Les oifeaux croiffent plus vite & produifent plutôt
que les quadrupèdes; cependant ils vivent bien
plus long - tems proportionnellement. La durée
totale de la vie de 1 homme & des quadrupèdes
eft fix ou fept fois plus grande que celle de leur
entier accroiffement. Il s’enfuivroit que le coq
ou le perroquet, qui ne font qu’un an à croître,
ne devroient vivre que fix ou fept ans ; au lieu
qu’il y a des exemples du contraire. Des linottes
prisonnières ont vécu quatorze ou quinze ans ; des
coqs vingt ans, des perroquets plus de trente
ans. On affure qu’«n perroquet femelle de quarante
ans a pondu fans le concours^ du. mâle.
On dit qu’un cigne a vécu trois cens ans , une
oie quatre-vingt; l’aigle & le corbeau paffent
pour vivre long-tems. Aldovrande rapporte qu’un
pigeon, qui a vécu vingt-deux ans, n’a ceffé d’engendrer
que tes fix dernières années. On dit quë
les linottes vivent quatorze ans, & les chardonnerets
vingt-rrois.
L ’accroiffemeht des végétaux fuit en général
l’ordre de celui des animaux. Quand on les cultive
dans les circonftànces favorables, la germination
fe fait promptement , & les premiers
inftans de la végétation font très - rapides. L accroiffement
fe ralentit enfuite pour prendre une
nouvelle vigueur à l'approche de la fioraifon , qui
eft la puberté des végétaux. J ’ai vu, vers cette
époque, une tige de froment, monter de deux
I pieds en vingt - quatre heures, une branche de