
l’atmofphère extérieure, elles feroîent fatiguées
par le paffage fubit d’un air épais & ftagnant,
i un air vif & fubtil. Ce n’eft que par une
gradation infenfible qu‘on parvient à le leur faire
lupporter fans que leurs organes en foient of-
fenlës. D’abord on ouvre une croifée, quelques
jours après on en ouvre deux à côté l’une de
l’autre. On les ouvré enfuite plus matin , & on
les referme plus tard , en fuppofant toutefois
que le tems le permette, & de cette manière
on les habitue infenfiblement à fupporter Pair
extérieur fans qu elles s’en trouvent incommodées
»
C’eft en grande partie à l’inobfervance de cette
pratique, non moins recommandée par la raifon
que par l’expérience , qu’on doit attribuer la
perte d’un grand nombre de plantes dans les
ferres , au moment de les en fortir , & lorfqu’on
croit être parvenu à les fauver des rigueurs de
l'hiver.
Plufieurs jardiniers croient qu’il fuffit de donner
beaucoup de chaleur aux plantes pendant l’hiver,
s’en s’embarraffer d’ailleurs dés moyens de renouveler
l’air des ferres. Il eft vrai qu’elles
pouffent d’abord plus vigoureufement & paroiffent
plus belles y mais, en fuppofànt qu’elles puiffent
échapper aux divers accidens qui les menacent, &
que nous avons expofés ci-deffus, il y en a toujours
un auquel elles échappent rarement, c’eft celui
du foleil & de l’air extérieur. Lorfque le prin-
tems arrive, & qu’il eft queftion de les fortir des
ferres, les pouffes foibles & trop herbacées de
ces plantes font aufli-tôt brûlées par le foleil,
ou flétries par l’air extérieur ; les racines n’ayant
pas allez de forces pour en faire croître de nouvelles
, la plante languit, fe defsèche & meurt. Ces
Jardiniers ignorent lans doute que dans la culture
des plantes de ferre, il efl un principe dont il ne
faut jamais s’écarter. C’eft qu’au lieu de s’occuper à
faire croître les plantes pendant l’hiver, on ne
doit s’attacher qu’à les conferver, fur-tout lorfqu’on
met quelque, prix à leur poffeflîon.
Il exifte encore une autre pratique ufitée dans
quelques jardins, qui n’eft pas moins meurtrière
pour les plantes, lorfquon en fait ufage peu de
>tems avant de les fortir des ferres y c’èft l’habitude
où l’on eft d’ouvrir des croifées aux deux extrémités
eorrefpondantes. Il efl sûr que ce moyen
,cft très-expéditif pour chaffer l’air ftagnant, mais
il arrive aufli que ce courant d’air plus vif que
J’on introduit dans les ferres , rendu plus
rapide encore par la dilatation que lui fait éprouver
la chaleur du foleil, flétrit fur fon paffage toutes
les tiges herbacées a .& brûle les feuilles qui ont
pouffé dans la ferre. Tel eft l’effet de cette pratique
que les jardiniers atribuent à des vents-coulis,
à de mauvais vents qui brouillent les plàntes.
Lefeulcas où il foit permis d’uler de ce moyen,
fft celui où la fumée venant par quelque accident
î repolir la t e e , on vent s’pn débarraffer promp*
tement *, car alors de deux maux, il faut choiffi?
le moindre.
On renouvelle l’air des chailis & des clocht??,1
pour les mêmes caufes & dans les mêmes cir-*
confiances que nous avons détaillé ci-deffus, j k ,’
efl outre , pour empêcher les productions hâtives
que l’on cultive dans ces endroits, d’être brûlées
par le foleil. 11 fuffit pour cela d’ouvrir les
panneaux des chaflis, ou de foulever les cloches,
toit du côté du midi, foit du côté du nord. Mais
ces deux manières ne font rien moins qu’indifférentes
dans la pratique. Toutes les deux font
relatives aux différentes faifons de l’année, & à
la nature des végétaux qu’on cultive.
