
On la placera du côté le plus expofé à la chaleur & dans un lieu
exempt de toute humidité. Les fenêtres feront au midi & au couchant
d’hiver, afin que le foleil l’éclaire &C l'échauffe pendant toute la journée.
Telle eft à-peu-près la matière qui eft contenue dans ce premier livre.
Palladius preferit dans les livres fuivans les travaux qu’il faut faire dans
chaque mois de l’année.
Travaux du mois de janvier. I l faut déchauffer les vignes dans
les climats tempérés, nétoyer les prés & les mettre à l’abri des incur-
fions des troupeaux.
On peut donner le premier labour aux terres graffes. Les bons
cultivateurs ont foin de ne pas labourer un champ lorfqu’il eft
bourbeux ou lorfqu’il a écé humeété après une longue féchereffe par
une pluie légère : car on prétend qu’une terre, qui a reçu le premier
labour dans le tems qu elle étoit fangeufe, ne peut donner aucun produit
de toute l’année5 & on affure que, lorfqu’on laboure un champ
pendant que fa fuperficie eft .légèrement humectée, tandis que l’intérieur
eft encore fec, il devient ftérile pour trois ans : c’eft pourquoi il
eft convenable de ne labourer la terre que lorfqu’elle eft médiocrement
humeétée, fans être ni sèche ni bourbeufe. Si le champ eft fur une
colline, on y fera des filions en travers & on obfervera la même pratique
lorfqu’on l’enfemencera, U n fillon ne doit pas avoir plus de cent
vingt pieds de long.
On sème la geffe dans un terrein gras & fous un climat humide;
I l en faut trois modii pour enlemencer un joug.
A la fin du mois de janvier, on sème la vefee que l’on ne veut
point couper en fourrage, mais récolter en graine. U en faut fix
modii pour un joug.
Le renu grec doit être femé à la fin de ce mois ou au commencement
de février : fix modii fuffifent pour un joug. Les filions
dans lefquels on le femera feront drus, fans être profonds ;
parce qu’il lève difficilement quand il a plus de quatre doigts de
profondeur,
On peut auffi femer l’ers vers la fin du mois dans un terrein fec &
maigre. Il en faut cinq modii pour enfemencer un joug.
Après que la gelée a difparu, on doit profiter des jours fecs &
fereins, pour farder les bleds, Quand on attend pour faire cette opération
que les plantes foient sèches, elles font moins fujettes à la rouille.
L ’orge fur-tout veut être fardé, lorfqu’il eft fec.
Les vignerons profitent auffi des beaux jours de janvier pour planter
les vignes 5 mais il faut qu’ils examinent préalablement quelle eft la
qualité du terrein qu’ils veulent leur donner : le pire de tous, c’eft eelfii
gui a été anciennement planté en vignes. Le tuf Sc les autres efpèces
ide fols qui font encore plus durs, étant ramollis par la gelée & par
les rayons du foleil, produifenr des vignes vigoureufes, parce quils
confervent l’humidité & fourniffent à la radne du cep une nourriture
abondante. Le roc, qui eft recouvert de terre, préferve les racines de
la vigne des inconvéniens d’une trop forte chaleur : il en eft de même
d’un gravier réduit en poulïïère, d’un terrein plein de cailloux & de
pierres mouvantes : pourvu néanmoins que toutes ces efpèces de terreins
foient mélangés avec une certaine quantité de terre graffe. On mec
encore au nombre des terres avantageufes pour la vigne, celles qùi
s’éboulent des hauteurs voifines, les vallées engraiffées par les alluvions
& les terreins mélangés d’argille : car l’argille pure lui eft contraire.
Le fable noir & rouge font bons, pourvu qu’ils foient mêlés de terre
forte; le charbon maigrit les vignes, à moins qu’il ne foit fumé. Les
vignes réuffiffent difficilement dans la terre rouge. Cette efpèce de
fol eft rebelle au travail; & pour peu que l’humidité ou le foleil s’y faffént
fentir, il devient ou trop humide ou trop dur. Dans les pays froids,
la vigne doit être expofée au midi ; dans les pays chauds au feptentrion *
& dans les climats tempérés au foleil levant : il faut cependant obferver
que la contrée ne foit pas fujette au vent du midi ou d’eft, qui leur font
toujours nuifibles.
Pendant le mois de janvier ou de décembre, on sème la laitue
pour la tranfplanter au mois de février. On pourrait également la femer
pendant le courant de l’année, dans un terrein gras, fumé & arrofé.
C ’eft encore le tems de femer le creffon alenois, la roquette, les choux '
l’ail & l’oignon. Cette dernière plante profite mieux dans une terre
blanche.
A On sème fort à propos les cormiers, les amandiers, les noyers, les
pechers, les abricotiers dans les mois de janvier, février & mars fi le
pays eft froid; & dans les mois d’odobre & de novembre, fi le' pays
eft chaud. Les cormiers aiment les lieux humides, montagneux & plus
expofés au froid qu’à la chaleur. On les greffe en avril fur eux-mêmes
fur des coignaffiers ou fur 1 epine blanche iauvao-e.
Les amandiers fe plaifent dans un terrein dur, fec & plein de
grav.ee On doit les difpofer de façon qu’ils foient expofés au midh
Il ne faut jamais les becher quand ils font en fleurs, fi on veut avoir
du fruit. Les amandes qui font naturellement amères, deviennent
douces quand on beche le pied de l’amandier jufqu’à la profondeur de
trois doigts au-deffus de la racine, après avoir fàit fur le tronc une
ouverture, par laquelle s écoulé mfenfiblement l’humeur qui les re .X r
ameres: pour cet effet on perce-l’amandier par le milieu avec une
tarnere, on met dans le trou une cheville de bois enduite de miel &
on répand de la fiente de porc autour de fes racines. On greffe £