Pendant l’hiver , on donne de l’air aux chaflis
& aux cloches du côté du midi, parce que l’air
du midi eft moins froid que celui qui vient directement
du nord. Mais pendant la belle faifon*
& lorfquon ouvre les chaflis, moins pour avoir
un degré de chaleur plus considérable , que pour les
aérer, on choifit le côté du nord.
Quand à la fécondé acception du mot aérer,
il efl bon d’obferver que les végétaux ont des
habitudes différentes, & fouvent oppofées , relativement
à leur nature -, que les uns croiffent dans
les cavités des rochers & dans Tatmofphèrê la plus
épaiffe , tandis que d’autres ne peuvent vivre
qu’au fommet des' montagnes, dans les lieux les
plus aérés & dans l’atmofphère la plus fubtile,
& qu’enfin chaque zone , chaque degré d’élévation
même a fes productions particulières. Il eft donc
très-important, pour la culture des plantes , de
connoître leurs habitudes refpeCtives , afin de
pouvoir les placer dans lapofition qui leur convient.
Les plantes nouvellement forties des ferres,
doivent être aérées avec précaution. D’abord on
les place dans le voifinage de quelques grands
arbres qui puiffent les défendre des coups de
vent, & modérer la trop grande circulation de
l’air. On les expofe enfuite dans un lieu un peu plus
ouvert ; & lorfqu’elles n’ont plus rien à craindre
du grand air , on les met à la place où elles
doivent paffer l’étë^
li en efl de même des plantes qui fortent de
deffous les chaflis , & en général de tous les
endroits renfermés y elles exigent les mêmes
précautions lorfqu’elles y ont féjourné quelque terns.
On doit avoir la même attention pour' les
boutures qui font faites fous les cloches & fous
les chaflis, Voye\ B outures. (M . T ho vin . )
ÆRVE. Ærva. Ce genre de plante, que M. le
Chevalier de la Marck croît appartenir à la famille
des amaranthes , n’eft compofé que d’une feule
efpèce qui croît dans les terreins calcaires & fa-
blonneuxde l’Arabie y c’eft un arbufte d’à-peu-près
vingt pouces de haut, qui ne préfente rien d’in-
téreffant pour en faire defirer la poffeflîon dans
d’autres jardins que dans ceux qui font confacrés
à la Botanique. 11 n’y a point encore été cultivé.
( M. T h&uin. ) ÆTHUSE;
Æ T H U S E. JE T H v s a .
' Genre de plante de la famille des Om b e i e i f é r e s ,
qui renferme des herbes annuelles, bis-annuelles
& vivaces, leur feuillage eft très-découpé, leurs
fleurs font petites ,■ blanches ou purpurines , peu
apparentes. Elles n’ont guère d’autre ufage, que
celui d’occuper des places dans les jardins de
botanique. Quelques-unes cependant ont des pro-
priétéb médicinales. Elles font toutes originaires
d’Europe , & fe trouvent en France.
Toutes les æthufes fe multiplient par leurs j
graines, qui'doivent être femées en Automne en
pleine terre ou en pot, immédiatement après la
récolte des femences -, fi l’on attend au printems
fuivant, il eft rare qu’elles lèvent la même année.
On multiplie encore les efpèces vivaces , de
drageons & .d’éclats qui doivent être féparés dès
le premier printems. Ces plantes aiment l’ombre,
les terreins fubftanciels & un peu humides. Leur
végétation commence dès la fia des grandes gelées,
& eft accomplie vers la fin de l’été.
Efpèces.
i . Æ th u s b à.forme de perfil.
JEth v sa cynapium. L.
2.' Æ th u .s e murelîine.
Æ th u sa mutcllina. La M. Diél. n.° i .
P he l l an d r ium mutcllina. L.
j- y. Æ t h u s e à feuilles capillaires.
Æ th u sa meum. L.
4. Æthuse de montagne.
Æ th u sa bunius. L.
L’Æthufe h.° i.er, eft annuelle y les efpèces
2 & 5 font vivaces, ,& la 4.°, eft bis — annuelle.
Comme toutes ces plantes font ruftiques , elles
font d’une culture facile y la 2.e feulement exige
d’être plus foignée-, il lui faut un rerrein plus
léger , plus humide , & beaucoup d’ombre.
( M. T ho vin . )
AFFAISSEMENT, diminution de hauteur,
abaiffement çaufé par le rapprochement des
parties. '
Les. couches de fumier, celles de tannée, &
en général toutes les terres rapportées, défoncées
ou remuées de quelque manière que ce foir,s’af-
faiffent plus ou moins. Les couches de fumier
diminuent dans le courant de la première année,
d’environ un quart de leur hauteur -, celles de tannée
à-peu- près d’un cinquième, & toutes les terres
nouvellement remuées d’un fixième. Çes proportions
ne font cependant pas invariables1. , elles
changent en raifon de certaines circonftanèes particulières.
Par exemple, des couches faites avec
un fumier confommé , foulées enfuite, & piétinéês
à chaque lit, tafferont moins que celles qui feront
uniquement cptnpofées de litière. Il en eft de
même dès terres qui fe trouvant plus ou moins
rapprochées après les labours les remblais ou
les dcfoncemens s’affaifferontpjus ou moins*, mais
Agricultu re . Tome ï . cr} I I . e Partie.
ces données fuffifent pour guider le cultivateur
intelligent, & le. mettre dans le cas de donner*
à fes couches, fur-tout à celles qu’il conftruit à
demeure , une hauteur proportionnée à l’affaif-
fement qu’elles doivent .éprouver dans la fuite,
afin qu’il ne foit pas obligé de les exhauffer de
nouveau, & de relever les plantes dont elles font
couvertes. Ces notions générales le guideront
encore fur le degré de profondeur.qu’il convient
de donner aux plantes qu’il mettra dans des caiffes,.
dans des.pots, ou même, en pleine terre, pour
qu’elles ne fe trouvent pas trop > enterrées , ou
trop déchau fiées, lorfque les terres, auront acquis
par le rapprochement de leurs parties, la folidité
dont elles font fufçeptibles. ( M . T h o v i n . )
AFFAISSER , en terme de jardinage, celt
marcher ou piétiner une couche nouvellement
faite, une planche nouvellement fémee. On àffaiflé
une couche pour empêcher qu’elle ne s’àbaiffe
trop dans la fuite , & ne défçendé aù-deffoüs de
la hauteur qu’elle doit avoir, fur-tout lorfqu’ellë
eft confiante à demeure. *
On piétiné une planche pour affermir la terre
<& empêcher les infeétes qui défruifoiènt les
graines, de fé frayer trop aifément dès chemins
à travers les parties, nouvellement divifées. Un.
autre avantagé commun à ;cés;:déüx’ opérations ,
eft d’exciter plus promptement là germination des
femis, & de fendre la terre, par lé rapprochement
de fes parties , plus propre à retenir l’humidité
néceffaire au développement des germes.
Pour affaiffer une couche, il eft néceffaire de
la marcher 'également dans foutes fés parties y
principalement dans le milieu , dé remplir’
auffi-tôt avec du fumier , lés" endroits lés ; plus
bas. Lorfqu’une fois elle fera de ni veau,^ on la
laiffera s’échauffer pendant quelques jours 5 & fl
on vient à s’appercevoir qu’elle ait encore baiffé
dans quelques endroits, on aura foin de l’unir
avec du fumier court, -après quoi on pourra la
chargër, foit avec du terreau, foit avec de la
terre , fuivant que la circonftance ou le befoin
l’exigèra.
S’agit-il de marcher ou d’affaiffer une planche
nouvellement fetnée ? il faut bien fe donner de
garde défaire cette opération par un tems humide
ou pluvieux, on rifqueroit de rendre la terre
trop eompaéle, ou d’enlever les graines avec les
pieds, ce qui feroit également contraire au but
qu’on fe propofe j. mais on doit chpifir un teins
fec -, alors un homme avec des lbuliers & les deux
pieds rapprochés, commence par piétiner rapidement
une des bordures de la planche dans toute
fa longueur, en avançant à chaque fois de quatre
à cinq pouces. Lorfqu’il eft à l’extrémité, il revient,
enferrant de près la partie qu’il a déjà marché,e,
& continue ainfi jufqu’à ce que toute la planche
ait été affaiffée *, alors , avec un rateàu , il efface
! légèrement les inégalités quil FiUroit pu faire, en